Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Lyon

Pour la défense de la quenelle ?

Ceci sont de vraies quenelles !
C’est très choquant : la quenelle est aujourd’hui assimilée à un geste raciste, négationniste, d’une grossièreté sans nom, puisqu’apparemment, elle signifie : « je vous le mets bien profond » encore une démonstration de l’obsession de la sodomie (voire plus) chez une partie des mâles. 
Mais comment en est-on arrivé là ? Entre Dombes et Saône, Bresse et Rhône, on sait bien que la quenelle, la vraie, est un plat d’une exquise finesse, volailles de Bresse, écrevisses des étangs de la Dombes, sauce Nantua, des soufflets d’une légèreté sans pareil, dont la cuisson ne supporte aucun à peu près, au four juste à la bonne température, juste la durée qu’il faut, et alors lorsque ce mets que la terre entière nous envie, se met à gonfler, à doubler de taille, il faut vite le servir pour qu’il soit dégusté encore gonflé. On sait cela à Lyon depuis les mères Brazier ou Charles ( à Mionnay), depuis le Paul ( Bocuse) et puis un peu partout dans la région où la seule vraie noblesse, est celle des petits pois, celle des charcutiers, des traiteurs, des pâtissiers, des cuisiniers. 
Déjà qu’ils nous avaient fait un mauvais coup avec l’obligation de manger des « quenelles » en conserve dans les cantines scolaires. Je mets le terme entre guillemets, car ces plats ont autant à voir avec les quenelles, que les choucroutes servies également dans ces mêmes cantines avec les vraies choucroutes. Du coup, ce sont des générations de français qui ont été écoeurés par les quenelles, les assimilant à un plat dégueulasse. 
Et maintenant ça, ce geste ? Et ça fait rire certains ? Ça donne plutôt envie de pleurer. Comment se fait-il qu’à l’heure de balance ton porc il n’existe pas #balancetaquenelle ? Les quenelles ne sont-elles pas une recette déposée ? Il faudrait qu’elles soient inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour éviter ces détournements et ces contrefaçons. 
Allez vite une pétition, ou même un référendum. Pour la défense et l’illustration des vraies quenelles, exemple culinaire du vrai savoir-faire lyonnais et de la tradition française.

Mon déjeuner avec Monsieur Paul !

Monsieur Paul: No comment ! 
Jeune étudiant, j’avais choisi de rédiger un mémoire sur la gestion des PME de luxe, avec l’exemple des restaurants 3 étoiles. 
J’appelle le restaurant Paul Bocuse à Collonges, recommandé par des amis communs. C’était un samedi et on me donne rendez-vous vers 14 heures. J’arrive à Collonges. Il m’accueille. Un géant qui vous broie la main. Il me dit qu’il a encore à faire en cuisine et me demande « Tu as déjeuné ? ». Que peut-on répondre à Paul Bocuse qui vous demande si vous avez déjeuné ? J’avais déjeuné mais évidemment j’ai répondu non. Il appelle un garçon. «Installe le gamin à cette table, et tu lui fais goûter un peu de tout . Et sers le bien !». Ce fût… pas racontable, d’autant que vers 15 heures, le voilà, il s’installe, vérifie que je « casse bien la croûte », et nous commençons à discuter.
Et là – nous sommes en 1974 – il me déroule tous ses projets, toutes ses prémonitions. Ses brasseries, sa conquête du monde, Institut Paul Bocuse avec ses masters dans le monde d’entier, les Bocuse d’or, l’événement de la gastronomie mondiale tous les deux ans, les Halles de Lyon- Paul Bocuse.
Nous étions là, dans ce temple de la gastronomie, moi le petit étudiant, lui le pape de la cuisine, et “Monsieur Paul” accordait deux heures de son temps, un samedi, après le coup de feu, au gamin venu l’interroger !!!
Paul Bocuse est mort. C’est un empereur qui vient de s’éteindre. Un monstre sacré. Le père de tous les cuisiniers français d’aujourd’hui. Bocuse a permis, a incarné le passage entre la cuisine française traditionnelle, Fernand Point, la Mère Brazier, la mère Fillioud, la cuisine des mères lyonnaises, à la cuisine française mondialisée, des Ducasse, Gagnaire, Marcon, Anne-Sophie Pic. Bocuse est le premier à être sorti de ses cuisines pour conquérir le monde. Connu en Chine, au Japon ou aux Etats-Unis, mais toujours les pieds dans son auberge de Collonges-aux-Mont d’Or à Lyon.
Bien sûr, depuis quelques années, il était malade et diminué mais quel bonhomme, un monde disparaît avec lui.
C’est la Tour Eiffel qu’il faudrait mettre en berne, une minute de silence dans tous les restos. 
Et puis, puisque au fronton du Panthéon, il est écrit : « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante », rien ne conviendrait mieux que Bocuse au Panthéon national, lui qui y est déjà au Panthéon du génie gastronomique.
Mais bien sûr, ce n’est qu’une boutade, car jamais il ne voudra quitter Collonges, son Abbaye, ses limonaires et les rives de la Saône.
Adieu et merci Monsieur Paul !

Ah ! si le Musée des Tissus de Lyon était à Paris ou à Tulle.

Une tunique de 2150 ans avant JC, à voir avant fermeture définitive du Musée des Tissus de Lyon
Connaissez-vous le Musée des Tissus de Lyon ? Non ? Mais vous savez bien que depuis la Renaissance, 1515, François 1er, Lyon est la capitale de la soie, qu’une partie de son économie a été construite sur le travail de ces fils produits par la bave de la larve d’un gros papillon, le bombyx. Une larve gavée par sa nourriture préférée les feuilles de mûrier, et élevée dans toute la vallée du Rhône depuis des siècles. Cela ne vous dit rien ?
Et la révolte des Canuts, vous ne l’avez pas apprise à l’école? Les ouvriers de la « Fabrique » lyonnaise sont le premier prolétariat de la révolution industrielle en France. Ils avaient été concentrés sur les pentes de la Croix-Rousse dans de grands immeubles aux pièces aux plafonds très hauts pour laisser la place au métier à tisser, sans volet, sans rideau pour laisser entrer la lumière. Leur révolte est le premier grand mouvement ouvrier, réprimé dans le sang. Plus de 800 morts et cette chanson : « C’est nous les canuts, qui allons tous nus « 
Et Versailles, vous connaissez ? La chambre du roi avec ses tentures, ses meubles richement recouverts. Eh ! bien tous ces tissus ont été tissés ou retissés par les soyeux lyonnais, des familles aux noms prestigieux, dont certaines remontent à la Renaissance quand tant d’italiens, de lombards sont venus s’implanter entre Saône et Rhône et faire la fortune de cette ville qui à l’époque était à la frontière du Royaume de France et de l’Empire.
Eh ! bien le Musée des Tissus et des arts décoratifs a été créé sur cette histoire–là, sur ces savoirs-faire là. Outre la soierie lyonnaise, on peut y découvrir des tissus venus de toutes les cultures, de tous les âges, depuis que l’homme s’est mis à apprendre à tisser. Une des pièces les plus émouvantes, une tunique égyptienne, en lin, appartenant sans doute à une femme qui aurait vécu 2150 ans AVANT Jésus-Christ !
Le monde entier nous l’envie (si ! si !) mais ni la Ville de Lyon de Gérard Collomb, ni la région Auvergne Rhône-Alpes de Laurent Wauquiez, ni la Ministre de la culture ( qui est-ce au fait ? Ah ! oui Audrey Azoulay ).
Et à la fin de l’année, le Musée devrait donc fermer. Son propriétaire actuel la Chambre de commerce, en pleine réduction de recettes ne peut plus assumer les 2 millions et demi de fonctionnement, ni financer les quelques 20 millions d’euros minimum, pour remettre les bâtiments à niveau, et en moderniser la scénographie.
Pétitions internationales, personnalités qui montent au créneau, ça commence à bouger, les uns et les autres accordent des miettes mais qui ne permettent pas encore de sauver le Musée dans la durée.
Et l’on se dit… Quand on pense à tout ce que Région et Ville de Lyon ont dépensé pour le parc OL – 2 millions d’euros, allez on va être démago : C’est le 1/3 du salaire annuel de Valbuena -, à tout ce que la Ville de Lyon et le département ont payé et paient pour Confluences, à tout ce que l’Etat a dépensé pour le Mucem à Marseille, à toute cette profusion de superbes lieux de culture à Paris et région, on se dit donc que c’est bien dommage que Lyon ne soit pas Tulle pour que l’on s’intéresse un peu plus en « hauts lieux » au sauvetage d’une pépite de notre patrimoine national: Le Musée des Tissus de Lyon.
Nous vivons une e-poque formidable.

Piétonniser les voies sur berge à Paris: Faire notre bo-bonheur ?

Les quais asphyxiés, la voie sur berge pietonnisée: La bonne décision ?
Après la rive gauche, c’est donc la rive droite de la Seine qui va devenir piétonne.
Symboliquement, c’est fort. Les voies sur berge rive droite, la voie Georges Pompidou, c’est le symbole des années 70, 1970, qui ont fait tant de mal à tant de villes françaises, avec la construction d’autoroutes, de parkings, de tours au cœur des villes. C’étaient les années béton, les années tout automobile. Comme si nous voulions nous débarrasser de nos complexes, faire moderne, rompre avec cette France en retard par rapport aux autres grands pays développés. Nous le payons encore aujourd’hui : L’arrivée de l’autoroute Porte d’Aix ou devant la Major en plein cœur de Marseille : Il a fallu des dizaines d’années pour détruire ces horreurs;  Le tunnel sous Fourvière à Lyon : Faire passer toute l’Europe sur une autoroute au cœur de la deuxième agglomération de France, le maire de l’époque Louis Pradel trouvait que cela ferait Los Angeles:  Là aussi il va falloir encore une bonne vingtaine d’années pour s’en débarrasser; Et à Paris bien sûr, la destruction des Halles, la Tour Montparnasse et les voies sur berge, la fameuse Voie Gorges Pompidou.
Depuis quelques années, on revient en arrière, on tente de panser les plaies et redonner de la place aux piétons. Cela donne souvent des résultats heureux, de belles redécouvertes de nos centres urbains. Imaginerait-on Rue de la République à Lyon, Place de la Comédie à Montpellier, les quais de Bordeaux, le Vieux-Port à Marseille rendus aux voitures ? Et puis à Paris, les anciennes voies sur berge rive gauche devant le Musée d’Orsay. Elles ont été piétonnisées. A l’époque, leur transformation avait fait hurler, on prévoyait des bouchons monstrueux. Et puis ? Et puis, non. Aujourd’hui, qui s’en plaint ? Cafés, guinguettes, promeneurs, joggeurs, vélos ont remplacé les voitures.
Ce succès justifie-t-il la décision de la Mairie de Paris de faire la même chose, rive droite ?
Ce n’est  pas sûr. Plusieurs experts, plusieurs commissions ont émis des doutes, ont pondu des rapports défavorables. Car ce ne sont pas les quais, là où se trouvent les bouquinistes, les magasins, les théâtres qui seront transformés, mais l’autoroute en contrebas. Et la circulation, forcément, se reportera sur le quai du haut ou sur d’autres voies, comme le boulevard Saint-Germain ou la rue Réaumur. Pour quelques piétons heureux, cela va faire beaucoup de riverains embouteillés. Sans parler de tous ceux qui sont obligés de traverser le centre de la capitale, et pour lesquels il n’y a aucune solution de rechange, avant ? Avant dix ans, vingt ans ? Mais Anne Hidalgo semble n’en avoir cure. Représente-t-elle le progrès face aux conservatismes, au lobby automobile ? La aussi ce n’est pas sûr.
Ce que l’on peut craindre, c’est que nous soyons en train de tomber dans un autre excès, le tout-vélo, le tout piéton, qui fait de nos centres villes des zones musées, réservées à des « happy few ».
Ce que l’on peut redouter, c’est la victoire d’une idéologie verdâtre qui considère qu’il faut gêner les automobilistes pour les convaincre d’abandonner leurs voitures. En gros : « Nous ferons votre bonheur malgré vous ». C’est très élitiste, très « bo bo », très “bo-bonheur“. Et tant pis pour les millions de banlieusards.
Ce que l’on peut regretter, c’est que les voix des franciliens ne soient pas plus entendues. Mais après tout un banlieusard, ça ne vote pas pour la Mairie de Paris.
Nous vivons une e-poque formidable.

OL : Même avec son nouveau stade, Lyon ne fait vraiment pas des lumières.

Au Stade des Lumières, il ne manque plus qu’une équipe et un public !
Ce devait être la consécration : Non pas un stade, mais un complexe, unique en France, et même unique en Europe: Autour du stade, ultra moderne, « digitalisé », baptisé Stade des Lumières en attendant un sponsor (espérons que ce ne sera pas Justin Bridou ou Canard WC), un ensemble de boutiques, de restaurants, d’hôtels, une sorte de parc d’attractions et d’affaires tournant autour du foot. Car aujourd’hui, le business du foot ne se fait plus avec la seule billetterie mais avec tout le « merchandising » décliné autour de l’image d’une équipe. Maillots bien sûr, avec les numéros, les noms des stars du moment, et puis les casquettes, les écharpes, les mugs, et puis encore , les loges réservées à l’année où le business invite ses relations pour conclure des affaires devant un beau spectacle, celui d’une rencontre de foot. On pense bien sûr aux exemples réussis du Barça, avec ses soçios, et des loges que l’on se transmet de génération en génération, du Real, de Manchester, du Bayern etc…
C’était donc le rêve de Jean-Michel Aulas, le Président de l’OL depuis … pratiquement aussi longtemps que la reine en Angleterre, ou Paul Biya au Cameroun. Et sur le papier, c’était loin d’être idiot : L’OL avait accumulé un trésor de guerre, résultat d’années de saine gestion « à la lyonnaise », le Président Aulas avait réussi à mobiliser derrière son projet tous les acteurs de la Ville et de la région. Un arrêt du tram Rhône express desservant l’aéroport a été aménagé, comme également une bretelle d’autoroute et des parkings conséquents. Sauf que… il manque l’essentiel. Et l’essentiel reste une équipe qui gagne.
Parce que, et désolé pour les gones inconditionnels de l’OL, mais le maillot de Lacazette ou de Valbuena se vendent moins bien, c’est un euphémisme, que ceux de Messi, Ronaldo ou autre Eto’o. Entre investir dans le stade, et investir dans une équipe, il semble que Lyon ait vu trop gros.
Et puis, il faut aussi un public, et là un mois à peine après l’inauguration du stade, le président Aulas en est réduit à lancer des appels pour que le stade soit rempli. Et l’on se met à regretter l’ancien stade de Gerland, qui certes devait être modernisé, mais qui avait l’avantage d’être dans la ville, comme le sont les stades des très grandes équipes européennes, le Camp Nou à Barcelone, Santiago Bernabeu à Madrid, Old Trafford, pour le Manchester United, ou encore San Siro, surnommé « la scala du football ». Ces enceintes ont toutes en commun d’être très facilement accessibles, de faire partie du paysage urbain, d’avoir une histoire, une âme, d’être des mythes.
Beaucoup d’eau coulera sous le Pont Pasteur, qui relie au-dessus du Rhône, Gerland à la Confluence, avant qu’on se rende en pèlerinage à OL-Land, comme on le fait pour Old Trafford ou San Isidro.
La devise de Lyon n’est pas comme celle de Paris « Fluctuat nec mergitur » , « Battu par les flots mais ne sombre pas ». Hélas, car l’OL est en train de sombrer. Les coup de gueule de son Président qui accuse toujours  c’est pas moi, c’est les autres – les arbitres, la pelouse, la météo, le public, les medias, pour expliquer les contre-performances  de son équipe pourront-il éviter le naufrage ? C’est un peu triste pour la carrière, la fin de carrière ?  de celui qui fût un très grand Président de Club. C’est aussi inquiétant pour les finances du Club, et au-delà pour les contribuables lyonnais qui sans en avoir été avertis, ont été entraînés par leurs élus, et leur maire, dans le cofinancement de ce projet peut-être un peu délirant.
Avoir de l’ambition, c’est bien, et Lyon en a souvent manqué. Mais garder le sens des réalités était une qualité très lyonnaise. Jusque là.
Nous vivons un e-poque formidable.

Départs en vacances: Bienvenue à Lyon et dans ses bouchons !

Cours du Midi à Lyon: Avant  et après la construction du Tunnel sous Fourvière et de l’autoroute
Bloqués dans les 15 kilomètres de bouchons avant, après et sous le tunnel sous Fourvière, à Lyon, il fait 40 °, et vous haïssez, détestez cette ville qui pour vous n’est que ça: Un bouchon infernal sur la route des vacances.
C’est bien fait !  Ne dîtes pas que vous n’avez pas vu les panneaux qui 30 kilomètres au nord de Lyon, vous indiquaient que Marseille, c’était par l’A-43, un des contournements de Lyon ? Non, vous vouliez faire le malin. « C’est plus long » » Ca fait faire un détour ». Et vous voilà scotchés sous Fourvière.  Ne vous en prenez pas à Lyon, ni aux Lyonnais, mais qu’à vous-mêmes.
Quoique: La signalisation n’est pas si claire que ça. A-46, A-432, on s’y perd ! Et puis, les GPS, les itinéraires sur le web vous auront tous indiqué que le trajet le plus court, c’était par Fourvière.
Quoique: Tous ces bouts d’autoroutes qui contournent Lyon sont mal foutus, rajoutés sans que l’on ait l’impression que cela ait été pensé pour le trafic Nord-Sud, Vallée de la Saône – Vallée du Rhône. Dès le départ, les maires des villes de la vallée ont pensé « petit ». On raconte ainsi que le lobby des producteurs de nougats de Montélimar avait bloqué pendant des années l’achèvement de l’autoroute par peur de perdre de la clientèle: Comme s’il fallait être bloqué dans le centre de la ville pour avoir envie d’acheter cette délicieuse friandise !
A Valence, l’autoroute continue à passer sur les quais du Rhône, défigurant la ville.
A Vienne, on a choisi de construire une sorte de grand huit, l’autoroute sautant deux fois par-dessus les collines et le Rhône.
Quant à Lyon, le grand responsable est évidemment l’ancien maire Louis Pradel, surnommé localement « Zizi » Pradel, un obsédé du béton, qui avait failli faire raser une partie du Vieux-Lyon. En faisant arriver l’autoroute par le tunnel sous Fourvière en plein centre ville, il pensait retenir les touristes de passage ! LOL ! D’où le monstrueux « Centre d’échanges », un gigantesque empilement de béton construit au-dessus de l’autoroute et qui a fait disparaître une des plus belles places de Lyon, le Cours Verdun et le Cours du midi, la seule promenade faisant communiquer la Saône et le Rhône, ombragée par des platanes centenaires, le royaume des boulistes et des « vogues »…
Aujourd’hui, des « zadistes » se seraient enchaînés aux arbres. Mais à l’époque tout le monde pensait que c’était le prix à payer de la modernité.
L’Etat est également coupable. Il avait fait du passage de l’autoroute une des conditions du financement du tunnel sous Fourvière. Et il est encore coupable aujourd’hui, car la question de la question de la circulation entre le Nord et le sud de l’Europe, par notre pays, par les Vallées du Rhône et de la Saône, par la région lyonnaise, n’a jamais été traitée avec une vision d’avenir.
Ce n’est pas seulement l’autoroute qu’il faudrait repenser mais toute la circulation, notamment en faisant ressortir le serpent de mer du ferroutage. L’idée, en gros, serait de désengorger la vallée du Rhône en proposant, en imposant( ?) de charger les véhicules sur des navettes à Beaune au Nord, jusqu’à Avignon au Sud. Un projet aussi ambitieux que le tunnel sous la Manche ou le super-périphérique parisien, mais plus fondamental pour notre avenir, notre environnement que la lutte contre le round-up ou le Nutella.
En attendant, automobiliste parisien, nordiste, étranger, toi qui es bloqué sous le tunnel sous Fourvière, hurle un bon coup et pose toi la question : Comment cela se fait-il qu’en 2015, ce grand pays qu’est la France n’ait pas été capable de contourner sa seconde agglomération, Lyon, 2 millions d’habitants, par une autoroute qui passerait à 30 kilomètres de son centre ? C’est que font l’Italie: Milan, Turin, Bologne ; l’Allemagne : Francfort, Cologne, Düsseldorf, Munich ; l’Espagne: Madrid, Barcelone…
Mais nous les français évidemment, on est plus malins. Alors bienvenue dans nos bouchons !
Nous vivons une e-poque formidable.

Inauguration du Musée des Confluences : Ni Président, ni Ministre de la Culture , ni grands médias : Pourquoi ces absences ?

Hollande est allé faire une visite surprise à Chambord. Fleur Pellerin est très occupée, au Mont-Saint-Michel, non finalement aux dernières nouvelles à un rendez-vous très important avec le Président d’une Fédération mutualiste… 
Résultat : Le dernier très grand musée construit en France semble avoir été boudé par les plus hautes autorités. Son inauguration se déroule entre lyonnais !
Non qu’une visite présidentielle ait été une garantie de succès de fréquentation, mais quand même:
Hollande a inauguré le Mucem à Marseille, le Musée Soulages à Rodez. Et tout récemment, la fondation (privée) Vuitton à Paris, sans parler de la ré-inauguration du Musée de l’immigration.
Or ce Musée des Confluences est le plus gros investissement muséal de ces dix (vingt ?) dernières années. Il est gigantesque à l’entrée de Lyon par le sud, au confluent du Rhône et de la Saône. Que l’on aime ou pas son architecture, ce sera un des marqueurs de Lyon. Un peu comme Fourvière ou l’Opéra-Nouvel.
Alors pourquoi ce dédain ?
Peut-être en raison de son aspect extérieur ? Il est vrai qu’on est, comment trouver un terme diplomatique… « surpris » par l’architecture de ce mastodonte: Starwar ? Scorpion ou cancrelat d’acier ? Il paraît que les architectes – autrichiens- le définissent comme un cristal, un nuage et un ciel. Oui, mais alors plombé, le nuage! Personnellement, je n’aime pas trop, mais bon, les goûts et les couleurs…Mais à l’intérieur on est stupéfait: Ces espaces vitrés, généreux, d’ailleurs gratuits d’accès, qui vous happent vers le ciel et les terrasses avec des vues à couper le souffle sur Lyon: Ca vaut le détour.
Il y aussi le fait que ce Musée n’est pas simple à résumer en quelques mots: Le musée Soulages, c’est l’œuvre de Soulages. Le MUCEM, les civilisations de la Méditerranée, le Louvre Lens, le Louvre etc. Ici, le projet muséal, comme on dit, est tellement riche, qu’il donne l’impression d’être une boîte fourre-tout.  Qui va des origines du monde, de l’homme dans l’univers, dans son environnement, de la création et de l’évolution, des sciences et techniques, des rapports à la mort depuis l’Egypte ancienne en passant par les Arts premiers, un mix entre le Muséum d’Histoire Naturelle et la grande galerie de l’évolution, du Musée du quai Branly, du Musée Guimet, de la Villette. Et c’est pas fini !
Mais justement là aussi c’est très réussi et superbement présenté : Petits ou grands, personne ne s’embête une seconde, ce Musée est tout sauf une prise de tête.
Il y a aussi le coût astronomique, Plus de 320 millions d’euros. En grande partie d’abord parce que Raymond Barre a voulu qu’il soit construit à cet endroit, symbolique, là où le Rhône rejoint la Saône. Mais problème : Pas besoin d’être géologue pour se douter que le sol y est aussi stable que la lagune de Venise et que ancrer un tel bâtiment a nécessité des fondations extravagantes ! On ne parle plus de dépassement de budget : Le budget initial a été multiplié par 4 ! et Confluences a coûté plus cher que le Mucem, le Musée  du Quai Branly… deux fois plus cher que le Guggenheim Bilbao et 5 à 6 fois plus que le Pompidou-Metz… Bien sûr, la direction du Musée souligne qu’il y aussi dans les parties non visibles  du public sous le Musée, l’installation d’équipements de restauration et de conservation des œuvres d’art qui en font un des outils les plus performants qui existent. Mais, au moment où nous sommes en pleine crise, où l’heure est à la réduction des budgets, tout azimut et notamment dans le domaine de la Culture, un bâtiment de ce prix, ça fait tâche.
Mais après tout, ce qui est fait est fait.
S’il devient un élément supplémentaire d’attractivité pour Lyon, sa région, pour la France, alors ce cadeau encombrant devient un atout, qu’il aurait été possible d’assumer; Avec un peu de courage politique.
Sur le plan politique justement, Confluences est une « patate chaude ». Construit pas le Conseil général du Rhône, de droite, mais « donné » dans quelques jours à la Ville de Lyon, c’est-à-dire à Gérard Collomb, socialiste certes, mais pas hollandiste.
Là aussi le gouvernement rate une occasion: Car dans quelques jours, va naître ici la première métropole française. Lyon devient Lyon-métropole, deuxième agglomération de France, regroupant une grande partie des communes du département du Rhône, dont elle récupère les charges et les prérogatives. Inaugurer « Confluences », c’était donc marquer le coup d’envoi de ce qui va être la vraie réforme territoriale, non pas le regroupement des régions, mais bien le réaménagement de notre espace autour des grandes métropoles. Dommage donc, que nos dirigeants aient été si occupés aujourd’hui, ailleurs qu’à Lyon.
Ouh ! Ouh ! Il y a quelqu’un à l’Elysée ou à Matignon ?
Nous vivons une e-poque formidable

Régions : Le mythe du nombre et de la taille !

Manuel Valls propose de réduire le nombre de régions de moitié. Et tous les commentateurs applaudissent, des commentateurs, qui pour la plupart sont dans leurs bureaux parisiens, et pour lesquels le grand reportage commence au périphérique.
C’est une vieille lune qui a l’apparence de la bonne idée et de la rationalité. Mais l’efficacité des régions est-elle vraiment une question de taille?  
Prenez les exemples de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Italie: Le Pays-Basque n’est pas très grand, ni la Galice. La Sarre, Hambourg, Brême, ou Berlin sont des micro “Länder”. Et d’ailleurs, il y a vingt ans, l’Etat de Berlin a refusé de fusionner avec le Brandebourg. En Italie existent des régions comme le Trentin Haut-Adige, le Val d’Aoste, la Vénétie, Trieste, créées pour des raisons historiques, culturelles, géographiques. Même petites en taille et en population , elles sont plus efficaces que des régions beaucoup plus grandes, comme la Sicile.
Redécouper les régions françaises, c’est prendre le risque de faire capoter la nécessaire simplification du “millefeuille” administratif, c’est perdre 40 ans de construction régionale, qui a mis en place des réseaux , des organisations régionales de transports, de gestions des lycées etc… C’est s’embarquer dans des débats sans fin. Comment regrouper Aquitaine et Midi-Pyrénées et avec quelle métropole: Toulouse ou Bordeaux ? Et faut-il fusionner Franche-Comté et Bourgogne ? Auvergne et Limousin ? Et Nantes ? Doit-elle retourner en Bretagne?  Mais quid des Pays de Loire ? 
La vraie simplification, ce sont l’émergence de métropoles et la disparition des départements. Avec par exemple, en 2015, la naissance de Lyon-métropole, deuxième métropole de France après la région parisienne. Le département du Rhône aura alors presque disparu. Et puis, il y a la question du Grand-Paris qui pose celle de l’ïle–de-France… Voilà de vrais changements en cours, qui vont apporter simplification et rationalité. Mais on comprend que Manuel Valls n’en ait pas parlé: Après les dernières élections, toutes ces futures métropoles risquent de tomber « à droite », y compris Lyon de Gérard Collomb, et Paris d’Anne Hidalgo. Gênant…
La vraie simplification, c’est d’ailleurs la suppression annoncée par le Premier Minsitre de cette fameuse clause de “compétence générale” pour les collectivités territoriales. Gênant également de rappeler que sa suppression avait été décidée sous Nicolas Sarkozy mais rétablie par … le précédent gouvernement: Nous avons donc perdu deux ans, au moins!
Dans le même temps, en Italie, en moins d’un mois, Matteo Renzi vient d’annoncer la disparition des 110 provinces, l’équivalent des départements. Cela lui a pris un mois, et c’est prévu pour le 1 janvier 2015.  L’Italie vient aussi d’annoncer su’elle tiendrait ses engagements en matière de réduction du déficit budgétaire, tout en annonçant de substantielles baisses d’impôts.
Alors, d’accord avec Manuel Valls : Fiers d’être français, mais pourquoi ce qui est possible au-delà des Alpes, doit attendre chez nous 2017, 2021 ou 2025 ?

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