Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : insoumis

Les chantiers STX nationalisés : L’Europa non si farà da se ?

 

L’invasion de l’économie vue par la presse italienne: Il ne manque plus que Napoléon !


L’Italie, le pays dont nous sommes sans doute le plus proche, notre sœur latine, notre partenaire de toujours dans la construction de l’Europe moderne après le Traité de Rome, l’Italie est amère et elle a de quoi.
Quand il s’agit de Vivendi qui lance un raid sur Telecom Italia, le débarquement annoncé de Free, la domination de Carrefour ou d’Auchan, l’invasion du secteur bancaire ou de l’assurance et puis, emblématique, tous les grands noms du « Made in Italy » qui tombent dans l’escarcelle de Bernard Arnault ou de François Pinault: Gucci, Balenciaga, Fendi, Berluti, Bulgari, nous trouvons cela normal.
Mais lorsqu’une entreprise italienne, leader dans son secteur, veut prendre le contrôle des chantiers de Saint-Nazaire, la France sort sa bombe atomique et nationalise. Ce qui montre à nos amis italiens, qu’on adore leur cuisine, qu’on adore le week-end à Rome ou à Venise, mais que pour le reste, nous ne leur faisons pas confiance.
Dans le même temps, un des fleurons de la diffusion de la culture française, la FNAC est vendue à un des géants allemands de la distribution. Mais l’on entend personne, de la droite libérale aux insoumis, s’inquiéter: « Danke Patron ! ».
Indignations sélectives.
L’Italie avait un cri de ralliement au moment de son unification menée notamment par Garibaldi, un niçois : L’Italia farà da se, L’Italie se fera toute seule. On sait ce qu’il en a été car même si l’unité italienne a bien été conquise, l’Italie a fonctionné de manière boiteuse jusqu’à ce naufrage qu’ont été le fascisme, Mussolini, la guerre.
Emmanuel Macron avait affiché sa volonté de faire avancer l’intégration, notamment économique, de l’Europe. Mais l’Europe non si farà da se. L’Europe ne se fera pas d’elle-même. Les déclarations de bonne volonté ne suffisent pas, c’est comme en amour, il faut aussi des preuves. Il faut une politique.
Les chantiers STX en étaient l’occasion. Ratée.

Insoumis de Mélenchon: A Caracas, les gens ne vous disent pas merci !

A Caracas les gens aimeraient bien pouvoir révoquer le Président

« Le chemin qui est pris est celui du coup de force » :
Il y a bien un pays où cette dénonciation de Jean-Luc Mélenchon prend tout son sens. Un pays où l’Assemblée est attaquée par des bandes au service du pouvoir, où le Président refuse tout référendum révocatoire, où les opposants paient de leurs vies, par dizaines, leur volonté de ne pas se soumettre. Ce pays c’est le Vénézuela.
Jean-Luc Mélenchon – qui apparemment a été bouleversifié par ses voyages dans ce pays d’Amérique Latine – revolución-cumbia-mojito– y voyait un exemple, la troisième voie, anticapitaliste, socialiste, celle qu’il nous propose également pour la France.
Mais en fait de 3 ème voie, les gouvernements d’Hugo Chavez d’abord, Nicolas Maduro aujourd’hui ont déconstruit tout ce qui avait fait du Vénézuela un des pays les plus riches d’Amérique Latine, l’un des plus démocratiques aussi, malgré les inégalités, malgré la corruption. Du temps des dictatures en Argentine, au Brésil, au Chili, Caracas était le refuge de beaucoup d’exilés politiques.
Aujourd’hui, c’est le mouvement inverse: Les richesses nationales, le pétrole, ont été dilapidées avec démagogie et aveuglement idéologique. Les caisses sont vides mais la répression fait le plein. Et « les gens »pour reprendre les mots de Jean-Luc Mélenchon votent avec leurs pieds. Les cadres de l’industrie pétrolière nationale sont partis, les classes moyennes tentent d’émigrer. Quant aux plus pauvres, ils sont des milliers tous les jours à passer par les postes frontières de Colombie, comme à Cúcuta, pour essayer d’y vendre, qui une chaine en or, qui ses cheveux, qui son corps, contre des médicaments, du papier toilette, du riz.
Que Mélenchon ne reconnaisse même pas qu’il s’est trompé et que ces gouvernements révolutionnaires ne sont que tromperies, cela insulte les gens qui là-bas au Venezuela paient de leurs vies, le fait d’être insoumis.

Election Emmanuel Macron: Mauvais perdants.

Contester dans la rue le résultat des urnes.
Emmanuel Macron a donc été élu Président avec plus de 66 % des voix. Mais l’extrême-droite comme l’extrême-gauche contestent déjà l’importance de cette victoire.
Il y a ceux qui mettent en avant les 10 millions et demi d’électeurs qui ont voté Le Pen. Et il est vrai que c’est énorme, trop. Pourtant l’argument du FN, premier parti de France tombe à l’eau. Dans beaucoup de villes ou de départements que l’on croyait acquis au FN, Béziers, Mantes, Hayange, le 7 ème secteur de Marseille, Emmanuel Macron bat Marine Le Pen. Un recul pour lequel le FN a une explication toute trouvée, l’impact d’une « caste médiatique puissante » qui serait pro-Macron. En oubliant que pour la première fois, ce sont les réseaux sociaux qui ont fait le débat plus que les medias traditionnels. Et là on sait que l’extrême-droite n’a pas été avare de « fake news ».
Pour les insoumis Emmanuel Macron n’est pas majoritaire. Le raisonnement : Son programme n’est soutenu que par 24 % des français, son score du premier tour. Et 1/3 des électeurs ne sont pas allés voter ou ont voté blanc ou nul. Mais en démocratie la majorité c’est mathématique : 50 % plus 1 voix.
On ne peut pas saluer l’élection de Trump aux Etats-Unis en oubliant qu’il l’a été avec 3 millions de voix de moins que Clinton, et que le taux d’abstention a été de plus de 45 %. Ou vanter le Brexit, alors qu’il n’a pas été approuvé par une majorité de britanniques : 51,9 % mais une abstention de plus de 28 %.
En Allemagne, Angela Merkel a emporté les dernières élections de 2013. Et pourtant son parti n’a obtenu que 41 % des suffrages, avec une abstention de près de 30 %.
En Espagne, Podemos, ami des insoumis de Jean-Luc Mélenchon n’a obtenu que 22 % des suffrages. Il a surtout provoqué un an de blocage gouvernemental suivi de nouvelles élections dont il est à nouveau sorti perdant.
Gageons qu’au soir du 4 ème tour de ces élections, le 18 juin, si En Marche gagne une majorité de sièges à l’Assemblée Nationale, ces mêmes mauvais perdants trouveront encore des arguments pour contester sa légitimité.

Et appellerons à un 5 ème tour. Et là on sait ce que cela veut dire, la contestation dans la rue, imposer à la majorité la loi de la minorité. Et l’on s’en rendra compte rapidement à Notre-Dame des Landes, ou avec de nouvelles « nuits debout » contre les réformes du code du travail.

Présidentielles 2017 : Pourquoi tant de haine ?

Pourquoi tant de haine et de violences dans notre société ? 
Haine. Pour François Ruffin publié dans le Monde, Emmanuel Macron est un futur président déjà haï. Parce qu’il serait sourd à la colère du peuple.
Colère. C’est ainsi que Marine Le Pen explique sa prestation télévisée où elle aurait été « la voix du peuple ».
Mais c’est quoi, c’est qui le peuple ?
Nuit debout, insoumis, zadistes, sont-ils le peuple ?
Faut-il être ouvrier ou paysan pour être le peuple ? Mais la grande majorité d’entre nous, sommes caissiers en supermarché, infirmières, assistants de vie, chargés de clientèles, opérateurs en call-centers, auto-entrepreneurs ou chômeurs. Sommes-nous moins peuple ?
En quoi, les « jeunes » ( et moins jeunes ) qui squattent la Place de la République ou Notre-Dame des Landes sont-ils le peuple ? Est-ce notre ras-le-bol, celui des banlieusards auxquels on annonce que pour la xième fois que le RER B est en panne qu’expriment ces individus, casqués, armés, prêts à transformer les policiers en « poulets grillés »?
Ils justifient leur violence comme une contre-violence, contre la première des violences celle de l’Etat. Minoritaires, ils refusent la loi de la majorité, base de nos démocraties.
Ce n’est pas nouveau.
C’est vieux comme Marx, Proudhon et Bakounine. C’est vieux comme Ravachol, comme Henry et l’attentat du Café Terminus. Comme Auguste Vaillant qui lança une bombe en pleine Assemblée Nationale en 1893, ou l’anarchiste italien Caserio qui assassina le Président Sadi Carnot à Lyon en 1894.
Dans les Justes, Albert Camus qui met en scène les débats et les doutes entre anarchistes qui commettent un attentat, fait dire à l’un d’entre eux Kaliayev : «J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie, non sur un homme
A cette justification de la violence, à ce refus de l’autorité de l’Etat, à cette instrumentalisation de la colère du peuple, Emmanuel Macron veut opposer la raison, la négociation.

Cela risque d’être compliqué.

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