« Historique ! du jamais vu ! »

« Cela fait 50 ans que j’habite ici, et je n’avais jamais vu ça. » 

Incroyable notre capacité à oublier les choses qui fâchent ! 

Pas par mensonge, juste par absence de mémoire. 

Il y a très, très longtemps – quelques milliers d’années quand même : c’est beaucoup pour un être humain, mais peu pour la planète – quand nos ancêtres ont colonisé l’Amazonie ou les Alpes par exemple, ils ont dû s’adapter à des environnements dont la puissance les dépassait totalement. 

Comment inscrire dans les mémoires collectives, transmettre de générations en générations le souvenir qu’ici les eaux en période de pluies peuvent monter 10 mètres au-dessus du niveau habituel ou que là sur cette pente, ce couloir bien exposé et à priori accueillant peut devenir une zone mortelle de coulées de neige et d’avalanches.

Qui se souvient, qui a – ou n’a pas – transmis le souvenir de 1970 ? L’hiver le plus meurtrier depuis des siècles dans les Alpes françaises. 

10 février 1970, une avalanche dévaste le centre UCPA de Val d’Isère en Savoie : 39 morts, essentiellement des enfants et des ado piégés. Deux mois plus tard, le 5 avril, la catastrophe du Plateau d’Assy, 71 personnes tuées dans une coulée de boue et de terre.

Il a fallu ces catastrophes pour provoquer une prise conscience, avec notamment une loi instaurant les plans d’exposition aux risques. 

Pourtant, ce n’était pas le réchauffement climatique qui était en cause mais bien les constructions et les aménagements anarchiques dans des milieux fragiles. 

Nous voulons tous vivre les pieds dans l’eau ou la tête avec vue. Cela nous a poussé à construire, à bétonner, à densifier partout et n’importe comment ; Sans intégrer l’expérience parfois millénaire de ceux qui nous ont précédé.

Avant d’accuser le changement climatique, une réalité pourtant, balayons aussi devant nos portes. Essayons d’avoir un peu plus de mémoire que les poissons, un tour de bocal et j’ai oublié le tour précédent. 

Et en matière de poissons, ce rappel photographique sorti des archives municipales de Lyon (merci Le Progrès !) : le Rhône à sec à Lyon à l’été 1894…

Pour paraphraser Aimé Césaire : « un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».