Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : pandémie

Coronavirus : jouer aux échecs avec la mort. Quelques suggestions pour passer le temps du confinement (à venir ?).

Le septième sceau, d’Ingmar Bergman. Hommage à Max von Sydow
Jouer aux échecs avec la mort n’évite pas l’inévitable. À l’image de ce qui se passe en Italie, ce qui nous pend au nez ( ! ), c’est le confinement général. Juste après les municipales ?  
Jouer aux échecs avec la mort c’est ce que fait le chevalier Antonius Block après 10 ans aux croisades, de retour en Suède où une épidémie de peste fait rage. Sur une plage déserte, le chevalier rencontre la Mort. Il lui propose une partie d’échecs afin de retarder l’échéance. Il finira par être mis échec et mat, sans que la Mort ne lui livre son secret. C’est le pitch du « Septième sceau » d’Ingmar Bergman. Bien sûr c’est un film en noir et blanc, ça cause en suédois, ça date d’avant les Krisprolls et les armoires Ikéa, mais c’est culte. 
Et ce film peut faire partie de tout ce que vous n’avez eu le temps de voir ou de revoir, de lire ou de relire. Les semaines qui nous attendent avec leur confinement annoncé pourraient ainsi être utilement occupées. 
Dans la même qualité, hommage à nos amis italiens : «  Mort à Venise  » , bien sûr, de Luchino Visconti, où les images superbes s’accordent avec la musique de l’addagietto de la Cinquième Symphonie de Gustav Mahler. Encore une histoire d’amour ( ?) sur fond d’épidémie. 
Passons sur les films d’épouvante, même si certains sont devenus cultes comme “Contagion”, de Soderbergh. Ou encore “Alerte!”, de Wolfgang Petersen, avec Morgan Freeman et Dustin Hoffman, du lourd quoi.
Ou enfin “Pandémie” (2020), une série documentaire que Netflix vient de lancer en … janvier. La série raconte l’histoire de chercheurs qui font tout pour endiguer les virus avant qu’ils ne deviennent pandémiques. C’est ce qu’on appelle avoir du nez. Ou alors se tenir informé. 
Bien sûr, on peut (re)lire « La Peste ». Apparemment le roman de Camus bat des records de vente, et ça c’est bien. Non seulement parce que c’est très bien écrit, mais aussi parce c’est Camus, humanisme, droit, justice, doutes…on est quand même très au-dessus de l’Instagram moyen. 
Il y aussi « Le Hussard sur le toit » – de Giono. On préfèrera le roman à son adaptation au cinéma, même si elle n’est pas mal et puis, il y a Juliette Binoche… Du coup, relire Giono, parce que chez Giono, tout est fort, les sentiments, puissants comme des coups de Mistral, les paysages écrasés de soleil, le cagnard, les cigales , czi, czi …
Une dernière pour la route : « L’amour au temps du choléra » de Gabriel Garcia Marquez, et là on entre dans le baroque tropical. 
Donc on s’évade et par les temps de confinements actuels, ça fait du bien. Et l’on a une pensée pour Max von Sydow, qui vient de mourir, en toute discrétion au milieu du vacarme coronaviral actuel. Un acteur de très grande classe, interprète fétiche d’Ingmar Bergman. C’est lui qui interprétait le chevalier dans le Septième sceau, et qui vient donc de perdre sa dernière partie d’échecs contre la Mort.

Coronavirus : On nous cache tout, on nous dit rien. En attendant le stade 3.

Et pendant ce temps-là le naufrage syrien continue
Là, on ne rit plus. On va tous y passer. On nous menace du stade 3 – pas de l’émission de télé, d’ailleurs pas mauvaise du tout, sur France 3 – mais de l’après stade 2, de l’après épidémie, la pandémie. 
Les mots font peur plus que les maux. D’ailleurs ils ont même changé le nom du mal, c’est maintenant le covid-19. Plus savant, plus inquiétant. Tandis qu’avec corona, certains y voyaient une référence à la boisson favorite de feu Jacques Chirac.
Le stade 3 donc, on y va. Mais après le stade 3, il y a quoi ? C’est comme pour les tremblements de terre, la fameuse échelle de Richter, à 6, ça tangue, à 7 c’est sérieux, à partir de 8, c’est le Japon, au-delà, il n’y a plus personne. 
On ne rit plus. C’est juré, craché – non ! pas craché, ou alors dans un mouchoir – : je respecterai les 5 consignes de prévention. 
Se laver les mains. Tiens, si cela nous rendait plus propres, nous français, ce serait un bien pour un mal. 
Ne plus claquer la bise, plus de serrage de mains, c’est déjà plus difficile. Quoique chez les anglo-saxons, comme chez les islamistes, c’est déjà le cas. Le « shakehand », c’est quand même plus latin que ricain. Mais quid du « check » ? Vous savez cette manière de se saluer, genre chanteur de hip-hop. Les autorités sanitaires n’en parlent pas, mais le virus doit forcément arriver à sauter de poings en poings, à contaminer de phalanges en phalanges. Comme quoi, nos dirigeants sont vraiment déconnectés – ok ! boomer.
Éternuer dans son coude, c’est déjà plus compliqué. A moins de « daber » régulièrement comme Pogba, ce n’est pas un geste vraiment spontané. 
Mais il paraît qu’on peut remplacer le serrage de main, par des coups de pieds, sneakers contre sneakers, la classe ! Attention pas comme Neymar, là, ça vous êtes forfait pour plusieurs semaines. Pas de coup de boule non plus, là vous êtes disqualifiés direct. 
On ne rit plus. Pendant ce temps-là, ils sont des centaines de milliers, un million et demi (?) de réfugiés syriens qui vont sans doute arriver chez nous. Déjà un enfant noyé a été repêché au large de l’île grecque de Lesbos. Nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas été prévenus. Cela fait 9 ans que la guerre ravage la Syrie, un demi-million de morts. 3 à 4 millions de réfugiés sont en attente en Turquie. Et pour ces morts-là, le vaccin on l’avait. On aurait pu l’avoir.
Saleté de virus. 

Coronavirus : On nous cache tout, on nous dit rien. Seule l’Afrique serait indemne ?

L’Afrique elle aussi ? 
Là, ça devient sérieux. Le monde entier est contaminé. Épidémie, pandémie : Il faut nommer les choses, nous allons tous mourir, et les cartes diffusées sur nos écrans montrent l’inexorable progression de la tache noire qui recouvre toute la planète. Toute ? non !
Un continent résiste à l’envahisseur, tâche blanche sur l’écran noir de la pandémie : l’Afrique. Indemne de tout cas, ou presque. 
Non, mais qui y croit ? 
Qui peut croire que sur les 1 milliard 200 millions d’africains, il n’y ait qu’un ou deux malades …
Qui peut croire qu’alors que la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, qu’un million de chinois, sans doute, y vivent, il ne se soit pas trouvé un seul malade dans le flux des échanges ? 
L’absence de cas déclarés ne signifie évidemment pas qu’il n’y ait pas de malades en Afrique, mais sans doute tout le contraire. D’autant que le coronavirus risque de passer presque inaperçu, non détecté par des infrastructures sanitaires déjà saturées par d’autres épidémies qui font des centaines de milliers de morts chaque année. Paludisme, choléra, fièvre jaune, Sida, virus Ebola. 
Comparé à Ebola, justement, dont le taux de mortalité est de plus de 50 %, le coronavirus paraît bien bénin, avec un taux de mortalité de 2 ou 3 %. 
Le vent de panique qui semble envahir nos sociétés, et affecter nos économies, aura peut-être une vertu : Nous faire prendre conscience de l’état du système de santé, des systèmes de santé en Afrique. Et de nous en inquiéter. 
S’en inquiéter n’est pas faire injure à l’Afrique et aux africains, mais à leurs gouvernements qui à quelques exceptions près on fait si peu en matière de santé comme d’éducation d’ailleurs. 
S’en inquiéter est aussi nous protéger. 
Bien sûr, certains pourraient se dire que le Zambèze est loin de la Corrèze. Et que des frontières bien étanches repousseront les infectés et les infections. 
Ils devraient relire les leçons de la fameuse ligne Maginot, qui en 1940 devait repousser les allemands. 
On sait avec quel succès !

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