Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : G7

Iran, climat,Trump : Que reste-t-il du G7 d’Emmanuel Macron ?

A défaut de dominer le monde, la France sait recevoir, ça c’est sûr !
Souvenez-vous: C’était il y a quoi ? Même pas 15 jours. Les commentatrices/teurs les plus anti-Macron ( si, si, ça existe ! ) s’extasiaient: Quel talent ce Président ! En 2 promenades sur la plage de Biarritz et une réception à l’Hôtel du Palais, il avait remis la France à sa place dans le monde. Peut-être pas en première place, mais en tout cas, dans le carré de tête. La France habile, diplomate, capable de réconcilier les positions irréconciliables. Un peu comme en 1938 à Munich… Euh ! non, là, mauvaise comparaison, mais passons. 
Donc à Biarritz, le coup de maître, qui a bluffé tous les commentatrices/teurs : L’arrivée surprise du ministre des affaires étrangères iranien. Bien sûr, il n’a vu personne, à peine l’aéroport. Enfin si : il a vu les français qu’il avait déjà vus deux jours avant à Paris. Mais l’on guettait la réaction des américains, le tweet vengeur de Donald Trump, qui aurait douché tous les espoirs, genre : « Melania, fais ta valise, on rentre à Washington ». Et puis, rien ! Alors, alléluia ! tout le monde d’imaginer déjà un sommet de Paris, où l’on verrait Trump embrasser le Président Rohani. Chapeau Macron, France is back
Et puis. 
Et puis rien. Au contraire : L’Iran annonce la mise en route de centrifugeuses avancées pour augmenter son stock d’uranium enrichi. Les États-Unis durcissent encore leurs pressions pour empêcher toute exportation clandestine de pétrole par Téhéran. Et à la frontière entre le Liban et Israël, où sévit le Hezbollah, marionnette des iraniens, les « incidents » se multiplient.
Bref, la seule chose qui va nous éviter une guerre, c’est sans doute qu’en période électorale, ce n’est pas terrible pour un Président américain d’en déclencher une, de guerre.
Que reste-t-il du G7 de Biarritz ? Peut-être la découverte par Melania Trump des vins français ( dixit son mari en conférence de presse) Remarquez, rien que ça, ça ne serait pas si mal. Cheers !

Pendant ce temps-là en Guyane…

L’orpaillage clandestin, un fléau encore plus grave pour l’environnement
Les incendies en Amazonie, on n’en parle déjà presque plus. 
Il faut dire que beaucoup ont eu le sentiment de s’être fait enfumer. 
Non ! L’Amazonie n’est pas le poumon de la planète. Et en Afrique, les incendies sont bien pires. 
Et puis, même si le Président actuel du Brésil est – comme dire poliment – folklorique ? Fascisant ? émettre des idées comme « L’Amazonie appartient à l’humanité », ça passe mal dans un pays qui est loin d’être une république bananière.
Pendant ce temps-là, dimanche dernier, chez nous, en Guyane, la crique Bagot était encore souillée par l’orpaillage illégal, empoisonnée par cyanure et mercure. Vous ne connaissez pas la crique Bagot ? C’est bien dommage… La crique Bagot se jette dans la rivière Comté. Un petit coin de paradis pour les habitants de Cayenne. Le week-end, c’est une destination détente, on y va pêcher, déjeuner, se baigner. 
Mais la Guyane est mise à sac par les chercheurs d’or clandestins venus du Brésil. Les indiens ou les autres populations qui vivent sur les rivières et fleuves, qui en mangent les poissons, en boivent l’eau sont empoisonnés par la pollution. Ils sont bousculés par des milices violentes, armées, qui s’en prennent même aux gendarmes et aux militaires. 
Mettre fin à ce pillage, voilà le vrai combat pour la protection de l’Amazonie. 
Mais sans forcément vouloir la mettre sous cloche. 
Comme l’explique le sénateur de Guyane, Georges Patient : On a l’impression que, faute de mener ces combats écologiques dans l’hexagone, on utilise la Guyane. Maintenant, c’est Montagne d’Or (un projet de mine d’or légale, contestée par les écologistes) après, ce sera le pétrole. Mais alors que la situation économique continue de s’enliser, que va-t-on faire des 40.000 chômeurs 
Si les généreux donateurs comme LVMH qui avait annoncé vouloir verser 10 millions pour l’Amazonie, souhaitent réellement être utiles, qu’ils s’investissent en Guyane. Il existe même là-bas le parc national amazonien, qui protège la moitié de ce territoire, ce qui en fait, de fait, le plus grand parc naturel français. Et qui a besoin de moyens. 
Charité bien ordonnée commence par soi-même, non ? 

A qui appartient l’Amazonie ? Bonne question, mais qui la pose et qui y répond ?

Notre maison brûle; Oui mais surtout en Afrique !
L’Amazonie a donc été invitée au G7. Habillé en géant vert, Emmanuel Macron en a fait son cheval de bataille sur le thème : Notre maison brûle ! 
Espérons que cette formidable image, lancée par Jacques Chirac, sera suivie d’un peu plus d’effets qu’à l’époque…en 2002 ! 
Les incendies en Amazonie sont effectivement dantesques, mais ils ne sont en rien un phénomène nouveau. Chaque année des dizaines de milliers d’hectares sont ainsi défrichés, ou plutôt nettoyés à la saison sèche, en utilisant la technique des indiens, celle de la culture sur brûlis, une technique que l’on retrouve aussi en Guyane, pour faire son « abattis » son champ de cultures vivrières. 
Évidemment, on est loin des techniques traditionnelles quand ce sont des incendies provoqués et attisés par les intérêts de l’agrobusiness, dont on sait à quel point ils sont liés au Président brésilien. On accuse donc Bolsonaro, comme si par sa seule Présidence il avait mis la forêt en feu. Mais accuse-t-on Justin Trudeau pour les incendies catastrophiques de 2017 et 2018 au Canada ? Ou Vladimir Poutine pour les incendies également catastrophiques en Sibérie ? 
Emportés par l’émotion, par la mauvaise conscience, le « sanglot de l’homme blanc », nous en oublions la réalité, rappelée par ces cartes publiées par la NASA. En ce moment, c’est l’Afrique centrale et de l’Est qui brûle, beaucoup plus que l’Amazonie. La pauvreté, ne serait-ce pas cela la principale menace pour notre planète ? 
Sommes-nous les mieux placés pour demander des comptes aux brésiliens sur leur manière de gérer leur forêt. Au nom de quoi ? Du droit d’ingérence écologique ?  Parce que l’Amazonie appartiendrait à l’humanité ? Comment refuser à ces pays la possibilité d’exploiter leurs ressources naturelles, alors que notre richesse actuelle est le résultat de bien pire. Par exemple, pendant 3 siècles, en colonisant les immenses terres vierges d’Amérique du nord, massacrant les indiens, décimant les bisons, défrichant les sols jusqu’à les transformer en poussière comme dans les années 1930 dans le fameux dustbowl en Oklahoma. Rendez les États-Unis et le Canada aux « peuples autochtones » ? 
Et puis « charité bien ordonnée commence par soi-même » et pour nous français, cela devrait commencer par la Guyane. A qui appartient ce territoire vaste comme le Portugal ? Et qui est « autochtone » en Guyane ? Les seuls indiens ? les populations noires marrons ? Les « créoles », les descendants d’esclaves déportés depuis l’Afrique, les nouveaux immigrants, venus d’Haïti, du Brésil voire même d’Asie ? Qui doit décider de mettre sous cloche ses ressources au nom de la conservation de la forêt ? et comment peut-on la protéger des appétits de pays infiniment plus peuplés comme le Brésil dont les clandestins viennent exploiter illégalement et sans respect de l’environnement, ses réserves en or ? 
Essayons d’abord de répondre à ces questions qui nous concernent au premier chef. Avant de demander des comptes à un Président brésilien, qui bien sûr, en dehors de ses rodomontades, démontre tous les jours qu’il n’est pas à la hauteur. C’est d’ailleurs ce que commencent à penser de plus en plus de brésiliens qui avaient voté pour lui par exaspération anti-élites, anti-corruption, anti-désordre. 
La démocratie, la bonne gouvernance, la corruption, le développement, la lutte contre la pauvreté et les inégalités croissantes : il est moins facile d’apporter des réponses à ces questions brûlantes. Et pourtant, elles sont en grande partie à l’origine des feux en Amazonie. 

G7 à Biarritz : Emmanuel Macron annule tout ! ça sent pas bon !

G7 ?  Devine qui vient dîner sans être invité ? 
Il y a des jours où il vaut mieux ne pas entendre son réveil, rater son train. Parce que l’on sait que la journée va être foireuse. Eh ! bien c’est le cas avec ce G7 de Biarritz. Manu, n’y va pas ! Annule tout. 
Oui bien sûr, je sais : les petits fours sont déjà commandés et les homards péchés. Mais sérieusement, Président qu’attendez-vous de ce sommet ? 
Que Donald Trump soit frappé par la grâce de la Vierge dont la statue surplombe le rocher du même nom à Biarritz ? Qu’il se mette à dire : oui je crois au réchauffement climatique et je reviens dans les accords de Paris. Oui je crois au réchauffement diplomatique et je rediscute avec la Chine, oui je crois à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, embrassons-nous Ayatollah !  Il serait plus vraisemblable de le voir se jeter à l’eau pour tenter un take off sur une planche de surf…
Et puis, il y aura qui à ce G7 ? 
Trump, on vient d’en parler. 
L’Italie ? son gouvernement vient d’exploser en plein vol.
La Grande-Bretagne ? En train d’imploser dans son Brexit. 
L’Allemagne ? Merkel est en train de faire ses valises, à Berlin , 
Trudeau au Canada ? Noyé dans un scandale d’Etat, et de toute façon, à quelques semaines d’une déroute électorale. 
Il n’y a plus que le Japon. Prêt à parler manga ? chrysantème ? Ou Ghosn, Carlos ? non , il ne vaut mieux pas. 
Les seuls qui vont vraiment venir, ce sont les alter-mondialistes . Et l’on sait déjà que comme à Hambourg en 2017, cela se passera mal. Et que les media auront de quoi diffuser des scènes hallucinantes genre Champs-Elysées décembre 2018, mais version pelote basque. Pas sûr que cela soit très bon pour l’attractivité touristique de notre pays. 

Alors, prétextez une gastro, un herpès mal placé, une appendicite aigüe. Qu’importe, mais annulez tout, ça vaudra mieux et ça coutera moins cher.

Economie, géopolitique, sommet du G7: C’est la merde !

Avis de sale temps pour le G7 à Biarritz !
On ne va pas se mentir, mais la situation internationale est comme cette fin d’été sur le nord, l’est, l’ouest, le centre de la France : Pourrie. 
Le Brexit ? Les anglais eux-mêmes naviguent à vue. Or si l’Angleterre prend l’eau, c’est nous qui boirons la tasse. 
L’Italie : on ne sait plus qui gouverne. Matteo Salvini depuis son ministère de l’intérieur veut lancer une nouvelle marche sur Rome. Les italiens vont certainement devoir retourner aux urnes. Pour la xième fois. Et pendant ce temps-là, l’économie se grippe. Or quand l’Italie se grippe, c’est nous qui prenons froid.
Jusqu’à présent la France pouvait compter sur l’Allemagne. Mais depuis qu’Angela Merkel a gagné les élections sans les gagner, elle dirige d’une main de moins en moins de fer une coalition bancale. Mais qui pour succéder à Merkel ? Et quid de l’économie ? La guerre entre Trump et la Chine produit ses effets. La croissance chinoise ralentit. Et puis Hong-Kong … Un battement d’aile du papillon et les exportations allemandes marquent le pas. Et quand l’Allemagne tousse, c’est nous qui prenons froid. 
C’est comme en Espagne, où 3 mois après la victoire du socialiste Pedro Sanchez, impossible de former un gouvernement. Pendant ce temps-là, l’Espagne se détricote, jetez un coup d’œil du côté de Barcelone : Or quand l’Espagne tousse…
Et puis Trump qui veut faire plier les mollahs de Téhéran. Comme si c’était des partenaires BTP d’un de ses chantiers à New York ! Il ferait mieux de s’occuper des indices de l’économie américaine qui virent au rouge les uns après les autres.
Et puis l’Inde de plus en plus nationaliste qui montre les muscles face à un Pakistan qui gonfle ses pectoraux. 
Et puis Daesh : les attentats continuent en Irak, en Afghanistan, au Nigéria, au Mali. Quant à la Lybie…
Et puis l’Argentine qui fait faillite, encore et toujours. 

Et puis, et puis : Quelque soit la météo, il va faire un temps de merde à Biarritz au sommet du G7. 

Trump-vs Le Monde: Match très nul au G7

Le Canada, en guerre contre les Etats-Unis? Les Simpsons l’avaient imaginé, mais c’était pour rire!
« Soyons sérieux et dignes de nos peuples. Nous nous engageons et nous tenons ». 
Emmanuel Macron a bien raison : Après l’humiliant match-nul 1-1 France-Etats-Unis, il vaut mieux rester digne en partant au mondial de foot en Russie. Parce que l’équipe US de foot, ce n’est pas le Pérou. Dans tous les sens de l’expression – et d’ailleurs la rencontre France-Pérou, ce sera le 21 juin. On s’attendait à un score honorable, genre 7 à 0 pour les bleus. Eh ! bien non. Match nul, et même, il s’en est failli de 10 mn pour que les américains ne battent l’équipe de France. 
« Soyons sérieux ».
C’est comme pour le sommet du G7. Les 6, Macron en tête annonçaient au pire un communiqué final filandreux et bien diplo, avec des formules tellement alambiquées qu’on n’y comprend rien, mais c’est fait pour. Et là, d’un tweet, tacle de Donald Trump. Un mauvais tacle, bien vicieux, glissé. Qui mériterait au moins une pénalité, un carton rouge. Mais le problème c’est qu’il n’y a plus d’arbitre sur la scène internationale. 
La Russie rigole. A chaque croche-pied de Trump contre ses « alliés européens », c’est un peu plus de Crimée annexée, et le prix du pétrole qui grimpe. 
La Chine se frotte les mains. Et à 1 milliard 300 millions de chinois, cela fait beaucoup de mains qui se frottent. A chaque nouvel embargo contre l’Iran, c’est un peu plus de pétrole pas cher et un nouveau marché qui s’ouvre. 
Les canadiens croient vivre un mauvais épisode des « Simpsons » qui, c’était prémonitoire, imaginaient déjà une guerre entre le Canada et les Etats-Unis. Quant aux européens, il se demandent encore si c’est mieux d’être tout seul dans le vaste monde ou à 2, à 3, à 6, ou à 25… 
Et pendant ce temps-là, Donald Trump va faire ami-ami avec rocket-man, son ex-pire ennemi. Peut-être que dans 6 mois, le Président américain ira se recueillir au mausolée de l’ayatollah Khomeiny ? 
Décidément par les temps qui courent, avec Trump, mieux vaut être son ennemi que de ses amis. 
Restons dignes “: Allez, bon mondial en Russie, que nous boycottons depuis 3 ans !

G7 : L’Amérique et l’Europe sont dans un bateau. Trump pousse tout le monde à l’eau. Qu’est-ce qui reste ? La Chine.

G7 il y a un an: Déjà ils faisaient tous la gueule !
Avec Donald Trump, mieux vaut être son ennemi que de ses amis. «L’Amérique d’abord», le slogan flatte ses électeurs, et ses électeurs sont pour beaucoup l’Amérique profonde, pas celle des Clinton et Obama, celle qui considère que la Floride c’est déjà l’Amérique latine, New-York, c’est bobos et compagnie et San Francisco, Sodome et Gomorrhe. Alors pour cette Amérique-là, l’Europe…c’est quoi, c’est où ? L’Europe c’est combien de divisions ? Hélas, pour nous, l’Europe c’est peu de divisions (militaires) et beaucoup de divisions sur le plan politique. Quand on entend ici et là, les obsédés des « diktats » de Bruxelles, les partisans du «Tout sauf l’Union », les bonimenteurs qui se font élire sur des slogans comme: « L’Europe est notre plus grand malheur » et cela va de la Grande-Bretagne du Brexit, de la Hongrie d’Orban, de l’Italie de la Ligue jusqu’à une Marion Maréchal Le Pen, on a de quoi se sentir vulnérables. Diviser pour régner, vieille tactique qui marche toujours. 
C’est comme pour le blocus contre l’Iran. Devenue aux yeux de Donald Trump et d’Israël, le plus grand danger pour la paix dans le monde. C’est vrai que leur nouvel grand ami, l’Arabie Saoudite, est un pays qui inspire confiance. Au fait Ben Laden il était d’où ? 
Nos sociétés sont obligées de plier bagage. Et au bout du compte, qui va récupérer les contrats européens en Iran ? Les Chinois. Qui va acheter son pétrole ? Les Chinois. Qui se contrefichent d’éventuelles sanctions américaines ? Les Chinois. 
Eux, ils sont 1 milliards 300 millions, mais ils parlent d’une seule voix. 
Trump ne connaît que la force – la puissance, gros, la puissance-. Et face à l’Amérique seuls les gros pèseront, la Chine, l’Inde bientôt, la Russie aussi. Désunie l’Europe ne sera plus maître de son destin. Et la Chine rit. Merci Donald! 

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