Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : guerre

Russie, Syrie, Front national : Toute honte bue.

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Et un mois plus tard, Le Pen ? Toute honte bue…
Si les événements n’étaient pas aussi dramatiques, avec des centaines de milliers de morts en Syrie, des millions de déplacés, de réfugiés, la guerre, les guerres, le terrorisme jusque dans nos bras, on pourrait en rire. On devrait même en rire. On devrait même éclater de rire jusqu’à en avoir honte des revirements et contradictions de la politique de nos dirigeants, de notre pays.
Toute honte bue, nous avons repris le chemin du Kremlin. Et en quelques jours, Vladimir Poutine est devenu un indispensable allié. Depuis longtemps, les allemands (toujours ajouter : nos amis allemands) ont donné un nom à ce genre de revirement : La Real Politik, très en vogue au temps de Bismarck. L’on savait que pour être diplomate, il fallait avoir l’échine souple, mais à ce point-là ! Nos dirigeants vont pouvoir bientôt se produire au cirque Gruss et renouveler le numéro de la femme serpent! Que Poutine ait une conception quelque peu stalinienne de la démocratie, cela n’est pas nouveau. Nous le savions déjà depuis au moins… La Tchétchénie et « l’ordre règne à Grozny ». Alors, franchement était-ce bien utile de taper de nos petits poings sur la table, de décréter un embargo contre la Russie, ce qui pénalise d’abord nos producteurs de fruits, légumes, viandes, de priver la marine russe de nos beaux bateaux de guerre, ce qui nous a coûté une petite fortune ? Et tout ça pour les vendre à qui ? A l’Egypte, un  allié aussi fiable et stable et démocrate que disons… nos autres clients et alliés, le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Toute honte bue, nous voilà également de nouveau sur le chemin de Damas. Que Assad ait une conception « poutinienne » de la démocratie, voilà qui n’est pas nouveau. Alors, était-ce bien la peine de promettre aide, armes et bombardements à une opposition syrienne aussi unie que les différentes milices qui se partagent la Libye ? Etait-ce prudent de jurer la main sur le cœur, « jamais avec Assad », pour maintenant laisser tomber cette petite phrase: « Jamais sans la participation de l’armée syrienne. »
Toute honte bue, 30 %? 40 % ? des électeurs s’apprêtent à voter Front National. Vous vous rendez compte : Le Front national… les héritiers des terroristes de l’OAS, du putsch d’Alger, des quarterons de généraux en retraite, les filles des anti-gaullistes jusqu’à la haine, les petites-filles des blagues anti-sémites, des détails de l’Histoire, de ceux qui préfèraient l’Etat français et Travail-Famille-Patrie, à la République et Liberté-Egalité-Fraternité. C’est bien la peine d’entonner en chœur la Marseillaise pour une semaine plus tard fouler du pied les valeurs de ceux qui ont écrit notre hymne national.
Si Dimanche prochain, les urnes confirmaient ces sondages, ce serait une deuxième victoire pour les terroristes, pour les ennemis de nos libertés, des valeurs de la France éternelle. Toute honte bue.
Nous vivons une e-poque formidable.

#Syrie : Pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère.


Ce qui est génial avec ce proverbe : « Pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère » c’est qu’il existe en toute les langues :
En allemand bien sûr. En anglais, of course. En espagnol, italien, en russe aussi, et là, cela devient intéressant. Car même si Poutine n’est pas le diable, ce n’est pas un ange, et pire que le diable, c’est un malin. Une preuve: On en est où de notre fameux boycott ? Les Mistral nous coûtent bonbon, même revendus à l’Egypte.  Nos porcs bretons ne vous disent pas merci. Quant à l’Ukraine, pour ce que ça a servi pour débloquer la situation… Et tout ça pour finir par retrouver le chemin du Kremlin. Parce que ne nous leurrons pas : Il n’y aura pas que Sarkozy. Car peut-il y avoir une solution en Syrie, c’est-à-dire maintenant chez nous, sans les russes ?
Le proverbe «  Pour manger avec le diable… » se dit aussi en arabe et là, cela devient franchement très intéressant. Quoique… Existe-t-il en farsi et en turc ? Sans vouloir manquer de respect à nos indéfectibles alliés l’Arabie Saoudite et le Qatar, pour pouvoir la gagner la guerre en Syrie et en Irak, il faudrait peut-être mieux utiliser les bonnes cuillères. Peut-on vraiment imaginer une solution sans ces 2 super puissances que sont la Turquie, même avec Erdogan, et l’Iran, même avec la dictature des Ayatollahs. Peut-être avons-nous eu tort il y a une dizaine d’années d’être obsédés par l’entrée de la Turquie en Europe. Peut-être aurait-il mieux valu à l’époque ancrer ce pays charnière dans notre espace et nos valeurs. Aujourd’hui, la Turquie se sent pousser des ailes, tentées par une aventure solitaire, une sorte de grande Turquie, regroupant sous son influence tous les pays de culture turque. Quant à l’Iran, la voilà qui revient à la table des négociateurs à Vienne, où, sans doute un succès de notre diplomatie, la France elle, a perdu sa place.
Il reste enfin le Diable, le dictateur syrien Assad. D’une manière ou d’une autre ne faudra-t-il pas manger la soupe avec lui, même pour négocier son départ ? Quelle honte y aurait-il à se dédire ? L’essentiel n’est-il pas que l’horreur et le chaos s’arrêtent enfin ? Et en 1941 n’avons-nous pas pactisé avec Staline qui en matière de dictateur sanguinaire avait mis la barre très haut ? Il n’y va pas seulement de la destruction systématique d’un des plus grands pays du Proche-Orient, d’un des berceaux de nos civilisations. Il y va aussi – surtout ?- de notre paix , ici en Europe, tant il est vrai que contrairement aux enchanteurs/euses qui nous font croire qu’en mettant une porte blindée et un double vitrage, nous pourrions éviter d’être concernés par ce qui se passe devant chez nous.
Les guerres qui meurtrissent l’Orient complexe nous concernent au premier chef. Et nous le voyons bien aujourd’hui sur nos plages et aux coins de nos rues. Cela vaut bien un dîner.
Nous vivons une e-poque formidable.

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