Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Hamon

Emmanuel Macron est né coiffé (suite).

Macron a de la chance. Mais la chance est-elle le fruit du hasard?
Plus de chance que ça, ce serait indécent: A croire qu’Emmanuel Macron est né coiffé, mais pas genre Donald Trump avec sa mèche blondasse improbable. Non genre, tout lui réussit ; ou encore: Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois etc…
Quelques soient les qualités- immenses- de notre nouveau Président, abondamment rappelées dans des biopics télévisés – fort bien réalisés et généreusement diffusés – ses principaux concurrents se sont éliminés tous seuls. Ce n’est pas lui qui a sorti Sarkozy ou Juppé. Il n’a pas non plus poussé François Fillon à se maintenir. Si on refaisait le match, n’importe quel autre candidat Les Républicains, un Baroin, ou même un Lemaire, serait aujourd’hui à l’Elysée. Cette élection était imperdable pour la droite.
A gauche, Macron n’est pas non plus responsable des primaires socialistes qui choisirent …Benoît Hamon : No comment !
Aujourd’hui, à moins de lui prêter des facultés de magicien à la Uri Geller qui tordait le métal à distance, ce n’est pas lui non plus qui pousse Marion Maréchal à démissionner du FN Le Pen. Ce qui est plus qu’une pierre dans le jardin de sa tante à un mois des législatives.
Les complotistes diront que c’est la faute aux medias, dont le nouveau Président tire toutes les ficelles, c’est bien connu !
Les ésotériques genre Christine Boutin y verront la marque du diable, ou l’alignement des étoiles (C’est quoi le signe et l’ascendant de Macron ?). Mais être là au bon endroit et bon moment est une qualité. Comparez avec Manuel Valls: Il aurait rêvé d’une chevauchée à la Macron, mais aujourd’hui c’est lui le traître, le comptable du bilan de Hollande, le pestiféré dont personne ne veut le soutien. Valls donc lui n’est pas né coiffé. Et l’on ne parle pas là de sa coupe de cheveux.
Espérons que cette chance là, le nouveau Président nous la transmettra.

Débat télévisé présidentiel: Entre dîner de cons et 10 petits nègres.

Déjà un absent sur la photo de famille du Grand débat: 10 et non pas 11
On hésite : Un remake de dîner de cons ? Mais qui dans le rôle titre ? Et puis onze candidats et 2 journalistes, ça fait 13 à table : Mauvais présage. 
Ou alors les « 12 salopards », comme dans le film, où 11 condamnés sont graciés contre une mission suicide censée sauver le débarquement de 1944, donc la démocratie. Un peu simpliste, mais haletant. Alors que le grand débat, même avec Mélenchon en chauffeur de salle, c’était un peu … chiant.
Il faut dire que 3 heures 30 divisées entre 11 intervenants, il restait 15 minutes de temps de parole, tronçonnées en séquences d’1 mn 30. Pas le temps pour des débats, sauf peut-être pour des saillies, comme celle de Philippe Poutou : « Nous, quand on est convoqués, on n’a pas d’immunité ouvrière ».
A part ça, les lignes vont-elles bouger ? Les électeurs cachés vont-ils faire leurs coming-out ? Les indécis se décider ? Pas sûr.
Pas sûr non plus que le « grand débat » ait été un moment « historique », comme l’ont rabâché pendant plusieurs jours tous les medias. Aucune démocratie n’avait imaginé ou même osé imaginer un tel débat. Et l’on comprend pourquoi: La cacophonie n’est pas la démocratie. On veut nous faire croire que donner la parole à tout le monde, c’est la démocratie, la vraie, à l’ancienne, à la grecque, genre Ecclesiaqui se réunissait sur l’Agora. Sauf qu’on oublie de nous préciser que les débats entre citoyens dans l’Athènes antique, n’étaient réservés qu’à une élite, moins d’un dixième de la population, les femmes aux gynécées, les non grecs et les esclaves à la cave. Quant à l’absentéisme: 2000 votants sur 400 000 habitants…
Le grand débat, donc, pas de gagnant, mais beaucoup de morts. Un peu comme dans la chanson et le roman Les dix petits nègres.
Sauf qu’à la fin du roman, tous sont morts, le coupable s’étant suicidé.
Alors que là, le 7 mai, il en restera un :
Un petit nègre se retrouva tout esseulé
Se pendre il s’en est allé
N’en resta plus… du tout .
La corde pour nous pendre en l’occurrence, ce serait, ce sera l’abstention.

Nous vivons une e-poque formidable.

Le Pen aux Kerguelen ?

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Aux Kerguelen, aussi il faut défendre la France !
Après le premier débat télévisé des présidentielles, nous nous sommes retrouvés dans un état second, ( de second tour ? ).
D’abord nous avons été 10 millions pour suivre ce débat. Et 10 millions ce n’est pas rien. C’est même un record. Et qui disait que nous étions des limaces qui ne nous intéressions pas à la politique ? On s’y intéresse mais encore faudrait-il qu’elle en vaille le coup, qu’elle s’écrive Politique, avec un grand P quand notre avenir est jeu. Et là, il l’est. Et ce n’est pas un jeu.
De ces 3 heures et demi de débat ( moins les assoupissements) nous sommes ressortis confortés dans nos choix. En tout cas pour ceux qui – qu’il pleuve, qu’il vente – ont déjà fait leur choix. Pour les autres, eh ! bien chacun(e) a été comme ce qu’on attendait, mais en vrai, en grand sur le petit écran.
Mélenchon ? Quel tribun ! On croirait Jaurès ( j’ai pas connu, mais on m’a dit), Malraux ( j’ai pas connu mais on m’a dit). Il pourrait nous promettre la lune, qu’importe, quel orateur !
Hamon ? : Un ange passe, les ailes chargées d’un certain ennui.
Fillon ? Droit dans ses bottes, mais il est vrai que l’on a aussi beaucoup regardé son costume, la coupe, le tissu…
Macron ? On annonçait qu’il se ferait enfoncer par les autres, parce que sans expérience, et puis non ! Et quand on tente de le mordre aux mollets, il sort les crocs.
Le Pen ? Marine était fidèle à elle-même. Mais pourquoi faire ? Au mieux elle va arriver en tête du premier tour et se fera battre au second. Au pire ( pour elle ) elle pourrait même se faire doubler par les deux en on : Macron, Fillon. Et là ce serait le début de la fin. On annonce une nuit des longs couteaux où son bras très droit, Philippot, serait sacrifié. On annonce une fin à la César où Brutus aurait le visage angéliquement blond de Marion. Mais la nièce pourrait-elle avoir un autre avenir que celui de sa tante ou de son grand-père ? C’est-à-dire représenter éternellement  sans jamais accéder au pouvoir, le quart d’entre nous  qui en ont marre, qui veulent renverser la table, qui crachent à la gueule de Bruxelles, de l’Europe , des autres, du voisin, des journalistes, du microcosme. Tous pourris, sauf ma mère et ma fille. Et encore !
Il faudrait peut-être leur proposer une porte de sortie : Les Kerguelen. C’est chouette les Kerguelen. Un petit bout de France dont il faut défendre l’identité au fin fond de l’Océan Indien sud. Et puis des pingouins et des manchots sur lesquels on peut régner. Et puis Kerguelen, ça rime avec Le Pen , non ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Elections: On parie ? Place your french election bets.

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Macron vainqueur chez les bookmakers: Encore le grand complot ?
Si l’on était à Londres, on irait placer des paris sur les prochaines élections. Même si franchement, les paris semblent impossibles. Bien sûr, cela dépend du point de vue. Et ces points de vue se radicalisent de plus en plus, déchirant les familles politiques traditionnelles.
A gauche, Mélenchon et Hamon jouent à c’est toi qui dit qui l’est et l’on voit mal comment ils ne programment pas ainsi leurs défaites.
A droite, François Fillon applique la devise hollandaise, non pas celle de François mais du pays – Je maintiendrai, en français dans le texte étant la devise de la maison royale des Pays-Bas. Pour ses partisans, sa fermeté et son obstination sont des qualités qui le qualifieront. Et d’avancer cet argument massu: Un mois avant les primaires, Fillon était donné battu.
A l’intérieur de chacun des camps, les échanges sont devenus d’une violence rare. Les attaques les plus agressives contre Alain Juppé proviennent souvent de son propre camp, comme le fameux Ali Juppé, à croire qu’aux yeux des partisans de Fillon, le maire de Bordeaux est pire qu’un Mélenchon ou qu’une … Marine Le Pen. L’irruption des réseaux sociaux comme source d’information, avec leurs rumeurs et leurs « fake news », leurs nouvelles fausses, permet tous les déferlements sans filtre et sans retenu. Derrière un pseudo asterix92ou vaval972, on peut médire, jouer les corbeaux. Là où il y a 20 ans, on envoyait une lettre anonyme et des photos mal truquées aujourd’hui on tweete et on photoshope et le monde entier comme la voisine du coin sont mis au courant.
Aux dernières nouvelles, chez les bookmakers de Londres, Emmanuel Macron a la côte le plus élevée. Pour faire la culbute, il vaut mieux parier sur Mélenchon à 156 contre 1 ou même Fillon à 10 contre 3. Mais sur le Brexit les bookmakers s’étaient trompés. Et puis qu’est-ce que les britanniques comprennent à la France ? Sauf les galloises ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Sauf en politique, la France a un incroyable talent.

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Le niveau de nos politiques vous déprime: Boostez-vous à Top chef !
Le rythme s’accélère: Débats télévisés, émissions politiques. Ça sent les présidentielles, mais ça ne sent pas forcément très bon: Boules puantes pour les uns, plan M contre plan M, pour les autres (qui se reconnaîtront). Et l’on se dit: De Gaulle avait-il donc raison ? Les Français sont-ils des veaux ? Suis-je donc un veau ? Eh ! bien non. Veau, oui, mais dans nos assiettes, car notre art national d’accommoder la nourriture – et pas seulement le veau – vient nous rappeler que tout n’est pas perdu, au contraire :
La sortie du Michelin est devenu un événement mondial: Traditionnel et en perpétuel renouvellement.
Et les Bocuse d’or, organisés à Lyon, bien sûr: Pendant 2 jours, fin janvier, plusieurs milliers de personnes ont encouragé des équipes venues du monde d’entier pour décrocher cette statuette qui est à la cuisine ce que les Oscars sont au cinéma, et cette année le podium était: Etats-Unis, Norvège, Islande. Bocuse à Collonges. Paul Bocuse, Monsieur Paul: Son nom est aussi connu en Chine, au Japon ou aux Etats-Unis que Chanel ou Vuitton. Monsieur Paul vient de fêter ses 91 ans. Tous les cuisiniers français sont ses enfants ou petits-enfants ou arrière-petits-enfants
Comme ceux, parfois pas même 18 ans, que l’on découvre dans « Top chef » sorte de «Voice» des fourneaux: Avec ces « brigades », ces « battle », ces compétitions de folie où en moins d’une heure il faut revisiter une volaille de Bresse – purée ou une tête de veau. Où les candidats acceptent sans broncher les engueulades des chefs, en répondant « Oui chef ». Poussés à se dépasser, obligés à tout donner. Quand on sait ce que ce travail de cuisinier suppose de réveils matinaux, de cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage, de transmission de savoir, d’audace, d’imagination. On en reste bouche bée et l’on se dit: La France a vraiment un incroyable talent !
Nous vivons une e-poque formidable !

Comment perdre une élection gagnée d’avance: Suite et fin?

Pour nos “amis” européens, no surprise: la France est un pays de politiques corrompus.
Après 5 ans de « capitaine de pédalo », comme disait Mélenchon à propos de Hollande, la messe semblait dite: La droite allait revenir au pouvoir et haut la main. Les 4,5 millions d’électeurs aux primaires démontraient cette profonde envie de changement.
Oh! pas par passion pour François Fillon: On n’allait pas se marrer tous les jours, mais au moins, des réformes seraient faites, les budgets seraient tenus. Pour les flonflons, on reverrait ça dans 5 ans, lorsque notre situation financière, celle du pays, avec notre dette kolossal qu’il faudra bien rembourser un jour, serait un peu moins inquiétante.
Et puis, patatras, c’est le Pénélope gate et Fillon est KC !
Bien sûr, on peut toujours dénoncer un grand complot, pister jusqu’à Bercy les fuites des déclarations fiscales, tenter de plumer le Canard Enchaîné – alors qu’il ne fait là que ce qu’il a toujours fait depuis 100 ans – on peut essayer de démontrer qu’il n’y a rien d’illégal dans le travail discret de ses proches, de lancer 3 millions de tracts avec « #Stopchasseàlhomme », le mal est fait.
Il semble exister un décalage entre les militants, les politiques, qui croient encore qu’il y aura un miracle, et l’opinion publique.
Pas les media ou le microcosme ( deux mots qui sont devenus aujourd’hui presque des insultes ) non! la France de partout, dans la rue, chez les commerçants, à travers les blagues qui ont explosé sur les réseaux sociaux. Même Bernard Pivot, le grand Bernard Pivot, qui a tweeté cette définition du nouveau verbe Pénéloper(verbe) : déf : Travailler dans la plus grande discrétion. Exemple : Chez Madame Claude, certaines femmes pénélopaient à l’insu de leurs maris.
Il faudrait un plan B tout de suite, mais B comme quoi, comme qui ? Et même cela sauvera-t-il, sauverait-il la droite de sa défaite aujourd’hui annoncée ? Alors que l’élection était gagnée d’avance !
Nous vivons une e-poque formidable !

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