Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Ligue

Malheur aux barbus ! De Furax à Matteo Salvini.

Quelle est la signification de la barbe de Matteo Salvini ?
C’est dingue mais en quelques années la barbe a envahi les visages de la plupart des mâles de nos pays. Prenez une terrasse de café, un wagon de train, une équipe de foot, un clip de rappeurs, les glabres se comptent sur les doigts d’une seule main !
Encore tout récemment la barbe se portait plus chez les hidalgos (Pas Anne, bien sûr ! D’ailleurs les femmes n’ont pas de barbe ou alors si ma tante en avait ce serait mon oncle, enfin, non, aujourd’hui on ne peut plus blaguer comme ça, et d’ailleurs n’est-ce pas pour affirmer leur virilité à une époque où beaucoup d’hommes se demandent ce que cela veut encore dire, que de tant de mâles se barbent ?).
Mais la barbe hispanique n’est pas non plus la barbe des barbus, entendez des barbus islami (qu) stes. Qui elle aussi semble s’être multipliée. L’extension du domaine de la barbe est-elle pour autant un signe de l’expansion du salafisme ou de la religiosité ? Pas sûr : N’golo Kanté est musulman pratiquant tout en étant glabre alors qu’Olivier Giroud cultive une barbe qui fait la fortune des barbiers à la mode. 
Bien sûr, se mettre à porter la barbe n’est pas une décision neutre et il faudrait remonter au moins à la petite enfance voire même avant (?) pour en comprendre les origines, mais il y a des cas qui sont évidents, pour lesquels il n’est pas besoin d’avoir recours aux cellules d’aide psychologique.
En politique, par exemple, est-ce un hasard si début 2016 Emmanuel Macron avait essayé la barbe, enfin celle de 3 jours, la plus difficile à entretenir ? Quelques semaines plus tard, il se mettait En Marche. Eh ! oui, Hollande aurait dû se méfier de ce barbu d’un jour. D’ailleurs dans sa stratégie pour tenter de redevenir un candidat providentiel, l’ancien Président ne devrait-il pas tenter la barbe ? C’est ce qu’a fait son ancien Premier Ministre, Manuel Valls, mais pas sûr que cela lui attire les votes des catalans pour une éventuelle candidature à la mairie de Barcelone. 
En revanche il y en a un auquel la barbe a réussi, c’est Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite italienne, nouvel homme fort du gouvernement de nos amis, forcément amis, italiens. On ne peut pas le soupçonner de salafisme, ou alors il pratique la taqîya, cet art de la dissimulation préconisée par les mouvements terroristes, avec un tel talent que l’on pourrait le prendre pour un …fasciste. A méditer quand même car en matière de dissimulation et d’hypocrisie, il vient d’être pris la main dans le gâteau, faisant la fête le soir même de la catastrophe du viaduc de Gênes au milieu d’amis de son parti en Sicile. 
Et puis les modes passent aussi vite qu’elles sont arrivées. Ainsi les barbes, dans les années 50 (1950), avaient déjà eu leur moment de gloire avec « Malheur aux barbus » du génial feuilleton radiophonique « Signé Furax », de Pierre Dac et Francis Blanche. Une série que l’on peut (re) découvrir – beaucoup d’entre nous n’ayant pas eu la chance de l’avoir suivie à l’époque – grâce aux podcasts de France Culture (*). Le pitch : un horrible criminel nommé Furax s’en prend aux barbus qu’ils enlèvent par centaines. Les inspecteurs Black et White mènent l’enquête. Et puis les poils ont disparu pour laisser la place aux glabres épilés.
Malheur aux barbus. Les démagos devraient aussi y réfléchir, car après le flux viendra le reflux lorsque nous serons confrontés aux réalités des lendemains où l’on ne rase pas gratuit. 
En Grande-Bretagne où le Brexit paraît tellement mal emmanché que ses plus grands défenseurs comme le milliardaire Jim Ratcliffe, prennent la poudre d’escampette jusqu’à Monaco. 
En Pologne ou en Hongrie, qui vont rapidement devoir se souvenir que leur formidable modernisation en 30 ans est due avant tout aux transferts européens.
En Italie qui perd 200 000 habitants chaque année, et où la population en âge de travailler baisse dangereusement. Dans 20 ans, il risque de ne plus y avoir suffisamment de barbieri pour raser la barbe des barbus italiens. 
Sarà finita la commedia!
(*) Signé Furax sur France Culture :
  

L’Italie est-elle en train de mourir ? Derrière les dernières élections, un pays qui a peur de disparaître.

Le plus bel endroit pour attendre la fin du monde ? 
Pour la première fois depuis 1919, l’Italie perd de la population. En 1946, les Italiennes donnaient le jour à trois enfants. L’an dernier, la moyenne est tombée à 1,34 enfant. Près d’un Italien sur quatre a plus de 65 ans et l’âge moyen dépasse désormais 45 ans.
La péninsule était déjà le pays le plus vieux d’Europe. Elle perd désormais 400 habitants par jour. Chaque année l’équivalent de villes comme Nîmes ou Caen qui disparait. 
Ce qui a évidemment des conséquences économiques. Ces vingt dernières années, l’Italie a perdu un travailleur sur trois âgé de 25 à 34 ans.
Et la crise entraînant la crise, les jeunes diplômés s’en vont… 
Jusque-là, l’immigration pouvait compenser le déficit de naissances. Mais c’est terminé et depuis 3 ans, plus de 250 000 étrangers ont ainsi quitté le pays. 
Les images de bateaux de migrants débarquant à Lampedusa ne correspondent pas à la réalité de l’immigration. C’est vers l’Europe du Nord que veulent aller les migrants. 
Malgré cette bombe démographique qui fait plus de morts que l’éruption du Vésuve à Pompéi, les électeurs italiens ont voté pour des partis, dont l’un, la Ligue, affirme vouloir expulser 500 000 immigrés, et l’autre, le Mouvement 5 étoiles, annonce qu’il va baisser l’âge du départ à la retraite. 
Paroles, paroles, paroles. Au rythme actuel, les italiens vont peut-être se retrouver entre eux, mais tout vieux, sans plus personne pour payer leurs retraites, ni pour les torcher et les aider à manger leurs compotes. 
Vieillissante, peut-être mourante, et en même temps… l’Italie reste, comme Fellini le faisait dire à un de ses acteurs dans Roma à propos dela ville éternelle: « L’endroit rêvé pour attendre la fin du monde »

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