Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : grèves

Universités : Non à la sélection !

Et pendant ce temps-là, des millions de chinois passent le gaokao  
Les étudiants, non pardon, ceux qui dans les universités occupent et manifestent contre la sélection, ont bien raison. 
Y’en a marre de ce système où tous ceux qui ont envie de faire STAPS (Prof de sports) ne peuvent pas le faire. Allez 100 000 profs de sports, ça rendra les français plus sportifs. 
Et pourquoi faudrait-il sélectionner celles et ceux qui veulent faire médecine (D’ailleurs, à force de tellement sélectionner il n’y a plus de médecins, et là – sorry Ciotti –, on va être obligés d’importer des médecins étrangers, peut-être même musulmans, vous imaginez des barbus avec des scalpels ?). 
Et pourquoi les écoles d’ingénieurs devraient-elles être réservées aux bons en maths. On le sait bien : Savoir égale pouvoir. Les classes dirigeantes ne veulent pas lâcher leurs avantages et ils nous font croire qu’une opération de microchirurgie, ça serait plus compliquée que conduire un train. 
Et pourquoi la sélection pour conduire des trains ? Et pourquoi des examens pour piloter des avions ? Pour exclure les minorités ? 
Les élites conditionnent les masses populaires en leur faisant croire qu’il faut travailler pour réussir. Eh ! bien, non il est temps de faire comprendre qu’un autre possible est possible. Et puis, ni Dieu, ni maître ! Brulons les diplômes comme l’avaient fait dans les années 1950, les pionniers juifs venus d’Egypte pour développer des Kibboutz en Israël, dans des communautés sans argent, sans propriété privée, où les enfants étaient élevés de manière communautaire, où tout le monde se tapait la plonge, ou le service au restaurant communautaire, où tout était décidé en assemblée participative. 
Sus à la sélection piège à cons. 20 sur 20 à tout le monde. 
Comme ça dans 4 à 5 ans, ce sont les gosses de riches, les fils de profs, celles et ceux qui pourront faire jouer le réseau de leurs parents, qui réussiront. 
Il faut sans doute relire Karl Marx, la lutte des classes, la dictature du prolétariat et tout ça, mais alors avec des lunettes chinoises, la Chine d’aujourd’hui celle où la sélection, par la redoutable épreuve du gaokao,fait passer nos examens et notre sélection à l’entrée de l’université pour un chemin semé de roses. 

SNCF, taxis, intermittents: Le Brésil ? Non, la France.

Avec ce printemps qui une gueule d’été, des températures qui jusqu’à Strasbourg flirtent avec les 35 °C, avec tous nos médias, tous nos journaux qui se sont habillés en vert et jaune, on se croirait presque au … Brésil. Jusqu’aux grèves dans les transports !
Hélas, comparaison n’est pas raison, et tous les mouvements sociaux n’ont pas la même signification. Si les brésiliens manifestent, c’est pour l’avenir, nous, c’est contre le déclin.
Evidemment, il ne s’agit pas un seul instant de prétendre que la vie serait plus douce au soleil – ah ! ces clichés sur Rio, Copacabana,caïpirinha et mulatas !- A moins d’avoir la peau aussi dure que celle d’un vieux caïman, au Brésil les différences sociales sont insupportables qui séparent les plus riches – ceux que les brésiliens appellent « o elite » – des plus pauvres ; Et ce ne sont pas forcément les habitants des « pittoresques » favelas des collines de la zone sud de Rio, mais les millions qui habitent la « zone nord», ou encore les habitants du nordeste à 3000 kilomètres au nord. Bien sûr, les différences sociales chez nous en Europe, ont augmenté. Et nous sommes inquiets du bascule d’une partie d’entre nous dans la pauvreté, notamment les millions de chômeurs longue durée, ou les jeunes qui n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail. Tout cela est vrai, et nous fait peur à juste titre. Mais heureusement, rien de comparable avec ces mendiants, ces lépreux, ces goitreux, ces cul-de-jatte, ces exclus d’un système sans protection sociale ou presque, qui peuplent les trottoirs, les rues, les faubourgs de São Paulo, pourtant entrée aujourd’hui dans le club des 10 métropoles les plus riches du monde. On y est plus proche de l’Inde que de la Californie. Mais dans le même temps, en vingt ans, le Brésil a plus changé qu’en un siècle. Avec notamment l’apparition de vraies classes moyennes, et le recul de l’extrême pauvreté. Les manifestation et les grèves ont cette signification: Nous croyons à notre avenir. Nous voulons plus, de services publics qui fonctionnent, d’éducation, d’hôpitaux, de transports, et mieux, une meilleure gouvernance, des administrations moins corrompues. Le Brésil est optimiste et l’avenir lui appartient.
Chez nous, c’est le contraire. Nous sommes un des pays les plus pessimistes voire déprimés d’Europe… Les grèves, les manifestations, les votes extrémistes  que nous connaissons, expriment surtout une peur de l’avenir, peur de n’être plus qu’un petit pays d’un petit continent, alors que le Brésil se sait un pays continent… Nous voulons que rien ne change, que tout soit comme avant, comme au temps béni des grandes lois sociales de 1946. Ne rien lâcher, dit l’extrême gauche, comme l’extrême droite. N’est-ce pas là une vision profondément conservatrice de l’avenir de notre pays ?
Souhaitons que les touristes de retour du Brésil en ramènent, en dehors des coups de soleil, d’abord le sentiment de fierté d’avoir réussi à construire en Europe des sociétés pas si inégalitaire que ça finalement, mais aussi un peu de l’optimisme, de l’envie de croquer l’avenir, de l’énergie positive qui caractérisent le Brésil d’aujourd’hui.
D’ailleurs, la cérémonie d’ouverture ce soir à São Paulo va être super ! Avec notamment les percussions du groupe Olodum de Savaldor de Bahia, qui vont bluffer le monde entier ! Otimo !
Finalement, la France c’est le Brésil, avec les grèves, mais sans la fête …
Nous vivons une e-poque formidable !
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Pendant la Coupe du Monde, O blogodinho, le petit blog sur le Brésil, pile et face, avec des récits de voyage, des expériences vécues, beaucoup d’amour, un peu de haine et de colère, des playlists, parce que le Brésil n’est pas que foot et samba !
Parabens

Grèves : Fin à São Paulo. Début à la SNCF. Cherchez l’erreur !

Depuis quelques jours, nous découvrons que la vie au Brésil n’est pas que Copabacabana, foot et samba, et que cet immense pays connaît mouvements sociaux, grèves et manifestations. Au royaume du foot, la fièvre du mondial tarde à se manifester. Se manifestent au contraire les revendications sociales et politiques.
Certains commentaires s’en étonnent: Comment ça ? On croyait que les brésiliens oubliaient leurs soucis dés qu’ils voyaient un ballon et que la misère était plus douce au soleil ?  On nous aurait menti?
Nous devrions nous réjouir. Depuis des mois, ce que beaucoup de brésiliens réclament c’est plus de justice sociale, moins de corruption, plus d’infrastructures, notamment dans les transports, qui sont devenus un enfer dans les villes de São Paulo et de Rio, parmi les plus grandes agglomérations de la planète … Et c’est un signe de démocratie et de développement.
Oui, le Brésil est un  pays en plein développement, En 20 ans, il a accompli un formidable bond en avant. Mais le Brésil vient de loin, de quatre siècles d’exploitation coloniale, d’esclavagisme, de ségrégation économique et sociale. Réduction de la pauvreté, extension des classes moyennes, éducation, santé, infrastructures. Mais le Brésil reste encore un des pays les plus inégalitaires et les plus violents du monde. Les attentes et les frustrations y sont immenses.
Et le Brésil est aussi une démocratie en plein épanouissement. Quand on pense aux années de plomb de la dictature militaire – c’était il y a vingt – trente ans, à peine, l’actuelle Présidente Ditma Roussef avait d’ailleurs été arrêtée et torturée – on mesure le chemin parcouru. Or, une démocratie c’est un pays où les pauvres n’ont plus peur de revendiquer, où la population n’accepte plus la corruption, où les jeunes réclament de meilleures conditions d’études.
Tout cela va-t-il pourrir notre mondial ? Une lueur d’espoir : Les grévistes du métro de São Paulo annoncent qu’ils suspendent leur mouvement. Ironie ( ?) patatras, chez nous, c’est la SNCF qui se met en grève. Ca n’a rien à voir ? Non, rien. Chez nous, la grève, c’est pour… C’est pourquoi  d’ailleurs ? Contre, non pour la fusion RFF et SNCF, oui, mais non ? Ce n’est pas faire injure aux revendications sociales chez nous que de reconnaître que les grèves au Brésil y sont plus vitales.
Et puis, qu’est-ce que c’est que cette attitude qui préfère le calme militaire de la place Tienanmen à Pékin où les J.O n’étaient pas menacés par les grèves, c’est sûr, aux clameurs des manifestants de São Paulo ?  

Nous vivons une e-poque formidable !
Pendant le “mondial”, suivez 

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