Ces poubelles qui débordent; ou qui brulent. 

Ces détritus qui s’amoncellent dans les rues de Paris-n’est-plus-magique.

Et ces rats qui nous envahiraient jusque dans les berceaux de nos bébés, déjà qu’ils sont de moins en moins nombreux (les bébés) … Quelles images ! Et quelle image la France présente aux potentiels touristes.

Ajoutez à ça, le périphérique qui est bloqué tout comme les dépôts d’essence, les grèves qui prennent les usagers en otage, l’eau qui commence à manquer, les vaches qui continuent de péter, et bien sûr, la loi sur les retraites qui bat en retraite.

Bref, nous sommes foutus, la France est foutue. 

On comprend bien la nécessité vitale pour les chaines tout info d’aller de breaking news en breaking news. Surtout ne jamais sortir du hot news, et tant pis s’il faut pour cela chauffer des news pas très chaudes.

On comprend bien que le net a besoin d’alimenter le fil continu des news qui doivent accrocher notre regard au fil de nos scrolls. Ce que l’on cherche c’est du volume et tant pis s’il faut pour cela tout diffuser sur un même pied d’égalité, le faux comme le vrai.

Tout est historique, tout est dramatique, tout est catastrophique. Déprimant…

Et puis on regarde au-delà de la Manche, du Quiévrain, du Rhin, des Alpes, des Pyrénées. 

Et on voit qu’en Allemagne les grèves se multiplient pour réclamer des hausses de salaire de 10 %. Dans certaines villes, les poubelles s’amoncellent, hôpitaux, transports et trafic aérien sont perturbés.

Aux Pays-Bas, un parti inconnu il y a 10 ans vient de remporter les élections régionales. Son programme : mettre un terme à la politique « verte » de l’actuel gouvernement. En gros, laissez nos belles frisonnes (les vaches) péter en paix.

Et puis de la Grèce qui ne se remet toujours pas de la terrible catastrophe ferroviaire d’il y a un mois, à l’Italie, à l’Espagne jusqu’au Portugal, les taux des emprunts sont variables. Avec la brusque remontée des taux d’intérêt, les ménages sont étranglés par le remboursement de leurs emprunts, notamment immobiliers.

Idem mais en pire en Suède et au Royaume-Uni, qui de toute façon est déjà si mal en point que ce ne sont pas les fastes du prochain couronnement de Charles III qui pourront changer grand-chose.

Alors ?

Alors, informer ce n’est pas forcément débiter une succession de nouvelles présentées comme une suite de catastrophes. Avant l’on avait coutume dire : le battement de l’aile d’un papillon pourrait faire chuter la bourse à New York. Aujourd’hui ce n’est plus un papillon, mais Twitter and Co qui gazouille en permanence. Et ça en devient soûlant. Much ado about nothing, comme écrivait le grand William S.

Sortir de nos nombrils, prendre un peu de hauteur, mettre en perspective, relativiser, se garder des jugements définitifs, ferait beaucoup de bien à nos médias, nous ferait beaucoup de bien. 

Parce que la France n’est pas le pays le plus épouvantable de la planète. Peut-être même qu’au contraire et malgré tout, c’est une chance de vivre en France. 

Mais bien sûr, ce n’est pas très vendeur.