Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : HEC

Le CAC 40 perd sa seule femme: Balance ton quoi ?

 

Victime du sexisme, Isabelle Kocher ? 

Le CAC 40 n’a plus de patronne, titrent les médias, avec l’éviction d’Isabelle Kocher de la direction générale de la société Engie. 
Comme elle était la seule femme du CAC 40, c’est-à-dire à la tête d’une des 40 plus importantes entreprises françaises, ça la fout mal. 
Mais a-t-elle été virée parce que c’est une femme, ou parce que sa gestion ne faisait pas l’affaire ? Faut-il crier au loup (ou plutôt aux porcs) comme Yannick Jadot, Xavier Bertrand, Anne Hidalgo, Cédric Villani qui prennent sa défense ? Il semble que son bilan soit mitigé.
En 1973, la grande école HEC ouvrait son concours pour la première fois aux femmes : 27 étudiantes reçues sur une promotion de 210 personnes. La « major » (la première) de la promo, une femme : Florence Cayla. 
HEC s’ouvrait aux femmes un an après Polytechnique, où au concours 1972, c’est également une femme qui avait été reçue major ! (entre parenthèses, Polytechnique s’ouvrait aux femmes près d’un siècle après qu’un noir y soit reçu : Camille Mortenol, fils d’esclaves de Guadeloupe, reçu 19 ème au concours de 1880 : Polytechnique moins « raciste » que « sexiste » ?).
Aujourd’hui près de la moitié des reçus à chaque concours sont des femmes. Mais dix, vingt, trente ans après où sont passées les femmes ? Dans les vrais postes de direction, leur nombre fond plus vite encore que la banquise du Groenland. 
Si au gouvernement, Emmanuel Macron a, à peu près, appliqué la parité, ce n’est plus du tout le cas dans les équipes ministérielles. Et à l’Élysée : combien de conseillères ? 
Pour en revenir au CAC 40, il se dit que Isabelle Kocher serait remplacée par une femme. Est-ce une bonne nouvelle. Ce n’est pas une femme qu’il faudrait à la tête des plus grandes entreprises françaises, mais 10, 20, 30. L’égalité femme-homme ne sera plus un problème, le jour où l’on ne se posera même plus la question de combien sont-elles ? Où l’on ne se demandera plus : A-t-elle été nommée parce que c’était la meilleure personne pour ce poste, ou bien parce que c’était une femme ? 
Y-a-encore du boulot !

HEC-Polytechnique : Cherchez la femme !

Le 21 février dernier, HEC-Polytechnique: Cherchez la femme !
C’est une très belle photo, celle publiée avec fierté par les plus grandes écoles françaises. HEC – Polytechnique (avec les 5 écoles fondatrices de l’Institut Polytechnique) signent une convention de coopération, première étape en vue de la création d’une ambitieuse alliance académique pluridisciplinaire dans les domaines de la Technologie et de l’Innovation Business. (sic)
En gros la crème de la crème des écoles qui forment les businessmen et les ingénieurs de demain, regroupe ses forces pour défendre la place de la filière France face aux universités américaines, anglaises, chinoises. Cocorico !
Rien ne vous choque sur la photo ? Vous ne voyez pas au moins un oubli, des absents? Des absentes ? Pas une femme ! A la tête de la crème de la crème des grandes écoles françaises, pas une seule femme.
En 1975, Polytechnique ouvrait ses portes aux femmes, près d’un siècle après que le premier noir n’y soit admis : Camille Mortenol, guadeloupéen, remarqué par le Président Mac Mahon qui surpris de voir un « homme de couleur » dans la promotion d’élèves qu’il passait en revue, lui lança: Ah ! C’est vous qui êtes le nègre ? C’est très bien continuez !Il est vrai que dans l’argot de Polytechnique de l’époque être le nègre , c’était être le major de la promo. 
Donc en 1975, les premières femmes à Polytechnique, dont la major, Anne Chopinet, puis en 1976 à HEC, où comme à Polytechnique un an avant, le major était une major, Florence Cayla, même si la promotion comptait moins d’une vingtaine de femmes. On pouvait avoir de l’espoir.
Aujourd’hui les femmes représentent la moitié de chaque promo. Comment se fait-il donc qu’elles s’évaporent dans l’accès aux postes de direction ? Dans les conseils d’administration des entreprises, on les savait sous-représentées, mais quand les universités ou les grandes écoles chargées de former les générations futures, ne montrent elles-mêmes pas l’exemple, on se dit que décidemment, même si on ne change pas la société par décret (comme l’écrivait Crozier, lui-même HEC), on ne pourra sans doute pas faire l’économie de lois pour faire bouger les lignes. Egalité femmes-hommes, la mère de toutes les autres inégalités !

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