Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : météo

Froid en hiver : Quand les médias découvrent le concept de températures « ressenties » !

On ne va pas se mentir : On se les gèle. Un bémol : « On « ce n’est pas toute la France. C’est la France au nord d’une ligne Bordeaux-Lyon. 500 kilomètres nous séparent et pourtant ce sont 15 à 20 degrés de différence. 

Donc au nord et à l’est, il fait froid. 

L’hiver, début février, ce n’est pas vraiment un scoop. Normalement, les media ne pourraient pas en faire des tonnes. 

C’est d’ailleurs ce qu’on apprend depuis toujours dans les écoles de journalisme. Un chien qui mord un évêque, ou pour laïciser cet exemple, un chien qui mord un journaliste, ce n’est pas une info. En revanche un journaliste qui mord un chien, ça c’est une info. 

Idem pour les températures. -7 à Strasbourg : Pas de quoi faire frémir les oreilles d’éléphant d’une coiffe traditionnelle alsacienne. Mais si on annonce : -17 ressenti, alors là, c’est le live garanti. Et l’on retrouve notre envoyé spécial en direct depuis Souffelweyersheim, engoncé dans une doudoune Northface ou Canadian Goose, expliquant d’un ton grave : « Derrière moi le froid », alors là c’est tout bon.

La température ressentie permet ainsi de faire passer un grand frisson, de peur. 

Être anxiogène semble être le principal rouage de l’info en continue, une roue infernale qui ne doit jamais cesser de tourner, sinon l’audience en pâtit. 

C’est aussi le principal défaut du tout info, car comme l’écrivait Montaigne, cité de multiples fois en ces temps de pandémie : « Ce dont j’ai le plus peur, c’est la peur », parce que la peur rend insensé et idiot.

 

 

Déconfinement pluvieux, déconfinement heureux ?

Non mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? 
On a été confinés pendant près de 8 semaines, réduits à regarder un soleil digne des plus beaux étés dans un ciel d’un bleu insolent au travers d’un double vitrage ou – chance – d’un balcon de 3 m2 ou – encore plus chance – d’un jardin de 100 , 200, 300 m2. On ne parlera pas des autres confinés en résidences secondaires (mon œil !), mais bien fait pour eux, eux-aussi obligés de regarder de loin la plage ou la forêt. Et voilà t’y pas que le Président ayant, plouf, plouf, plouf, arrêté la date du 11 mai, pas du 10, ni du 12, non du 11, nous allions tous pouvoir respirer. Pas de pot : des trombes d’eau et des températures de novembre. 
Soit Macron est trop fort : Il commande aux nuages et au froid et il les avait convoqués pour doucher nos envies de nous ruer dehors, et cela a marché car, à l’exception de deux ou trois spots où un peu trop de monde est allé prendre l’apéro, la catastrophe annoncé n’a pas eu lieu et le déconfinement a été plutôt heureux. 
Soit Macron est un malin qui prend ses conseils, non pas auprès d’un Conseil scientifique qui en 3 mois a un peu tout dit et son contraire, mais auprès de ceux qui vivent au rythme de la nature, qui écoutent les plantes pousser. 
Comme tiens, appelons-la, Antoinette, une bien meilleure prévisionniste météo que beaucoup de scientifiques. Car il faut dire qu’Antoinette est vigneronne, autant dire qu’avec elle, les bobards ça ne marche pas, pas de « fake news », une hirondelle ne fait pas le printemps. 
Elle m’avait prévenu : Attention aux saints de glace : « Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à trois un petit hiver » Les 11,12,13 mai donc. Et cela depuis au moins le Moyen-Âge, comme quoi, réchauffement climatique ou pas, il y a des invariants, des choses qui ne changent pas. 
Comme par exemple, la saleté des français, notre saleté, bien connue des étrangers qui s’en moquent souvent expliquant que c’est pour cela que nous avons inventé les parfums – des parfums très chers, dont nous sommes bien contents d’être les rois du monde, avec vins, mode et autres produits de luxe : cela nous permettra peut-être de payer nos dettes à terme-.
Qui imagine un instant, que toutes ces dizaines de recommandations sanitaires décrivant par le menu comment il nous faudra vivre et travailler pour éviter la deuxième vague, le grand retour du virus, pourront tenir dans la durée ? Le port du masque ? on aura vite droit à des bouts de tissu sales et nids à microbes. Les distances de sécurité ? dans le RER aux heures de pointe , qui y croit ? Si nous pouvions au moins garder de cette pandémie le lavage des mains … Mais là aussi, quand on sait que les français ne changent de slips ou de caleçons qu’une ou deux fois par semaine, il y a de quoi être pessimistes. 
Prenons donc à nouveau conseil auprès de notre vigneronne : Les saints de glace, « Saint-Urbain les tient dans sa main ». 
Or cette année Saint-Urbain tombe le 25 mai, donc attendons encore un peu avant de crier victoire, de savoir si nous aurons le déconfinement heureux. Ou pas !

Canicule ta mère ! Episode#5 Les gilets jaunes fondent-ils comme la banquise du grand nord ?

La canicule c’est fini. Les gilets jaunes aussi ? 

On ne va pas se mentir. Mais d’acte en acte, les gilets jaunes fondent comme neige au soleil et pas pour cause de réchauffement climatique. 
Un signe qui ne trompe pas : BFM, CNews, LCI i tutti quanti ne sont plus en direct live tous les samedis. Et puis on s’y perd : Gilets jaunes, gay-pride, défenseurs du climat, spécistes, urgentistes, qui manifestent contre quoi ? 
Attention : un retour de flammes est toujours possible, parce que ces derniers mois des tabous ont sauté, dans la rue mais aussi sur la toile : la violence, la haine, les injures, le complotisme.
Il va falloir vivre avec et en ce qui concerne les journalistes apprendre à travailler avec. Et cela va demander beaucoup de rigueur, de travail plus que de simplement ouvrir son antenne pour des exercices de prise-parole qui sont des caricatures de démocratie. Histoire de se donner bonne conscience et de montrer que non, on n’est pas bobo, non, on ne fait pas partie du microcosme politico-médiatique. 
Les « responsables » politiques aussi devraient balayer devant leurs portes, eux qui par exemple ne cessent de relayer des « fake news » : Macron est illégitime, Brigitte Macron dépense 500 000 euros en maquillage, et autres la France veut vendre l’Alsace à l’Allemagne. Médisez, médisez, il en restera toujours quelque chose. On connaît cette réflexion d’Umberto Ecco : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. »
Pour revenir à la canicule, c’est la fin. Non pas du monde mais de l’épisode actuel. Et les prévisions pour cet été annoncent un été « normal », moins chaud que l’été dernier, plutôt pluvieux. 

Qui va-t-on donc pouvoir inviter dans nos médias pour meubler les longues soirées d’été ?

Canicule ta mère !

C’est l’été et il fait chaud: Comme c’est bizarre…
Bon, désolé pour la grossièreté, c’était pour attirer votre attention. Et ça a marché. 
C’est ma technique « Booba » à moi, le clash permanent, la provoc, la forme pour faire passer un fond qui n’en a pas beaucoup, de fond. 
Comme cette canicule annoncée. Les médias n’en font-ils pas un peu trop avec toutes ces alertes canicules qui tournent en boucle, prenant la place occupée cet hiver par les gilets jaunes ? Avec tous ces envoyés spéciaux déployés sur les fronts chauds : Ehpad, fontaines, piscines et autres chantiers Btp. Et avec la répétition en boucles de conseils auxquels – c’est vrai – nous n’aurions pas pensé : en cas de chaleur, restez au frais et buvez ! 
On nous annonce des chaleurs tropicales avec des pointes à 40 °C. Je ne sais pas où ils sont allés chercher ça, mais toute personne connaissant les pays tropicaux, sait bien que les températures y dépassent rarement les 35°C. Il y a 5 siècles, Christophe Colomb découvrant les Antilles décrit dans son journal les températures comme y étant aussi agréables qu’ « un printemps en Andalousie ». Mais depuis, les européens, anglais et français ont élaboré la climatologie à leur image. Les climats tempérés étant ceux de Londres ou de Paris, c’est-à-dire moches et tristes toute l’année ou presque. 
Températures andalouses ou castillanes seraient donc plus justes. Car, effectivement en été, à l’intérieur de l’Espagne, les températures sont non pas tropicales mais… sahariennes. Les madrilènes ont un dicton : « Madrid : 9 mois d’hiver, 3 mois d’enfer ».
Et vous savez quoi, les espagnols vivent avec, depuis des siècles. Ils en ont même fait un art de vivre, l’art de la sieste et de ne rien faire entre midi et 16 heures. Et orchata et gaspacho
Et vous savez quoi, nous sommes même des millions à nous ruer en Espagne pour y passer nos vacances. 
Canicule en deçà des Pyrénées, températures estivales au-delà. Cherchez l’erreur !

L’autoroute en galère, c’est la faute à Voltaire. Il neige à gros flocons, c’est la faute à Macron.

La neige en hiver: La faute au gouvernement ?
Effrayant ce spectacle de villes, routes, autoroutes bloquées par la neige, de ces « naufragés » de l’autoroute A9. Terribles, ces heures de froid et détresse pour quelques 2000 automobilistes, ces centaines de chauffeurs de poids lourds. On peut comprendre qu’ils soient vénères, qu’ils « haient » la rage, et d’ailleurs on les a entendus à longueur de breaking news, sur toutes les chaînes, tous les media, tous les réseaux sociaux sous le titre dramatique « Le Moscou-Paris s’abat sur la France ».
On met en cause le nombre de chasse-neiges. Mais Montpellier n’est pas Montréal, et dans la région on a sans doute plus besoin d’avions canadairs que de saleuses.
On tente de mettre en cause la météo. Mais leurs prévisions étaient claires, et répétées en boucle, peut-être trop. A force de crier au loup (Aucune allusion au Président récitant Pierre et le loup lire le blog précédent https://pierrethivolet.blogspot.fr/2018/02/emmanuel-macron-et-les-loups-un-conte.html), on n’y croit plus. Trop d’info tue l’info.  
On cherche un coupable et notre premier réflexe, est d’accuser le gouvernement. Et hop ! on fait un sondage express sur twitter : Vous avez une heure, répondez à la question : « Pensez-vous que le gouvernement ait bien géré la neige ». Et le verdict : « Non » à 70 %. Il aurait dû interdire la neige en hiver.
Mais si l’on prend un peu de hauteur, juste à l’échelle européenne, on se rend compte que tous les européens ont été saisis par le froid, et que partout, de l’Irlande, Grande-Bretagne à l’Italie, l’on a vu les mêmes scènes et l’on a entendu les mêmes critiques : Mais que fait le gouvernement ? Partout sauf à Moscou. Pas seulement parce qu’il y fait toujours froid en hiver, mais surtout parce que Poutine est forcément génial, forcément à la hauteur de toutes situations même de catastrophe naturelle. A 15 jours des élections qui le rééliront Président, il vaut mieux ne pas dire le contraire. Sinon c’est la Sibérie, la vraie.
Mais les naufragés de la neige se sont également plaints du manque d’information ; Comme d’ailleurs, il y a quelque temps, les naufragés du rail, en rade de TGV en Gare Montparnasse ; Comme pratiquement tous les jours, les usagers (usagés ?) du RER B qui se retrouvent abandonnés en Gare du Nord à Paris. A l’heure du tout info, des tweets, de la géolocalisation, des alertes, des messageries instantanées, c’est le grand silence sur nos smartphones.
S’il y a une faillite des autorités, c’est peut-être dans ce domaine. Il ne suffit pas d’aller inaugurer dans une ancienne gare la plus grande pépinière de start-ups. Ou de répéter « La France est une nation de start-upers ». Encore faudrait-il que le web serve vraiment à tous les citoyens et que ce ne soit pas uniquement l’administration fiscale qui se mette au numérique. Et vite.

Y-aura-t-il de l’argent pour Noël ?

La neige pour Noël: Un produit de luxe…
Ça y est : Ce sont les grands départs, Bison Futé voit rouge et noir, à Lyon le Tunnel sous Fourvière ressemble au… Tunnel sous Fourvière: 15 kilomètres de bouchons et toujours cette question, mais pourquoi a-t-on fait passer un des principaux axes autoroutiers européens au cœur de la seconde agglomération de France ? Dans les Alpes, ça bouchonne et avant les grandes bouffées d’oxygène à 1800 mètres d’altitude, il faut se taper l’asphyxie des sorties de Grenoble, de la vallée de la Romanche, de la montée vers la Tarentaise. Quant à Chamonix- Mont-Blanc pour ceux qui rêvent d’air pur, c’est raté. Avec la noria incessante des camions qui relient la France à l’Italie via le Tunnel, l’air y est encore plus pollué que Boulevard Saint-Germain à Paris depuis la fermeture des voies sur berges.
Toute la France part en vacances. Toute ? Non ! Seulement 21 % si l’on en croit les derniers chiffres. Pas parce que les 79 autres % ne veulent pas, mais parce qu’ils ne le peuvent pas. Car une fois rendu dans une de ces stations que le monde entier nous envie – à en croire leurs pubs, c’est à qui propose le plus grand domaine skiable du monde il faut braquer une banque. Ou alors y travailler ; Par exemple chez Rothschild et Cie, vous savez cette petite entreprise où Emmanuel Macron surnommé à l’époque le Mozart de la Finance a bossé jusqu’en 2012, gagnant près d’1 million et demi par an. Ce qui est quand même beaucoup moins qu’un Thiago Silva au PSG, mais lui en un mois …
Parce que même si vous trouvez une combine pour squatter chez des amis ou emprunter un équipement de ski, il vous faudra acheter un forfait. Et la plupart sont devenus aussi chers ou presque qu’un pass Navigo pour circuler un mois à Paris et 5 zones de banlieues, mais pour une seule journée, c’est-à-dire entre 9 heures et 17 heures, après c’est mort, les remontées mécaniques sont fermées.
Quelques prix : Alpe d’Huez, Courchevel : 51 €, 250 € pour 6 jours, Val d’Isère, sans doute le record, 55,50 €. Evidemment on peu se rabattre sur des plus petites stations plus basses en altitude, comme Autrans dans le Vercors ou le Lioran dans le Massif central, mais pas sûr qu’avec le manque de neige on puisse faire autre chose que de la luge sur gazon. Car pour lutter contre la baisse de l’enneigement il faut aller toujours plus haut, construire de plus en plus d’usines à neige, avec des retenues d’eau en altitude, des centaines de kilomètres de tuyaux, des centaines de canons à neige. Tout cela coûte des fortunes, aller skier est devenu un luxe et les rencontres avec la vraie nature en montagne dans ces stations sont de plus en plus rares.
« Pourtant que la montagne est belle, Comment peut-on s’imaginer, En voyant un vol d’hirondelles, Que l’automne vient d’arriver ? » chantait Jean Ferrat. Mais il est vrai qu’il parlait des montagnes de l’Ardèche, bien loin de nos usines à skieurs.
Nous vivons une e-poque formidable !

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