Il n’était donc pas nécessaire d’être un vieux routier de la politique pour “faire ” Président.
Il paraît que cette semaine le nouveau Président va marcher sur les eaux, que la semaine prochaine il va guérir les écrouelles par simple imposition des mains, que dans deux semaines il va multiplier les pains. Et si ce n’est les pains, en tous cas les députés.
Bref Emmanuel Macron retourne comme une veste les commentateurs politiques sceptiques, les journalistes blasés, qui pendant des mois n’avaient cessé de douter: Macron n’est qu’une bulle médiatique. Il n’a pas de programme. Et puis enfin cette question qui courrait sur les plateaux télés: Aura-il la carrure pour endosser les habits présidentiels ?
Et là, oh ! surprise: Il ne met pas les doigts dans le nez. Sa cravate n’est pas de travers. Il se tient bien à table et même, c’est dingue en 2017 pour un français qui a fait des études supérieures, il parle anglais ! Emmanuel Macron est inouï, ou plutôt inOui pour reprendre une comparaison ferrovière à la mode à la SNCF.
Et si en fait il était tout simplement normal. Ce qui est inouï, c’est que nous avions oublié ce que pouvait être, devait être un responsable politique, même le premier d’entre eux.
On nous avait enfumés en nous répétant que pour accéder au pouvoir il fallait ronger son frein pendant des années dans l’ombre des hommes en place. On comprend à quel point des Wauquiez, des Bertrand doivent être amers, eux qui eux aussi ont été des premiers de classe et qui se disaient: « Je patiente encore 5 ans, et en 2022 ce sera mon tour ». Le TGV Macron les a laissés sur le quai.
Attention quand même au syndrome Obama. En son temps lui aussi le Président américain avait dû surmonter des préjugés: Un noir pourrait-il être élu Président ? Un noir pourra-t-il faire ceci ou cela ?
Et il avait subjugué le monde entier en étant « cool » jusqu’à se voir décerner le Prix Nobel de la Paix.
Hélas dix ans après… C’est Trump qui lui a succédé.
56 ans séparent entre Kennedy et Trump. Et pourtant qui paraît le plus moderne ?
Dommage que les chaînes de télé n’aient pas demandé à Stéphane Bern ou Cristina Cordula de commenter la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Car cela tenait plus d’un baptême royal à Buckingham que d’un grand moment politique. On est loin d’un Kennedy déclarant dans son discours inaugural, il y a exactement 56 ans : « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. ». Non, du discours du Président on ne retiendra que ce qu’il a déjà martelé depuis six mois : America is back. L’Amérique est de retour. Bon, soit !
Mais de quelle Amérique parle-t-il ? Si c’est celle que l’on a vue dans les tribunes officielles, il y a quoi prendre peur: Toutes ces créatures bottoxées et liftées, toutes avec le même sourire, se saluant d’un « Salut… Tu … vas ..bien » à la mode des Inconnus dans Auteuil-Neuilly-Passy, mais en américain, pratiquement toutes blondes avec des brushings incroyables… D’ailleurs ces brushings, ça c’est un secret qui n’a pas passé l’Atlantique : Comment font-elles pour se faire coiffer de cette manière là, la laque n’explique pas tout, on a l’impression que leurs cheveux ne bougeraient pas même par des vents force 10. Et leurs tenues: Sublimes ! (sublaymes, ma chérie, comme dirait la présentatrice de Nouveau look ou des Reines du shopping). Et dire que la robe de Madame Trump aurait été dessinée par un français: On est loin des robes Balmain de Kim Kardashian. Et on en arrive à regretter les chapeaux de la reine d’Angleterre. Et ce n’est pas du racisme inversé que de reconnaître qu’un couple faisait tâche, positivement, Michelle et Barack Obama. Décidément de plus en plus classe. Quand ils sont partis la main dans la main, on a eu l’impression qu’un peu d’élégance partait avec eux en hélico. En voyant l’image que les Etats-Unis veulent se donner à eux-mêmes et au monde, on mesure que ce n’est pas seulement l’Atlantique qui nous sépare des américains, mais un fossé, culturel.
Trump a fait du Donald. No surprise ! Il en a profité pour immédiatement se mettre à détricoter l’Obamacare, en signant son premier décret. Va-t-il maintenant marcher sur l’eau ? Ou bien d’un coup de bâton, comme un Moïse en négatif, non pas ouvrir la Mer Rouge mais fermer le Rio Grande ? Il y a fort à parier que nous irons de surprises en surprises. Va-t-il continuer à nous faire rire ou sourire comme l’autre Donald, le canard ? Ce serait le moins pire des scenarii. L’autre possibilité est que tout cela tourne au vinaigre. Notamment avec la Chine, qui en matière d’empire et de China first, a au moins 2000 ans d’expérience. Dans quelques jours commencera la nouvelle année chinoise du coq de feu… Il faudrait peut-être le twitter à Donald.
Nous vivons une e-poque formidable.
Découvrir un extrait du discours inaugural de J.F Kennedy il y a 56 ans :
Quand Donald Trump veut envoyer un oukaze à Ford, il tweete. Quand Obama veut faire ses adieux, il tweete ou il « post » sur Instagram.
Aujourd’hui, la communication passe par le dernier media apparu, pas seulement internet, mais au sein du web, les réseaux sociaux, et parmi les réseaux sociaux, ceux qui sont les plus rapides, les plus concis : Twitter, Instagram : 140 signes.Ou mieux : Une photo et un hashtag.
Pas la peine de pointer du doigt les nouvelles technologies, ce ne sont que des technologies. Un peu comme l’électricité qui peut aussi bien servir à la chaise électrique qu’à nous éclairer. Tout dépend donc de l’usage que l’on en fait et là ça se complique. Contrairement à une idée reçue, il est beaucoup plus difficile de faire court que de s’épancher. Ça demande de la technique, du travail. Il y en a même qui tente d’en faire leur métier et on les appelle les journalistes.
Chez nos politiques, c’est un peu la panique. Autrefois, une seule chaîne de télé, les citoyens n’avaient pas vraiment le choix. Aujourd’hui un coup de zapette, un clic de souris et on passe chez Hanouna. Alors ilss‘y mettent toutes et tous, à la petite phrase, aux « punchlines » qui feront le buzz, et c’est verglas et pluies verglaçantes toute l’année: Des dérapages :
Comme le tweet de Macron dans un avion l’emmenant aux Antilles et parlant d’expatriation.
Comme Vincent Peillon déclarant à la télé: « les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans ».
Ou la déclaration du Président du Club de foot de Metz, sanctionné après des (graves) incidents lors d’une rencontre contre l’OL : « C’est comme si la justice sanctionnait le Bataclan ».
Ou encore: « Je suis gaulliste et de surcroit je suis chrétien », raccourci un peu surprenant de François Fillon sur TF1.
Tout le monde n’est pas De Gaulle qui alliait le fond et la forme, capable de détourner la langue française pour en faire des punchlines de génie, comme au moment du putsch d’Alger en avril 1961: « Ce pouvoir a une apparence: un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité: un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques ». Waou ! trop fort , d’autant plus que quarteron ne veut absolument pas dire quatre, mais métis. Qu’importe: En 140 signes, De Gaulle avait clashé et cassé les généraux ! Et d’ailleurs 24 heures plus tard, le putsch échouait.
Et puis ce n’est pas parce qu’on fait simple que l’on écrit simpliste. On peut être écrivain et écrire en moins de 140 signes : « On est heureux Nationale 7 », très belle contraction poétique de Charles Trénet chantant le route nationale qui mène aux vacances. Ou encore Marguerite Yourcenar: « Quoiqu’il arrive j’apprends. Je gagne à tout coup». Mais le plus fort « Je pense donc je suis ». Descartes twitto avant l’heure. Il est vrai qu’il y a 400 ans René le philosophe tournait 7 fois sa plûme dans son encrier avant de se mettre à écrire.
Politique en France: On est loin d’un Trump-Clinton, et tant mieux !
Depuis sa victoire à la présidentielle américaine, Donald Trump est partout. Attention: Le milliardaire ne sort presque pas de son – somptueux, forcément somptueux, mais pas forcément de bon goût – loft au sommet de sa tour éponyme à New York. Et pourtant son ombre plane sur tous les grands événements de notre planète.
Par exemple il y a quelques jours à Marrakech, pour la réunion COP 22. Ce devait être le couronnement mondial – et africain – du sommet de Paris. Et patatras, Donald Trump ne croit pas au réchauffement climatique, il croit surtout aux intérêts des grandes compagnies américaines produisant du gaz de schiste. Donc Marrakech a tourné en rond, la délégation américaine a surtout essayé de rassurer: Le futur Président sera pragmatique. Qu’en savent-ils ? Apparemment, la fonte de la banquise ne lui fait ni chaud ni froid et il se fiche des ours polaires, sauf quand ils sont transformés en manteau pour belles d’un soir.
Rassurer: C’est également ce que tente de faire Barack Obama dans sa dernière grande tournée en Europe. Mais le sommet organisé avec les cadors de l’Europe – en fait avec des dirigeants plutôt mal dans leurs baskets nationales : Renzi, Rajoy, May, Hollande bien sûr, et Merkel, même Merkel – qui devait être un dîner d’anciens camarades de promos a tourné au déjeuner d’enterrement. Avec un spectre: L’isolationnisme annoncé par le Président américain élu.
Mais l’ombre de Trump s’immisce aussi dans notre campagne électorale. Avec ce slogan répété comme une ritournelle, repris par beaucoup de commentateurs, de journalistes : Il faut écouter la colère du peuple. L’élection de Trump, c’est la revanche du peuple contre les élites.
Mais comparaison n’est pas raison. Et même si nous sommes occidentaux, et même si « La Fayette, nous voilà », il n’y a pas que l’Atlantique qui nous sépare des Etats-Unis. Leur côté bigot, leur communautarisme, leur passé raciste et ségrégationniste, les armes, la peine de mort, leur système judiciaire, leur système politique et électoral, qui permet à Trump d’être élu alors qu’il a obtenu un million et demi de suffrages de moins qu’Hillary Clinton : Cela fait beaucoup. Et puis, on veut nous faire croire que nous serions dégoutés de la politique comme les américains. Allons donc: Plus de 5 millions de français regardent des débats, ceux des primaires de la droite, qui sont tout sauf fun et glamour. Nous nous apprêtons à voter 6 fois en 6 mois: Pour beaucoup les 2 tours d’une primaire, puis 2 tours de la Présidentielle, puis encore 2 tours des législatives, avec sans doute des taux de participation que n’ont pas connu les Etats-Unis depuis… leur indépendance.
Alors, décidément eux c’est eux, nous c’est nous, et l’effet Trump s’arrêtera au triangle des Bermudes. .
Une campagne outrancière: Allez-vous voter pour des amis de terroristes ?
Un musulman élu à la tête d’une capitale occidentale: C’est vrai, c’est une première. Et c’est vrai, par les temps qui courent – attentats, menaces des cinglés intégristes musulmans – ce vote, cette large victoire signifie le refus de la peur, « Le choix de l’espoir plutôt que de la peur » a déclaré l’heureux élu.
Cette élection signifie qu’à Londres, vitrine du miracle économique britannique, il y a un envers du décor. Elle est devenue la ville la plus chère au monde, son immobilier est investi par les milliardaires, notamment d’Asie. Et pour beaucoup de londoniens, transports, logements, tout est hors de prix. C’est cela aussi qu’a promis de régler Sadiq Khan. Avec ce slogan repris de Barack Obama : « Yes we Khan ».
Il y a … 8 ans, l’élection d’un noir à la tête des Etats-Unis avait également soulevé d’immenses espoirs. Pendant quelques mois, Barack Obama était comme un Messie, Jésus marchant sur l’eau, Prix Nobel de la Paix, avant même d’avoir fait quoique ce soit. Et puis ? Et puis, on attend toujours… la fermeture de Guantanamo, une nouvelle politique au Proche-Orient. Quant au nombre de « bavures » policières – et par bavures, on entend des jeunes noirs abattus par des policiers blancs – elles ne cessent de défrayer tragiquement la chronique. Bien sûr, symboliquement l’élection d’Obama a été très forte, et a changé sans doute l’image des Etats-Unis dans le monde. Un peu comme aujourd’hui l’élection de Sadiq Khan à Londres. Mais le nouveau maire pourra-t-il aller très loin. On nous présente ces élections comme des exemples de tolérance des sociétés américaines ou britanniques. Et en creux, cela souligne le retard de notre pays. Mais est-ce si vrai ?Les sociétés anglo-saxonnes sont-elles vraiment plus tolérantes que la nôtre.Le modèle communautaire par opposition à notre modèle « républicain » assimilationniste, est-il vraiment plus tolérant ?Chacun chez soi, chaque communauté entre elle, est-ce l’idéal ?
Il nous est dit par exemple que le port du voile ne pose pas de problème à Londres. Mais la question du voile est-elle seulement une question de tolérance religieuse, culturelle, un peu comme le port du Loden à Munich ou du kilt à Édimbourg ? Dans le monde musulman et chez les femmes musulmanes, il y a une discussion sur la signification de l’extension du port, non pas du fichu que portaient et portent encore beaucoup de grand-mères dans les campagnes du Maghreb, mais de ce voile intégrale, de la burqa, de ces tenues venues d’Arabie saoudite ou d’Afghanistan, et qui ont plus à voir avec le machisme des hommes qu’avec le respect de Dieu ;
Accepter comme c’est souvent le cas à Londres les dérives intégristes de certains musulmans, au nom de la tolérance, fermer les yeux sur les activités de certains groupes djihadistes basés en Grande-Bretagne, est-ce préparer l’avenir et l’acceptation de l’autre ? Modèle d’intégration la Grande-Bretagne ? C’est oublier les attentats épouvantables commis en 2005, ou en 2013, le soldat égorgé à la machette en plein jour dans une rue de la capitale … C’est oublier que la religion anglicane est toujours liée à la monarchie, et que Tony Blair a dû attendre de ne plus être Premier Ministre pour pouvoir se convertir à la religion catholique ! C’est oublier ces dernières semaines la campagne raciste d’une violence antimusulmane impensable chez nous menée par le candidat conservateur opposé à Sadiq Khan. « Allez-vous vraiment élire des gens qui pensent que les terroristes sont leurs amis ? ». Même le FN n’aurait pas osé !
En France, nous n’avons pas attendu un Barack Obama aux Etats-Unis ou un Sadiq Khan à Londres, pour qu’un noir et/ ou musulman accède aux plus hautes fonctions. Il y a plus de soixante ans, à une époque où les parents de Michelle Obama n’avaient pas le droit de s’asseoir à côté de blancs dans les bus, et où à Londres, le père de Sadiq Khan ne pouvait que rêver de les conduire, les bus, un noir, petit-fils d’esclave, Gaston Monnerville était élu Sénateur et Président du conseil général du Lot, et Président du Sénat de 1958 à 1968. Président du Sénat ! Deuxième personnage de l’Etat.
Oui mais depuis, on est où ? Même les souvenirs de Gaston Monnerville ou de Félix Eboué se sont évanouis. Ils ne sont plus que des noms de places ou de rues, au lieu d’être des modèles inspirant les jeunes générations. En 50 ans avons-nous reculé ? Où sont les nouveaux Monnerville ?
Télé-réalité survie avec Obama en Alaska: Est-ce vraiment le bon timing ?
Hollande à l’Elysée en chef de guerre, Merkel en mama de tous les réfugiés etpendant ce temps-là que fait le Président des Etats-Unis ? Il est en Alaska à bouffer un saumon laissé par un ours dans une émission de télé-réalité. Il paraît que cela fait partie d’une nouvelle stratégie de communication d’Obama afin de sensibiliser les américains à l’environnement et aux changements climatiques dans la perspective de la tant attendue – en tout cas à Paris- COB 21, ce sommet qui se déroulera chez nous en décembre.
Soit ! Des mauvais esprits pourraient dire que cela fait un peu Vladimir Poutine pêchant torse nu le saumon dans les rivières en Sibérie, mais reconnaissons que Barack peut se le permettre, physiquement s’entend. On imagine mal notre Président – et ce n’est pas lui faire injure – participer à Koh-Lanta pour nous intéresser à la hausse du niveau de la mer ou à l’Ultra-trail du Mont-Blanc pour nous alerter sur la fonte des glaciers. Peut-être manquons-nous d’imagination…
Mais le timing d’Obama est-il bien choisi ? 3 jours d’expérience survie en Alaska avec « Running wild » au moment où des centaines de milliers de réfugiés se battent pour leur survie. On sent que les Etats-Unis sont vraiment très loins, plus que 10 000 kilomètres, presque sur une autre planète, de la Méditerranée et du Proche-Orient.
Et pourtant qui a semé la merde dans une région déjà passablement agitée ? L’Afghanistan ? On n’en parle même plus, maïs pas une journée sans attentat, attaques, massacres. L’Irak ? Ca existe encore l’Irak ? Quand on pense que c’était un des grands pays, une des grandes puissances du monde arabe, et depuis 4000 ans un des berceaux de la civilisation. Et la Syrie ? 4 ans de guerre, 4 millions de réfugiés.
Les cow-boys sont repartis vers le nouveau monde. Ils se lavent les mains du bordel laissé derrière eux. Et nous, nous sommes trop faibles pour faire quoique ce soit. Personne ne peut croire que ce sont nos deux rafales qui mettront un terme à ces guerres.
Il faudrait renouer avec la Russie, et c’est triste à dire, avec Poutine. Même si, tout le monde est d’accord, ce n’est pas un type bien, il détient certaines clefs à Damas.
Il faudrait de manière plus déterminée impliquer l’Iran, qui, même avec la dictature vieillissante des ayatollahs, est sur le long terme un pays plus fiable que l’Arabie saoudite. Vous vous rendez compte, l’Arabie saoudite, notre meilleur allié dans la région ! Un régime qui n’avait pas attendu Daesh pour décapiter et lapider à tour de bras !
Et puis il faudrait allez chercher Obama en Alaska pour que les américains s’impliquent pour réparer ce qu’ils ont en grande partie cassé. Peut-être aurons-nous plus de chance avec Hillary ?
En attendant, nous ne verrons plus jamais les colonnes de Palmyre, dynamitées semaine après semaine, et les protestations de l’Unesco n’y peuvent mais ; ni les souks de Damas, ni les jardins sur l’Oronte à Hamah. Il faudra nous contenter d’en rêver, par exemple en relisant: « Un jardin sur l’Oronte », l’histoire d’amour entre un chevalier chrétien et une princesse sarrazine dans un Orient rêvé par Maurice Barrès. La réédition de son roman d’une grande poésie, publié en 1922, a été préfacée par… Laurent Wauquiez…Mais il n’y a sans doute aucun rapport. Même si cegrand écrivain- Barrès- était d’un nationalisme qui aujourd’hui flirterait avec le FN. Mais c’était sans doute dû à l’époque, on sortait de la boucherie de la guerre 14-18.
“À la fin d’une brûlante journée de juin 1914, j’étais assis au bord de l’Oronte dans un petit café de l’antique Hamah, en Syrie. Les roues ruisselantes qui tournent, jour et nuit, au fil du fleuve pour en élever l’eau bienfaisante, remplissaient le ciel de leur gémissement, et un jeune savant me lisait dans un manuscrit arabe une histoire d’amour et de religion… Ce sont de ces heures divines qui demeurent au fond de notre mémoire comme un trésor pour nous enchanter ». Ainsi commence « Un jardin sur l’Oronte ».
Et le roman s’achève ainsi : « Et bien, tâche que ce soit un beau conte à conter dans les jardins de l’Oronte“.
Aujourd’hui c’est l’histoire de la famille du petit Alyan Kurdi 3 ans, mort sur une plage de Bodrum qui est contée.
Le blocus imposé depuis plus de 50 ans par les Etats-Unis à Cuba était, est évidemment stupide, héritage d’une autre époque, inspirée par l’obsession anti-communiste des Etats-Unis, par leur volonté de contrôler tout ce qui se passait dans leur « backyard », dans leur sphère, et qui a conduit au soutien à des dictatures comme Somoza au Nicaragua, à la participation au renversement d’Allende au Chili, mais aussi par la haine entretenue par des groupuscules d’exilés cubains anticastristes de Floride.
L’annonce d’une possible éventuelle normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba est donc d’abord l’annonce de la fin d’une situation totalement anachronique et hypocrite. Comme l’ont été récemment les condamnations au nom de cet embargo de certaines banques, dont BNP Paribas, lourdement sanctionnées, pour avoir commercé en dollars entre autres, avec l’île bannie.
C’est aussi une bonne nouvelle pour beaucoup de cubains, qui espèrent que cela leur ouvrira des perspectives d’amélioration de leur vie quotidienne. Qui espèrent, et espérons avec eux: Car ce que sont vraiment Cuba et le régime castriste, ne correspond pas aux clichés exotiques que nous diffusons.
Fidel Castro a réussi à mythifier sa révolution. Beaucoup d’entre nous, y compris les confrères qui commentent aujourd’hui cette annonce, font preuve d’une complaisance et d’une ignorance coupables. Ah ! bien sûr : Aller faire la révolution dans les années 1960 ou 70 à la Havane, c’était quand même plus sympa – salsa, mojito, plages et petites pépés – que d’aller voir les défilés sur la Place Rouge ou à Berlin-Est. Cuba est non seulement le plus grand, mais sans doute la plus belle des îles de la Caraïbe. Et le peuple cubain est tout sauf introverti, utilisant d’ailleurs les traits d’esprit et l’humour pour surmonter les difficultés de sa vie quotidienne. Cuba a tout, les paysages, la culture, la population, pour devenir la destination n°1 du tourisme mondial !
Mais, non, le blocus n’est pas la seule raison de la faillite économique cubaine. Cette faillite a été programmée dés le début, par des mesures de nationalisation, d’expropriation, d’orientations économiques catastrophiques. Et l’instauration d’une dictature, de plus en plus organisée autour d’une famille, d’un clan. Celui de Fidel Castro. Rappelons que Castro est tout sauf un enfant du peuple, mais le fils d’un grand propriétaire terrien, blanc, originaire d’ailleurs de la même région que le dictateur espagnol Franco, la Galice, et élevé chez les bons pères !
La « geste » castriste a noirci la situation de Cuba d’avant la Révolution. Plus Cuba d’avant Castro est présentée comme un pays sous-développé, une dictature sanguinaire, plus la révolution devient admirable.
Or Cuba d’avant Castro n’était pas Haïti sous Duvalier.
On oublie de dire que le dictateur Batista, avant de devenir dictateur avait été le premier Président « non blanc » élu à Cuba, le premier à introduire en 1940 une Constitution démocratique, le salaire minimum, un système de retraite, et à faire entrer les communistes dans son gouvernement de coalition ! D’où l’opposition farouche des classes aisées cubaines parce qu’il était un réformateur et surtout un mulâtre: Quel scandale dans ce pays qui a été avec le Brésil, le dernier d’Amérique à abolir l’esclavage: 1886… Il faut rappeler que pendant longtemps, pour ces raisons, le Parti communiste cubain a été réservé à l’égard de Castro.
Dans les premières années de la révolution, ce ne sont pas seulement des riches propriétaires et des mafieux corrompus qui sont partis en exil, mais tous ceux qui faisaient la richesse de Cuba : Médecins, ingénieurs, commerçants, les classes moyennes.
Car on oublie de rappeler que Cuba dans les années 50 était le pays le plus développé d’Amérique latine, celui où le niveau d’éducation, de santé était le plus élevé. En 1958, le taux de mortalité infantile est le 13eplus faible de la planète et les Cubains ont l’une des espérances de vie les plus élevées. 22 % de la population est analphabète, alors que le taux mondial est de 44 %.
Bien sûr, les inégalités sont énormes, notamment entre les campagnes et les villes, comme la corruption, mais moins qu’au Brésil ou au Mexique !
Avant 1959, il y avait 129 magazines, 58 quotidiens, certains très libres, qui n’hésitaient pas à publier les déclarations de Castro au cours de son procès après son attaque ratée contre la caserne de la Moncada, et notamment le fameux : « L’Histoire m’acquittera ». Il fût d’ailleurs gracié par Batista deux ans après. Ou bien encore comme « Libertad », qui publiait en première page, des photos des opposants torturés ou tués sous le second gouvernement Batista, seconde période, celle de la dictature.
Les journalistes ont dû partir, comme beaucoup d’artistes. Car la musique populaire cubaine, aujourd’hui portée aux nues, fût d’abord pourchassée par la révolution, qui l’estimait trop liée aux boîtes de nuit et autres lieux de décadence ! On connaît ce mot de l’icône de la Salsa, Celia Cruz : « Avec moi, c’est le « son » (la musique cubaine), qui quitte Cuba ». Celia Cruz n’a jamais pu retourner à Cuba, même pour l’enterrement de sa mère…
Dans les années 1980, nouvelle vague d’émigration, les « marielitos ». Et là non plus ce ne sont pas des privilégiés qui sont partis, mais les enfants de la révolution, des forces vives du pays, fuyant l’absence de perspectives de développement et de changement, des opposants politiques, des homosexuels très réprimés, auxquels le régime a rajouté aussi quelques repris de justice afin de vider les prisons.
On dit que sous Batista, Cuba était le repaire des mafieux. C’est vrai, mais aujourd’hui, elle est déjà redevenue une plateforme de transit pour des trafics en tout genre, et notamment la drogue. Comme l’ont prouvé d’ailleurs certains scandale qui ont mouillé de grandes figures du régime, comme le général Ochoa, fusillé en 1989. Quant à la prostitution, femme ou homme, il suffit de voir ce qui se passe un peu partout près des hôtels ou sur les plages. « Jineteras » et « pingueros », prostituées et prostitués arpentent toutes les zones touristiques. Sans doute plus nombreux que sous Batista, car ce ne sont pas 300 000 touristes qui, comme à l’époque, vont chaque année à Cuba, mais près de 3 millions !
Aujourd’hui Cuba est dans un tel état de délabrement que l’ouverture, si elle n’est pas menée de manière raisonnée et démocratique, va être une catastrophe pour l’immense majorité des cubains restés à Cuba.
Comment vont pouvoir survivre tous ces cubains, enseignants, médecins, infirmières ? Ils gagnent 50 dollars par mois. Alors que ceux qui « trafiquent », ou qui se prostituent, peuvent se faire autant en une soirée… Pourquoi passe-t-on sous silence le désespoir de ces médecins formés comme chez nous, qui savent ce qu’il faut faire face à telle ou telle maladie, mais n’ont aucun équipement, aucun médicament, à moins de le faire venir par des voies détournées, des envois de proches, d’amis vivant à l’étranger. Oui, officiellement, la santé est gratuite, mais il vaut mieux avoir un fils à l’étranger !
Comment les cubains qui sont restés à Cuba et qui n’ont aucun moyen financier, vont pouvoir résister au « retour » des exilés qui ont réussi, par exemple en Floride, et qui arriveront les poches pleines de dollars ? Comme en pays conquis. Quand on voit ce qui s’est passée dans l’ancienne RDA, après la réunification, où pourtant avait été mis en place un cadre légal pour éviter les abus, on imagine facilement ce qui se passera quand les anciens propriétaires expropriés, spoliés, viendront réclamer leur maison, leur appartement, leurs terres à ceux qui les occupent depuis un demi-siècle ?
La question de fond n’est pas le blocus. C’est celui de la dictature des Castro. Car il n’y aura pas de vrai développement sans démocratie, sans un gouvernement qui tout en ouvrant le pays au monde d’aujourd’hui, protégera les intérêts des 11 millions de cubains restés sur l’ile.
On peut être pessimiste, car depuis des siècles, il n’est pas facile d’être voisin du géant américain : « Si loinde Dieu, si près des Etats-Unis » dit-on aussi bien au Mexique qu’à Cuba !
Dans un premier temps, l’annonce d’Obama est un coup politique, médiatique. Un cadeau pour les Castro.
Obama devait relancer l’économie américaine. On attend toujours.
Obama a mis quatre ans pour faire adopter sa loi sur le système de santé: Que vont devenir toutes ces séries américaines, style «Urgences», où les pauvres ne peuvent pas être soignés parce qu’ils ne sont pas assurés ?
Obama avait annoncé la fermeture de la prison spéciale « terroristes » à Guatanamo. Vous avez dit Guantanamo ?
Obama a été rudement efficace au Proche-Orient où ça va nettement mieux qu’il y a 4 ans. Non ? Non.
Obama avait prononcé un superbe discours au monde arabe, au Caire, devant Hosni Moubarak. Ca n’a pas vraiment réussi au président égyptien. Et au peuple égyptien ?
Obama est né à Hawaï, ça ne fait pas très sérieux ;
Obama est noir. En fait d’ailleurs même pas, puisqu’il est moitié
moitié. En plus il n’est même pas afro-américain, ou plutôt si, puisque son père était kenyan et sa mère américaine.
Obama avait fait ami ami avec Nicolas Sarkozy.
Obama a mis la honte à François Hollande en ne lui expliquant pas que le « dress-code » à Camp David était le « Friday wear » et non pas le costume cravate.
Obama est charismatique. On n’y croit pas quand il nous dit qu’il aime les « cheeseburger ».
Obama ne marche pas sur l’eau et ne multiplie pas les petits pains (ni le vin).
Obama risque perdre les prochaines élections au profit d’un mormon richissime et aussi gai qu’une porte de prison (américaine, of course !).
Et si malgré tout, Barack Obama était réélu ? Ce serait mieux, non ?