Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : ménard

Attentats: Panic room

Il y a 70 ans, déjà: Sur les plages d’Argelès, des barbelés pour contenir des migrants

C’est un peu tuant, pardon, un peu fatiguant, cette noria de donneurs de conseils, ce défilé d’experts qui nous répètent qu’ils nous « l’avaient bien dit » que « je l’avais annoncé il y a déjà 3 ans ». D’ailleurs, c’est fou le nombre d’experts terrorisme ou mieux d’experts Etat islamique qui se cachaient dans toutes les rédactions de France, de Navarre et de Belgique, et nous ne le savions pas. Pratiquement plus d’experts que de terroristes !
C’est un peu saoulant de s’entendre culpabilisés par tous ces Savonarolede pacotille qui non contents de nous annoncer le pire,  nous expliquent que si nous allons beaucoup souffrir c’est parce que nous avons beaucoup pêché, par naïveté. « Repentez-vous, il est encore temps » tweetent-ils  alors que nous sentons déjà le bûcher des vanités nous lécher la plante des pieds, comme autant de Jeanne d’Arc qui n’auraient pas été rachetées par Gérard de Villiers – non ! pas Gérard mais Philippe, c’est moins drôle -.
Y en marre de toutes ces Madame Irma qui nous annoncent les attentats à venir, aussi sûrement que neige en novembre, Noël en décembre. 
Et puis, il faudrait savoir: D’un côté on nous dit, « N’ayez pas peur », continuez à vivre normalement, sinon les terroristes auront gagné. Et de l’autre : « Nous sommes en guerre ». Et là on ne comprend plus. Si on est en guerre alors c’est tous aux abris, non ?
Evidemment qu’on a peur: Gare de Lyon, dans la cohue des départs pour Pâques, tous les barbus même sans barbe paraissent suspects. Et puis ce groupe-là, ils ont vraiment de gros sacs : Sont-ce vraiment des skis et des chaussures ?
Evidemment qu’on s’attendait, et qu’on s’attend à des attentats. Mais que devrions-nous faire ? Suspecter tous les Mohamed ou les Salima ? Si on gratte bien les discours des Robert, Marion et autres Marine, c’est bien ce que l’on nous propose. Avec des glissements progressifs vers la parano. Si lui n’est pas coupable, alors, c’est son frère, son père ou son cousin. Ils n’ont rien fait ?  Ils ne sont pas pratiquants ou croyants? Pas encore. Un jour ou l’autre, le kamikaze qui sommeille en tout arabe (et/ou musulman, tant qu’à faire, amalgamons, Dieu reconnaîtra les siens) ressortira; C’est dans leurs gènes, on vous dit. On croirait du copier-coller avec la littérature antisémite des années 1930. Faut-il avoir peur de tous les migrants ? Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, non ? Dérouler des barbelés, construire des centres de rétention, construire de nouveaux Camp d’Argelès ou Camps des Milles,  au moment où nous inaugurons des mémoriaux pour nous souvenir du sort que nous avions réservé à ceux qui fuyaient le fascisme de Franco, de Mussolini ou d’Hitler.
Bien sûr que nous n’avons pas connu, mais ne faut-il pas connaître l’Histoire pour ne pas reproduire à l’avenir les erreurs et horreurs du passé. Les allemands appellent cela la Vergangenheitsbewältigung. Non ce n’est pas un gros mot, cela veut dire la « confrontation avec l’Histoire », maîtriser le passé, en tirer les leçons,  et cela fonde leur démocratie d’aujourd’hui.
Devons-nous écouter les sirènes qui nous conseillent de nous enfermer dans notre pré carré, dans notre maison France. Comme si c’était une sorte de panic room que l’on pouvait isoler du reste du monde. Quelle horreur: se retrouver coincés dans une France confinée, en attendant l’arrivée d’hypothétiques secours… Nous avons tous vu ça dans les films américains, et ça ne se passe pas bien. Car, même parfaitement conçues, ces panic room ont toutes un vice caché. Elles ne sont pas sûres à 100 % contrairement à ce que promettaient les fabricants. On nous aurait trompés ? Les y’a qu’à:  y’a qu’à faire ça, y’a qu’à prendre telle mesure, nous auraient donc menti ?  Les « avec nous au pouvoir, ça ne serait pas arrivé » ne seraient que des Tartarins ? En 1940 déjà, les ancêtres de Marine, Marion et autres Robert ou David avaient vendu à nos parents la ligne Maginot comme la défense absolue contre la barbarie nazie. On sait à quel point cela a été efficace !  Nous vivons une e-poque formidable.

Mon père est blanc, ma mère est noire, et moi qui suis-je ?

Veja en 2007 – Brésil: La race n’existe pas !
Tout le monde, enfin tout le monde « officiel » est d’accord.
Robert Ménard a franchi la ligne jaune ( ?) en annonçant et assumant le fichage par nom des élèves des écoles de sa ville.
Mais quand on y regarde de près, sa provocation fait quand même apparaître deux positions.
Il y a celle défendue par certains, et notamment depuis des années, par des sociologues, des animateurs sociaux, des élus qui expliquent que pour savoir si un malade a de la température, il faut utiliser un thermomètre. Et que en matière de discrimination et d’intégration, le thermomètre serait le recensement « ethnique » des français.
Cela a l’apparence du bon sens. Il s’agit de pratiques inspirées par les pays anglo-saxons. Mais, malgré toutes les politiques de discrimination positive conduites aux Etats-Unis, où les minorités noires ou latinos sont en nombre et en pourcentage beaucoup plus importantes que les communautés d’origine maghrébine ou africaine en France, malgré l’élection de Barack Obama, on voit bien que les noirs continuent à y être discriminés.
Parions que cette position prendra de l’ampleur chez nous. Car elle sert aussi de fond de commerce à des ambitions qui n’ont rien de scientifiques, comme celles du CRAN, qui se veut le représentant des communautés noires en France(?). Ou d’autres qui caressent les électeurs dans le sens du poil.
Et puis, il y ceux et celles qui sont contre. Et qui veulent que nous conservions les principes fondateurs de la République, depuis au moins 1791. Et réaffirmés dans l’article 1 de la Consitution : « (La République) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». C’est le cas de Christiane Taubira, et on ne peut soupconner l’actuelle Garde des Sceaux de ne pas avoir toute sa vie lutter contre les discriminations, contre l’ignorance par la majorité des français de ce qu’a été l’Histoire coloniale, l’histoire des « minorités visibles » (un terme qu’elle déteste).
Comme le dit Christiane Taubira, a-t-on besoin de faire des recensements ethniques, pour savoir que le racisme et la discrimation existent dans notre pays.
Et puis que veut dire la mise en place d’un tel recensement ? Père blanc, mère noire, l’enfant est quoi? Et dans le cas où sur les 4 grands parents , un est espagnol, l’autre guyanais, les deux autres velaves et ardéchois, les enfants doivent cocher quel case ? Afro-français ? Hispano ? Caucasien ?
Au Brésil où la moitié de la population est noire ou métisse, mais où il n’y a eu que deux ministres noirs au gouvernement, dans toute l’histoire du pays, où le racisme et les préjugés hérités de 400 ans d’esclavage sont toujours très forts, il a été essayé d’instaurer un système de quotas favorisant l’entrée des noirs dans les Universités. Un peu sur le modèle américain.
Mais dans ce pays beaucoup plus mélangé qu’aux Etats-Unis, s’est très vite posée la question de «qu’est-ce qu’une race ?, qu’est-ce qu’une ethnie ? ».
Avec en 2007, cet exemple de jumeaux, même père, même mère donc, mais l’un un peu plus noir que l’autre. Le plus foncé sur les photos a pu bénéficier de points supplémentaires pour l’entrée à l’Université. Mais pas son jumeau, classé blanc ! La famille a attaqué cette décision devant la Cour Suprême qui a reconnu l’absurdité de ce système.
Nous vivons une e-poque formidable.

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