On appelle ça la mobilité douce : Marche, vélo, trottinette… 

Douce, elle l’était avant qu’on y rajoute « électrique ». 

Et ça change tout.

Nous ne sommes pas plus incivils qu’avant, nous le sommes de manière motorisée. 

Avant, on nous avait appris à traverser les rues. Tu regardes à gauche puis à droite, tu attends le vert piéton et tu traverses. 

Aujourd’hui, il faut regarder à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, puis devant tout en surveillant l’arrière, et le vert piéton ne signifie plus rien. 

Avant la trottinette électrique, il y avait la trottinette simple : On pouvait les compter sur les doigts d’une main, celles et ceux qui s’élançaient cheveux au vent le long de nos rues, mus par la seule force de leurs mollets. 

Aujourd’hui, tout le monde s’y est mis, en quelques mois.

Comme le vélo électrique, autre danger auquel les piétons doivent se confronter, la trottinette électrique est tout sauf sportive, c’est même le contraire, c’est la mobilité sans effort à la portée de tous. Et c’est la liberté, même par rapport au vélo. Est-on piéton ? est-on cycliste ? Un peu comme dans la fable de la Fontaine, Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;(…) Je suis Souris : vivent les Rats. 

Et je prends ma trottinette dans le train, le bus ou métro, et N…ta mère, si je vous gêne. Et le casque ? Je m’en bats les c… et la piste cyclable ? c’est pour les teubé ! Et je passe aux feux ? Rouge ? Nique le feu, et je t’emmerde. 

A travers le flot de voiture, je suis libre. Jusqu’au choc pas très chic qui va vous envoyer à l’hôpital, et le conducteur du véhicule qui vous aurait heurté… devant les juges. Eh ! oui…vélo, trottinette, c’est aux autres à faire attention. 

Et je sens venir vos préjugés. Ne croyez pas que cette trottinettemania soit l’apanage des ptits jeunes des quartiers… les petits bourges et même les vieux bobos se la jouent « free », comme cette grande blonde, cheveux au vent (donc pas de casque) vue il y a quelques jours, slalomant au milieu des embouteillages pour traverser Place de Clichy à Paris, à contre sens et au feu rouge…

Les mobilités douces sont un révélateur de notre manque d’éducation. Quelque soit notre niveau d’éducation, ou de fortune. Elles révèlent la part sombre de notre incivisme.

Elles mettent également cruellement en évidence le manque d’anticipation et de réactivité de nos édiles… Hello ! la mairie, on réagit ? on organise ? On légifère ? On prend exemple sur New York ? Barcelone ? Valence ? où les flottes privées ont été interdites.