Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : médias

Richard Ferrand: Coupable de rien. Mais… ça fait tâche.

Affaire Ferrand: L’arroseur arrosé ?
C’est vrai que pour un mouvement politique qui a annoncé qu’il allait laver plus blanc que blanc, l’affaire Richard Ferrand fait tâche.
Pas sûr pourtant que ce soit une affaire: Rien de ce qu’il a fait ne semble illégal. Pour ce que l’on sait. Et d’ailleurs si on le sait, c’est bien grâce au Canard Enchaîné et aux medias. Tiens comme c’est curieux: Il y a encore un mois, la presse était à la solde d’Emmanuel Macron, et les accusations contre Fillon ou Le Pen n’étaient que des coups montés par le « cabinet noir ». Au fait depuis le départ de Hollande de l’Elysée où est-il ce cabinet ? A Tulle ?
Dans l’affaire Ferrand, il n’y a donc, très certainement, (notez la prudence…) pas de quoi fouetter un chat (Au secours Brigitte ( Bardot, of course) il veut fouetter un chat !). Ceux qui ont été écartés par le grand « chamboule-tout » électoral politique de «En Marche !» voient là l’occasion de prendre leur revanche et c’est de bonne guerre, non ?
Reconnaissons pourtant que nous avons énormément progressé. Et que nous venons de loin. Il en fallu des scandales pour que soient prises toutes ces lois sur le financement des partis, les campagnes électorales, sur le contrôle des fonds secrets de certains ministères, sur l’attribution des marchés publics. Jusqu’à cette prochaine loi sur la moralisation et la transparence de la vie politique.
Et ne sommes-nous pas très contradictoires ?
Prêts à hurler: «Tous pourris», les politiques, les medias, les « élites ». Mais quand il s’agit de notre vie, de nos vies privées, de nos petits accommodements avec la loi, alors là, stop: Le fisc nous espionne, la police nous harcèle, l’Etat nous étrangle.
Nous avons pris beaucoup de coups sur la tête depuis quelques mois avec toutes ces affaires-gate: Affaire Fillon, Pénélope gate, casseroles européennes du FN, Cahuzac gate, Bygmalion gate.

Alors, même si cela est injuste, l’affaire Ferrand n’est sans doute pas une affaire, mais… ça la fout mal.

Macron, les horloges et les medias.

Au centre, Sibeth N’Diaye, maître des horloges des médias
Quel spectacle hier, cette attente devant Matignon pour la nomination du Premier Ministre ! Tous ces journalistes obligés de « meubler » des heures de direct, sans avoir rien à dire sauf que la nomination était « imminente »; une imminence qui a duré la journée. Cela était drôle, limite ridicule. Mais, un peu de compassion: Imaginez la solitude du journaliste de fond envoyé par sa rédaction pour faire le pied de grue sur les graviers de la cour de Matignon (ou de l’Elysée) ?
Au lieu de courir après l’info qui aujourd’hui se tweete et est disponible pour tout le monde instantanément, les medias feraient mieux de préparer leur futur: La mise en perspective, la traque aux « fake news », aux rumeurs et aux fausses infos, l’analyse. C’est le « plus » des journalistes. Mais cela demande plus de travail que de faire un plateau en direct pour ne rien dire devant Matignon.
En revanche, et c’est peut-être une des clefs de la réussite d’En marche, la com’ du nouveau Président semble avoir tout compris. C’est elle qui donne le tempo, elle est « maître des horloges ». Dans cette équipe, une découverte : Celle qui était la chargée des relations avec la presse d’En Marche, l’étonnante Sibeth N’Diaye. Professionnelle, toujours sur la brèche, sympa mais maniant le fouet s’il le faut avec les confrères qui passent les bornes, prête à les traiter de sagouins quand des propos sont, à son goût, mal rapportés, n’autorisant aucune fuite ou off mal contrôlés. Avec elle, c’est sûr, nous n’aurons pas le droit à une com’ à la Hollande.
Il parait qu’Emmanuel Macron aime bien citer Audiard ou les classiques du genre, alors comme disait Pierre Dac : En politique, parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs de tous ceux qui   feraient mieux  de la fermer avant de l’ouvrir.
Il va falloir que les medias remettent leurs horloges à l’heure de 2017. 

Election Emmanuel Macron: Mauvais perdants.

Contester dans la rue le résultat des urnes.
Emmanuel Macron a donc été élu Président avec plus de 66 % des voix. Mais l’extrême-droite comme l’extrême-gauche contestent déjà l’importance de cette victoire.
Il y a ceux qui mettent en avant les 10 millions et demi d’électeurs qui ont voté Le Pen. Et il est vrai que c’est énorme, trop. Pourtant l’argument du FN, premier parti de France tombe à l’eau. Dans beaucoup de villes ou de départements que l’on croyait acquis au FN, Béziers, Mantes, Hayange, le 7 ème secteur de Marseille, Emmanuel Macron bat Marine Le Pen. Un recul pour lequel le FN a une explication toute trouvée, l’impact d’une « caste médiatique puissante » qui serait pro-Macron. En oubliant que pour la première fois, ce sont les réseaux sociaux qui ont fait le débat plus que les medias traditionnels. Et là on sait que l’extrême-droite n’a pas été avare de « fake news ».
Pour les insoumis Emmanuel Macron n’est pas majoritaire. Le raisonnement : Son programme n’est soutenu que par 24 % des français, son score du premier tour. Et 1/3 des électeurs ne sont pas allés voter ou ont voté blanc ou nul. Mais en démocratie la majorité c’est mathématique : 50 % plus 1 voix.
On ne peut pas saluer l’élection de Trump aux Etats-Unis en oubliant qu’il l’a été avec 3 millions de voix de moins que Clinton, et que le taux d’abstention a été de plus de 45 %. Ou vanter le Brexit, alors qu’il n’a pas été approuvé par une majorité de britanniques : 51,9 % mais une abstention de plus de 28 %.
En Allemagne, Angela Merkel a emporté les dernières élections de 2013. Et pourtant son parti n’a obtenu que 41 % des suffrages, avec une abstention de près de 30 %.
En Espagne, Podemos, ami des insoumis de Jean-Luc Mélenchon n’a obtenu que 22 % des suffrages. Il a surtout provoqué un an de blocage gouvernemental suivi de nouvelles élections dont il est à nouveau sorti perdant.
Gageons qu’au soir du 4 ème tour de ces élections, le 18 juin, si En Marche gagne une majorité de sièges à l’Assemblée Nationale, ces mêmes mauvais perdants trouveront encore des arguments pour contester sa légitimité.

Et appellerons à un 5 ème tour. Et là on sait ce que cela veut dire, la contestation dans la rue, imposer à la majorité la loi de la minorité. Et l’on s’en rendra compte rapidement à Notre-Dame des Landes, ou avec de nouvelles « nuits debout » contre les réformes du code du travail.

Elections : On dégage. Et maintenant aussi dans les medias ?

René Coty, Président en 1953. On dégage, mais jusqu’où et qui ? 
Ça y est, fin du suspens (d’un premier suspens). Il y a des leçons à tirer, des leçons à donner.
Fillon n’avait pas d’électeurs cachés. Le Pen n’avait pas d’électeurs honteux. Mélenchon n’a pas renversé la table. Même s’il a confirmé qu’il avait la défaite mauvaise.
Et les français n’ont pas boudé les élections.
78 % de participation ? Cela ne se voit dans pratiquement aucune autre démocratie, même avec vote obligatoire.
Etats-Unis: À peine 55 % de participation aux Présidentielles. Et Trump y a obtenu 3 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton. Royaume-Uni : 72 % de participation au référendum sur le Brexit avec un oui à 52 %…
Au fait, où sont-ils tous ces critiques des sondages – soit-disant manipulés, faussés etc...? Finalement, ces outils fonctionnent. Ils permettent d’avoir une idée des tendances de l’évolution de l’opinion. Mais ils n’ont jamais prétendu être paroles d’évangile.
Ces élections ont confirmé l’envie du dégagisme, de sortez les sortants. Ou du renouvellement, ce qui est une autre manière de le dire. Dés les primaires. Puis avec ce premier tour qui élimine les gagnants des deux primaires.
Mais qu’en est-il dans les medias: S’appliquent à eux-mêmes ce qu’ils analysent si bien: Allez on dégage ! Tous ces experts, ces journalistes gloseurs et commentateurs qui depuis 30, 40, certains même 50 ans analysent, soupèsent, et depuis l’explosion de l’info en continu, moulinent dans le vide des schémas et des références d’un autre siècle genre « Il n’est pas dans l’ADN de la V ème République « « C’est historique. » « C’est la première fois ! » Sauf qu’en 1958, internet n’existait pas. Et sauf qu’avoir couvert l’élection de Chirac en 2002 – ou celle de René Coty en 1953 – donne de l’expérience, peut-être, mais pas forcément l’ouverture intellectuelle pour comprendre les Présidentielles 2017.
Nous vivons une e-poque formidable !

Affaire Cahuzac: Le syndrome Richard Nixon ?

Nixon: Je ne suis pas un escroc

Tout le monde se préparait pour le fameux choc de simplification, annoncée jeudi dernier par François Hollande. Ce devait être l’arme ultime de la boîte à outils gouvernementale. Et là caramba, encore raté ! On a bien eu un choc, mais le choc Cahuzac.
Même s’ils s’en trouvent qui disent « je le savais, je m’en doutais ». évidemment, nous sommes tous estomaqués. Et tout est en train d’être dit et écrit.
Evidemment l’on se souvient des grandes déclarations moralistes et donneuses de leçon de François Hollande, candidat qui avait tant impressionné les journalistes avec son anaphore « Moi président » : « Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts». Alors ?
Alors, tout sauf « notre démocratie est malade ». Au contraire, elle fonctionne, et elle progresse et c’est tant mieux. Une telle affaire ne serait même pas sortie il y a 20 ou 30 ans.
Tout sauf la « démonstration de la complicité du monde politique et médiatique ». Aux Etats-Unis, qui vont loin dans ce genre d’exercice, cela a donné certes le Watergate, les mensonges de Nixon et sa démission, mais aussi des années d’audition et de procédures souvent sordides contre Clinton dans l’affaire Lewinsky.
Tout sauf les dérives populistes et démagos, les « tous pourris ». Mettre tout le monde dans le même sac. Par exemple Eric Woerth. Pour l’instant, rien n’a encore été trouvé et prouvé par la justice, c’est donc procéder par amalgame, nier la présomption d’innocence. Même si bien sûr, que l’ancien ministre du budget n’ait pas vu de problèmes dans le fait que sa femme exerce le métier de gestionnaire de fortunes, paraît incompréhensible, même si cela n’est pas répréhensible. Ce n’est pas sale, gérer des fortunes, il en faut et ça rapporte, et ce serait idiot de laisser ce travail à des anglo-saxons ou des luxembourgeois. La discussion suivante, imaginaire, paraît pourtant relever du simple bon sens: « Ecoute ma chérie, le temps où je suis ministre, il faudrait peut-être que tu prennes un congé sabbatique, que tu enseignes la finance ou la fiscalité à HEC ou ESCP » Ou bien au contraire : « Chéri, mon boulot de gestionnaire nous rapporte gros, donc, tant pis pour ton portefeuille de ministre, ou alors les anciens combattants ou l’économie numérique ». Apparemment nos hommes politiques n’en sont pas encore là. Il faudrait peut-être importer l’exemple américain de l’audition des ministres pressentis, devant une commission parlementaire.  
D’un mal, on peut faire un bien et de l’affaire Cahuzac, tirer les leçons pour améliorer nos institutions. Cela tomberait pile poil dans la fameuse loi sur la moralisation de la vie politique que François Hollande nous avait promis dans sa période anaphorique du « Moi président »… par référendum si nécessaire avait-il ajouté. Là c’est sûr il obtiendrait un «

Oui» franc et massif !

Nous vivons une e-poque formidable

Secret story : So, what ?

Mais quel est donc son terrible secret ?

C’est à cela qu’on mesure à quel point on a vieilli : hier soir ( un Vendredi soir, vous vous rendez compte ) je n’avais rien d’autre à faire que zapper tout seul devant la télé. Et je suis tombé sur une émission rose bonbon, fuchsia comme si les studios avaient été relookés par Valérie Damidot (« je te fais une chambre de princesse ») et présentée par un blondinet qui avait l’air de s’emmerder. Secret story, la maison des secrets !
Comme je n’avais pas suivi les 15 semaines de secrets, je me suis trouvé très décalé. C’était quoi le suspens, le terrible secret ? Le présentateur ne serait pas le fils d’Yves Montand ? Ni le frère de l’excellent Laurent Delahousse ? Et pourquoi tout ce public en délire, partagé entre Nadège et Yoann ?
J’ai cherché :
Nadège était-elle la fille cachée d’Angela Merkel ? ou alors parce qu’elle est suisse, allait-elle nous révéler le contenu des comptes bancaires de Mitt Romney, le candidat républicain à la Présidence américaine ?  Et Yoann ? Yoann !!!… Etait-il le vrai auteur du prochain Goncourt ? Ou détenait-il des infos secrètes sur la tuerie l’autre jour en Haute-Savoie? A un moment, je me suis dit qu’ils attendaient toutes et tous Florent Manaudou, Teddy Riner ou même Usain Bolt. Là je me serais mis moi aussi à hurler. Mais non, les seuls « pipel » s’appelaient Audrey, Julien and co et leurs « teams » s’affrontaient par tweets interposés. Même Valérie Trierweiler a twitté. Non, là je plaisante
En tout cas, il fallait voter. Voter, vous vous rendez-compte ? Quand vous pensez quà l’échelle de la planète les démocraties sont combien ? 40 , 50 , sur 200 pays ? C’est à vous dégoûter du droit de vote…
Je n’ai toujours pas compris le terrible secret. Ni l’intérêt d’une telle émission.
En revanche avec 150 000 euros en poche, j’ai bien compris pourquoi Nadège souriait.
Nous vivons une e-poque formidable

© 2025 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑