Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : gouvernement (Page 1 of 2)

Sibeth N’Diaye, Cédric O, Amélie de Montchalin : Ceci n’est pas un poisson d’avril.

Ne l’appelez pas Corinne !
A 4 heures près, ces nominations auraient pu passer pour des poissons d’avril. 
Mais les annonces ayant été faites le 31 dans la soirée, ce n’est pas le cas. 
Passons sur les réactions des oppositions et des commentateurs : De toute façon même si Ruffin avait été nommé porte-parole du gouvernement et Alliot aux affaires européennes, tous auraient critiqué. Donc pas de surprise : Le remaniement est dénoncé comme un signe de l’isolement de la macronie. 
Reconnaissons que ces nominations peuvent surprendre 
De Montchalin à l’Europe : bon , elle a l’air intelligente, mais connaît-elle bien nos partenaires européens ? On a peu d’infos. Et puis ce n’est pas lui faire injure que de remarquer qu’il va lui falloir se décoincer si elle veut faire aimer l’Europe, nous la rendre moins technocratique. A moins que ce ne soit le rôle que se réserve Emmanuel Macron. 
Cédric O. Là-aussi, ce n’est pas lui faire injure qu’être interpellé par son nom. Sur les réseaux sociaux beaucoup demandent déjà : mais est-ce son vrai nom ? Ou bien s’appelle-t-il Orlando ou Ornicar ? Non, c’est bien O et pas 0. Ça fait numérique 0 -1. Alors peut-être que O sera efficace, plus que son prédécesseur, mais là beaucoup disent que ce n’est pas difficile. 
Il reste Sibeth N’Diaye. On critique qu’elle ait pu dire qu’elle était prête à mentir pour vendre la politique du Président. Ça a le mérite de la franchise. Pensez-vous un seul instant que les précédents porte-paroles de Jack Lang à Benjamin Griveaux, en passant par Wauquiez ou Le Foll, aient fait autre chose que servir la soupe ? 
En fait ce qui risque de se passer, c’est que si une partie des critiques à venir contre son porte-parolat seront justifiées ou pas, d’autres avanceront masquées. Certains vont critiquer Sibeth N’Diaye, parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est noire, parce qu’elle est d’origine sénégalaise. Parce qu’elle ne s’appelle pas Corinne. 

L’autoroute en galère, c’est la faute à Voltaire. Il neige à gros flocons, c’est la faute à Macron.

La neige en hiver: La faute au gouvernement ?
Effrayant ce spectacle de villes, routes, autoroutes bloquées par la neige, de ces « naufragés » de l’autoroute A9. Terribles, ces heures de froid et détresse pour quelques 2000 automobilistes, ces centaines de chauffeurs de poids lourds. On peut comprendre qu’ils soient vénères, qu’ils « haient » la rage, et d’ailleurs on les a entendus à longueur de breaking news, sur toutes les chaînes, tous les media, tous les réseaux sociaux sous le titre dramatique « Le Moscou-Paris s’abat sur la France ».
On met en cause le nombre de chasse-neiges. Mais Montpellier n’est pas Montréal, et dans la région on a sans doute plus besoin d’avions canadairs que de saleuses.
On tente de mettre en cause la météo. Mais leurs prévisions étaient claires, et répétées en boucle, peut-être trop. A force de crier au loup (Aucune allusion au Président récitant Pierre et le loup lire le blog précédent https://pierrethivolet.blogspot.fr/2018/02/emmanuel-macron-et-les-loups-un-conte.html), on n’y croit plus. Trop d’info tue l’info.  
On cherche un coupable et notre premier réflexe, est d’accuser le gouvernement. Et hop ! on fait un sondage express sur twitter : Vous avez une heure, répondez à la question : « Pensez-vous que le gouvernement ait bien géré la neige ». Et le verdict : « Non » à 70 %. Il aurait dû interdire la neige en hiver.
Mais si l’on prend un peu de hauteur, juste à l’échelle européenne, on se rend compte que tous les européens ont été saisis par le froid, et que partout, de l’Irlande, Grande-Bretagne à l’Italie, l’on a vu les mêmes scènes et l’on a entendu les mêmes critiques : Mais que fait le gouvernement ? Partout sauf à Moscou. Pas seulement parce qu’il y fait toujours froid en hiver, mais surtout parce que Poutine est forcément génial, forcément à la hauteur de toutes situations même de catastrophe naturelle. A 15 jours des élections qui le rééliront Président, il vaut mieux ne pas dire le contraire. Sinon c’est la Sibérie, la vraie.
Mais les naufragés de la neige se sont également plaints du manque d’information ; Comme d’ailleurs, il y a quelque temps, les naufragés du rail, en rade de TGV en Gare Montparnasse ; Comme pratiquement tous les jours, les usagers (usagés ?) du RER B qui se retrouvent abandonnés en Gare du Nord à Paris. A l’heure du tout info, des tweets, de la géolocalisation, des alertes, des messageries instantanées, c’est le grand silence sur nos smartphones.
S’il y a une faillite des autorités, c’est peut-être dans ce domaine. Il ne suffit pas d’aller inaugurer dans une ancienne gare la plus grande pépinière de start-ups. Ou de répéter « La France est une nation de start-upers ». Encore faudrait-il que le web serve vraiment à tous les citoyens et que ce ne soit pas uniquement l’administration fiscale qui se mette au numérique. Et vite.

Un gouvernement pesé au trébuchet: Késako ?

 

Un gouvernement pesé au trébuchet: Est-ce le bon qualificatif pour un gouvernement ?

Mais qui a lancé l’expression: Un gouvernement au trébuchet, ou pesé au trébuchet ? L’expression est vite devenue virale, sans doute pour combler un vide, pendant deux jours, les journalistes politiques n’ayant aucune info sur qui allait remplacer les Ferrand, Goulart, Sarnez, Bayrou. Pas la moindre piste, le moindre nom à lancer en pâture au public, pas le moindre « de source bien informé ». Et quand on a aucun biscuit pour meubler le fil tout-info, on en arrive à dire des bêtises, comme cette question posée même par des journalistes femmes: Mais comment le Président et le Premier Ministre vont-ils faire pour respecter la parité, pour trouver des femmes ? Incroyable qu’en 2017, on en soit encore à se poser cette question. Il suffit de regarder la société civile ou la société tout court pour voir que des femmes compétentes il y en a partout et à foison et ce n’est pas parce que nous journalistes, n’avons pas leurs 06 qu’elles n’existent pas.

La preuve: Parly, Loiseau, Belloubet, trois nouvelles ministres dont les carrières brillantissimes parlent d’elles-mêmes. La directrice de l’ENA, une juriste membre du Conseil Constitutionnel, une ancienne directrice de la SNCF, nous les avions sous les yeux, mais visiblement notre conditionnement machiste nous rendait aveugles.
Nous, mais pas Emmanuel Macron qui a donc réussi une nouvelle fois à constituer un gouvernement équilibré paritaire, au trébuchet.
Le trébuchet ? C’est une balance de précision. Mais cette balance sert surtout à mesurer le poids des pièces de monnaie. L’expression sent bon l’argent, la finance, plus que la parité et la justice. Et puis, le trébuchet est aussi une machine de guerre, une sorte de catapulte qui servait à démolir les murailles des châteaux. Ou encore un piège à oiseaux.

Pas sûr alors que un gouvernement au trébuchet soit une expression très heureuse. 

Macron à Ferrand: You are fired !

Où l’on découvre qu’Emmanuel Macron est tout, sauf un gentil…
Malin le lynx Macron. Il y avait comme un caillou dans la chaussure des marcheurs, avec l’affaire, qui n’est pas une affaire mais qui pourrait quand même en être une, de Richard Ferrand et du patrimoine immobilier de son ex-compagne.
Et là, sans psychodrame, sans perdre la face, après la réélection de Richard Ferrand, tout en annonçant un remaniement ministériel « technique », c’est la sortie par le haut: Ferrand est « promu » à une nouvelle mission, pour laquelle d’ailleurs il est taillé, lui le maître des territoires, à l’Assemblée nationale. C’est rive gauche à Paris, et entre lui et l’Elysée désormais, coule la Seine, donc en cas d’avis de tempête, le souffle du vent des affaires ne devrait pas atteindre le Président.
Alors évidemment les journalistes sont stupéfaits. Pas de fuite(s) dans la presse. Ca nous change. Sous Sarkozy et Hollande, ce n’était plus « gorge profonde », mais plutôt « open bar » dans tous les ministères. Là, le contraste est saisissant. Alors qu’on le croyait « geek », génération Y – vous savez celle qui tweete ou fait des selfies à tout va – le nouveau Président est non seulement le maître des horloges mais aussi le maître de la parole. Quand tout communique autour de vous, maîtriser sa communication est une règle d’or. Si l’on met le doigt dans l’engrenage de la dictature des nouveaux medias, on perd très vite le contrôle, par le phénomène dit de : L’arroseur arrosé.
L’Elysée aujourd’hui c’est la grande muette. Personne ne moufte. On commence à découvrir, que derrière son aspect jeune et souriant, le nouveau Président ne plaisante pas. Il est sans état d’âme et quand il faut virer quelqu’un, il le vire. On commence à le comprendre jusqu’à la frontière espagnole, du côté de Pau. Mais Macron est plus main de fer dans un gant de velours que l’inverse. Il n’hurle pas, en tout cas pas devant les caméras de la téléréalité : « You are fired ! », vous êtes viré !

Et ce n’est pas là sans doute sa moindre différence avec Donald Trump,

Macron et ses clones: Gare aux barbus !

Génération barbus: Même Macron avait failli y céder…
Est-ce un effet générationnel ? Ou plutôt un style lancé par un prof à Strasbourg, siège de l’ENA ? Ou l’influence du magazine mode GQ.
En tout cas, dans le staff de campagne et autour du nouveau Président, ils se ressemblent presque tous: Costumes bien coupés, petit col évasé avec cravate idoine. On sent aussi un peu de muscu, avec abonnement au CMG (Club Med Gym) mais dans la version « Pure » c’est-à-dire luxe à 150 € par mois, plus frais d’inscription. Ou mieux à l’Usine, le haut de gamme pour jeunes urbains professionnels. Très tendance également, surtout avec le nouveau premier ministre, la salle de boxe.
Tous sur le même moule. Tous la trentaine ou guère plus, un drame pour la génération « Prince Charles », les quadra, les quinqua qui rongeaient leurs freins depuis 10- 20 ans dans l’antichambre du pouvoir, en attendant que leurs aînés cèdent la place, mais qui se voient dépassés par la nouvelle génération, les Kate et Williams…
Des clones: Tous ou presque la barbe de 4 jours. Ils sont à l’image de nos rues, dans le métro, à la terrasse des cafés, que des barbus.
Au-delà du look et des poils et même si le futur gouvernement voire la prochaine assemblée, tentera de jouer réellement la parité, la garde rapprochée du pouvoir est pour l’instant surtout masculine et …énarque.
Est-ce un danger?  Sont-ils tous formatés selon les mêmes schémas de pensée, ceux de la très haute administration, qui quels que soient ses bons sentiments, n’est jamais passée par l’angoisse du petit commerçant, du petit employé ou de l’entrepreneur ?
Si l’on en croit « Signé Furax », l’excellent feuilleton de feu Pierre Dac et Francis Blanche, il faut se méfier: Le pitch du feuilleton : L’horrible Edmond Furax a enlevé des centaines de barbus afin de devenir maître du monde ! Toute ressemblance avec un personnage existant, etc, etc…

Gare aux barbus !

L’Espagne sans gouvernement: Dernier Tango à Madrid

Qui veut m’épouser ? L’impopularité de Mariano Rajoy n’aide pas à sortir l’Espagne de l’impasse
Caramba, encore raté. Ratée la formation d’un gouvernement en Espagne. Même si les élections du 26 juin dernier ont placé le Parti Populaire en tête, et largement, il lui a manqué 6 voix au Parlement pour obtenir la majorité.  Mariano Rajoy, le Président sortant du gouvernement a beau avoir fini par accepter les conditions, notamment la lutte contre la corruption, du nouveau parti centriste « Ciudadanos », il a beau avoir passé un accord avec le petit parti nationaliste des îles Canaries, c’est raté. Il faut dire que sa personnalité, très impopulaire, n’aide pas à dénouer la situation. Et, sauf intervention divine, on voit mal comment les espagnols éviteront de nouvelles élections, les 3 èmes en un an, et en plus pour Noël, rien que ça !
Les espagnols en ont plutôt marre. Désabusés, et non plus indignés.
Il y a deux ans encore, nous nous pâmions tous devant ce mouvement citoyen, cet exemple de démocratie participative, los « indignados » qui depuis la Plaza de Mayo à Madrid allaient révolutionner la démocratie, faire « bouger les lignes ». Deux élections plus tard, en Espagne on en est où ? Nul part. A force d’être sans concession avec le système, le système est bloqué. A force de croire que l’on réinventera la démocratie parce que vos parents ont été trop cons pour le faire, on fait le jeu des extrêmes et des populistes de tout bord. Et en Espagne, ils ne s’appellent pas Front national, mais partis nationalistes catalans ou basques.
En fait ce n’est pas nouveau. Et cela pendait au nez d’un système électoral à la proportionnelle qui a donné un poids de plus en plus important aux petits partis, sans lesquels pas de majorité possible à Madrid. C’est le paradoxe de la démocratie espagnole. Il y a 40 ans, elle redonnait libertés et – larges – autonomies aux provinces. Aujourd’hui c’est contre elle que se retournent les nationalistes, négociant d’élections en élections leurs soutiens au coalition gouvernementale contre toujours plus d’autonomie.
En apparence, leurs revendications sont fondées, justifiées, aussi belles que celles des « indignés ». Et aujourd’hui, au Pays basque, la police est basque, béret compris, les impôts sont prélevés par le gouvernement basque, tout est écrit en basque, de même qu’en Catalogne, tout est écrit en catalan. Les panneaux de circulation en « castillan » (en espagnol) ont été éliminés, parfois même jusqu’à l’absurde. L’argument des nationalistes est qu’il faut compenser la longue domination du « castillan », pour redonner une chance à des vieilles cultures longtemps opprimées… Mais derrière ces « Parla Catala » ou « Euskal Herria », il y a aussi un  doigt, allez même plusieurs doigts d’égoïsme local. « Y’en a marre de payer pour ces paresseux d’andalous  et ces fonctionnaires de Madrid » entend-on souvent à Figueras ou à Durango ; Un peu comme en Italie on entend, « Y’en marre de payer pour ces paresseux de napolitains », ou en Flandres « Y’en a marre de payer pour ces assistés de wallons ».
Or la richesse de la Catalogne ou du Pays Basque s’est construite en grande partie sur l’exploitation d’une main d’œuvre bon marché, « immigrée » du sud de l’Espagne pour venir travailler dans les usines de Barcelone ou de Bilbao. Leurs entreprises profitent aussi d’un marché de 40 millions de consommateurs espagnols.
Et puis historiquement, que serait l’Espagne moderne sans ces provinces du nord, d’où est partie la « reconquête » il y a cinq cents ans ? Les fameux rois catholiques, Isabelle et Ferdinand, n’étaient-ils pas l’alliance entre la Castille avec l’Aragon, province dont faisait partie la Catalogne. Détricoter l’Espagne serait vraiment une bien mauvaise nouvelle…
La bonne nouvelle, c’est que l’économie espagnole va bien, avec une vraie reprise et un taux de croissance à nous faire pâlir d’envie. Même sans gouvernement. Ou bien est-ce  grâce à l’absence de gouvernement ?
Nous visons une e-poque formidable.

Christiane Taubira : Rayi chyen mé di so dan blan

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Christiane Taubira, pourquoi tant de haine(s) ? Un « dolo », un proverbe guyanais dit « Rayi chyen mé di so dan blan » « il faut savoir reconnaître les qualités, même aux personnes  que l’on déteste ».:
Et foutre que Taubira est détestée ! Une détestation qui va au-delà de la simple opposition politique, de l’hostilité idéologique : Pour toute une partie de la classe politique comme de l’opinion, Taubira est une tête de Turc – Tête de Turc ; réfléchissons à cette expression ! – et cela est louche, et cela révèle une petite musique raciste, qui ne dit pas son nom au grand jour.
Car il y a ces réflexions entendues ici ou là, café, métro, bus : « Elle est partie la guenon ? »  Oui, bien sûr, c’est nul. Mais voilà, ça existe et plus souvent que de raison, et cela devrait nous mettre en garde sur les commentaires négatifs comme positifs au sujet de l’ancienne Garde des Sceaux. Nous ne sommes pas « objectifs », mais bien sujets à des préjugés, des clichés vieux comme…le racisme.
Il y a aussi ces commentaires tout en nuances : « La pire ministre de la V ème République ? » Ah ! bon, vous en êtes sûr ? Pire que Rachida Dati, par exemple ?  Qui posait en robe Dior pour la couverture de Paris-Match, avant d’aller visiter les prisons ! Pire que…? Excusez, mais  la liste des ministres incompétents est trop longue.
Il y a Taubira accusée d’être« laxiste ». Mais qu’a-t-elle réformé, qu’a-t-elle fait en 3 ans ? Sa grande loi sur la Justice, sa grande réforme pénale sont toujours « à venir » et ne viendront jamais. Et puis doit-on imputer au Ministre de la Justice les décisions prises par les juges indépendants ? On ne peut pas dire « Les juges doivent être indépendants » et vouloir intervenir dans leurs décisions.
Ce que l’on peut critiquer c’est bien qu’en matière de justice comme dans beaucoup de domaines, « le changement, c’est maintenant » n’était qu’un slogan de campagne.
Depuis 3 ans, depuis même 8 ans, que sont devenus les projets de réformes de l’instruction, de la détention provisoire, de la préventive ? Comme si le scandale d’Outreau n’était pas passé par là, ni la commission d’enquête parlementaire dirigée à l’époque par le député PS André Vallini.
Nos prisons sont toujours surpeuplées et dans un état qui nous fait honte : Près de deux mille prisonniers obligés de coucher par terre sur des matelas ? En France, en 2016 ! Fallait-il donc rayer d’un trait de plume la construction de 10 000 places de prison supplémentaires, parce que prévues par l’ancien gouvernement et financées par un partenariat public privé, et ça, il y a quelques années encore, c’était « sale » aux yeux de la gauche.
Il y a aussi Taubira, détestée parce que icône du mariage pour tous. Comme si elle avait été une militante de tout temps des droits des gays, lesbiens et transgenres. Taubira avait plutôt écrit « L’esclavage expliquée à ma fille », pas « L’homosexualité expliquée à mon fils »… Elle avait tout simplement trouvé cette promesse dans son portefeuille de Ministre, promesse qui ne coûtait rien, et qui en plus était adoptée d’avance, mathématiquement, puisque les députés en sa faveur étaient très largement majoritaires. Donc, beaucoup de bruit pour une loi qui aujourd’hui n’est plus remise en question par personne ou presque (cf par Sarkozy) y compris à l’extrême-droite. Une loi qui n’a pas été la révolution sociétale annoncée. Ce n’est ni l’abolition de la peine de mort, ni l’autorisation de l’IVG. Le nombre de citoyens concernés est réduit et après un phénomène de rattrapage les deux premières années, le nombre de mariage entre personnes du même sexe est même en chute libre. Mais une des rares lois « marqueurs de gauche » comme on dit, du, pour l’instant, maigre bilan du quinquennat Hollande. Quelle ironie d’ailleurs de voir Taubira devenue « icône de la gauche ». Quand on pense à quel point  elle avait été clouée au pilori, parce que en 2002, accusée d’avoir perdre Jospin. Alors que sa candidature – la première candidature d’une noire à se présenter à une Présidentielle, nous pourrions être fière en cela de nos institutions! – avaient obtenu moins de suffrages que celles de Chevènement ou des Verts.
En fait ce qui doit en agacer beaucoup, c’est que Christiane Taubira n’entre pas dans les clichés doudouistes que nous aimons bien avec nos élus d’Outre-Mer. Christiane Taubira n’est pas folklorique. Elle serait beaucoup moins détestée si elle « jouait le jeu », si elle se mettait à zouker sur fond de Compagnie créole. Finalement de « nos noirs », nous attendons quoi ? Qu’ils courent vite, tirent de beaux coups francs, nous rapportent des médailles aux J. O ? Mais pas qu’ils nous battent sur le plan du brio, de l’éloquence, de l’érudition, de la mémoire, C’est de ce même préjugé dont souffrent tous les antillo-guyanais, ingénieur, médecin, professeur, avant même qu’ils aient ouvert la bouche , ils sont classifiés : « doudou ». Pas méchants ( sous-entendu, pas comme les arabes !) mais indolents…
Elle manquera à la République, car elle est un exemple, trop rare, qu’une femme, qu’une noire, qu’une guyanaise peut arriver aux plus hautes fonctions.
A l’Assemblée nationale, son intelligence, ses talents d’oratrice vont manquer. Quant à la Justice, nous ne demandons qu’à être surpris par le nouveau ministre, mais … « le changement, c’est maintenant ! » LOL !
Pour l’image du gouvernement n’en parlons pas, c’est la cata. Car Christiane Taubira a choisi sa sortie – la classe, et ce coup de repartir en vélo !- Cela a beaucoup plu en Guyane, où l’on connaît bien Christiane, où on l’aime bien mais pas au point peut-être de voter pour elle comme Maire de Cayenne ou Présidente de région ! On en a même fait un petit clip mi français mi créole, sur le thème : « Je suis venu te dire que je m’en vais ». Avec en final une « mazouk » de carnaval ( qui vient de commencer en Guyane) et dont les paroles sont : « Aujourd’hui, je réfléchis ; A la philosophie de la vie » ;
Après le carnaval, croire que Christiane Taubira ira se fourvoyer dans le marigot des prochaines échéances politiques françaises, c’est mal la connaître.
En revanche, il y aura des livres, forcément, où il n’y aura pas de cancans, pas de coulisses, pas de révélations croustillantes sur qui couche avec qui, mais de vraies critiques politiques. Comme le dit un autre proverbe guyanais Lang a roune bon baton ! La langue peut aussi être une très bonne arme.
Nous vivons une e-poque formidable

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Croissance : France : 0 – Espagne : 3.

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Croisance: La France fait tâche! (source: Les Echos-Eurostat)
0 . Zéro. C’est généralement la note que l’on met aux cancres de la classe. Et donc, c’est officiel ! Nous sommes les cancres de la classe européenne. Croissance de notre économie, nulle. Nous faisons moins bien que l’Italie, le Portugal, la Grèce (la Grèce ???) . Quant à l’Espagne, sur laquelle nos « experts », sans parler de la droite de la droite et de la gauche de la gauche, tombaient à bras raccourci en vantant les mérites des indignés et autres « podemos » qui allaient ouvrir une troisième voie qui niquerait les banques et le grand capital, eh !bien : Caramba ! Encore raté ; L’Espagne explose ses performances économiques et sa croissance n’a jamais été aussi forte depuis … 1977 !
Bien sûr, tous ces chiffres nous saoulent: Déjà, les statistiques grecques… truquées pendant 30 ans, ce n’est pas aujourd’hui que l’on va les prendre pour argent comptant. Quoique… Avec ce qui se passe dans le monde, jamais les îles grecques n’ont été aussi attirantes, et la saison touristique qui fait vivre le pays, s’annonce brillante. Tsipras ou pas, Grexit ou pas, comme le disait une ancienne publicité de l’office du tourisme : « La mer a un pays : La Grèce » et cela fait 2000 ans que ça dure !
Chez nous, on n’y comprend plus rien: Avec une croissance zéro, on aurait pu imaginer un appel à la mobilisation générale. Mais non : Le gouvernement est content et voit même la reprise: « L’indice X a augmenté de 0,3 %, le facteur Y a frémi de 0,2 %, si l’on compare aux prévisions saisonnières rapportées sur un an, ça fait 0 ,8 ». Ca y est : La crise est derrière nous, et sous entendu: La réélection est devant… Hollande.
En fait, nous savons tous bien que les mesures que l’on nous annonce depuis des années se sont transformées en mesurettes. Libéraliser les lignes de bus ne va pas faire sensiblement baisser le chômage. De même que regrouper l’Alsace, la Lorraine et Champagne-Ardennes, ne boostera pas l’emploi à Châlons-en-Champagne ! Nous savons bien que finalement allemands, autrichiens, danois, suédois, irlandais, et même portugais, italiens et espagnols ont eu raison de se serrer la ceinture, se réformer, se désendetter. Nous savons bien que ce n’est pas faire du « french bashing » ou du « Hollande bashing » que de s’inquiéter de notre perte de compétitivité. Tiens !: Où est donc passé le fameux « choc de simplification » qui devait booster notre économie, et qui ressemble plus à une marée en Méditerranée qu’aux marées d’équinoxe au Mont Saint-Michel.
Nous savons tout cela. Mais l’été a été plutôt beau – sauf au-dessus de Paris-Plage où comme d’hab il a plutôt flotté – alors profitons-en.
Il sera bien temps cet automne de s’inquiéter, si par malheur, au niveau mondial, les taux d’intérêt se remettaient à monter. Nous serions alors étranglés ! Contrairement à tous nos voisins qui eux se sont désendettés.
Allez, vous piquerez bien une dernière tête dans la grande bleue ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Crise des éleveurs: Adieu veau, vache, cochon

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Du producteur au consommateur, en direct
Grains de ferme : C’est un simple hangar, à l’entrée d’un village plutôt cossu, dans la grande périphérie de Lyon, au pied des Monts du Lyonnais. Pas de déco, pas de chichi, ni de marketing tête de gondoles, juste une grande photo d’un sympathique cochon, tant il est vrai que dans cette région, on sait que « dans le cochon tout est bon ». Pas de sac, on apporte son cabas ; à l’entrée on est invité à ramener ses emballages en carton ou les contenants en verre, et puis… Et puis, c’est le paradis: Des tomates, des courgettes, des salades, des carottes qui donnent envie d’être lapin, des fruits cueillis le matin même, des œufs qu’on choisit soi-même, des saucissons pour lesquels certains font même un détour pour venir en acheter ici, des fromages… à vous damner : Fromages blancs moulés à la louche à la lyonnaise, fromages de chèvre, de brebis, frais ou « faits ». Et puis derrière les stands, à la caisse, les producteurs qui sont là à tour de rôle. Vous pouvez leur demander des nouvelles de leur troupeau, leur demander pourquoi il n’y a plus de lait cru, s’il y aura encore des cerises la semaine prochaine, ou bien encore où sont installées les ruches ce mois-ci. La traçabilité ? Elle est là sur les murs, les photos des fermes avec leur localisation, toutes dans un rayon de 10 à 15 kilomètres, avec les photos des exploitants, de leurs troupeaux, chacun sa spécialité. Les prix : Eh !bien, ce n’est pas plus cher que chez Carouf ou Lepasclerc. Exemple: Les côtes de veau du Gaec du Petit Bozançon 69440, emballées sous vide : 17 euros 20 /kg.
Grains de ferme, ce sont une quinzaine de producteurs de cette région qui ont joué la carte du commerce de proximité, ils ont acheté un terrain, construit ce hangar, ils bossent comme des malades parce qu’en plus de leur travail quotidien dans leurs fermes, il faut gérer ensemble cette coopérative et ce n’est pas évident. Mais ça marche ! A « Grains de ferme », la crise des éleveurs, connaît pas.
Mais ce modèle économique n’est pas forcément transposable partout, pour tout. Ici, les agriculteurs peuvent profiter de la clientèle d’une banlieue plutôt aisée, plutôt « bobo », d’une grande métropole. Ce ne peut donc être qu’une des solutions – mais pas la seule – pour l’ensemble de l’agriculture française : En 20 ans, le nombre d’exploitations a baissé de moitié, et les faillites continuent.
Ce qui est navrant dans cette nouvelle crise, c’est que ce n’est pas nouveau. Elle était prévisible, les problèmes ne datent pas d’hier, mais d’avant hier. Si « gouverner, c’est prévoir », nous avons aujourd’hui l’impression de ne pas avoir été gouverné. Alors que depuis toujours nos campagnes ont été les greniers et les jardins de l’Europe. Depuis Jean de la Fontaine qui écrivait déjà à propos des espoirs perdus de Perrette : «  Adieu veau, vache, cochon, couvée »  avec plus loin cette morale :
« On m’élit roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.
 » 
Nous vivons une e-poque formidable.

Où est passée Christiane Taubira ?

Christiane Taubira semble avoir disparu des photos officielles … Elle était bien au dernier Conseil des ministres. Elle figure bien sur la première photo de famille du gouvernement de Manuel Valls… Mais c’est tout ou presque : On ne la voit plus, on ne l’entend plus.
Etait-elle par exemple sur les bancs des ministres, Lundi dernier, à l’Assemblée Nationale, pour le discours de Manuel Valls ? Soit elle était habillée couleur banquette, soit, ce qui est plus vraisemblable car Christiane Taubira a plutôt l’habitude de s’habiller “flashy”, elle était absente. Ce qui est, déjà en soi, extraordinaire. Ce qui l’est encore plus, c’est que personne ne s’interroge sur cette absence.
Christiane Taubira aurait pu être à Kigali. C’était prévu. Mais au dernier moment, un couac diplomatique a annulé sa présence. Suite aux accusations renouvelées contre la France par le Président rwandais, le gouvernement a d’abord annoncé que la France boycotterait les cérémonies commémorant le génocide au Rwanda. Puis qu’elle serait représentée par son ambassadeur, mais ce dernier fût déclaré indésirable par le gouvernement rwandais. Un sacré faux-pas diplomatique quand même!  mais qui est passé totalement inaperçu chez nous. Parions que Christiane Taubira n’a pas dû apprécier. Un indice: Son tweet, très dans la veine Taubira, #Rwanda20 ans. Insondable douleur, indicible mal être. Aux survivants, aux veuves, aux anciens enfants éperdus, Fraternité. Kwiringira. ChT”Kwiringira signifie “avoir espoir” en kinyarwandais.
Ces quelques mots montrent que la Garde des Sceaux avait pris sa mission très au sérieux. D’ailleurs, le symbole aurait été fort, et son discours l’aurait été sans doute tout autant.
On dit que Christiane Taubira en « a marre ». Elle sait que sa réforme pénale ne sera pas présentée en l’état par un gouvernement dirigé par Manuel Valls. Quelques soient les garanties qu’on a pu lui donner pour la convaincre d’être de ce gouvernement, on lui demandera de mettre de l’eau dans son rhum, et ce n’est pas dans ses habitudes. Et puis, le plus facile, le plus valorisant a été fait : Porter la loi sur le mariage pour tous par des joutes oratoires où elle excelle en citant les grands auteurs et les grands principes. Au Ministère de la Justice le plus difficile et le plus ingrat reste à faire et il n’y a plus que des coups à prendre.
Ca, plus le couac rwandais, Christiane Taubira serait donc sur le départ. Pour son « Amazonie » certes, mais pour y faire quoi ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, son « aura » acquise à Paris ne lui garantie pas une carrière à la mesure de son talent et de ses ambitions. Peut-être même au contraire : Dans l’Histoire, la Guyane a été plutôt ingrate à l’égard de ses enfants qui avaient réussi hors du pays natal.

Nous vivons une e-poque formidable.
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