Quel mois de mai, non mais, quel mois de mai !  

Ce n’est plus : « en mai fais ce qu’il te plaît », c’est devenu : en mai, mets tout entre guillemets », ou alors, « en mai, fais la semaine des 4 jour-nèes »(  je sais : pas terrible, la rime : à chacun son talent, moi les rimes riches genre rappeur avec des « j’men bats les couilles, j’en ai plein les fouilles » … je n’y arrive pas ! ).

Bref, de jours fériés en jours chômés, entre les ponts et les RTT, beaucoup ont pu pratiquer la semaine des 4 jours. Les sociologues et spécialistes du travail en rêvaient. En mai les Français l’ont fait. (Waouh, ; que de rimes riches, vite : avec force auto tune et voice coder, je démarre une carrière)

Et comme en plus, la météo s’est mise de la partie… avec en mai, et en ce début juin, un beau temps de juillet mais sans les nuits caniculaires, tous les Français – en tout cas tous ceux qui le peuvent – ont eu la tête ailleurs. 

À en juger sur la fréquentation des gares, routes, aéroports, je ne veux pas faire de mauvais esprit, mais c’est à se demander où est la crise…

Bref, après un mois d’avril particulièrement dégueulasse, suivi par un début mai, gris, maussade, pluvieux, frais, nous n’avions qu’une seule envie, partir, sortir, terrasses et soleil. 

Ou aller au restau par exemple et profiter de ces soirées à rallonge. 

Dans mon village, qui a été particulièrement gâté par la géographie, l’histoire et … l’économie, il y a 3 restaurants / cafés. Et avec les beaux jours, j’avais envie d’en profiter. 

Le premier un peu plus chic, un peu plus « gastro », ne sert plus après 21h. Le chef et les cuisines s’arrêtent à 20h30. 

Le deuxième un peu plus « roots », cochon et cochonnailles, idem, la cuisine s’arrête à 20h30-20h45.

Le troisième, un café restaurant genre bobo mais bobo Paris 9ème, télétravail, et voitures électriques, il est fermé le week-end. 

Même en élargissant le périmètre des recherches, même causes, mêmes effets. 

La guinguette bord de l’eau n’a plus de poissons après 20h30. 

Et le restau de cet hôtel ne sert plus à manger après 21h. 

Mourir de faim un soir de mai ou de juin ? 

En revenant sur la place du village, une lueur d’espoir cependant… Un nouveau spot qui vient d’ouvrir, et que l’on remarque de loin avec ses lanternes rouges : un sushi shop nippo-sino-vietnamien. Eux à 11 heures du soir, ils servent et livrent encore… Mais comment font-ils ? 

Sans tomber dans les clichés, ce n’est pas qu’« ils » travaillent plus que leurs homologues installés depuis longtemps. C’est peut-être que leur organisation du travail est un peu différente, pour le dire de manière diplomatique. 

Car tous les restaurateurs vous l’expliqueront : si l’on veut respecter les lois – tout à fait légitimes- sur la durée du travail, les horaires , si l’on veut répondre aux nouvelles aspirations pour beaucoup de ne pas sacrifier les soirées , les week-ends, eh! Bien, ils ne trouvent plus personne. Parce que la vie d’un chef, c’est se lever aux aurores et terminer tard le soir.  Prolonger le service d’une heure ou de deux, cela supposerait un cuisinier ou un serveur supplémentaire et ça, la plupart des restaurateurs ne peuvent se le permettre. On appelle ça des métiers « en tension » ?

Adapter les législations qui encadrent le nombre d’heures de travail, les rythmes de travail, de repos, l’allègement des charges sociales pour permettre l’augmentation des rémunérations etc…les pistes pour permettre aux cuisiniers et à leurs équipes de vivre de leur travail ne manquent pas. 

Mais en tout cas, il faudrait faire quelque chose pour qu’il n’y ait pas de fossé entre d’un côté « Top chef » et tous ces jeunes qui « donnent tout » avec une maturité, un talent, une passion et un engagement qui forcent l’admiration ;

et de l’autre la réalité économique de milliers d’établissements.

Pour qu’à 22 heures par une belle soirée d’été on puisse encore être servi dans les restaus de mon village.