Donc ce dimanche, près de 150 millions d’électeurs brésiliens élisent leur Président. 

Mais pas que… 

Sénateurs, députés fédéraux, gouverneurs, députés des États, des centaines d’élus vont être élus. Le Brésil est un géant et tout, élections comprises, est forcément gigante

Qui dit élections dit démocratie, enfin pas à coup sûr. Voter n’est qu’une condition nécessaire, pas suffisante. 

Il suffit de voir ces scrutins genre référendums organisés à la va-vite, sous la pression, avec des chars dans les rues. Attention, je ne vise personne, очевидно…. ( D’ici à ce qu’il me coupe le gaz cet hiver.. )

Mais revenons au Brésil qui ne risque pas d’avoir froid puisqu’en plus cet hiver, ce sera l’été chez eux. 

Le Brésil est une démocratie, une des plus « grandes » d’ailleurs après l’Inde et les États-Unis. 

Mais bien sûr avec pleine de trous. La liste de ses défauts, de ses limites est longue. 

Cependant quand on voit ce qui se passe par exemple en Inde, avec Modi et les ultranationalistes hindous, bof…

Ou aux États-Unis, Trump, l’attaque contre le Capitole, la Cour Suprême de plus en plus réac. Bof, bof…

Ou même ce qui se passe en Europe. En Grande-Bretagne où l’on change de Premier Ministre à la suite d’une révolution de palais à la tête d’un parti, sans que les citoyens ne soient consultés. 

Ou chez nous en France, où certains à peine les élections pliées contestent déjà la légitimité des élus, 

Bref, nous n’avons pas vraiment de leçons à donner. 

Quoique : 

Que le Brésil vote, c’est bien. 

Que Bolsonaro soit battu par Lula l’ancien Président c’est encore mieux. Oui, je prends le pari que Lula va gagner, peut-être même dès le premier tour et cela  malgré (peut-être à cause) du soutien du footballeur Neymar à Bolsonaro. Il faut dire que Bolsonaro laisse le Brésil dans un état encore pire que celui dans lequel il l’avait trouvé : corruption, violences, pauvreté, inégalités. Et puis, avec ses fils et leurs saillies racistes, homophobes et facho facistes, le Président sortant ( ?) faisait honte à tout ce que le Brésil a d’intelligence. Or le Brésil en a beaucoup, de l’intelligence, de la beauté, de la créativité. 

Pourtant, ce n’est pas la joie ces élections. 

Car les Brésiliens n’ont eu le choix qu’entre la peste ou le choléra. 

Bolsonaro, ( la peste ?) on en a déjà parlé. 

Mais problème : Lula non plus n’est pas tout blanc – ce n’est pas une allusion à sa couleur de peau , car il est en encore plus blanc que Bolsonaro – curieux ce pays où la moitié de la population est d’origine africainemais où aucun ministre n’est noir…- la Présidence Lula a rimé avec scandales et corruptions jusqu’à ses proches ; jusqu’à lui-même d’ailleurs, puisqu’ il a été – peut-être un peu hâtivement- condamné à la prison où il est resté un an et demi. 

Lula, l’enfant qui n’avait souvent pas de chaussures pour aller à l’école, l’ancien ouvrier métallo, l’ancien syndicaliste, celui qui en prolongeant la bourse familiale avait permis à des dizaines de millions de brésiliens d’espérer accéder à l’éducation, à la classe moyenne –rappelons quand même que ce n’est pas lui qui l’avait lancée mais son prédécesseur le social-démocrate, Fernando Henrique Cardoso – Lula donc, corrompu comme les autres ?  Quelle déception pour des millions de brésiliens. 

La corruption c’est le problème numéro un du Brésil, qui gangrène tout. La politique bien sûr ; et depuis la phase des élections parce que tous ses milliers de candidats qui se sont présentés, avec quoi financent-ils leurs campagnes dans un pays aussi vaste que les États-Unis ? 

La corruption gangrène l’administration, l’économie. On estime que c’est le principal blocage à un développement qui sortirait définitivement les Brésiliens de la pauvreté. 

Et puis le problème numéro 2, voire un, c’est la religion, les religions, les sectes, l’influence grandissante des évangélistes qui tissent leur toile derrière la façade politique brésilienne jusqu’à la première dame, Michelle. Pour eux, Lula, qui a confirmé le droit à l’avortement, légalisé le mariage pour tous, etc…c’est le diable. 

Et encore derrière tout ça, il y a l’armée. Après tout, elle n’est retournée dans ses casernes qu’en 1985…on croise les doigts pour qu’elle y reste.

Ordem e Progresso  proclame la devise du Brésil, inscrite sur son drapeau, c’est-à-dire Ordre et Progrès, une devise inspirée d’ailleurs par le philosophe Auguste Comte.

Mais pour beaucoup aujourd’hui, c’est plutôt Ordem e Regresso. Est-il nécessaire de traduire ?