Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Guyane (Page 1 of 2)

Pendant ce temps-là en Guyane…

L’orpaillage clandestin, un fléau encore plus grave pour l’environnement
Les incendies en Amazonie, on n’en parle déjà presque plus. 
Il faut dire que beaucoup ont eu le sentiment de s’être fait enfumer. 
Non ! L’Amazonie n’est pas le poumon de la planète. Et en Afrique, les incendies sont bien pires. 
Et puis, même si le Président actuel du Brésil est – comme dire poliment – folklorique ? Fascisant ? émettre des idées comme « L’Amazonie appartient à l’humanité », ça passe mal dans un pays qui est loin d’être une république bananière.
Pendant ce temps-là, dimanche dernier, chez nous, en Guyane, la crique Bagot était encore souillée par l’orpaillage illégal, empoisonnée par cyanure et mercure. Vous ne connaissez pas la crique Bagot ? C’est bien dommage… La crique Bagot se jette dans la rivière Comté. Un petit coin de paradis pour les habitants de Cayenne. Le week-end, c’est une destination détente, on y va pêcher, déjeuner, se baigner. 
Mais la Guyane est mise à sac par les chercheurs d’or clandestins venus du Brésil. Les indiens ou les autres populations qui vivent sur les rivières et fleuves, qui en mangent les poissons, en boivent l’eau sont empoisonnés par la pollution. Ils sont bousculés par des milices violentes, armées, qui s’en prennent même aux gendarmes et aux militaires. 
Mettre fin à ce pillage, voilà le vrai combat pour la protection de l’Amazonie. 
Mais sans forcément vouloir la mettre sous cloche. 
Comme l’explique le sénateur de Guyane, Georges Patient : On a l’impression que, faute de mener ces combats écologiques dans l’hexagone, on utilise la Guyane. Maintenant, c’est Montagne d’Or (un projet de mine d’or légale, contestée par les écologistes) après, ce sera le pétrole. Mais alors que la situation économique continue de s’enliser, que va-t-on faire des 40.000 chômeurs 
Si les généreux donateurs comme LVMH qui avait annoncé vouloir verser 10 millions pour l’Amazonie, souhaitent réellement être utiles, qu’ils s’investissent en Guyane. Il existe même là-bas le parc national amazonien, qui protège la moitié de ce territoire, ce qui en fait, de fait, le plus grand parc naturel français. Et qui a besoin de moyens. 
Charité bien ordonnée commence par soi-même, non ? 

Avis au c… qui m’a volé hier mon macbook, hier entre 12h35 et 12 h 40, dans un restau de la rue de Clignancourt Paris 18 : Rapporte le ce matin , sinon …

C’est arrivé près de chez vous… 
Toi, espèce de c…, fils de p…, sous-m…- les mots ( pas les maux ) me manquent, j’ai été trop bien élevé, mais je vais aller enrichir mon vocabulaire d’insultes en relisant les échanges de tweets entre Booba et Kaaris , au moins ça servira à ça, et de toute façon TU vas te reconnaître –cet avertissement t’est adressé.
Hier donc, entre 12h35 et 12 h40, un petit malin – enfin petit et malin je ne sais pas , en tout cas quelqu’un qui a eu le bras baladeur et rapide, d’ailleurs le bras des voleurs, dans certains pays …, mais, non, pas ce genre de pensées, résiste ! je ne mange pas de ce pain là– Donc hier, dans un petit restau, du début de la rue de Clignancourt Paris 18, fermé sur l’extérieur, pas en terrasse, nous nous étions assis pour déjeuner et pour travailler. Sur la table mon ordi, une bombe, qui coûte un bras – bras que dans certains pays pour les voleurs… non, encore une fois, même fou de rage, ne pas se laisser aller…– , un macbook pro touchbar 512Go SSD, sur lequel nous avons beaucoup de choses, des montages vidéos en cours, des dossiers ou des textes en cours, évidemment des tas de documents téléchargés, évidemment de la compta, évidemment des tas de comptes avec mots de passe. C’est pas un jouet pour se mater netflix ou des films de boule, mais un outil de travail. 
L’ordi était donc ouvert sur la table à côté de moi , avec un collaborateur, nous venions de regarder un site, un lien, des photos. Et puis d’un coup, plus rien sur la table. Là, on se dit, c’est une blague, David Copperfield sort de cette table, où est la caméra cachée, et puis, non, c’est bien un cauchemar, l’ordi a disparu. Il était là sur la table, à 30 cm de mon bras ( que dans certains pays… non, pas encore cette idée...), face à un mur, impossible de le prendre sans me passer sur le côté de l’épaule… 
L’espace d’un scillement, une belle journée de fin d’été se transforme en chemin de croix… 
D’abord, essayer de localiser le mac, puis essayer de le bloquer, puis de déclencher l’effacement à distance, puis … changer les mots de passe – c’est dingue, le nombre de mots de passe que l’on peut créer…-, puis faire le point sur ce que l’on n’avait pas encore sauvegardé sur le cloud , et l’on se rend compte que l’on a été moins prudent qu’on ne le pensait. Puis la police, puis l’assurance, même si…Puis le sentiment qu’il ne nous reste que nos yeux pour pleurer, c’est dingue que l’on peut être addict … totalement digitaldépendant…
Donc je te préviens, toi l’ordure, le… – voir les comptes de Booba-Kaaris pour compléter -, notre vengeance va être terrible. 
D’abord notre e-vengeance, Car tu ne le sais pas, mais nous à N7 Productions, nous ne sommes peut-être pas Xavier Niel ou Mathieu Pigasse, mais nous avons le bras long – Et le bras des voleurs dans certains pays… non, pas cette idée, encore …-.Nous sommes en connexion directe avec Steve. Oui, Steve notre grand maître, l’immortel gourou de la secte des témoins de Apple. Eh ! bien nous l’avons mis au courant, il est très en colère, il a mis sur le coup tout ce que Cuppertino compte comme développeurs et hackers. Non seulement tous tes mac vont être bloqués, mais d’ignobles vers ( worms )vont t’attaquer toi et tes descendants pour 1000 générations.
Toujours pas décidé à rapporter l’ordi là où tu l’as volé ? 
Eh ! bien apprends également que les réseaux de N7 productions vont bien au-delà des mers. Et que nous avons mobilisé tout ce que la Caraïbe compte de jeteurs de piayes, quimboiseurs, houngans et ils sont en train d’en appeler aux loas les plus terribles qui puissent exister ! Car notre (jeune) société a été placée sous la protection d’Ogun Feray ! L’entends-tu qui chevauche déjà sabre au clair pour venir t‘occire ? 
Toujours pas convaincu ? 
Eh ! bien sache que nos réseaux serpentent également sous la canopée de la forêt amazonienne – qui ne brûle pas partout– jusqu’en Guyane. Et le chamane d’un village du Haut-Oyapock avec lequel nous avons échangé par whats’app est déjà en train d’appeler à la rescousse son ancêtre le jaguar. Et cela va être terrible. Si par hasard tu as réussi à échapper aux brigades du Tigre du ministre Castaner – ce qui paraît peu vraisemblable, à Paris, les voleurs comme toi sont retrouvés dans les 24 heures, ou pas…-tu ne pourras pas fuir la vengeance du jaguar. 
Alors, RENDS notre mac !
On rigole, mais c’est pas drôle, perte de temps, perte d’argent, sentiment d’impuissance, presque de viol ( désolé Marlène, c’est une manière de s’exprimer). 
Et avec cette leçon : Tout sauvegarder, tout assurer, sans jamais être sûr que cela puisse être efficace à 100 %.

A qui appartient l’Amazonie ? Bonne question, mais qui la pose et qui y répond ?

Notre maison brûle; Oui mais surtout en Afrique !
L’Amazonie a donc été invitée au G7. Habillé en géant vert, Emmanuel Macron en a fait son cheval de bataille sur le thème : Notre maison brûle ! 
Espérons que cette formidable image, lancée par Jacques Chirac, sera suivie d’un peu plus d’effets qu’à l’époque…en 2002 ! 
Les incendies en Amazonie sont effectivement dantesques, mais ils ne sont en rien un phénomène nouveau. Chaque année des dizaines de milliers d’hectares sont ainsi défrichés, ou plutôt nettoyés à la saison sèche, en utilisant la technique des indiens, celle de la culture sur brûlis, une technique que l’on retrouve aussi en Guyane, pour faire son « abattis » son champ de cultures vivrières. 
Évidemment, on est loin des techniques traditionnelles quand ce sont des incendies provoqués et attisés par les intérêts de l’agrobusiness, dont on sait à quel point ils sont liés au Président brésilien. On accuse donc Bolsonaro, comme si par sa seule Présidence il avait mis la forêt en feu. Mais accuse-t-on Justin Trudeau pour les incendies catastrophiques de 2017 et 2018 au Canada ? Ou Vladimir Poutine pour les incendies également catastrophiques en Sibérie ? 
Emportés par l’émotion, par la mauvaise conscience, le « sanglot de l’homme blanc », nous en oublions la réalité, rappelée par ces cartes publiées par la NASA. En ce moment, c’est l’Afrique centrale et de l’Est qui brûle, beaucoup plus que l’Amazonie. La pauvreté, ne serait-ce pas cela la principale menace pour notre planète ? 
Sommes-nous les mieux placés pour demander des comptes aux brésiliens sur leur manière de gérer leur forêt. Au nom de quoi ? Du droit d’ingérence écologique ?  Parce que l’Amazonie appartiendrait à l’humanité ? Comment refuser à ces pays la possibilité d’exploiter leurs ressources naturelles, alors que notre richesse actuelle est le résultat de bien pire. Par exemple, pendant 3 siècles, en colonisant les immenses terres vierges d’Amérique du nord, massacrant les indiens, décimant les bisons, défrichant les sols jusqu’à les transformer en poussière comme dans les années 1930 dans le fameux dustbowl en Oklahoma. Rendez les États-Unis et le Canada aux « peuples autochtones » ? 
Et puis « charité bien ordonnée commence par soi-même » et pour nous français, cela devrait commencer par la Guyane. A qui appartient ce territoire vaste comme le Portugal ? Et qui est « autochtone » en Guyane ? Les seuls indiens ? les populations noires marrons ? Les « créoles », les descendants d’esclaves déportés depuis l’Afrique, les nouveaux immigrants, venus d’Haïti, du Brésil voire même d’Asie ? Qui doit décider de mettre sous cloche ses ressources au nom de la conservation de la forêt ? et comment peut-on la protéger des appétits de pays infiniment plus peuplés comme le Brésil dont les clandestins viennent exploiter illégalement et sans respect de l’environnement, ses réserves en or ? 
Essayons d’abord de répondre à ces questions qui nous concernent au premier chef. Avant de demander des comptes à un Président brésilien, qui bien sûr, en dehors de ses rodomontades, démontre tous les jours qu’il n’est pas à la hauteur. C’est d’ailleurs ce que commencent à penser de plus en plus de brésiliens qui avaient voté pour lui par exaspération anti-élites, anti-corruption, anti-désordre. 
La démocratie, la bonne gouvernance, la corruption, le développement, la lutte contre la pauvreté et les inégalités croissantes : il est moins facile d’apporter des réponses à ces questions brûlantes. Et pourtant, elles sont en grande partie à l’origine des feux en Amazonie. 

Législatives : La Guyane en marche mais coupée du monde !

Emmanuel Macron et le nouveau député de la Guyane: Si pas le père Noël, qui et quoi alors ?
Le candidat En Marche a donc remporté les élections partielles en Guyane. Lénaïck Adam confirme sa victoire de juin dernier invalidée pour cause de listes électorales non signées. 
Jean-Luc Mélenchon qui avait beaucoup mouillé la chemise en venant soutenir Davy Rimane, apparenté France Insoumise, dénonce une élection à la « Corée du Nord ».  Dans les communes du « fleuve », le vainqueur, Lénaïck Adam a en effet obtenu jusqu’à 98 % des suffrages.
Cette comparaison est insultante pour la Guyane et montre qu’il ne suffit pas de faire un Paris Cayenne en business class pour comprendre les particularités électorales, sociales, culturelles de ce département vaste comme un sixième de la France. Et qui n’est ni Marseille, ni le Venezuela. Il faut faire un peu d’histoire.
La deuxième circonscription de la Guyane, l’Ouest guyanais, est en fait constituée de deux régions bien distinctes.
Le fleuve, le Maroni, où vivent les descendants des esclaves échappés des plantations, il y a 300 ans. A l’époque ils réussirent à former des tribus pratiquement indépendantes. Leur pays était avant tout le fleuve, partagée entre la France d’un côté et la Guyane Hollandaise, aujourd’hui Suriname de l’autre. Leurs tribus conservèrent beaucoup d’éléments de leur culture africaine d’origine. Ils créèrent une langue nouvelle, parlée aujourd’hui par beaucoup au Suriname, le sranan tongo, une langue très différente du créole guyanais ou antillais. On les appelle les bushinengés, les « noirs de la forêt » ou « noirs réfugiés ». Depuis vingt ans, leur poids a considérablement augmenté dans la société guyanaise: Emergence de nouvelles élites par le système éducatif, et en ce sens l’élection d’un « N’djuka », Lénaïck Adam, en est le symbole.  Mais surtout, arrivée massive de nombreux bushinengés fuyant la guerre civile et la pauvreté au Suriname. Il leur suffit souvent de simplement traverser le fleuve. A la maternité de Saint-Laurent du Maroni, l’immense majorité des femmes qui viennent accoucher sont surinamiennes et leurs enfants peuvent souvent bénéficier du « droit du sol », même si, contrairement à ce que pensent beaucoup, il n’est pas automatique.
En dehors de toutes considérations politiques, il n’est donc pas étonnant que Lénaïck Adam, premier candidat originaire de ces tribus, fasse le plein des voix chez lui.
Mais l’autre partie de la circonscription, qui commence aux portes de Cayenne, et regroupe les communes de la côte, les communes des « savanes », avec notamment Kourou, est socialement et culturellement bien différente. C’est la Guyane créole. Mais ce terme doit être compris non pas dans le sens antillais, c’est-à-dire blanc colon, comme la martiniquaise Joséphine, la première épouse de Napoléon, mais noir et métis. Toute la classe politique guyanaise en fait partie : De Christiane Taubiraà l’actuel Président de région Rodolphe Alexandre, mais aussi Gaston Monnerville, président du Sénat, Félix Eboué, premier compagnon de la libération, du poète Léon-Gontran Damas ou de de l’écrivain René Maran, premier noir à obtenir le Prix Goncourt en …1921, pour « Batouala » ou « Roman nègre » !
Davy Rimane, le candidat France Insoumise, qui vient d’être battu, est lui-même un créole de Kourou. Et l’histoire de sa famille est celle d’une Guyane qui a été bouleversée par les 4O dernières années.
Jusque dans les années 60, les habitants des communes côtières pratiquaient une agriculture et un élevage extensifs, sur des terres sans vraie propriété, car la Guyane est immense. A l’abolition de l’esclavage, en 1848, les esclaves libérés ne furent pas contraints de rester travailler sur les plantations des békés, contrairement à ce qui se passa en Guadeloupe ou Martinique. Ils prirent leurs canots, remontèrent quelques kilomètres pour défricher un demi hectare ou un hectare pour y faire leur « abattis » et vivre ainsi entre cultures vivrières, chasse et pêche.  Ensuite sont venus l’or, exploités surtout par des immigrés des Antilles, et le bagne, avec pour un certain nombre de « créoles », des boulots de commerçants ou de fonctionnaires à Cayenne ou à Saint-Laurent.
Dans les années 60, l’arrivée du Centre spatial de Kourou a été un premier choc. En expropriant et achetant à bas prix des terres qui effectivement ne valaient pas grand-chose à l’époque, pour y implanter la base de lancement d’Ariane, le gouvernement français a suscité un ressentiment, un sentiment d’injustice qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Et puis il y a l’immigration d’une ampleur que l’on ne peut pas imaginer en métropole. En 30 ans la Guyane est passée de 50 000 à 200 000 habitants, C’est comme si la France de 50 millions d’habitants en avait aujourd’hui… 200 millions.  Les communes sont dépassées, les écoles submergées, le système de santé a explosé, et les infrastructures sont totalement sous dimensionnées. Il n’y a qu’un autre « département » dans la même situation catastrophique : Mayotte…
Tout un symbole d’ailleurs : Pour faire remonter les résultats électoraux, le gouvernement a été obligé de mettre en place en urgence un système de téléphone par satellite. Depuis plusieurs jours en effet la Guyane est coupée du web, internet et téléphone ne fonctionnent que par intermittence, le câble sous-marin qui la relie au reste du monde, ayant été accidentellement coupé. Il faudra plusieurs semaines pour le réparer.
Au pays d’Ariane, on croit rêver ou plutôt cauchemarder.
A la fin de l’année dernière, Emmanuel Macron avait prévenu qu’il n’était pas le Père Noël. Certes. Mais à défaut de cadeaux, il faudra un miracle, ou en tout cas, beaucoup, beaucoup, beaucoup de volonté et de financements pour que la Guyane ne soit plus française entièrement à part, mais à part entière.
« Désastre parlez-moi du désastre, parlez-m’en. » écrivait le poète Léon-Gontran Damas, un des pères de la négritude avec Césaire et Senghor. Il parlait de son éducation. Aujourd’hui cela s’applique à sa Guyane natale.

Arte, Onfray : La Guyane dans tous ses clichés !

ARTE: Moi avoir peur dans jungle !
Est-il besoin de dépénaliser le cannabis ? Quand on regarde la nouvelle série à succès d’Arte : « Maroni, les fantômes du fleuve » ou le dernier essai de Michel Onfray, « Nager avec les piranhas », on se dit que décidément l’abus de substances illicites ou même licites provoquent déjà des ravages. Ils ont dû forcer sur le tafia, les bouteilles de « tête marée », de rhum guyanais à 55°C, les auteurs de ces œuvres, dont la toile de fond est la Guyane et qui sont, comment dire…, hallucinantes ? Non consternantes.
Pauvre Guyane qui n’est que le prétexte, la toile de fond à tous les fantasmes des occidentaux, sur la « jungle », les « tribus », l’enfer vert, le vaudou…
Le feuilleton d’Arte, diffusé jeudi soir, qui a rencontré un franc succès, 4,9 % d’audience, 1million 400 000 spectateurs, est un polar dont l’action se situe en Guyane. Soit !
Deux héros, dont une policière envoyée de France qui accumule toutes les conneries, genre : Moi j’applique la procédure, même face au « capitaine », au chef d’un village de « noirs réfugiés ». Le témoin ne veut pas parler, je l’emmène au poste.
Là, on se pince: Ça se passerait en Alsace ou en Corse, elle ne procéderait pas comme ça.
Et puis il y a le vaudou, la sorcellerie, dont le personnage principal est le paresseux. Le paresseux ? C’est un singe, plutôt sympa, avec une drôle de bouille, et qui comme son nom l’indique semble paresser: Il ne se déplace que lentement et encore tous les 10 jours. Dans la série d’Arte, il devient un instrument maléfique, instrument de scènes de sado-masochisme exotique, mélangeant, vaudou, quimbois, sorcellerie : On a l’impression que les guyanais passent leur temps à boire du sang de singe et à pratiquer des rituels de sorcellerie ! Bien sûr en Guyane, il existe des croyances, des pratiques, on raconte des histoires de soukounyans, de maskililis. Mais sinon, c’est décevant, non ! Les guyanais ne passent par leur temps en rituels occultes.
C’est comme Michel Onfray, qui vient de publier « Nager avec les piranhas », un «carnet guyanais» publié après une brève visite en Guyane. Pour celui qui se veut anti-pensée unique, c’est un recueil d’âneries, dont le summum est : « Les étuis péniens des indiens guyanais ». Là, on se dit :  Le mec, il a dû passer son temps en Guyane à regarder des films X dans sa chambre d’hôtel. Ou alors, c’est un obsédé sexuel ! Parce qu’en Guyane, les indiens ne portent pas d’étuis péniens, ( ou alors, on l’espère, des capotes quand ils baisent) , ils portent le kalinbé, un pagne, souvent de couleur rouge, et dessous ils n’ont rien, comme on a rien sous un slip ou un bermuda.
Lui, il y a vu des étuis péniens. Peut-être a-t-il été fasciné par la bandaison des sexes des indiens. Mais il aurait pu se renseigner !
Ce n’est pas anecdotique. Comme pour les auteurs/réalisateurs de la série d’Arte.
Parce qu’en Guyane, tout, ou en tout cas presque tout, a été étudié. Par des sociologues, des ethnologues, des anthropologues, des géographes, des scientifiques ; Sur les indiens, on peut lire les travaux de Pierre et Françoise Grenand sur les Oyampis, et sur les Wayanas et les tribus « noirs réfugiés », les travaux de Jean Hurault, ou de Arthur Othily de l’ORSTOM. Et même, vous savez quoi, on peut écouter ce que disent ces indiens ou ces djukas, ou bonis qui ont fait des études, ont passé le bac, ou même fait Sciences Po’. C’est dingue, non ? Evidemment moins exotiques que les fantasmes des européens sur la jungle !
Comme on dit, en créole – guyanais – Tout’ jé a jé, mè fout roun bwa an tchou makak, a pa jé.
En gros, cela veut dire. C’est drôle un moment, mais ensuite, y’a des limites à l’enculage !
Les vrais problèmes de la Guyane, ce n’est pas la magie noire.
Hélas !

La légion a sauté sur Saint-Martin. Et après ?

Après le temps de la compassion et de la légion, quel avenir pour Saint-Martin ? 
Ça y est: 150 légionnaires de Guyane ont été « projetés » à Saint-Martin.
Ils rejoignent 1500 hommes, pompiers, gendarmes, GIGN. En attendant le Tonnerre, parti de Toulon avec 1 000 tonnes de matériel, etc.
Tout cela pour 35 000 habitants. Ne parlons pas des 7000 habitants de Saint-Barth, les maisons de milliardaires ayant mieux résisté – tiens comme c’est bizarre – que les cases en tôles de Sandy ground.
Certes, cette aide est indispensable pour les sinistrés de toutes ces îles – car il n’y a pas eu que Saint-Martin – qui ont été ravagées par le cyclone Irma. Ils ont vécu des heures épouvantables, dont nous n’avons en Europe aucune idée. Des rafales de vent de plus de 300 km/h… La végétation hachée menue, comme passée aux lance-flammes, des vies entières noyées sous des trombes d’eau.
Mais Saint-Martin était déjà sinistrée avant le passage du cyclone. Derrière une vitrine de bronze-culs pour touristes, c’était prostitution, trafics en tout genre, bidonvilles, immigration clandestine. Un quart de la population au RSA, contre 7 % en Ile-de-France. Une délinquance et une violence terribles: 3,5 vols avec armes pour 1 000 habitants contre 0,6 en métropole.
En Guyane, 1500 kilomètres plus au sud, il n’y a ni cyclone, ni tremblement de terre, ni volcan. Pourtant la situation des 250 000 guyanais est souvent pire que celle des habitants de Saint-Martin.
On ne pourra jamais éviter les colères de la nature. Mais elles frappent d’abord les plus pauvres. En 2010, le tremblement de terre en Haïti avait fait 300 000 morts. En 2016, un séisme de même magnitude au Japon a fait … 50 victimes.
Ce ne sont pas que des maisons qu’Irma a fait voler en éclat, mais l’illusion d’un développement de l’Outre-Mer français. Et l’on ne voit pas pourquoi cela changerait. En dehors du tourisme pour les Antilles, d’Ariane et de l’or pour la Guyane, quoi ? Un avenir fait de chômage, d’aides sociales et de subventions ? Il faudrait un vrai projet…

Tristes tropiques. 

Dangereux en France, mais bon pour la Guyane: La méga-mine Montagne d’or

Imaginerait-on Nicolas Hulot autoriser un tel projet en métropole ? 
« Montagne d’or » : Rien que le nom, ça fait rêver. 
Et il y a de quoi car les chiffres donnés par le consortium russo-canadien pour démarrer l’exploitation d’une méga-mine d’or à 150 kilomètres à l’intérieur de la forêt guyanaise donnent le tournis.
Il s’agirait du plus grand projet minier en France: 6,7 tonnes d’or extraits sur 12 ans à partir de 2022. Au prix du marché 3 milliards d’euros, avec toutes les retombées fiscales que l’on imagine. Ca c’est côté pile. 
Côté face, ce sont les retombées « spatiales et écologiques » qui seraient d’une ampleur inconnue. Dixit une note interministérielle obtenue par l’AFP et citée par le Monde.
En clair: Creusement d’une fosse de 2,5 kilomètres de long, 500 mètres de large, 400 mètres de profondeur, deux collines de déchets de plus de 100 mètres de haut, et surtout un lac de retenue pour 54 millions de tonnes de boues polluées au cyanure.
Bien sûr les investisseurs garantissent toutes les protections imaginables, après leur passage tout sera reforesté, ce sera même plus beau qu’avant, avec en prime des centaines d’emplois créés.
Mais si à Paris on a la mémoire courte, en Guyane on sait que cela fait 500 ans que les européens fantasment sur l’Amazonie où les conquistadors situaient le fameux Eldorado qu’ils n’ont jamais trouvé. L’histoire du pays est celui d’une succession de projets mirobolants qui se sont tous cassés la figure.
En théorie, la moitié sud de la Guyane a été classée Parc national d’Amazonie*. Seules les populations tribales amérindiennes et bushinengé peuvent y vivre librement sur leurs terres coutumières.
La réalité est toute autre, liée à l’or justement. Des milliers de clandestins, venus surtout du Brésil, pratiquent l’orpaillage sauvage, détruisant la forêt, et surtout polluant au mercure les « criques », les ruisseaux en amont des rivières. Main d’œuvre misérable, ils ont importé une violence inconnue jusque là.
Là où il y a 30 ans encore, l’on pouvait boire, se laver, jouer, pêcher dans l’eau, le mercure s’est infiltré partout, dans la chaîne alimentaire et les poissons sont devenus poison.
L’emploi ? – Dans un département où le taux de chômage des jeunes est de … Non il vaudrait mieux parler du taux d’emploi des jeunes: 25 %, 30 % ? à peine  quel chantage et quelle plaisanterie ! La construction du centre spatial de Kourou, du barrage de Petit-Saut, des routes, des ponts, des lotissements immobiliers a surtout attiré une main d’œuvre du Brésil, de Guyana, d’Haïti, par dizaines de milliers. Parce que même clandestins et exploités, les conditions de travail et de vie en Guyane sont sans comparaison par rapport à leurs pays d’origine.
Sur ce plan, c’est vrai, la Guyane est un vrai Eldorado.
Alors, en France, pardon en métropole, on bloque la construction de centre de vacances pour protéger quelques hectares de zone humide à Roybon en Isère, on campe sur le tracé des pistes d’un futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes, on interdit les recherches de gaz de schiste par fracturation en Ardèche, mais protéger ce qui fait la vraie richesse de la Guyane, son biotope qui est un des derniers d’Amérique Latine, du monde ? a être intact, là il n’y a plus personne. Emmanuel Macron, ministre, s’était prononcé pour ce projet. Quant à Nicolas Hulot… C’est silence radio. Ushuaia ne répond plus !
Une pétition a été lancée, contre ce projet de méga-mine. Mais on en parle beaucoup moins que du statut de Brigitte Macron. C’est bien dommage, mais pas étonnant: La Guyane, loin des yeux, loin du cœur.

* Le Parc amazonien de Guyane :

Pétition :
Le projet présenté sur Youtube par la société russe Norgold : https://youtu.be/FUIE1Lbf9vg

Relire Félix Eboué, le premier à avoir rallié De Gaulle en 1940

Imaginerait-on De Gaulle ou Félix Eboué voter Le Pen ?
Il y aura bientôt 80 ans, le 1 juillet 1937, Félix Eboué, premier noir, gouverneur général de la Guadeloupe prononçait un discours à la jeunesse, intitulé « Jouer le jeu » et dont voici quelques extraits :
« A cette jeunesse que l’on sent inquiète, si incertaine devant les misères de ces temps qui sont les misères de tous les temps ; à cette jeunesse, devant les soucis matériels à conjuguer ; à cette jeunesse dont on veut de part et d’autre, exploiter les inquiétudes pour l’embrigader (…)N’ai-je pas pour obligation de lui dire ; ne te laisse pas embrigader… Jouez le jeu !
Jouer le jeu, c’est être désintéressé.
Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés, tous les préjugés, et apprendre à baser l’échelle des valeurs uniquement sur les critères de l’esprit. Et c’est se juger, soi et les autres, d’après cette gamme de valeurs. (…)
Jouer le jeu, c’est savoir tirer son chapeau devant les authentiques valeurs qui s’imposent par la qualité de l’esprit et faire un pied de nez aux pédants et aux attardés.
Jouer le jeu, c’est accepter la décision de l’arbitre que vous avez choisi ou que le libre jeu des institutions vous a imposé.
Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.
Jouer le jeu, c’est respecter nos valeurs nationales, les aimer, les servir avec passion, avec intelligence, vivre et mourir pour elles, tout en admettant qu’au delà de nos frontières, d’authentiques valeurs sont également dignes de notre estime, de notre respect. C’est se pénétrer de cette vérité profonde: “Tu sauras, autant qu’il est donné à l’homme, que la nature est partout la même..” et comprendre alors que tous les hommes sont frères et relèvent de notre amour et de notre pitié. (…)
En juin 1940, Félix Eboué a été le premier gouverneur à rallier De Gaulle, faisant basculer l’Afrique Equatoriale dans son camp. C’est lui qui recrutera les premiers soldats de la France Libre en Afrique. De Gaulle le nomma premier Compagnon de la Libération. En 1949, ses cendres furent transférées au Panthéon, le premier noir dont la mémoire a été ainsi honorée sous l’inscription: « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». Imaginerait-on De Gaulle ou Félix Eboué voter Le Pen ?

On pourrait pas voter plus vite ?

Y-a-t-il encore un pilote dans l’avion France ? 
Plus que 20 jours jusqu’aux élections. Quel supplice ! Le printemps affiche des températures d’été et pourtant nous sommes en plein brouillard. Qui seront les deux « heureux » élus qualifiés pour le second tour ? Les unes et les autres s’y voient déjà. Certains font appel aux comparaisons sportives, promettant une remontada et annonçant des votes cachés. D’autres comptent sur l’arbitrage vidéo et le ou les débats télévisés. A 11… Ça va pas nous aider à y voir plus clair.
Le suspens est donc insoutenable, d’autant plus que les problèmes eux paraissent s’accumuler.
Prenez la Guyane. Qui pouvait penser que cinquante ans d’incuries pourraient être amendés par 50 heures de discussions ? Donc les ministres rentrent à Paris – il faut bien qu’ils préparent leurs cartons de déménagement – et sur place c’est toujours la grève générale. Mais pas sûr que les prochains jours soient aussi fraternels et pacifiques que ces dernières semaines. Et puis qui à Paris a aujourd’hui la légitimité et la durée nécessaires pour décider quoi que ce soit de sérieux donc de couteux pour la Guyane ?
C’est la même chose avec les prisons. Qui à force d’être au bord de l’implosion, vont bien finir par exploser. Et puis il y a le terrorisme. Pourvu que nous soyons bien gardés. Il y a la création d’emplois. Baisse ou pas des charges ? Et quid de la fiscalité ? Et de nos retraites ? Et de l’assurance-maladie ? Et de l’hôpital public ? Et des prothèses dentaires ?
Et les canards du sud-ouest ? Et les fraises espagnoles. ? Et l’Europe dans tout ça ?
3 semaines encore à attendre. Puis voter une deuxième fois 15 jours après. Puis à nouveau voter deux fois pour les législatives. Et quand on pense que certain/e/s voudraient qu’en plus on revote pour des référendums.
Nous sommes bloqués jusqu’à la mi-juin. Ensuite les congés-payés partiront en congés.
Nous serions des ours en hiver, on appellerait cela hibernation. Ce printemps, en France, on appelle ça élections. Avec un réveil en septembre.  

Nous vivons une e-poque formidable.

Allo Paris, ici Cayenne. Nous avons un problème.

Ségolène Royal face aux 500 frères guyanais contre l’insécurité
Jusque là tout allait mal. Mais personne ou presque ne s’en souciait.
Il faut dire que si on vous dit Guyane, vous répondez : Euh … Le Bagne ? Euh…  Ariane, les fusées ? Euh…ah ! oui, Christiane Taubira. En oubliant que celle-ci a été battue deux fois aux élections pour la mairie de Cayenne, plus une dernière défaite aux régionales de 2011. Mais nul n’est prophète en son pays. Surtout en Guyane.
La Guyane était un bon pays, un bout de forêt amazonienne où contrairement aux clichés de l’île du diable et de Papillon, il faisait bon vivre, le long de ses fleuves et de ses rivages immenses.
Mais en 30 ans, elle a littéralement explosé. Pire qu’un lancement raté d’Ariane. Passant de 50 000 habitants à 200 000 habitants. C’est comme si la France avait dû intégrer 150 millions de personnes ! Les communes, les collectivités territoriales sont dépassées par des charges qu’elles ne peuvent financer. Ecoles où 90 % des enfants ne parlent pas français ni créole. Hôpitaux où 90 % des femmes qui viennent accoucher sont brésiliennes, surinamiennes ou de Guyana. Il suffit de traverser un fleuve au milieu de la forêt pour se retrouver en France. Alors…
Et puis il y a la violence, qui s’est développée en quelques années seulement, et qui atteint des niveaux inimaginables, insupportables, 13 fois plus élevés qu’en métropole. Police, gendarmerie, légion multiplient les opérations coups de poing, augmentent leurs effectifs, mais rien n’y fait. Les autorités paraissent dépassées face aux clandestins brésiliens ou surinamiens qui viennent exploiter illégalement l’or dans l’intérieur de la Guyane, bousculant les populations tribales, polluant au mercure les rivières. Les mafias de tout poil ont transformé Cayenne en plaque tournante du trafic de drogue, les habitants s’enferment aujourd’hui derrière des grilles et la vente de Doberman fait fureur. La liste des plaies qui se sont abattues sur la Guyane semble infinie et la situation sans solution. En tout cas, aucune – sérieuse, durable – n’a été proposée, tentée par Paris.
C’est pour cela que le mouvement qui paralyse la Guyane, est plus que sérieux. Il est désespéré. Il a commencé par des actions coups de main des « 500 frères », un collectif qui proteste contre la délinquance. Il s’est amplifié parce que les autorités françaises ont tapé la fuite. Comme Ségolène Royal venue présider une Conférence internationale sur … la protection du milieu marin de la région caraïbe. Des « frères » en cagoule ont fait irruption en pleine conférence sous les yeux médusés de délégués venus des Etats-Unis, des Bahamas ou du Brésil pour réclamer à la Ministre que le gouvernement intervienne contre la violence.
Mais la Ministre s’est dépêchée de rejoindre la Guadeloupe puis les Etats-Unis où elle se place pour devenir la future Directeur du P.N.U.D.
Paris a décidé d’envoyer une délégation interministérielle mais sans aucun ministre, même pas celle de l’Outre-Mer, qui depuis Paris, a lancé un appel au calme. La ministre de l’Outre-Mer ? Ericka Bareigts. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal, c’est une illustre inconnue, dont le choix montre bien l’importance que la France accorde à l’Outre-Mer. En d’autres temps, on aurait dépêché un ministre, voire un Premier ministre. Mais là, l’envoi de cette sous-délégation a été vécu comme un affront par les guyanais qui se sentent totalement abandonnés par Paris. Aujourd’hui le mouvement s’est transformé en grève générale. Bravo, bien joué !
Oh ! bien sûr, une solution va être trouvée très vite. Car le blocage des routes, des ports, des commerces cloue au sol le lanceur Ariane. Et chaque lancement annulé, ce sont des centaines des millions d’euros qui partent en fumée.
Mais ce ne sera qu’un pansement sur un grand corps malade, le temps de tenir jusqu’aux élections et de repasser la patate chaude aux suivants. Qui feront quoi ? Que proposent les candidats aux Guyanais, si ce ne sont de belles paroles ? Quel projet pour la Guyane et ses 50 % de jeunes, dont beaucoup sont au chômage ? Même les politiques guyanais n’ont pas de réponse.
Et pourtant la Guyane était un bon pays. Mais ça, c’était avant…

Nous vivons une e-poque formidable.
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