Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : giletsjaunes

14 juillet : Défilé militaire, feux d’artifice, manifs et débordements ?

Le 1er 14 juillet: Fête de la fédération et non de la prise de la Bastille
« Nous voulions tous fêter, Voir et complimenter l’armée française. » C’est une rengaine composée par un chansonnier des années 80 – 1886 – que l’on peut réécouter dans une version chantée par Bourvil par exemple. 
Il y est question de la fête un peu alcoolisée d’une famille du petit peuple parisien à l’occasion de la fête nationale, le défilé militaire puis un picnic sur l’herbe à Longchamp. Mais déjà à l’époque, la politique était loin d’être absente. La chanson vante le Général Boulanger qui faillit renverser la toute jeune troisième République avec son discours anti-élites, populiste, démago, nationaliste revanchard. Cela ne vous rappelle rien, ni personne ? Comme quoi, il n’y a rien de très nouveau sous le soleil …
Rien de nouveau non plus avec les manifs annoncées : Gilets jaunes d’un côté, feux d’artifice et Coupe d’Afrique des Nations de l’autre. Tant de manifestations populaires seront autant d’occasions de foutre le bordel. Et pour certains d’en profiter pour commettre des saccages.  
D’autant plus que si l’on savait que le foot pouvait être l’opium des peuples, l’excitation nationaliste prend des proportions un peu délirantes. Comme en témoigne par exemple la conférence de presse donnée par la Tunisie qui rencontre le Sénégal en demi-finale, 3 heures avant Algérie-Nigéria. Les journalistes sénégalais se sont heurtés à un des joueurs qui ne s’exprimait qu’en dialectal tunisien, qu’aucun traducteur arabe n’arrivait à comprendre et à traduire. « Je ne parle pas français » leur répondit-il sous les yeux de son entraîneur … Alain Giresse. « La prochaine fois, nous parlerons wolof », ont protesté les sénégalais. Ambiance…

Si nous arrivons au bout de cette nuit sans trop de grabuges, ce sera un petit miracle. Que nous devrons sans doute aux forces de police, qui seront encore, une nouvelle fois, sur la brèche et que nous pourrons alors « fêter et complimenter ».

Emmanuel Macron : On achève bien les chevaux !

Emmanuel Macron, Marathon man !
Trop fort ! 7 heures de stand-up devant six cents maires de Normandie. Panique à bord des chaînes infos qui avaient programmé des lives. Elles s’attendaient à une ou deux heures de retransmission, mais là, 7 heures d’antenne, sans pub ! Bonjour le manque à gagner. Et puis tous ces experts, chroniqueurs, analystes qui avaient été mobilisés pour réagir à la parole présidentielle, et qui les uns et les autres ont dû se rabattre sur des belotes, des pokers ( strip pokers ? En tout cas le Président lui a fini par tomber la veste, s’il avait continué 2 heures de plus, on se demande en quelle tenue il aurait terminé !) Oups, redevenons sérieux : En tout cas, vers 11 heures du soir, ils n’étaient plus que 2 ou 3 à répéter les yeux un peu exorbités : Du jamais vu, du jamais vu ! Et puis comment résumer 7 heures de débat en 1mn30 ? Même avec des flopées de stagiaires, ressortir 5 phrases marquantes, compliqué !
A un moment on s’est dit : Il a fait un pari avec Brigitte : Je tiens 7 heures sans pause pipi !  Nous voilà rassurés sur la prostate présidentielle. Ou encore avec Jean-Luc (Mélenchon) : « Tu vas voir, je vais faire mieux que Fidel Castro mais sans verre de rhum !». Ou encore avec Marine : « On se retrouve pour l’after ?»
On se serait cru dans un remake normand de « on achève bien les chevaux ! » vous savez ce film extraordinaire devenu culte de Sidney Pollackmettant en scène ces marathons de danse organisés pendant la grande crise aux Etats-Unis exploitant la misère des millions de chômeurs en leur promettant une récompense s’ils gagnaient ces épreuves inhumaines. Sauf que hier, il n’y avait pas Jane Fonda (Marianne, peut-être ?)et que la crise en France n’est quand même pas comparable à la crise de 1929 aux Etats-Unis. A moins que …
A moins que nos amis anglais ne s’enfoncent encore plus dans le brouillard. Pendant que Macron tombait la veste, aux Communes Theresa May s’en prenait une, de veste. La voilà habillée pour plusieurs hivers … Winter is coming !La crise arrive sous la forme d’un hard Brexit qui serait une très mauvaise affaire pour les anglais d’abord, pour nous par ricochet. 
Et puis si aux Etats-Unis, Trump continue sur la même pente, à déclarer la guerre économique à tout le monde, à commencer par ses alliés, son administration ou la Banque centrale, c’est moins de nos ronds-points gilets jaunes que de l’Ouest que risquent de venir les vents mauvais. 
2019, remake de 1929 ?

 

Booba- Kaaris : Et pourquoi pas organiser le combat de qui pisse le plus loin ?

Et quand on pense que tout cela leur rapportera encore plus de fric !
Dans une période où tout n’est qu’amour entre nous – on l’a bien vu ces derniers jours, entre policiers et manifestants, sur tous les ronds-points de toutes les routes de France, jusqu’aux Champs-Elysées – les nouvelles péripéties du clash Booba-Kaaris sont une preuve que l’esprit de Noël souffle sur notre pays. 
Ainsi la dernière idée lancée par le Duc de Boulogne ( Elie Yaffa, alias Booba) : un combat de boxe pour régler son contentieux avec son ex poto ( pote, ami) Kaaris.  On ne se défonce plus la gueule à coups de bouteilles ou de flacons de parfum, on se défie sur un ring. Les parieurs sont déjà sur les rangs. 
Moi je trouve ça un peu inconvenant : On pense à Mohammed Ali… The « greatest » doit se retourner dans sa tombe. Car la boxe c’est le « noble art », une discipline qui fait partie de tous ces sports qui ont été codifiés par les anglais, dans le but de canaliser les montées d’hormones de leurs adolescents enfermés dans des collèges de garçons. 
Comme le rugby, un « sport de voyous joué par des gentlemen ». 
Ou le cricket. Un « sport »( ?) qui fait courir des ados, aux quatre coins de l’ancien empire britannique, dans les bidonvilles en Inde, sur les plages des petites îles des Antilles, alors qu’honnêtement pour en comprendre les règles, il faut vraiment être anglais, manger du rôti de porc avec de la sauce à la menthe suivi d’une jelly en dessert tout en conduisant à gauche. 
Mais revenons à nos moutons, à nos rappeurs, gonflés aux anabolisants 
Plutôt qu’un combat de boxe, ne devrait-on pas préférer le concours de celui qui a la plus grosse (bite…) . Ou encore de celui qui pissera le plus loin. 
C’est ce que font les gosses dans les cours de récré. Et cela correspond bien au niveau de leurs échanges qui font plus de buzz sur les réseaux sociaux que les pétitions de n’importe quelles campagnes pour sauver la planète.  
Cela serait bien dans l’air du temps, On insulte, on clash, on fake… 

Conseils en com’ (suite) à Emmanuel Macron : Président encore un effort !

C’est vrai que le côté “premier de la classe”, ça peut énerver.
Vous avez vu ? Ou entendu, hier soir ? Apparemment oui, puisque nous étions 23 millions suspendus aux lèvres du Président de la République. Plus que pour la finale du Mondial ! 
Et alors ? Vous n’avez rien remarqué : Il a suivi mes conseils. Il avait –sans nul doute – lu mon blog d’hier, et mes 3 conseils en com’. Le Président a fait plus court, plus simple, et plus concret avec juste ce qu’il faut de storytelling.
Résultat: Pour une fois, il a été plutôt écouté.  Bien sûr, il y aura toujours les frustrés du Grand Soir, qui appellent encore à l’insurrection populaire, mais il semblerait bien que l’on puisse entrevoir le début du commencement d’un bout d’amorce de discussions. Ouf ! Noël approchant…
Mais s’il y a du mieux, la prestation du Président est encore loin d’être parfaite. Et là encore nous ne parlons que de la forme. 
Sauf votre respect, Président, qu’est-ce que vous jouez mal ! Si vous voulez toucher notre cœur en nous confiant que vous êtes sincèrement désolé que certaines de vos paroles aient pu blesser, il faut y mettre plus de cœur, justement. Un peu comme Gérard Philippe dans les stances du Cid. – Pour celles et ceux qui comme moi n’ont pas eu la chance de voir jouer ce sommet du théâtre français, vite un petit coup d’internet. Youtube pour ne pas citer un GAFA (!). Et là on est transportés, on y croit : « Je demeure immobile et mon âme abattue cède au coup qui me tue ». On sait bien que Gérard Philippe n’est pas un chevalier espagnol du Moyen-Age écartelé entre son devoir et son amour. Mais on y croit. Sans atteindre de tel sommet, vous avez encore des progrès à faire. 
Et là on ne comprend pas. On nous avait raconté que le jeune Emmanuel avait suivi des cours de théâtre donnés par une professeure prénommée Brigitte ? On nous aurait menti ? Même par rapport à d’autre politiques, vous êtes encore très, très loin des performances, d’un Le Pen quand il appelle Jeanne (d’Arc) à bouter les arabes hors de France ou d’un Mélenchon quand il fait rempart de son corps pour bouter un juge hors de son bureau. Ces deux-là, c’est du niveau César ou Oscar. 
Alors un nouveau conseil : Reprenez les cours de théâtre. Par exemple, avec un coach choisi parmi les nombreux talents que comptent les scènes françaises. Il y a des monstres comme Depardieu, capable de tout jouer depuis Jean Valjean jusqu’à Christophe Colomb, ou alors Clavier, c’est un peu comparable, entre les bronzés, Astérix et Napoléon. Mais pourquoi pas Line Renaud ? Elle est formidable, elle plaît à toutes les générations, elle vient du Nord, mais est passée par Vegas et en plus elle faisait partie de votre fanclub de la première heure. 
Je plaisante, je plaisante, mais mine de rien, être capable de montrer un peu plus d’empathie, de se déboutonner pour prouver que l’on n’est pas seulement un technocrate froid comme un algorithme boursier, cela devrait se révéler utile dans les semaines qui viennent. 

2 ou 3 conseils à Emmanuel Macron avant son discours du soir.

Ce soir, surtout pas faire prof !
Il paraît que nous attendons tous le discours du Président de la République ce soir. Personnellement je n’en attends pas grand-chose. Face à tant de demandes qui partent un peu dans tous les sens que peut-il proposer ? Et puis cristallisant sur sa personne tant de haines peut-il être entendu ? 
Alors comme je ne fais pas partie des « yaka » « fokon » qui ont la chance d’avoir la recette qui nous permettra demain de vivre plus heureux dans un monde plus juste, je me contenterai de donner quelques conseils non sur le fond, mais sur la forme. 
D’abord Manu, non pardon, Monsieur le Président, fais court
On sait que vous êtes intelligent, brillant, cultivé. Vous avez fréquenté Paul Ricoeur et ça, pour tous ceux qui pensent que vous n’avez pas de cœur, c’est un formidable démenti, car Ricoeur quel philosophe ! Vous avez fait l’ENA, et ça c’est formidable, réussir le grand oral, tout savoir sur le droit administratif, la géopolitique du Caucase, Méthode et Cyril, cela force le respect. La grande école de la République qui forme les meilleurs d’entre nous, Giscard d’Estaing, Juppé, Chirac, Wauquiez, Hollande, Philippot, (là je m’égare un peu), l’ENA c’est quand même du lourd. Mais attention, quand tu nous parles, ne fais pas une conférence comme à Sciences Po. Nous, on décroche au bout de 10 mn. Et pourtant on n’est pas bêtes, même si on n’a pas fait l’ENA, mais c’est chiant. Il faut apprendre à faire plus court. 
Deuxième conseil. Fais simple. Pas simpliste. A l’heure de la start-up nation, des tweets et des réseaux sociaux, au-delà de 150 signes, c’est mort. Alors on trie, on sélectionne, on va à l’essentiel, on délivre tout de suite son message, sans faire de périphrases ou des ronds de jambe interminables. Je sais : C’est pas facile. Surtout quand on est habitué à s’écouter parler ou à se répandre en longues logorrhées. Logorrhée. Là encore attention aux choix des mots, plus le message est court, plus chaque mot compte. Encore une fois, on élimine le superflu, pour prendre de la hauteur, c’est comme pour les montgolfières, il faut jeter du lest. 
Troisième conseil. Le medium c’est le message. On adapte le contenu aux media(s). et les médias aujourd’hui au-delà de la télé c’est internet sur lequel la moindre petite phrase devient une punchline. Pas d’envolées lyriques. Tout le monde n’est pas André Malraux devant le Panthéon. Ni le général De Gaulle en 68. Et sans faire son banquier d’affaires ou son inspecteur des finances. Oui, ça peut impressionner quand on négocie des fusions acquisitions mais pas quand on parle à ses concitoyens. Fais-nous du storytelling. Raconte-nous une histoire. Attention : Story-telling, ce n’est pas raconter des histoires. Ne nous raconte pas d’histoires. Oui la nuance est peut-être subtile mais nul doute qu’à L’Elysée il y a suffisamment d’experts en communication pour te prodiguer ces conseils. 
Sinon ? sinon, c’est la merde. 

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