Soirée blanche ? non, Zemmour en nouveau chevalier blanc face au danger qui vient du sud.

Eric Zemmour a donc décidé que sa croisade – pardon sa reconquête – passerait par Saint-Tropez.

Un choix qui pourrait surprendre de la part de celui qui se présente comme le porte-voix des sans voix, le défenseur de la France périphérique, le pourfendeur du relâchement des mœurs conséquence de la libération des femmes.

Il aurait pu sauter sur Saint-Affrique, Saint-Denis, ou le Ch’nord. 

Que nenni ! Zemmour n’est ni chti ni Tuche. Il est méditerranéen (?!), comme Mélenchon, comme Rachida Dati, comme Djamel Debbouze. Il est seulement moins drôle. 

Saint-Tropez, ça fait donc sens.

Et puis Saint-Tropez, ça évoque tout de suite… la France périphérique, les fins de mois difficiles. Saint-Tropez, ça permet de se rendre compte qu’on n’est pas riche. Mais ce qui est extraordinaire c’est qu’à Saint-Tropez les pauvres n’en veulent même pas aux riches. Les gilets jaunes laissent leurs gilets aux ronds-points extérieurs. Quand on déambule devant Sénéquier pour admirer des yachts dont un seul paierait nos retraites pour plusieurs vies, on brandit le smartphone pour s’instagramer, pas des panneaux avec : «Mon ennemi, c’est la Finance ».

Saint-Tropez, ça évoque aussi BB, Brigitte Bardot, la Madrague, coquillages et crustacées. C’est la libération des mœurs, les seins nus, « Bonjour tristesse », les soirées Blanche, les nuits au VIP-room. Bref, des écuries d’Augias, stupre et décadence. 

Zemmour arrivera-t-il à faire un grand ménage ?

Peut-être, car – hélas, comme on le sait – Brigitte Bardot ne se contente pas de défendre les animaux, elle se laisse parfois aller à des dérapages idéologiques que même Zemmour n’ose pas, en public. Nul doute que le candidat arrivera donc à trouver quelques oreilles compréhensives et quelques votes. Mais peut-être moins que les autres candidats, notamment ceux du RN.

Saint-Tropez, ça évoque aussi bien sûr… les gendarmes. Et Truchot, le maréchal des logis-chef, immortalisé par Louis de Funès. 

Truchot qui aurait bien eu besoin à l’époque du renfort d’un Zemmour pour lutter contre les seins nus et le relâchement des mœurs. Et d’ailleurs quel symbole ! La gendarmerie de Saint-Tropez n’a pas eu le temps d’être classée au patrimoine national de l’UNESCO, elle a été fermée, son bâtiment transformé en musée. Belle démonstration du recul de l’État dans les territoires. Il faut sauver le maréchal des Logis Truchot. Un beau combat pour notre chevalier blanc.

Et puis on l’oublie trop souvent, Saint-Tropez est située en plein sur le front, sur les rives de cette mer Méditerranée qui n’est plus la nôtre depuis au moins 1962, et de l’autre côté de laquelle se tapit l’envahisseur prêt à nous sauter dessus : les arabes qui après nous avoir chassé d’Algérie veulent nous envahir. Depuis Saint-Tropez, Zemmour sera en première ligne pour guetter l’invasion.

Enfin, Saint-Tropez, Antibes, Juan-Les-Pins, en 1944, c’est là que débarquèrent les Forces Françaises Libres, c’est de là que partirent la reconquête et la libération de notre beau pays occupé par les nazis. Merci à ces valeureux soldats (dont mon oncle Jo) qui nous libérèrent, à la tête d’unités dont la plupart des soldats étaient des arabes et des noirs, leurs frères d’armes pourtant. 

À l’époque on ne leur avait pas trop demandé leurs papiers, et en dehors des nazis, personne ne songeait à les renvoyer chez eux. 

Mais il est vrai qu’à l’époque beaucoup de français s’en étaient remis à Pétain, plutôt qu’à De Gaulle. 

Oui, Saint-Tropez, ça fait sens.