Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Plenel

Hier soir : Règlement de comptes à OK Chaillot.

Emmanuel Macron, invité de “Des racines et des Ailes” ? 
Finalement, nous n’avons pas été déçus. De ne pas regarder hier soir la totalité de l’interview, non pardon du match de boxe entre Macron – Plenel – Bourdin. Boxe ? Même pas, car la boxe est pratiquée avec des règles précises, gants, arbitre, on l’appelle le « noble art ». Hier soir ce n’était même pas de la savate française, peut-être un combat de chiens, genre roquets. Nous étions toujours à l’école primaire de Berd’huis dans l’Orne, mais dans la cour de récréation avec nos confrères en sales gosses qui jouent à qui pisse le plus loin, les cutters n’étaient pas loin. 2 heures 40 de bouillie, dont heureusement, il est possible de lire un peu partout les 5 à 6 moments principaux, les 2 ou 3 annonces : Merci à celles et ceux dans les rédactions à qui est incombé le devoir d’en faire la synthèse.
Et puis, ce décor : On sait : La France est un beau pays, Paris est magique, notre patrimoine fait l’admiration du monde entier, mais ne peut-on pas faire plus simple ? Certes le Palais de Chaillot c’était nouveau, peut-être est-ce cela le nouveau monde. On est passé des ors de l’Elysée ou de Versailles, au style années 30 (1930). Avec la Tour Eiffel scintillante en fond, ce qui était assez perturbant… par moment on se croyait plus dans « Des Racines et des Ailes » que dans une interview politique. 
Finalement la principale info, c’est qu’Emmanuel Macron est intelligent. Qu’il est un excellent débatteur, qu’il connaît tous ses dossiers sans notes, qu’il a réponse à tout, on aurait même pu lui demander le prix du lait ou d’un aller-retour Paris-Lyon avec une carte jeune en heures pleines. Mais ça on le savait déjà. 
En revanche, par exemple, que l’on soit plutôt pour ou contre les frappes représailles sur la Syrie, on aurait aimé que nos coqs, pardon nos 2 confrères, demandent au Président quelles preuves il avait de la responsabilité du dictateur Assad dans la dernière attaque chimique. Il les a certainement. Mais lesquelles ? Une fiole de sucre comme Colin Powell devant l’ONU en 2003 pour justifier l’intervention en Irak ? 
C’est là où on mesure ce qui nous sépare – encore– de la presse anglo-saxonne, non courtisane face au pouvoir et pugnace dans ses questions. Apparemment nous continuons à confondre pugnacité et agressivité. 

Vous faîtes quoi ce soir dimanche à 20 h35 ?

Un débat annoncé comme un match de foot !
Difficile d’y échapper : Emmanuel Macron va répondre aux questions de – roulement de tambours – Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. 
Pour beaucoup, ces deux journalistes sont des têtes de gondole. Donc l’émission de ce soir va marcher. 
Il faut dire aussi que les intéressés ont mis les moyens, et que l’émission est vendue avec autant de subtilités qu’une finale de Champions League.
Jérôme Revon à la réalisation, c’est-à-dire la crème des réalisateurs télé, tout cela au restaurant du Palais de Chaillot, 7 mètres de hauteur sous plafond, 200 projecteurs. 8 caméras, une grue. Waou ! On est loin de la salle d’école primaire de chez Pernaut.  
Les équipes, pardon, les protagonistes :
Bourdin ? Longtemps on lui a fait la réputation d’être un peu bourrin (Bourdin-bourrin), il a fait du parler vrai, de – je donne la parole aux vraies gens – son fond de commerce et ça marche. Cela pouvait porter à rire, et à la caricature comme souvent le matin avec Canteloup sur Europe 1, mais depuis qu’on voit et entend plus souvent son épouse, Anne Nivat, une vraie reporter, on se dit ; Bourdin c’est une posture, il est moins beauf qu’il n’en veut en donner l’impression. 
Edwy Plenel. Là, bien sûr, on ne peut plus rien dire. Pour beaucoup, il est le symbole du journaliste indépendant, courageux, l’honneur de la profession, Mediapart. A demi-mot, quand on connaît la manière dictatoriale avec laquelle il avait géré ses équipes au Monde, on a des doutes, mais on n’ose plus les exprimer. Tant de connivences, tant d’ambiguïtés, c’est ça le modèle du journaliste ? On pense aux vrais reporters, ceux qui vont sur le terrain, parfois au péril de leurs vies, pour « rapporter » ce qui se passe. Et on se dit que décidément ce métier de journaliste, c’est deux poids, deux mesures…
Le décor est planté, mais pour apprendre quoi ? 
Qu’Emmanuel Macron est intelligent ? Qu’il a une gueule de premier de la classe. Qu’il n’est jamais meilleur que dans des débats avec des contradicteurs ? A moins d’être anti-Macron primaire, ça on le sait déjà.  Le score de ces 2 heures de ce soir ? Au minimum 0 – 0, mais sans doute 2-0 pour Macron contre cet attelage improbable Bourdin- Plenel. 
De toute façon, il suffira de regarder les innombrables extraits des meilleurs moments pour savoir si des annonces importantes ont été faites. Ce qui seraient surprenant. 
Et plutôt que de perdre 2 heures, pourquoi ne pas se perdre en Terres inconnues, sur France 2, dans les Cévennes, pour découvrir que l’inconnu commence à nos portes en Ardèche, en Lozère. 
Ou bien voir et revoir « Vol au-dessus d’un nid de coucou » sur Arte. Et là en matière de jeu d’acteurs, peut-on faire mieux ? 

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