Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : grèce

Paris 2024 : Les J.O portent-ils la poisse économique ?

A un an des JO, le Brésil dans la crise…

Pas question de ne pas faire cocorico et de ne pas chanter à l’unisson avec tous les porteurs du dossier JO Paris 2024. D’autant plus que toutes les autres candidatures « sérieuses » semblent faire faux bond. Donc, c’est un peu comme l’élection de Platini à la Présidence de la FIFA, les JO à Paris, ça paraît plié. Mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, les JO à Paris, pas l’élection de Platini !
Bien sûr, il y a  l’argument économique: Ca va booster l’activité avec des chantiers, du tourisme etc… Et l’on avance l’exemple de Londres, qui affiche des comptes dans le vert, qui a rénové une partie de ses quartiers-est laissés en friche, et qui a boosté son tourisme jusqu’à dépasser Paris comme première destination touristique. Même si en fait les chiffres publiés à Paris comme à Londres ne sont guère fiables, mélangeant tout et n’importe quoi. Ainsi à Paris, on comptabilise les touristes provinciaux, alors que Londres ne compte que les touristes étrangers. Ce qui fait la différence, c’est bien le nombre de nuitées et l’argent dépensé par les touristes, et là, on le sait bien, c’est encore à Londres que l’on vient faire du shopping. Sur ce plan, les JO feront moins que l’ouverture des magasins le Dimanche !
Autre avantage de Londres, contre lequel nous aurons du mal à lutter : Le business que rapportent Kate et William et leurs royal babies. Ce n’est pas faire injure à Anne Hidalgo que de penser que les mugs à son effigie feront toujours moins recette que ceux avec Baby George ou la petite Charlotte : So cute !
On nous vend aussi les retombées en terme d’aménagement du territoire, d’infrastructures. Mais un des problèmes français est « Paris et le désert français », l’attractivité de la province, la surconcentration de notre population, de nos forces, de nos richesses dans une seule grande métropole, où la construction de nouvelles infrastructures devient de plus en plus coûteuse. Cela fait cinquante ans que l’on dit qu’il faut décentraliser. Or nous continuons à faire l’inverse du choix allemand ou espagnol.
Il est d’ailleurs scandaleux que l’on nous fasse un chantage aux JO pour construire de nouveaux transports ou de nouveaux équipements en région parisienne. Quoi ? Si nous n’acceptons pas les JO, vous ne modernisez pas les RER ? Vous ne construirez pas de piscines ?
Il y aussi l’explosion des budgets prévisionnels: Paris 2024 annonce 6 milliards d’euros. On ne sait pas très bien ce que cela représente, mais nous savons que ce sera plus. Forcément. Même si nous n’atteindrons pas les délires de Sotchi ou de Pékin.
En revanche, il y a beaucoup d’exemples où les JO semblent porter la poisse.
A Athènes bien sûr, où les herbes folles ont envahi une partie des installations olympiques. Les J.O ont sans doute contribué à la faillite que traverse la Grèce aujourd’hui, mais ils ont surtout servi de révélateurs des disfonctionnements du pays, avec notamment la corruption qui a fait évaporer une bonne partie des financements.
C’est également ce qui est en train de se passer à Rio, où se dérouleront les JO dans un an. Le Brésil est entré dans la pire récession économique depuis 30 ans, le gouvernement paraît désemparé pour contrer l’inflation, relancer la croissance. Les manifestations se multiplient sur fond de la plus grande affaire de corruption jamais connue par le pays. Car, et c’est une avancée de la démocratie brésilienne, aujourd’hui la justice y est indépendante. Elle enquête sur les principaux dirigeants de Petrobras, le géant du pétrole, mais aussi de toutes les grandes sociétés brésiliennes, notamment celles du BTP. Plusieurs députés et ministres ont été mis en examen ou en prison. Le scandale éclabousse l’actuelle présidente Dilma Rousseff et même Lula, son prédécesseur.
Dans un an,  les JO à Rio risquent d’être moins « samba » que « Dilma fora », c’est-à-dire « Dilma dehors », une démission souhaitée par 65 % des brésiliens.
Alors Paris 2024, est-ce une si bonne idée ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Mode: Après le Friday wear, voici le Tsipras wear.

       

Le look Tsipras vs le look Merkel: Quel est le plus fou ?


Avez-vous remarqué le look adopté par un certain nombre d’hommes politiques depuis quelques semaines. Au début on pouvait se dire, c’est l’effet d’un été un peu chaud, mais non, il s’agit d’une démarche politique, quasi révolutionnaire. Depuis que la révolution passe par l’Acropole, c’est un peu le col Mao version Tsipras.
Prenez Mélenchon par exemple, il y a encore quelques semaines, il exprimait ses convictions politiques par la couleur de sa cravate, rouge. Mais sans aller jusqu’à abandonner le costume cravate: 25 ans sénateur, ça vous marque un homme.
Mais Alexis Tsipras est passé par là, la Nouvelle Gauche s’est trouvée une égérie (au masculin, ça donne un égérie ?), désolé pour cette référence romaine et non grecque. On jette la cravate, on adopte la chemise, si possible blanche, col ouvert,  éventuellement un jeans sombre, mais on garde la veste. Ce qui franchement est plus prudent surtout au-delà de 17 heures dans des sommets marathons se déroulant dans des salles surchauffées…
Il existe une version un peu plus hard du look Tsipras, c’est la tendance Varoufakis, du nom de l’ancien Ministre des Finances démissionnaire. Sous la veste, un T-shirt, sombre si possible. C’est le look campus américain, CEO d’Apple. Très gauche silicon valley. Vivement que la révolution passe par le Congo, Congo-Kinshasa évidemment, et nos hommes politiques adopteront le look « sapeur », et ça, ça sera vraiment classe.
Pour l’instant chez nous, la tendance reste le dress-code « Petit marquis », très bien porté par Emmanuel Macron, avec son grain de folie, non visible par les caméras, car il se retrouve au niveau des chaussures, souvent des bottines, toujours impeccables. Les italiens, qui en matière de chic vestimentaire sont l’autre grande école avec les britanniques, vous le diront: On juge un homme sur ses chaussures.
Et les européens du nord, là-dedans ? Les allemands ? Evitons de juger les ministres allemands… les cravates couleur lie de vin y sont encore très en vogue, ainsi que les coupes de cheveux unisexe à la Beckenbauer – c’est fou, quand on pense que le mur de Berlin est tombé depuis plus de 25 ans. Bien sûr, il y a Angela, la chancelière, la femme la plus puissante d’Europe. Comment définir son look … Reconnaissons qu’elle ne tente plus les robes longues avec décolleté plongeant, elle l’avait essayé une fois pour une réception à Oslo, cela avait failli provoquer une catastrophe à la bourse de Francfort. Aujourd’hui elle s’en tient aux pantalons sombres, ce qui est sage, et aux chaussures à talons plats, ce qui est amical à l’égard de François Hollande par exemple. Certains se moquent de sa coupe de cheveux à la Jeanne d’Arc, mais Karl Lagerfeld jugeait récemment que sa coupe et sa couleur de cheveux convenaient parfaitement “à ses beaux yeux bleus et à son fin nez en pointe” : sic !
Et puis pour tous ceux qui voient dans son dress-code l’illustration de l’austérité et de la rigueur, regardez donc l’incroyable collection de vestes qu’elle adapte à toutes les situations et toutes les saisons et qui vont du vert pistache au fraise écrasée en passant par le bleu fluo ou le jaune moutarde. Seule la Reine d’Angleterre fait mieux avec ses chapeaux.
Nous vivons une e-poque formidable.

Grèce: Angela Merkel, l’arbre qui cache la forêt des « petits » européens.

        

Tsipras – Merkel : Poker menteur ou dialogue de sourds ?

Beaucoup d’entre nous sont aveuglés par une haine à l’égard de l’Allemagne dont ils n’ont même pas conscience, qui mériterait sans doute qu’ils aillent s’allonger quelques années sur le divan d’un psy, qui révèle leurs/nos complexes et surtout une dangereuse ignorance de ce qu’est l’Allemagne, de ce qu’est la société allemande, de ce que sont les allemands d’aujourd’hui. 
C’est flagrant ces dernières semaines dans la perception du rôle de l’Allemagne dans la crise grecque, et plus généralement, dans l’Europe d’aujourd’hui. Cela va du slogan «  Le diktat de Merkel » d’un Florian Philippot à « Merkel- Bismarck » de Mélenchon. Ces réactions ne sont que la reprise de vieilles rengaines, qui remontent à l’après Première guerre puis seconde guerre mondiale : « L’Allemagne paiera », remis au goût du jour par le gouvernement grec et la « gauche » ( ?) française.
Selon eux, les responsables de la faillite grecque, ce sont les allemands, leur égoïsme, leur obsession « monétaire », des allemands qui n’auraient que le mot « austérité » à la bouche pour faire plaisir aux banques allemandes.
Doit-on rappeler que la croissance de l’économie allemande, le niveau de ses exportations, la hausse de sa consommation intérieure, sont tout sauf de l’austérité ? Doit-on également rappeler que s’ils en sont là, c’est parce que les allemands notamment après la réunification, se sont serrés la ceinture, et pour beaucoup de salariés allemands, beaucoup de seniors, continuent à le faire? Doit-on également rappeler que s’il y a bien un pays qui était attaché à sa monnaie parce qu’elle était le symbole de sa réussite économique, c’était l’Allemagne et que les allemands n’ont pas sacrifié le Deutschmark de gaieté de cœur ? Doit-on rappeler qu’avant l’euro, de toute façon, le Franc était de plus en plus dépendant du Deutschmark, et que la Bundesbank devait régulièrement venir au secours de notre monnaie?
Il faut respecter le peuple grec entend-on souvent. C’est juste. Mais il faudrait aussi respecter non seulement le peuple allemand, mais également les slovaques, les slovènes, les polonais, les irlandais, les lettons, les autrichiens,  les hollandais, les belges, les portugais, les italiens etc… qui sont vent debout contre Alexis Tsipras. 19 membres de l’Eurozone : En dehors de Chypre, combien sont favorables aux positions du gouvernement grec ? La démocratie n’est-ce pas aussi de respecter l’opinion de la majorité ?
En caricaturant, seule l’Allemagne par son poids pourra peut-être leur faire accepter un énième compromis avec Athènes.
Il y a un mot allemand que Tsipras, Mélenchon, Philippot and co devraient apprendre parce qu’il est le symbole d’une dérive, d’une tentation à laquelle les allemands ont refusé jusqu’à présent de céder : « Alleingang » : Faire cavalier seul, succomber au repli sur soi… Prenons garde qu’en fait d’un Grexit, nous ne succombions à un Alleingang des allemands.
Nous vivons une e-poque formidable.

Grèce : Hélas ! Ceci n’est pas un jeu de mots

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Oxi, c’est non. Nai, c’est oui. C’est quoi le message ?


Les Grecs ont voté non, mais comme dit l’autre: Vous pouvez répéter la question ?
C’est tellement clair que chez nous, tout le monde tire la couverture à soi, ce qui en période de fortes chaleurs n’est pas forcément recommandé. En plus il faut bien avouer qu’un peuple qui pour dire non utilise un mot qui s’écrit presque oui (oxi) , et pour dire oui, il prononce non ( nai), c’est perturbant ! Peut-être qu’eux-mêmes ne sont pas très clairs sur ce qui est oui, et ce qui est non. Ainsi il paraît que ce non est un oui à l’euro.
Il paraît aussi que ce vote est un triomphe de la démocratie, démocratie que les grecs auraient inventée il y a 2500 ans, enfin avec une interruption de 2460 ans !
Rappelons qu’ils ont aussi inventé la comédie, la tragédie, et la démagogie… La démagogie qui est une manière de manipuler le peuple en lui disant ce qu’il veut entendre, démagogie qui, selon Aristote est avec l’anarchie une des perversions de la démocratie ( sic : Wikipedia).
Et organiser un référendum pour demander si l’on accepte de baisser ses salaires et ses retraites, n’est-ce pas un peu démagogique, non ?
Certains disent qu’au contraire il n’y a pas plus démocratique qu’un référendum. Cela paraît être empreint de bon sens. Pourtant, si les allemands d’aujourd’hui restent très prudents sur cette manière de consulter le peuple, c’est parce qu’ils ont le souvenir des référendums de Hitler, que l’on ne peut pas vraiment qualifié de grand démocrate. Il y a  aussi les fameuses « votations » en Suisse avec l’exemple du refus des électeurs masculins d’accorder le droit de vote aux femmes jusqu’en 1971 ! Jusqu’au petit canton Appenzell, qui fit de la résistance jusqu’en 1990, où il fallut une décision fédérale, rarissime, pour imposer ce droit. Et pourtant qu’y avait-il de plus démocratique que de réunir sur une grande prairie tous les habitants d’un village pour leur demander leur avis ? Cela peut conduire à toutes les dérives, comme au meurtre collectif. C’est ce que décrit l’auteur suisse – justement – Friedrich Dürrenmatt dans « Le voyage de la vieille dame ». Une vieille milliardaire revient dans son village auquel elle propose de léguer toute sa fortune en l’échange de la mort d’un de ses anciens amants. Et très démocratiquement, les habitants choisissent la fortune !
On peut aussi se demander combien de temps nous aurions dû attendre pour abolir la peine de mort, si l’on nous avait posé la question par référendum en 1981.
Et puis à quoi serviraient les élections et la démocratie représentative si les personnes que l’on a élues pour le meilleur mais aussi pour le pire et chez nous pour cinq ans, se déchargeaient de leurs responsabilités en nous demandant notre avis tous les six mois?
Aujourd’hui, tous les démocrates sont unanimes pour dire: Il faut écouter le message du peuple grec. Mais de la même manière qu’on peut se demander quelle était la question, quel est ce message ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Grèce, Euro, Tsipras : La guerre de Troie aura-t-elle lieu ?

        

Ulysse vu par Hollywood: grave!

Il paraît qu’en plus de la démocratie, les grecs anciens ont inventé, la tragédie, la comédie, la philosophie, l’histoire, la médecine etc…J’en passe et des meilleurs, et parmi le meilleur, il y a cette série en 24 saisons, à faire mourir de jalousie n’importe quel scénariste d’Hollywood – 24 saisons, vous vous rendez compte – l’Iliade et l’Odyssée. Ecrite par un certain Homère ( pas Omer),  ce sont les aventures d’Ulysse, un « warrior », parti avec ses keums de la même téci, en guerre contre une autre téci, Troie, où s’était réfugié Pâris, un boloss (malgré son nom, sûr qu’il n’était pas supporter du PSG, d’ailleurs, il y a un ^ sur le a ). Pâris avait osé pécho la meuf à Ménélas, un des kings de la téci. L’affront ! Evidemment tous les potos de Ménélas – on les appelait la bande des grecs étaient devenus tellement vénères, qu’ils avaient décidé d’aller niker Troie.

Mais après la victoire, voitures qui brûlent, magasins dévalisés, viols et tournantes, Ulysse se paume sur le chemin du retour – L’interconnection SNCF – RATP devait être en panne en Gare du nord – S’en suit une succession de galères ( c’est le cas de le dire, puisqu’à l’époque on n’avait pas encore inventé l’auto-partage ) plus ouf les unes que les autres, laissant Game of Thrones ou le Seigneur des Anneaux loins derrière: 
Il doit échapper à Circée, une magicienne autrement plus perverse que la chancelière Merkel. A Djerba, il manque de se faire retourner la tête par une dangereuse bande de drogués, les lotophages, qui ne sont pas des bouffeurs de lotos, mais fabriquent des boissons zarbi. Il tombe sur des fous furieux, les Lestrygons, sans doute, des ancêtres de Daesh, ils ne décapitent pas leurs victimes, ils les bouffent !
Mais le plus dingue, c’est qu’à la fin: Happy end ! Sa femme, Pénélope, qui est une championne de macramé, l’attend toujours, et après 10 ans, elle a été fidèle !
En ce qui concerne l’imagination et la créativité, les grecs, ils sont trop forts. Certes, c’était il y a 2500 ans, mais vous savez quoi ? On parle encore aujourd’hui d’Homère et des autres scénaristes d’Athènewood. La preuve : On en a même fait un « remake », il y a quelques années, avec Brad Pitt, Diane Kruger et Sean Bean dans le rôle d’Ulysse.
Dimanche soir, la guerre de Troie aura-t-elle lieu ? Tant de Cassandres nous l’annoncent – le souhaitent ?
« Moi, je suis comme un aveugle qui va à tâtons.
Mais c’est au milieu de la vérité que je suis aveugle.
Eux tous voient, et ils voient le mensonge.
 Je tâte la vérité. »
Une réplique mise dans la bouche de Cassandre par Jean Anouilh, qui n’était pas grec, maïs français, et que beaucoup de nos commentateurs et experts en Grèce devraient peut-être méditer…
Nous vivons une e-poque formidable.

Les grecs anciens pour nous aider à combattre la violence dans notre société!

« La violence constitue à la fois un des pires maux de notre époque et un de ceux contre lesquels la Grèce antique s’est élevée avec le plus de force. (…)
En ces jours où l’on parle beaucoup de la Grèce, il n’est pas inintéressant de relire les textes de celles et ceux qui sont des vrais connaisseurs et des « passeurs » de la Grèce antique. Comme Jacqueline de Romilly, qui passa sa vie à essayer de nous faire comprendre la modernité des textes, des réflexions, des athéniens 500 ans avant Jésus-Christ.
Attention, Jacqueline de Romilly ne faisait pas de copié-collé entre la Grèce antique et la Grèce moderne.
Et les raccourcis du style :« La Grèce a inventé la démocratie » sont totalement faux:  L’on s’imagine un régime parlementaire avec des habitants tous égaux, libres de choisir. Alors, que la Grèce antique, ce sont les femmes et les esclaves exclus de la société.
Quant à la Grèce moderne, elle ne connaît la démocratie moderne que depuis à peine 40 ans. Un peu comme l’Espagne et le Portugal. La mère de nos démocraties, c’est plus l’Angleterre que la Grèce.
En revanche, oui, il s’est passé quelque chose qui influence notre civilisation, dans ce petit bout de territoire de rien du tout, pas toute la Grèce, mais Athènes, 450 ans avant Jésus-Christ:« Le V° siècle athénien a inventé la démocratie et la réflexion politique. Il a créé la tragédie et, en moins de cent ans, a vu se succéder les trois seuls auteurs qu’ait connus la postérité –Eschyle, Sophocle, Euripide. Il a donné forme à la comédie avec Aristophane. Il a vu l’invention de l’histoire, avec Hérodote (…) puis Thucydide. Il a vu les constructions de l’Acropole et les statues de Phidias. Il a été le siècle de Socrate. Socrate, dans les dernières années du siècle, s’entretenait avec le jeune Platon ou le jeune Xénophon, et avec les disciples de ces sophistes, qui venaient d’inventer la rhétorique. On apprenait alors les progrès d’une nouvelle médecine, scientifique et fondée sur l’observation – celle d’un certain Hippocrate. (…) Il s’est donc passé quelque chose, en ce V° siècle avant J.C, qui allait au-devant de l’intelligence et de la sensibilité humaines (…) Il faut se demander ce qu’il pouvait y avoir en Grèce, dés l’origine et jusqu’à la fin, qui mette ainsi à part la civilisation grecque et lui assure ce rayonnement sans pareil… » (1)
La Grèce antique a connu la violence, bien entendu. Elle l’a connue sous toutes ces formes. Elle a connu une interminable série de guerres ; et au cours de chacune d’elles, on rencontre des mesures de répression, qui nous paraissent effroyablement cruelles. (…)
La Grèce a connu la violence (…) mais elle a condamné la violence : toute la littérature du temps l’atteste. Et peut-être est-ce précisément parce qu’elle en a fait l’expérience qu’elle a pu exprimer avec tant de force son refus et son désir de l’abolir (…)
Les Grecs ne nous ont pas offert un modèle qu’il s’agirait d’imiter : ils ont décrit une expérience et défendu certaines valeurs qu’ils étaient les premiers à découvrir et qu’ils ont exprimées avec une telle netteté et un tel sens de l’universel que celles-ci s’imposent encore à nous, comme si celles étaient actuelles.(…) Dans les classes, pour les jeunes, quand il s’agit de leur inculquer, le plus possible, tout ce qui pourra faire reculer la sombre violence dont nous souffrons, il faudra plutôt former leurs jeunes années avec les auteurs antiques ou classiques. Les auteurs les plus modernes leurs seront toujours connus par le contexte du présent (…) Mais on peut espérer que la lecture d’autres textes aidera à fortifier en eux le dégoût de la violence, et à laisser croître dans leur sensibilité des forces de résistance. Il faut à tout prix leur communiquer un peu de cette sève et de cet élan que nous avons perdu. (…)
Je n’imagine certes pas que la littérature soit le premier remède contre la violence, ni le plus efficace. (…)Mais l’aide de la littérature, l’aide de l’enseignement, l’aide des textes, l’aide de la Grèce, pourquoi s’en priver ? Elle est là, réconfortante et lumineuse, capable de nous aider, et à portée de notre main… »(2)
Les grecs anciens pour nous aider à lutter contre la violence dans nos sociétés modernes ? Dommage que la réforme de l’enseignement les fasse passer à la trappe !
Nous vivons une e-poque formidable !
(1)  Pourquoi la Grèce ?
(2)  La Grèce contre la violence

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