Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : mis en examen

Affaire Cahuzac: Le syndrome Richard Nixon ?

Nixon: Je ne suis pas un escroc

Tout le monde se préparait pour le fameux choc de simplification, annoncée jeudi dernier par François Hollande. Ce devait être l’arme ultime de la boîte à outils gouvernementale. Et là caramba, encore raté ! On a bien eu un choc, mais le choc Cahuzac.
Même s’ils s’en trouvent qui disent « je le savais, je m’en doutais ». évidemment, nous sommes tous estomaqués. Et tout est en train d’être dit et écrit.
Evidemment l’on se souvient des grandes déclarations moralistes et donneuses de leçon de François Hollande, candidat qui avait tant impressionné les journalistes avec son anaphore « Moi président » : « Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts». Alors ?
Alors, tout sauf « notre démocratie est malade ». Au contraire, elle fonctionne, et elle progresse et c’est tant mieux. Une telle affaire ne serait même pas sortie il y a 20 ou 30 ans.
Tout sauf la « démonstration de la complicité du monde politique et médiatique ». Aux Etats-Unis, qui vont loin dans ce genre d’exercice, cela a donné certes le Watergate, les mensonges de Nixon et sa démission, mais aussi des années d’audition et de procédures souvent sordides contre Clinton dans l’affaire Lewinsky.
Tout sauf les dérives populistes et démagos, les « tous pourris ». Mettre tout le monde dans le même sac. Par exemple Eric Woerth. Pour l’instant, rien n’a encore été trouvé et prouvé par la justice, c’est donc procéder par amalgame, nier la présomption d’innocence. Même si bien sûr, que l’ancien ministre du budget n’ait pas vu de problèmes dans le fait que sa femme exerce le métier de gestionnaire de fortunes, paraît incompréhensible, même si cela n’est pas répréhensible. Ce n’est pas sale, gérer des fortunes, il en faut et ça rapporte, et ce serait idiot de laisser ce travail à des anglo-saxons ou des luxembourgeois. La discussion suivante, imaginaire, paraît pourtant relever du simple bon sens: « Ecoute ma chérie, le temps où je suis ministre, il faudrait peut-être que tu prennes un congé sabbatique, que tu enseignes la finance ou la fiscalité à HEC ou ESCP » Ou bien au contraire : « Chéri, mon boulot de gestionnaire nous rapporte gros, donc, tant pis pour ton portefeuille de ministre, ou alors les anciens combattants ou l’économie numérique ». Apparemment nos hommes politiques n’en sont pas encore là. Il faudrait peut-être importer l’exemple américain de l’audition des ministres pressentis, devant une commission parlementaire.  
D’un mal, on peut faire un bien et de l’affaire Cahuzac, tirer les leçons pour améliorer nos institutions. Cela tomberait pile poil dans la fameuse loi sur la moralisation de la vie politique que François Hollande nous avait promis dans sa période anaphorique du « Moi président »… par référendum si nécessaire avait-il ajouté. Là c’est sûr il obtiendrait un «

Oui» franc et massif !

Nous vivons une e-poque formidable

Sarkozy mis en examen: Une bonne chose ?

L’ancien Président de la République a donc été mis en examen dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Ce peut être in fine une bonne chose. Car de deux choses l’une :
Soit au bout de l’instruction, ou même d’un éventuel procès, le dossier se révélera insuffisant pour mettre en cause Nicolas Sarkozy, et alors, fin de l’histoire.
Soit l’ancien Président a effectivement profité de la milliardaire pour financer illégalement ses campagnes politiques et alors il est normal qu’il soit sanctionné.
Dans les deux cas, l’image de la Justice et celle du monde politique en sortiront grandies. Cela signifiera en effet que nul n’est au-dessus des lois et que la Justice travaille dans la plus grande indépendance.
Qui pourrait alors ne pas s’en réjouir ?
Il y a trop longtemps que le « microcosme », hommes politiques, journalistes, juges, sont mis dans le même sac dans l’esprit du grand public sur le thème « tous pourris » « tous copains et coquins » « Justice à deux vitesses » ; Des idées largement entretenues par les démagos de tous bords et dangereuses pour la démocratie. A terme, toutes ces procédures engagées à l’encontre de responsables de tous bords, démontreront que ce n’est pas vrai : Elles et eux aussi doivent rendre des comptes. Ils sont des justiciables comme les autres
Bien sûr, nous aurions pu rêver d’un monde idéal où tous nos élus et tous nos dirigeants auraient été des femmes et des hommes parfaits. Mais reconnaissons qu’en vingt ou trente ans d’immenses progrès ont été réalisés dans le sens d’une plus grande transparence démocratique.
Bien sûr se pose toujours la question du « Qui jugent les juges ? ». En théorie le Peuple, au nom duquel la justice est rendue, mais il n’existe pas chez nous d’élection de Procureurs, comme aux Etats-Unis. Est-ce si mal ?
Bien sûr, l’action politique ne doit pas non plus être paralysée par la multiplication des actions en justice. Mais on en est encore loin dans notre pays!
Il reste maintenant à la Justice à montrer qu’elle est, elle aussi, à la hauteur de cette exigence. On peut notamment s’inquiéter de la lenteur de procédures qui peuvent parfois s’étaler sur des années et des années. Mais là, on aborde le problème de la réforme de notre système judiciaire, le rôle du juge d’instruction, et les moyens financiers dont ils disposent.
Nous vivons une e-poque formidable

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