Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : grande-bretagne

Dans la famille Trump, nous avions Donald, nous avons maintenant Boris – Johnson.

Une telle ressemblance ne peut être le fruit du hasard.
Les coiffeurs coloristes en font des jaunisses. Après Donald Trump, voici Boris Johnson, même coupe (?) de cheveux ; même couleur, blond middle-west par opposition au blond vénitien. 
Longtemps ses opposants faisaient courir le bruit que Donald Trump portait une moumoute. Mais c’était un fake. On l’a vu en meeting électoral se tirer sur les cheveux pour montrer que c’étaient des vrais. Et il a été élu. 
A Londres, Boris Johnson rêve du même destin. 
Non seulement capillaire – sa coiffure à la Trump nous fait encore plus apprécier les couvre-chefs de la Reine. Mais elle, elle n’a aucun pouvoir, juste les bijoux, les chapeaux et les châteaux.
Mais également politique : Avec le Brexit, Boris Johnson veut faire comme son Best Boy Friend Trump, remettre son pays au premier rang des pays du monde, Britain first. 
Il risque d’y avoir concurrence : Sur la plus haute marche du podium, il n’y a qu’une place. Nos valeureux voisins arriveront-ils à faire passer leurs intérêts au-dessus des intérêts américains ? Les éleveurs d’Aberdeen Angus ou de Welsh Black (oui, on peut très bien manger Outre-Manche) laisseront-ils volontiers entrer le bœuf aux hormones, juste pour faire plaisir à l’ami américain ? Et quand au retour à la grandeur d’une époque où la petite Angleterre dominait un Empire où le soleil ne se couchait pas, est-il gagné d’avance que indiens, nigérians ou chinois ouvriront leurs ports aux canonnières britanniques ?
Tout cela prêterait à rire – humour britannique – si l’Angleterre n’était pas à seulement 34 kilomètres de nos côtes. 
Or le poste de Boris Johnson ne tient qu’à un cheveu, il n’a plus qu’un seul siège de majorité, et c’est un député extrémiste irlandais. 
Tout cela va se finir par de nouvelles élections, deux ans après les dernières qui elles-mêmes étaient anticipées. Avec le risque que rien n’en sorte. 
De quoi s’en arracher les cheveux.

Emmanuel Macron : On achève bien les chevaux !

Emmanuel Macron, Marathon man !
Trop fort ! 7 heures de stand-up devant six cents maires de Normandie. Panique à bord des chaînes infos qui avaient programmé des lives. Elles s’attendaient à une ou deux heures de retransmission, mais là, 7 heures d’antenne, sans pub ! Bonjour le manque à gagner. Et puis tous ces experts, chroniqueurs, analystes qui avaient été mobilisés pour réagir à la parole présidentielle, et qui les uns et les autres ont dû se rabattre sur des belotes, des pokers ( strip pokers ? En tout cas le Président lui a fini par tomber la veste, s’il avait continué 2 heures de plus, on se demande en quelle tenue il aurait terminé !) Oups, redevenons sérieux : En tout cas, vers 11 heures du soir, ils n’étaient plus que 2 ou 3 à répéter les yeux un peu exorbités : Du jamais vu, du jamais vu ! Et puis comment résumer 7 heures de débat en 1mn30 ? Même avec des flopées de stagiaires, ressortir 5 phrases marquantes, compliqué !
A un moment on s’est dit : Il a fait un pari avec Brigitte : Je tiens 7 heures sans pause pipi !  Nous voilà rassurés sur la prostate présidentielle. Ou encore avec Jean-Luc (Mélenchon) : « Tu vas voir, je vais faire mieux que Fidel Castro mais sans verre de rhum !». Ou encore avec Marine : « On se retrouve pour l’after ?»
On se serait cru dans un remake normand de « on achève bien les chevaux ! » vous savez ce film extraordinaire devenu culte de Sidney Pollackmettant en scène ces marathons de danse organisés pendant la grande crise aux Etats-Unis exploitant la misère des millions de chômeurs en leur promettant une récompense s’ils gagnaient ces épreuves inhumaines. Sauf que hier, il n’y avait pas Jane Fonda (Marianne, peut-être ?)et que la crise en France n’est quand même pas comparable à la crise de 1929 aux Etats-Unis. A moins que …
A moins que nos amis anglais ne s’enfoncent encore plus dans le brouillard. Pendant que Macron tombait la veste, aux Communes Theresa May s’en prenait une, de veste. La voilà habillée pour plusieurs hivers … Winter is coming !La crise arrive sous la forme d’un hard Brexit qui serait une très mauvaise affaire pour les anglais d’abord, pour nous par ricochet. 
Et puis si aux Etats-Unis, Trump continue sur la même pente, à déclarer la guerre économique à tout le monde, à commencer par ses alliés, son administration ou la Banque centrale, c’est moins de nos ronds-points gilets jaunes que de l’Ouest que risquent de venir les vents mauvais. 
2019, remake de 1929 ?

 

Mais pourquoi Macron ne parle-t-il pas anglais ?

A l’image du Président, nos élites parlent américain, et non. plus anglais
C’est curieux ? Mais personne ne le fait remarquer. Nous sommes tous dans l’admiration béate du fait que pour une fois, notre Président, parle et converse en anglais. Et d’ailleurs il en use, voire en abuse, Make France great againMake our planet green again. We are a startup nation … blablablabla…  
Et c’est vrai qu’avec Emmanuel Macron, on est loin de l’anglais à la Maurice Chevalier ou Jacques Chirac, genre très fâché dans la visite de la vieille ville de Jérusalem : What do you want ? Me, to go back to my plane? Cela a fait beaucoup rire plus tard Tony Blair, premier ministre britannique, anglais.  Quant à François Hollande, franchement au XXI ème siècle, parler si mal anglais… mais qu’apprennent-ils donc à l’ENA ? L’arabe comme Wauquiez ? ( Non là on plaisante, Laurent ne parle pas même pas vellave, la version Haute-Loire de l’occitan) . Le niveau de l’enseignement de l’anglais est-il si bas dans notre système scolaire ? Même en cités, dans les « territoires (soit-disant ) perdus » de la République, on répète les rhymes et les flows d’un 50 CentDrakeSnoop Dogg. Ou de Kendrick Lamar, tout nouveau Prix Pulitzer Bitch, be humble, Sit down. Get the fuck off my dick, that ain’t right. On traduit ?: Pute, Sois humble. Assieds toi sur ma queue . Allez dégage de ma bite c’est pas correct etc.. 
Et donc pour en revenir à Emmanuel Macron, certes il ne chante pas à Donald Trump : « I think I think too much » ( Je pense que je pense trop ) comme Kanye West dans « Fade » mais comme lui il parle américain .Pas anglais. 
Macron parlant en anglais à la mode des Statesc’est comme si Justin Trudeau parlait français avec l’accent de Céline Dion, avant que son mari René ne lui fasse prendre des cours de diction.  
Et ça, c’est un peu choquant. Nous n’apprenons pas la langue de Shakespeare, mais celle de Dallas, d’Alerte à Malibu ou de Wiz Khalifa. 
Cette disparition de l’anglais au profit de l’américain traduit l’état du monde. Apprendre une langue, ce n’est seulement pas apprendre des mots, c’est s’imprégner d’une culture. Pour devenir universel, l’anglais est devenu américain, et nous passons tous sous le rouleau compresseur culturel de nos amis yankees. 
On a envie de réécouter Anthony HopkinsEmma ThompsonKristin Scott-Thomas, ou encore Bond, James Bond
Revoir « Retour à Howards end » ou encore « Peyton Place ». Ou même un discours de la Reine à 92 ans. 
 « Honni soit qui mal y pense »

Droit du sol, droit du sang : Erreur au-delà de la Manche, vérité en de ça ?

Des milliers d’immigrés antillais installés depuis des dizaines d’années deviennent apatrides !
Depuis quelques semaines, la Grande-Bretagne est secouée par un nouveau scandale qui éclabousse Theresa May et le parti conservateur. Non pas les dernières révélations des demi-frères et sœurs de Meghan Marckle. Furieux de n’être pas invités au Royal Wedding qui aura lieu le 19 mai, ils se répandent dans la presse people. Non. Il s’agit de l’affaire Windrush.
Vous n’en n’avez pas entendu parler ? Normal. Beaucoup de britanniques non plus, pendant longtemps, y compris les premières personnes concernées, les immigrants antillais « importés » en Grande-Bretagne sur le bateau « Windrush » en 1948 pour aider à la reconstruction du pays. Entre 1948 et 1973, ils seront 550 000 à venir des Antilles Britanniques. Ils sont la « génération Windrush».
Et c’est là où la subtilité du droit anglais en matière de nationalité intervient. Oui au temps de l’Empire, les anglais se considéraient (se considèrent ?) comme une « happy breed of men » une sorte de race, née pour dominer le monde. Et ils avaient pris soin de faire le distinguo entre citoyens britanniques et sujets britanniques et toute une série de sujets de seconde classe pour régir les territoires britanniques d’outre-mer et des ex-colonies. 
Lorsqu’en 2012, Theresa May, alors ministre de l’intérieur, durcit les conditions des contrôles de nationalité et d’immigration, des dizaines de milliers de la « génération Windrush » se retrouve sans statut. Ceux qui n’avaient pas fait régulariser leurs papiers – en Grande-Bretagne il n’y a pas de carte d’identité – sont menacés d’expulsion vers des pays d’origine qu’ils ne connaissent pas. Et l’on découvre même qu’une partie de leurs dossiers ont été tout simplement détruits. 
Ça fait tâche alors que se réunit à Londres le sommet du Commonwealth autour de la reine Elisabeth qui fête ses 92 ans. 
Le scandale « Windrush » devrait faire réfléchir toutes celles et ceux qui, en France, ne rêvent que de « suppression du droit du sol ». Ces tripatouillages risqueraient de créer aussi chez nous des situations inextricables avec l’instauration de citoyennetés à plusieurs vitesses. A l’instar de ce qui arrive Outre-Manche. Et qui ne semble pas avoir réglé les problèmes de sécurité. La Grande-Bretagne ne semble pas moins exposée que nous aux menaces du terrorisme islamique. 
Et puis il faudrait arrêter de nous mentir : Le droit du sol automatique n’existe pas en France. Il ne suffit pas de naître en France pour être français. Il faut à 18 ans, habiter en France, et y avoir vécu durant au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. 
Combien de fois faudra-t-il le répéter pour détruire cette fake newsau sujet du soit-disant droit du sol généreux français ? 
Nous ne sommes pas Outre-Atlantique, où quelques soient les rodomontades de Donald Trump, toute personne née aux États-Unis est citoyenne américaine même si ses parents sont étrangers. Ça c’est le vrai droit du sol. Et c’est même le XIV ème amendement de la Constitution.

En May (Theresa), fais ce qu’il te plaît ( et vote n’importe quoi !)

Grande-Bretagne: Elections ou jeu de massacre ? 

Décidément les dissolutions et les élections sont des armes démocratiques à manier avec précaution.
En France on le sait bien, depuis la dissolution de 1997 par Jacques Chirac. Son conseiller Dominique de Villepin lui avait susurré à l’oreille de dissoudre « à l’anglaise », pour obtenir une majorité à sa botte.
Mauvais calcul: La gauche remporte les élections. Il parait que Bernadette Chirac poursuivit Villepin de sa colère en le surnommant: Néron, celui qui avait mis le feu à Rome !
La Première Ministre britannique,Theresa May, aussi souriante que feu Margaret Thatcher, croyait la partie gagnée d’avance. Il faut dire que son opposant le travailliste Jeremy Corbyn a le charisme d’une huître pas perlière, et un programme qui ferait rougir, de plaisir, des Artaud ou Poutou.
Et pourtant Corbyn semble effectuer une « remontada » qui pourrait déloger Theresa.
May a-t-elle sous-estimé les résultats de la casse sociale en Grande-Bretagne ? Des jobs, oui, mais à quel prix, une poignée de pence ? Il y a une Grande-Bretagne qui gagne, Londres notamment, et une autre qui perd ou en tout cas peine. C’est cette dernière qui a voté pour le Brexit et surtout contre l’immigration. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’arroseur Theresa pourrait bien se retrouver arrosée.
Si May perd, en France, Mélenchon prendrait le premier Eurostar pour aller saluer la victoire des « gens ». Et il pourrait croiser dans l’autre sens les investisseurs de la « City », qui après le Brexit, ne seraient pas très rassurés par une victoire de travaillistes qui promettent de multiplier par 2 le déficit public et multiplier les renationalisations.
Décidément l’électeur a mauvais esprit. Et en démocratie, il ne fait pas forcément ce qu’on attend de lui. Et c’est tant mieux. C’est la démocratie en marche.

Sans allusion aucune à nos prochaines échéances électorales. Mais un avertissement pour notre future majorité. 

Sadiq Khan, maire de Londres : So what ?

Une campagne outrancière: Allez-vous voter pour des amis de terroristes ?
Un musulman élu à la tête d’une capitale occidentale: C’est vrai, c’est une première. Et c’est vrai, par les temps qui courent – attentats, menaces des cinglés intégristes musulmans – ce vote, cette large victoire signifie le refus de la peur, «  Le choix de l’espoir plutôt que de la peur » a déclaré l’heureux élu.
Cette élection signifie qu’à Londres, vitrine du miracle économique britannique, il y a un envers du décor. Elle est devenue la ville la plus chère au monde, son immobilier est investi par les milliardaires, notamment d’Asie. Et pour beaucoup de londoniens, transports, logements, tout est hors de prix. C’est cela aussi qu’a promis de régler Sadiq Khan. Avec ce slogan repris de Barack Obama : « Yes we Khan ».
Il y a … 8 ans, l’élection d’un noir à la tête des Etats-Unis avait également soulevé d’immenses espoirs. Pendant quelques mois, Barack Obama était comme un Messie, Jésus marchant sur l’eau, Prix Nobel de la Paix, avant même d’avoir fait quoique ce soit. Et puis ? Et puis, on attend toujours… la fermeture de Guantanamo, une nouvelle politique au Proche-Orient. Quant au nombre de « bavures » policières – et par bavures, on entend des jeunes noirs abattus par des policiers blancs – elles ne cessent de défrayer tragiquement la chronique. Bien sûr, symboliquement l’élection d’Obama a été très forte, et a changé sans doute l’image des Etats-Unis dans le monde. Un peu comme aujourd’hui l’élection de Sadiq Khan à Londres. Mais le nouveau maire pourra-t-il aller très loin. On nous présente ces élections comme des exemples de tolérance des sociétés américaines ou britanniques. Et en creux, cela souligne le retard de notre pays. Mais est-ce si vrai ?  Les sociétés anglo-saxonnes sont-elles vraiment plus tolérantes que la nôtre.  Le modèle communautaire par opposition à notre modèle « républicain » assimilationniste, est-il vraiment plus tolérant ?  Chacun chez soi, chaque communauté entre elle, est-ce l’idéal ?
Il nous est dit par exemple que le port du voile ne pose pas de problème à Londres. Mais la question du voile est-elle seulement une question de tolérance religieuse, culturelle, un peu comme le port du Loden à Munich ou du kilt à Édimbourg ? Dans le monde musulman et chez les femmes musulmanes, il y a une discussion sur la signification de l’extension du port, non pas du fichu que portaient et portent encore beaucoup de grand-mères dans les campagnes du Maghreb, mais de ce voile intégrale, de la burqa, de ces tenues venues d’Arabie saoudite ou d’Afghanistan, et qui ont plus à voir avec le machisme des hommes qu’avec le respect de Dieu ;
Accepter comme c’est souvent le cas à Londres les dérives intégristes de certains musulmans, au nom de la tolérance, fermer les yeux sur les activités de certains groupes djihadistes basés en Grande-Bretagne, est-ce préparer l’avenir et l’acceptation de l’autre ? Modèle d’intégration la Grande-Bretagne ? C’est oublier les attentats épouvantables commis en 2005, ou en 2013, le soldat égorgé à la machette en plein jour dans une rue de la capitale … C’est oublier que la religion anglicane est toujours liée à la monarchie, et que Tony Blair a dû attendre de ne plus être Premier Ministre pour pouvoir se convertir à la religion catholique !  C’est oublier ces dernières semaines la campagne raciste d’une violence antimusulmane impensable chez nous menée par le candidat conservateur opposé à Sadiq Khan. «  Allez-vous vraiment élire des gens qui pensent que les terroristes sont leurs amis ? ». Même le FN n’aurait pas osé !
En France, nous n’avons pas attendu un Barack Obama aux Etats-Unis ou un Sadiq Khan à Londres, pour qu’un noir et/ ou musulman accède aux plus hautes fonctions. Il y a plus de soixante ans, à une époque où les parents de Michelle Obama n’avaient pas le droit de s’asseoir à côté de blancs dans les bus, et où à Londres, le père de Sadiq Khan ne pouvait que rêver de les conduire, les bus, un noir, petit-fils d’esclave, Gaston Monnerville était élu Sénateur et Président du conseil général du Lot, et Président du Sénat de 1958 à 1968. Président du Sénat ! Deuxième personnage de l’Etat.
Oui mais depuis, on est où ? Même les souvenirs de Gaston Monnerville ou de Félix Eboué se sont évanouis. Ils ne sont plus que des noms de places ou de rues, au lieu d’être des modèles inspirant les jeunes générations. En 50 ans avons-nous reculé ? Où sont les nouveaux Monnerville ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Europe : Mariage de raison ou divorce à l’anglaise ?

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Quand on n’a que l’amour…
Nous voilà suspendus au bon vouloir de nos « amis » britanniques.
Pendus, serait peut-être plus juste, tant on sent bien, malgré tous les communiqués officiels de victoire, que  l’Europe, notre Europe va sortir affaiblie de ce nouveau round de négociations, de concessions aux Britanniques. Tout est bloqué ou presque, jusqu’au 23 juin, date du référendum. Face aux défis que nous pourrions relever unis, face aux crises que nous devrions affronter unis, nous allons rester au mieux immobiles, au pire dispersés, en rejetant sur les autres la faute de nos soucis.
C’est la faute aux Grecs si nos frontières sont mal gardées. Dîtes donc gros malins, comment ferions-nous si 1 millions de personnes débarquaient en canots sur les plages des Catalans ou de Saint-Cyr sur Mer ? Que ferions-nous s’il n’y avait pas avant la Corse, l’Italie, l’Espagne, la Grèce pour faire tampon face à toute la misère du monde ? Nous enverrions le Charles De Gaulle pour couler les migrants ?
C’est la faute aux espagnols si notre agriculture marche mal, si nos porcs se vendent moins bien et puis, c’est la faute aux allemands, dont les diktats économiques ruinent nos entreprises, si nos PME sont dix fois moins nombreuses que chez eux, si l’apprentissage y est 4 fois plus développé et si leurs machines-outils se vendent dans le monde entier. C’est dégueulasse que, même après le « scandale » des tests truqués, le monde préfère les grosses « Benz » aux berlines Renault.
Et puis surtout, surtout, c’est la faute à Bruxelles. Bruxelles , c’est le responsable de tous  nos maux, l’être maléfique qui veut nous empêcher de vendre nos fromages au lait cru, le coupable de nos impôts trop élevés, le coupable idéal, puisque Bruxelles ne peut se défendre. Quel malin ce Cameron : « Je n’aime pas Bruxelles, j’aime la Grande-Bretagne ». Il est sûr qu’aucun bruxellois ne lui balancera un scud.  Imaginez un peu l’inverse : Un Président français qui irait à Londres ou à Berlin, et dirait : « Je n’aime pas Londres, j’aime la France ».
Et d’ailleurs ce qui manque aujourd’hui c’est l’envie, c’est l’amour.
Après 40 ans de franquisme, et d’isolement, les espagnols brulaient d’envie de rejoindre l’Europe.
Après 40 ans de rideau de fer, d’occupation par les Soviétiques,  Lettons, Polonais, Tchèques, Roumains faisaient rimer Europe avec liberté.
Il y avait de l’envie, du désir d’Europe.
Bien sûr, il y a des exceptions: Les Suisses, qui sont une sorte de super-Monaco, les montagnes, les vaches, l’industrie pharmaceutique et chimique  en plus, le Prince en moins. Mais ils sont quand même dans Schengen. Il y a aussi les Norvégiens. Grâce à leur pétrole, ils se prennent pour des émirs, les fjords en plus, les « abayas », les burkas en moins, et n’ont pas voulu du mariage. Ce qui ne les empêche pas d’être européens, non ? 
Quant aux Anglais, pardon aux Britanniques,  ils ont bien voulu du mariage, mais en faisant chambre à part. Aujourd’hui, ils veulent faire maison à part, et pouvoir aller flirter avec qui ils veulent. Mais on sait bien ce qui arrive lorsqu’il n’y a plus de désir dans un couple et qu’il ne reste plus que les conventions. Rester marié a-t-il encore du sens ?
Bien sûr, il faudrait résister à la tentation du ras-le-bol et du « Qu’ils partent ! » Parce que sur le plan économique, sur le plan politique, quelque soient les difficultés actuelles, nous avons tous à gagner d’une Union européenne AVEC la Grande-Bretagne.
Mais ces raisons, la seule Raison, ne peuvent se substituer à l’absence de désir. Pour aimer, il faut être deux. Or il semble bien qu’une majorité de britanniques n’aient plus envie de nous et vont choisir le divorce.
Au lieu de faire l’autruche et de faire comme si cela n’arrivera pas, nos dirigeants devraient s’y préparer, nous y préparer. Espérons que le plan B, comme Brexit est en train d’être peaufiné entre Paris, Berlin, Bruxelles, et Rome. Et dans ce plan B, devraient figurer non seulement des mesures, économiques, des annonces sur les quotas, les taux d’intérêt, la fiscalité, mais aussi comme l’écrivait Umberto Eco, sur la culture et l’amour. Umberto Eco, grand écrivain italien et profondément européen, qui vantait le succès des échanges « Erasmus »: « Erasmus a créé la première génération de jeunes Européens. Pour moi, c’est une révolution sexuelle : un jeune Catalan rencontre une jeune Flamande, ils tombent amoureux, se marient, et deviennent européens, comme leurs enfants. Ce programme devrait être obligatoire, pas seulement pour les étudiants mais aussi pour les taxis, les plombiers, les ouvriers. Ils passeraient ainsi un certain temps dans les pays de l’Union européenne, pour s’intégrer ».
Remettre un peu d’amour, un peu de supplément d’âme dans la construction européenne, nous faire bander pour l’Europe : Hollande ou Merkel en sont-ils capables ? Ca craint…
Nous vivons une e-poque formidable.

Grande-Bretagne: Victoire des conservateurs, mais Royaume désuni ?

De Gaulle: L’Angleterre toute nue!
On prédisait la fin du bipartisme en Grande-Bretagne, une poussée de l’extrême-droite, « premier parti » après les élections européennes (Tiens, tiens, cela ne vous rappelle pas un autre pays ?), une défaite des conservateurs de Cameron, un pays ingouvernable.
Et c’est l’inverse qui s’est produit.
Mais le raz-de-marée conservateur n’annonce pas forcément des jours paisibles pour le Royaume-Uni. Ni pour l’Europe.
D’abord parce qu’il faut pondérer le succès électoral par l’impact d’un mode de scrutin, qui, en comparaison avec le système électoral français, ressemble à de la guillotine: Pas de proportionnelle, au contraire. Un seul tour, et c’est le candidat arrivé en tête qui est élu, même s’il ne gagne que de quelques voix! Les conservateurs ne sont pas majoritaires en suffrages, mais un recul de quelques pourcents de leurs adversaires et c’est la débâcle. L’extrême-droite Ukip, qui obtient plus de 10 % des voix, n’aura qu’un ou deux sièges.
Les travaillistes perdent aussi à cause du raz de marée nationaliste en Ecosse. Mais la aussi, les nationalistes raflent presque tous les sièges pour le Parlement… à Londres – quel paradoxe !- alors qu’ils ne sont ni majoritaires et qu’ils viennent de perdre le référendum sur l’indépendance.
Pour gouverner à Londres, Cameron n’aura pas besoin de tenir compte des nationalistes. Mais il sera prisonnier d’une des promesses qui lui a permis de gagner: Le référendum sur la sortie de l’Europe. Ce qui risque d’accentuer les désaccords entre des anglais qui voudront peut-être en majorité sortir de l’Europe et des Ecossais qui veulent y rester. La victoire d’aujourd’hui porte en elle-même des perspectives de désunion du Royaume-Uni qui devraient tous nous inquiéter.
En cas de « Britain-Exit » de « Brexit », de sortie de l’Europe, la Grande-Bretagne en serait donc chamboulée. Y compris son modèle économique, puisque les grandes banques et sociétés financières ont déjà annoncé qu’elles quitteraient Londres pour aller s’installer sur le continent. Quant au reste de l’Union Européenne, quant à nous… ce serait le saut dans l’inconnu.
Pour le meilleur ? Peut-être.
On prêtait au Général De Gaulle, opposé à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté Européenne, la phrase « L’Angleterre, je la veux bien, mais je la veux toute nue ».  Expression qu’il a toujours niée. Sur la forme. Mais sur le fond,  De Gaulle expliquait : « Il est possible qu’un jour l’ANGLETERRE se transformera elle-même suffisamment pour faire partie de la Communauté européenne, sans restriction et sans réserve et de préférence à quoi que ce soit. Il est possible aussi que l’ANGLETERRE n’y soit pas encore disposée. Mais si c’est le cas, il n’y a rien là qui puisse être dramatique ».
50 ans plus tard, cette analyse est toujours d’actualité.
Nous vivons une e-poque formidable.

Républicains : That is (not) the question !

keep calm et voter quoi ?
En France, nous discutons de l’opportunité de rebaptiser un parti « Les Républicains ».
A Londres, on s’extasie sur le Royal baby 2.
Et pas qu’à Londres, puisque chez nous, depuis 24 heures, nous avons le droit au défilé de tout ce que les medias comptent de « spécialistes » des têtes couronnées, des monarchies, du protocole, des heurts et malheurs de tous ces Princes et Princesses, qui aujourd’hui sont tellement « modernes », à l’unisson de leurs peuples, des gens comme nous en fait, sauf qu’ils ne seront jamais menacés d’aller faire la cour à Pôle Emploi. Ainsi cette information “étonnante”: Le Prince William, qui est appelé à régner – enfin après sa grand-mère qui semble bien partie pour entrer dans le Guinness book pour battre tous les records de longévité, toutes catégories, et après son père, qui continue à porter le kilt avec élégance – le futur roi, donc, est en congé paternité ! Comme tout le monde, c’est dingue, non ?
Dingues aussi tous ces commentaires qui en rajoutent sur la chance des britanniques d’avoir ainsi un si beau symbole national, qui leur coûte certes cher tous les ans, mais leur rapporte encore plus en tourisme et produits dérivés: Les ventes de mugs « Royal Baby 2 » détrônent déjà celles des T-shirts Messi ou des sous-vêtements Beckham. « Nous avons besoin de bonnes nouvelles, les français comme les britanniques ont besoin d’un peu de rêve ! » entend-on ici ou là. Comme si la royale naissance allait compenser les milliers de morts au Népal, les attentats de janvier, la hausse du chômage.
Notons quand même que ces anglais tellement chanceux d’être en royauté nous avaient montré la voie près de 150 ans avant notre révolution. Leur éphémère République proclamée par Cromwell avait fait décapiter le roi Charles 1er, et à la hache, en plus, ce qui franchement était digne des bourreaux actuels de Daesh.
Un sort (la décapitation en moins) auquel a échappé de justesse la Reine, il y a vingt ans, à l’époque de Diana, princesse des cœurs, icône des épouses bafouées.
Ce rétablissement d’image des souverains britanniques est tout à fait remarquable. Même si leurs recettes, comme la conduite à gauche et les jellies, ne sont sans doute pas importables sur le continent, les conseillers en communication, les « spindoctors » de nos dirigeants devraient en prendre de la graine.
La tâche risque cependant de se révéler ardue avant 2017: Le look énarque, même avec des lunettes relookées et danoises, est moins flashy que les tenues vert fluo avec chapeau « retour de pique-nique» qui est la marque des Windsor. Et puis cette famille est décidément très douée pour retourner les situations, même les plus limites, en sa faveur: Ils ont réussi à devenir le symbole de l’unité britannique, à se faire passer pour plus écossais que Sean Connery alors qu’ils sont plus allemands qu’anglais, plus Saxe-Cobourg-Gotha ou Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg, famille d’origine de Philippe d’Édimbourg avant son mariage avec la reine Elisabeth.
Notons que décidément les allemands sont vraiment partout: D’ici qu’Angela Merkel fasse valoir ses droits sur Buckingham Palace…
Fort heureusement, la chancelière n’a aucune raison de le faire. Chez elle, sa popularité est aussi importante que celle de Kate et de William. Mais sans tralala monarchique et salut à la foule. Et sans chapeaux. En matière de parades et de jeux destinés à endormir les peuples, les allemands ont beaucoup donné il y a 70 ans. Et aujourd’hui ils ont une préférence pour la transparence et la simplicité de leur République. Et chez eux, peu d’entre eux songeraient à baptiser un parti «Républicains». Seule l’extrême droite l’avait fait. Mais jusqu’à présent, cela ne lui a pas porté chance puisqu’elle n’a jamais pu entrer au Bundestag.
Alors qu’il n’est pas sûr que la naissance du « Royal baby 2 » évite ce risque au Parlement britannique où le très xénophobe Parti Ukip pourrait bien faire son entrée.
Les élections britanniques se déroulent dans 4 jours, et elles seront plus importantes pour l’avenir des Britanniques, de l’Europe et du nôtre, que le prénom d’une Princesse ou le changement de nom d’un Parti.
Nous vivons une e-poque formidable.

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