C’est ouf ce scandale, cette polémique à propos d’un joueur du PSG, Idrissa Gueye qui s’était fait porter pâle il y a 2 semaines pour ne pas revêtir un maillot aux couleurs arc-en-ciel adopté par son équipe à l’occasion de la journée du foot français contre l’homophobie.

L’intéressé n’a rien dit ou presque et d’ailleurs ce n’est pas plus mal.

Car l’affaire a pris des proportions dingues au Sénégal son pays d’origine, jusqu’au Président Mack Sall qui réaffirme comme beaucoup de dirigeants ou d’intellectuels sénégalais : L’homosexualité n’est pas une pratique « africaine ». Ce sont des valeurs importées, imposées par le colonisateur. 

Cela fait penser, il y a quelques années, au Sida en Afrique du Sud, présentée comme « une maladie de blancs », avec les conséquences catastrophiques que l’on sait. 

Au Sénégal même, l’homosexualité est interdite, punie par des peines de prison. En Afrique, 12 pays seulement, dont la Côte d’Ivoire ou le Mali, l’ont dépénalisée. Peine de mort en Mauritanie ou au Soudan. Seule l’Afrique du Sud est allée jusqu’au mariage pour tous. 

Quelle tartufferie ! Sur toute la planète, dans toutes les sociétés, quelques soient les cultures, partout, on – et derrière ce « on », il faut comprendre des centaines d’études, d’enquêtes worldwide –  on sait qu’entre 10 et 15 % de la population sont homosexuels, c’est-à-dire attirés par des personnes du même sexe. Et cela comprend les homosexuels « cachés » ou « refoulés ». Pas plus, contrairement aux fantasmes de certains, mais pas moins non plus. Et c’est universel et vieux comme … l’humanité. 

Ce qui est navrant et inquiétant, ce n’est pas seulement que les chefs religieux, toutes religions confondues, appellent à des croisades contre les homosexuels, c’est que ces messages soient relayés par des gouvernements et des responsables politiques. 

Il est facile de comprendre que plus les réactions contre les homosexuels sont violentes, plus cela révèle une fragilité chez ceux qui s’expriment ainsi. Quand on n’est pas bien sûr de sa virilité, de sa sexualité, on en vient à « casser du pédé ».  

On peut se rassurer en pensant que bien souvent c’est le fait de sociétés où la sexualité est bridée, où hommes et femmes ne peuvent avoir de relations sexuelles avant le mariage, en théorie. C’est ce que raconte un des livres de Leila Slimani, Prix Goncourt 1996, « Sexe et mensonges » la sexualité au Maroc.

C’est aussi le sujet de l’avant-dernier roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. 

« De purs hommes » traite de l’homosexualité au Sénégal et raconte l’histoire d’un homme dont le cadavre est déterré puis traîné par une foule hors du cimetière. 

Il y a quelques mois, l’écrivain était récompensé par le Prix Goncourt pour son dernier roman. Mais après des premières réactions de fierté au Sénégal, une cabale très violente était organisée par les conservateurs et les chefs religieux.

L’écrivain a refusé d’entrer dans ces polémiques, répondant simplement : 

« Tout ce qu’on peut proclamer sur moi comme fantasme et caractérisation est dérisoire …Dans nos sociétés traditionnelles, il y a toujours eu des traditions, des rituels, des configurations qui privilégiaient des formes de tolérance. Comment les cadres qui permettaient une forme de tolérance ont été détruits ».

Est-ce blanc ? Est-ce noir ? Est-ce occidental ? Est-ce africain ?

C’est surtout obscurantiste. Et universel. Et cela commence chez nous. Car comment expliquer que malgré les lois, les campagnes d’information, malgré les mouvements de défense des droits des gays, des lesbiennes, des queer, des transgenre etc…, les préjugés ont la vie dure et on les retrouve à chaque génération.

Il suffit de tendre l’oreille, d’écouter des « jeunes » qui discutent. « Oh ! t’es un pédé, toi » ?

Les insultes ?  toujours autour du même objet : « Les suceurs de bites ». 

Ou chez les rappeurs américains les « cocksucker ». Et puis bien sûr il y a les « va te faire enculer » complété par « fils de pute » ; Tout cela doublé par un machisme bien bourrin où toutes les femmes (sauf ma mère et mes sœurs) sont des « bitchs », des taspés », des pétasses.

Donc chez nous il y a du boulot. Et pas (seulement) aux Molières, Césars et autres lieux de concentration de tellement d’intelligences, de talents, de modernités, qu’on s’en sent exclu. 

Non le combat pour… la tolérance, il est là, dans les familles, dans les collèges, dans les lycées où les garçons par exemple sont terrifiés à l’idée qu’on puisse les prendre pour des « pédés ». 

Libéré.e.s, délivré.e.s, il y a encore du taff…