Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Montpellier

L’autoroute en galère, c’est la faute à Voltaire. Il neige à gros flocons, c’est la faute à Macron.

La neige en hiver: La faute au gouvernement ?
Effrayant ce spectacle de villes, routes, autoroutes bloquées par la neige, de ces « naufragés » de l’autoroute A9. Terribles, ces heures de froid et détresse pour quelques 2000 automobilistes, ces centaines de chauffeurs de poids lourds. On peut comprendre qu’ils soient vénères, qu’ils « haient » la rage, et d’ailleurs on les a entendus à longueur de breaking news, sur toutes les chaînes, tous les media, tous les réseaux sociaux sous le titre dramatique « Le Moscou-Paris s’abat sur la France ».
On met en cause le nombre de chasse-neiges. Mais Montpellier n’est pas Montréal, et dans la région on a sans doute plus besoin d’avions canadairs que de saleuses.
On tente de mettre en cause la météo. Mais leurs prévisions étaient claires, et répétées en boucle, peut-être trop. A force de crier au loup (Aucune allusion au Président récitant Pierre et le loup lire le blog précédent https://pierrethivolet.blogspot.fr/2018/02/emmanuel-macron-et-les-loups-un-conte.html), on n’y croit plus. Trop d’info tue l’info.  
On cherche un coupable et notre premier réflexe, est d’accuser le gouvernement. Et hop ! on fait un sondage express sur twitter : Vous avez une heure, répondez à la question : « Pensez-vous que le gouvernement ait bien géré la neige ». Et le verdict : « Non » à 70 %. Il aurait dû interdire la neige en hiver.
Mais si l’on prend un peu de hauteur, juste à l’échelle européenne, on se rend compte que tous les européens ont été saisis par le froid, et que partout, de l’Irlande, Grande-Bretagne à l’Italie, l’on a vu les mêmes scènes et l’on a entendu les mêmes critiques : Mais que fait le gouvernement ? Partout sauf à Moscou. Pas seulement parce qu’il y fait toujours froid en hiver, mais surtout parce que Poutine est forcément génial, forcément à la hauteur de toutes situations même de catastrophe naturelle. A 15 jours des élections qui le rééliront Président, il vaut mieux ne pas dire le contraire. Sinon c’est la Sibérie, la vraie.
Mais les naufragés de la neige se sont également plaints du manque d’information ; Comme d’ailleurs, il y a quelque temps, les naufragés du rail, en rade de TGV en Gare Montparnasse ; Comme pratiquement tous les jours, les usagers (usagés ?) du RER B qui se retrouvent abandonnés en Gare du Nord à Paris. A l’heure du tout info, des tweets, de la géolocalisation, des alertes, des messageries instantanées, c’est le grand silence sur nos smartphones.
S’il y a une faillite des autorités, c’est peut-être dans ce domaine. Il ne suffit pas d’aller inaugurer dans une ancienne gare la plus grande pépinière de start-ups. Ou de répéter « La France est une nation de start-upers ». Encore faudrait-il que le web serve vraiment à tous les citoyens et que ce ne soit pas uniquement l’administration fiscale qui se mette au numérique. Et vite.

Piétonniser les voies sur berge à Paris: Faire notre bo-bonheur ?

Les quais asphyxiés, la voie sur berge pietonnisée: La bonne décision ?
Après la rive gauche, c’est donc la rive droite de la Seine qui va devenir piétonne.
Symboliquement, c’est fort. Les voies sur berge rive droite, la voie Georges Pompidou, c’est le symbole des années 70, 1970, qui ont fait tant de mal à tant de villes françaises, avec la construction d’autoroutes, de parkings, de tours au cœur des villes. C’étaient les années béton, les années tout automobile. Comme si nous voulions nous débarrasser de nos complexes, faire moderne, rompre avec cette France en retard par rapport aux autres grands pays développés. Nous le payons encore aujourd’hui : L’arrivée de l’autoroute Porte d’Aix ou devant la Major en plein cœur de Marseille : Il a fallu des dizaines d’années pour détruire ces horreurs;  Le tunnel sous Fourvière à Lyon : Faire passer toute l’Europe sur une autoroute au cœur de la deuxième agglomération de France, le maire de l’époque Louis Pradel trouvait que cela ferait Los Angeles:  Là aussi il va falloir encore une bonne vingtaine d’années pour s’en débarrasser; Et à Paris bien sûr, la destruction des Halles, la Tour Montparnasse et les voies sur berge, la fameuse Voie Gorges Pompidou.
Depuis quelques années, on revient en arrière, on tente de panser les plaies et redonner de la place aux piétons. Cela donne souvent des résultats heureux, de belles redécouvertes de nos centres urbains. Imaginerait-on Rue de la République à Lyon, Place de la Comédie à Montpellier, les quais de Bordeaux, le Vieux-Port à Marseille rendus aux voitures ? Et puis à Paris, les anciennes voies sur berge rive gauche devant le Musée d’Orsay. Elles ont été piétonnisées. A l’époque, leur transformation avait fait hurler, on prévoyait des bouchons monstrueux. Et puis ? Et puis, non. Aujourd’hui, qui s’en plaint ? Cafés, guinguettes, promeneurs, joggeurs, vélos ont remplacé les voitures.
Ce succès justifie-t-il la décision de la Mairie de Paris de faire la même chose, rive droite ?
Ce n’est  pas sûr. Plusieurs experts, plusieurs commissions ont émis des doutes, ont pondu des rapports défavorables. Car ce ne sont pas les quais, là où se trouvent les bouquinistes, les magasins, les théâtres qui seront transformés, mais l’autoroute en contrebas. Et la circulation, forcément, se reportera sur le quai du haut ou sur d’autres voies, comme le boulevard Saint-Germain ou la rue Réaumur. Pour quelques piétons heureux, cela va faire beaucoup de riverains embouteillés. Sans parler de tous ceux qui sont obligés de traverser le centre de la capitale, et pour lesquels il n’y a aucune solution de rechange, avant ? Avant dix ans, vingt ans ? Mais Anne Hidalgo semble n’en avoir cure. Représente-t-elle le progrès face aux conservatismes, au lobby automobile ? La aussi ce n’est pas sûr.
Ce que l’on peut craindre, c’est que nous soyons en train de tomber dans un autre excès, le tout-vélo, le tout piéton, qui fait de nos centres villes des zones musées, réservées à des « happy few ».
Ce que l’on peut redouter, c’est la victoire d’une idéologie verdâtre qui considère qu’il faut gêner les automobilistes pour les convaincre d’abandonner leurs voitures. En gros : « Nous ferons votre bonheur malgré vous ». C’est très élitiste, très « bo bo », très “bo-bonheur“. Et tant pis pour les millions de banlieusards.
Ce que l’on peut regretter, c’est que les voix des franciliens ne soient pas plus entendues. Mais après tout un banlieusard, ça ne vote pas pour la Mairie de Paris.
Nous vivons une e-poque formidable.

Les régions, c’est comme le sexe : Il vaut mieux en avoir une petite mais laborieuse, qu’une grande mais paresseuse !

Tant qu’à faire, pourquoi s’arrêter à 13 régions ?

Sur le papier, cela paraît cohérent:
En diminuant le nombre de régions, on diminue la suradministration territoriale. Et l’on crée des régions qui seront compétitives au niveau européen.
Ah! l’Europe ! C’est vraiment une brave fille qui a bon dos. On peut la mettre à toutes les sauces, elle ne peut pas se défendre. C’est pratique pour faire passer n’importe quelle réforme, y compris celle-là, qui partait peut-être d’une bonne intention mais qui va se terminer en usine à gaz technocratique.
Et nous répétons tous bêtement comme des moutons ce slogan lancé par nos dirigeants: « Il faut que la France ait des régions qui soient compétitives au niveau européen; Comme en Allemagne ou en Espagne ».
Or c’est faux ! Et on se pince de voir qu’aucun journaliste, qu’aucun homme politique de droite comme de gauche ne rétablisse la vérité.
Regardez donc une carte des 16 Länder en Allemagne. Ou des 15 communautés autonomes espagnoles. Regardez leurs dimensions : En Allemagne, la Sarre, le Schleswig-Holstein, la Thuringe, la Saxe sont plus petits que le Limousin ou  la Basse-Normandie, sans parler des villes–Etats comme Hambourg, Brême ou Berlin. C’est la même chose en Espagne, où les communautés autonomes comme les Asturies, Murcie, la Rioja et même le pays Basque sont toutes petites.
Que l’on regroupe Basse et Haute Normandie, cela paraît logique. On peut peut-être rationnaliser ici ou là. Mais créer des super régions comme Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon : Qui peut croire que cela sera plus « efficace ». Et puis la logique économique et géographique pour Montpellier est le dialogue avec Marseille et Lyon. S’il faut ramener Toulouse là-dedans, ça promet beaucoup d’allers-retours.
Quant à Toulouse, n’est-ce pas avec Bordeaux qu’elle devrait développer ses synergies ?  Et puis pourquoi casser ce qui marchait. Comme l’Alsace, une des régions les plus prospères de France, et qui en plus a une vraie identité. Et on la dilue dans un vaste ensemble, alors qu’un certain nombre de législations, héritées de l’époque allemande, ne sont pas les mêmes qu’en Champagne-Ardennes et même qu’en Lorraine
L’argument de la taille et de l’efficacité économique ne tient pas.
Sinon, faisons une une suggestion : Regroupons Aquitaine, Poitou charentes Limousin , Midi –Pyrénées, ça fait une. Et puis Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, ça fait deux, et en continuant ainsi on pourrait arriver à 4 ou 5 régions. Et puis si l’on regroupait encore ces 5 régions, on  en arriverait à une seule, histoire d’être concurrentiel face aux chinois. On l’appellerait comment ? France ?
Ce n’est pas pas leur taille qui rend les Länder allemands ou les provinces espagnoles dynamiques mais plus simplement, leurs compétences, leurs pouvoirs, leurs organisations : Et sur ce plan, pour l’instant, rien n’a été décidé pour les futures régions. C’est ce qu’on appelle mettre la charrue avant les bœufs.
Découper la carte de France avec des ciseaux à bout rond, tient plus du rêve d’énarque que de l’aménagement du territoire !
Nous vivons une e-poque formidable.

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