Griezmann plus choquant que “Gone with the wind” diffusé sur ARTE ?
Il y a quelques jours – mais ça paraît déjà si loin, une info, une émotion, une indignation chassant l’autre à la vitesse du très haut débit – le footballeur Griezmann défrayait la chronique, à cause d’un tweet. Il se montrait déguisé en joueur – noir – des Harlem Globe Trotters des années 80. Et le débat fit rage: C’était raciste, insultant à l’égard des afro-américains qui avaient été humiliés dans leur histoire par des « blackfaces », des blancs grimés en noirs, jouant de manière grotesque.
Pour les professionnels de l’indignation anti-raciste, Griezmann n’était peut-être pas raciste, mais au minimum maladroit et injurieux. Et ignorant de l’Histoire des noirs. Et cette ignorance montre bien que les blancs ne peuvent pas comprendre les discriminations et le racisme dont sont toujours victimes les noirs. Y compris de la part de l’Etat.
Et là, ensuite, on déroule:
Récemment, le syndicat SUD-Education 93 défendait l’organisation d’ateliers « en non-mixité raciale ».
L’été dernier, un festival afroféministe prévoyait des espaces non-mixtes, c’est-à-dire, blanc(he)s exclu(e)s. Et certains traquent le racisme, partout, dans la langue, la culture. Nous sommes piégés jusque dans le nom de nos collèges – A bas, Colbert ! – de nos pâtisseries – Ne dites plus un « congolais », ni des « pets de nones »– Ah ! si, ça on peut. Mais ce n’est pas la même chose ?
Nous vivons au rythme d’indignations sélectives qui prennent l’importance que leur donnent les tam tams des réseaux sociaux. Très souvent d’ailleurs, copiant des modèles directement importés des Etats-Unis. Et qui ne concernent pas que le racisme. Mais tout ce qui peut être suspecté: Le machisme, le phallocratisme, l’homophobie. C’est épuisant.
Après Griezmann, c’est Lewis Hamilton qui a provoqué un scandale sur le twitter. On le voyait en train de gronder son neveu parce que le petit garçon s’amusait habillé avec une robe de fée, donc de fille… Quelques heures plus tard, Hamilton était obligé de se confondre en excuses. D’ailleurs, on se demande pourquoi les gens, y compris, ou même surtout célèbres, passent leur temps à publier leurs vies privées sur les réseaux sociaux !
Dans ce contexte, il est étonnant que personne n’ait encore demandé à ARTE de suspendre la rediffusion de « Autant en emporte le vent ». Parce que franchement revoir Mama parler en p’tit nègre à Miss Scarlett, « Ma’am Scarlett, les no’distes sont des sauvages », ça vaut son pesant de cacahuètes. Personne ne trouve humiliant de voir tous ces acteurs noirs contraints de jouer les nègres banania ? Et cela pour la plus grande gloire de Vivian Leigh et Clark Gable, et des producteurs de ce film considéré comme le plus gros succès du cinéma américain. Huit oscars. Mais qui se souvient du nom des acteurs qui jouent Mama, ou Prissy ou encore Big Sam ? C’est quand même plus scandaleux que Griezmann, non ?
Comme l’écrit Claude Hagège dans le Monde ” La langue n’est pas sexiste ” (Merci à J.M Théodat de l’avoir mentionné).
Pour le professeur au Collège de France, « le débat sur l’écriture inclusive confond l’orthographe et la syntaxe. Surtout, il présuppose que le français reproduit la domination masculine. Or c’est le comportement des hommes qui est en cause. (…) C’est une illusion que de vouloir extirper de la langue les traces de la domination masculine. En revanche, c’est un combat sain et nécessaire que de s’en prendre au sexisme dans la société ».
On pourrait sans doute écrire la même chose pour le racisme.
Impossible d’y échapper: La mode est aux claquettes chaussettes. Ce qui était le comble du mauvais goût pendant des années voire des siècles, est devenu tendance.
Porter des claquettes avec des chaussettes blanches: Qui a lancé cette « mode » ? Les coupables doivent être cherchés du côté des people, chanteurs/euses: Rihanna ( non, pas elle quand même, elle est trop classe. Si, elle aussi, mais devant son jet privé ), sportifs: Beckham, Griezmann, Ribéry. Evidemment, ce ne sont pas des claquettes achetées 5 euros à Barbès, non c’est de la marque, si possible bien siglée. Et puis à la vitesse des réseaux sociaux, elles se sont répandues d’Instagram à Facebook, jusqu’aux rappeurs qui font des millions de vue avec « J’suis en claquettes chaussettes, tu connais, c’est la tess » comme le chanteur Alrima.
Evidemment cela passera: Toutes les modes passent. Puis reviennent. Il y a 30 ans, les birkenstockétaient le comble du mauvais goût. Aujourd’hui, il y a rupture de stocks à Neustadt, Allemagne, siège de l’entreprise familiale depuis 1774 ! Il faut dire que portés par une mannequin comme Heidi Klum, les sabots, c’est classe.
Notre nouveau Président est lui aussi à la mode. Il «dabe». Un geste qui a été popularisé notamment par le footballeur Paul Pogba. «Daber», c’est baisser sa tête dans son coude replié, l’autre bras tendu vers l’horizon. Macron a dabé à l’Elysée. Plus récemment, il a dabé, à la demande de jeunes groupies, à la sortie de sa visite aux salariés sur le point de se retrouver au chômage chez GM&S dans la Creuse. Va-t-on le voir cet été au Touquet en claquettes chaussettes ? A moins que cette mode ne soit déjà passée. Car à l’ère du buzz, c’est cela la force et la faiblesse d’une mode: Elle arrive mais passe très vite, plus vite qu’avant. Peut-être cela est-il aussi un risque en politique.