Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : moralisation

Moi quand je serai grand, je veux faire comme Mélenchon.

Mélenchon à 35 ans: Un insoumis au Sénat?
Des millions de parents essaient de stimuler leurs enfants pour qu’ils bossent à l’école : Si tu t’accroches tu feras comme Macron. Ou alors comme Xavier Niel. Ou encore comme Mourad Boudjellal. Ou comme Teddy Riner ou Tony Parker ou comme Slimane, le gagnant de The Voice.
Mais ces réussites demandent du travail, souffrir à l’entraînement, de vraies qualités physiques, du talent, un peu (beaucoup) de chance.
Non, moi quand je serai grand, je veux faire comme … Mélenchon : Apparatchik d’un grand parti ( le PS)  pendant 30 ans, sénateur pendant 20 ans.
Sénateur : Quelle planque ! Et ça rapporte. Des chiffres ? Salaire: 7185 euros par mois, en partie en indemnité donc non imposable. Plus une indemnité représentative de 6109 euros par mois. Plus des « avantages » : 7638 euros pour des collaborateurs, plus l’équipement informatique, plus le forfait téléphone, la gratuité des transports, le TGV en 1ère Classe et 40 billets d’avion Aller-Retour pour sa circonscription. Evidemment hôtel payé quand le Sénat est en séance. Plus un restau, une salle de sports. Plus des prêts immobiliers à taux privilégiés. Plus la possibilité de cumuler jusqu’à un certain montant avec d’autres mandats, d’autres rétributions. Ministre, Président de Conseil Général etc…
Plus une retraite 5 étoiles. 6440 euros par mois quand on a fait 3 mandats, sans compter les autres retraites, cumulables.
Alors les « gens » comme dit Mélenchon, on ouvre les yeux:
Facile de s’ériger en chantre de la Révolution, en Insoumis, en Monsieur Propre quand vous avez tant profité du système, que vous avez un toit sur la tête – au prix de l’immobilier à Paris – et une retraite dorée qui vous assurent des couilles en or jusqu’à vos dernières années.
Oh ! bien sûr, rien d’illégal, comme dirait Richard Ferrand! Mais avoir autant profité du fromage républicain sans moufter pendant 30 ans, est-ce bien moral?

Richard Ferrand: Coupable de rien. Mais… ça fait tâche.

Affaire Ferrand: L’arroseur arrosé ?
C’est vrai que pour un mouvement politique qui a annoncé qu’il allait laver plus blanc que blanc, l’affaire Richard Ferrand fait tâche.
Pas sûr pourtant que ce soit une affaire: Rien de ce qu’il a fait ne semble illégal. Pour ce que l’on sait. Et d’ailleurs si on le sait, c’est bien grâce au Canard Enchaîné et aux medias. Tiens comme c’est curieux: Il y a encore un mois, la presse était à la solde d’Emmanuel Macron, et les accusations contre Fillon ou Le Pen n’étaient que des coups montés par le « cabinet noir ». Au fait depuis le départ de Hollande de l’Elysée où est-il ce cabinet ? A Tulle ?
Dans l’affaire Ferrand, il n’y a donc, très certainement, (notez la prudence…) pas de quoi fouetter un chat (Au secours Brigitte ( Bardot, of course) il veut fouetter un chat !). Ceux qui ont été écartés par le grand « chamboule-tout » électoral politique de «En Marche !» voient là l’occasion de prendre leur revanche et c’est de bonne guerre, non ?
Reconnaissons pourtant que nous avons énormément progressé. Et que nous venons de loin. Il en fallu des scandales pour que soient prises toutes ces lois sur le financement des partis, les campagnes électorales, sur le contrôle des fonds secrets de certains ministères, sur l’attribution des marchés publics. Jusqu’à cette prochaine loi sur la moralisation et la transparence de la vie politique.
Et ne sommes-nous pas très contradictoires ?
Prêts à hurler: «Tous pourris», les politiques, les medias, les « élites ». Mais quand il s’agit de notre vie, de nos vies privées, de nos petits accommodements avec la loi, alors là, stop: Le fisc nous espionne, la police nous harcèle, l’Etat nous étrangle.
Nous avons pris beaucoup de coups sur la tête depuis quelques mois avec toutes ces affaires-gate: Affaire Fillon, Pénélope gate, casseroles européennes du FN, Cahuzac gate, Bygmalion gate.

Alors, même si cela est injuste, l’affaire Ferrand n’est sans doute pas une affaire, mais… ça la fout mal.

Cahuzac à l’Assemblée, Strauss-Kahn au Sénat: “J’me tire”

source: hervebaudry.blog.lemonde.fr



Pincez-moi, je rêve! j’hallucine, je cauchemarde… 
Ainsi donc, roulement de tambours ( oui, on fait rouler les tambours pour les grandes occasions à l’Assemblée ou au Sénat, ce sont les ors de la République, quoi !), la commission d’enquête parlementaire et son fringant Président, de Courson, allaient montrer leurs griffes. Enfin ! Nous allions voir ce que nous allions voir: La démocratie française en action, le Sénat américain n’avait qu’à bien se tenir. Et le tout diffusé en direct, histoire de bien montrer que le menteur allait devoir rendre des comptes, non mais ! 
En fait de tigre, on n’a même pas vu un chat, ni même un chaton. En tout cas, tout a fait « pschiiiittttt » selon l’expression consacrée par l’ancien Président Jacques Chirac. « Pschiiiiitttt ! circulez il n’y a rien à voir, ni à entendre ».  L’ancien ministre, qui avait juré les yeux dans les yeux qu’il n’avait jamais eu de comptes en Suisse, avant de reconnaître la main sur le cœur, qu’il était effondré de ne plus s’en être souvenu, là il nous a fait le coup de « je respecte trop la justice pour trahir le secret de l’instruction ». 
Pour ceux, qui comme moi, ne savaient pas à quoi pouvait ressembler le trou noir, le néant, le rien, le nul, Cahuzac devant la commission parlementaire, nous en a donné une idée assez juste !
Au même moment, et là, cela devient surréaliste, il y avait DSK devant le Sénat pour donner un cours d’économie sur « banques et évasion fiscale ». En le voyant et en l’écoutant, beaucoup d’entre nous avaient sans doute l’esprit ailleurs, l’esprit mal tourné. Mais là aussi, on croyait rêver: Quelle mouche avait donc piqué les sénateurs ? Ils n’ont trouvé personne d’autres ? Moi, je peux leur en donner des dizaines de noms, d’économistes brillants et compétents.
Mais la journée n’était pas finie: voilà-t-y pas que le ministre de l’Education nationale annonce 10 000 embauches supplémentaires ! Alors que tout le monde nous répète, Cour des Comptes en tête, mais aussi tous les rapports, toutes les études, que nous n’avons plus un rond,  que le problème n’est pas le nombre d’enseignants, mais leur formation, leur rémunération, leur parcours professionnel. Quand dans le même temps, les hôpitaux doivent fermer des services, ne plus remplacer le personnel déjà débordé. quand dans les prisons, qui n’ont jamais été aussi remplies, on est obligé de mettre des matelas par terre pour “accueillir” les nouveaux détenus… 
Alors brusquement on ne se pince plus, on rit nerveusement. Un rire qui se fige en entendant Arnaud Montebourg accuser la commission de Bruxelles d’être responsable de la montée du Front National! Non, mais ce n’est pas possible, ils ont pris quelque chose , ils sont autant “chargés” que les cyclistes du Tour de France …. Ce n’est pas à Bruxelles que nos hommes politiques doivent chercher les raisons de leur discrédit, c’est chez nous, avec ce spectacle lamentable qu’ils nous offrent (façon de parler parce que c’est nous qui payons).
Et là on n’a plus du tout envie de rire. Et là, brusquement on a envie de partir, et on envie ceux qui ont la chance de pouvoir partir. Et l’on comprend, même si on le déplore, tous ces jeunes qui fredonnent avec le rappeur Maître Gim’s(1).
« J’me tire dans un endroit où j’serai pas le suspect
après j’changerai de nom comme Cassius Clay » .
 Nous vivons une e-poque formidable        
(1)”J’me tire, Maître Gim’s” http://www.youtube.com/watch?v=F_rEHfLgdcY
ok, il ne parle pas de Cahuzac, mais comme il chante: “c’est pour la rîme”, et sa chanson n’est pas si mal tournée, non ?

Et si après les « chocs », on essayait plus simplement le changement ?

Source:Videberg , Le Monde

Depuis près d’un an, nous vivons au rythme de « chocs » qu’on nous annonce à grand renfort de roulement de tambours médiatiques et qui se terminent en « pschitttt ». Une suggestion, comme ça, toute bête et toute naïve : Et si le gouvernement se contentait de travailler sur quelques réformes basiques. Une première liste ? Réforme de la justice, des retraites, de la protection sociale; Réforme de la fiscalité, du millefeuilles administratif; On peut continuer longtemps. Il y a fort affaire mais pourquoi attendre LA réforme fondamentale, définitive, qui à force d’être à l’étude, va rejoindre le cimetière déjà fort rempli des bonnes intentions qui restent lettre morte ?
Aujourd’hui nous sommes tous sous le choc de « l’affaire Cahuzac ». Cela rend-il vraiment plus impérieux qu’il y a un mois, la mise en place de mesures, de lois encadrant l’activité des élus, contrôlant leur honnêteté, empêchant les conflits d’intérêt ? Même si cette affaire n’avait pas éclaté, la « moralisation » aurait été tout autant nécessaire et elle devra continuer même après la loi la plus sophistiquée. C’est un combat et une vigilance qui ne peuvent cesser. Un peu comme pour les accidents de la route. Après les ceintures de sécurité obligatoires, puis les radars, le contrôle de l’alcoolémie, le nombre de morts sur les routes a été divisé par 3. Mais personne n’estime qu’il faut s’en contenter.
Le danger serait que la seule émotion soulevée par un fait, même grave, d’actualité détermine la politique du gouvernement. Aujourd’hui, la moralisation, demain la délinquance des jeunes, après-demain la canicule ? L’actualité qui nous tourmente tous au quotidien, celle de la crise, du chômage et de la déprime économique passe au second plan, en tout cas c’est l’impression que nous avons, et c’est pourtant là que se trouve le nerf de la guerre. N’est-il pas désespérant de nous entendre dire par le gouvernement qu’il est urgent d’attendre … 2014 pour espérer entrevoir, peut-être, enfin, ce n’est pas sûr, le début d’un commencement de lumière au bout du tunnel où nous avons l’impression de nous trouver. Tout cela est désespérant. Et le désespoir est mauvais conseiller.
Nous vivons une e-poque formidable.

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