Erdogan rencontre Orban : Le crépuscule des populistes ?
Pendant des mois, on nous a rabâché le même refrain : L’heure serait au populisme, les peuples reprendraient le pouvoir face aux élites boboisées et internationalistes. Cette « pensée », exprimée notamment par Éric Zemmour et consorts, est devenue la vraie « pensée unique ».
Tout faux !
On a beaucoup voté ces derniers temps, et ce n’est pas l’extrême-droite ou le repli sur soi qui l’emporte.
Le Portugal ? La gauche garde le pouvoir.
L’Italie ? L’ancien ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite, n’est plus ministre. Il reste grande gueule, mais semble avoir perdu son pari : provoquer des élections anticipées où il aurait raflé la mise.
L’Autriche ? L’extrême-droite n’est plus au gouvernement, et a perdu près de la moitié de ses votes aux dernières législatives.
La Hongrie ? Depuis 10 ans, c’était une sorte de vitrine de l’extrême-droite notamment en France : Mais le premier ministre Viktor Orban vient de prendre sa première veste électorale : L’opposition emporte les mairies de Budapest et des principales grandes villes du pays.
En Pologne le très conservateur PIS garde le pouvoir, mais avec moins de succès qu’il l’aurait voulu.
Et si l’on regarde worldwide, en Turquie, Erdogan a lui aussi perdu les principales villes du pays, ce qui explique sans doute qu’il se lance aujourd’hui dans une surenchère nationaliste contre les kurdes. Et aux États-Unis, n’oublions pas que Trump avait gagné avec 3 millions de voix de moins que la démocrate Hillary Clinton. Pas sûr que même en flattant son électorat, il puisse être réélu.
Confrontés à des mutations qui vont très vite, peut-être trop vite, les peuples peuvent éventuellement être tentés par les sirènes de l’extrême-droite. Mais cela ne dure jamais longtemps. Car finalement après un mouvement d’humeur, nous sommes raisonnables, non ?
Quelle est la signification de la barbe de Matteo Salvini ?
C’est dingue mais en quelques années la barbe a envahi les visages de la plupart des mâles de nos pays. Prenez une terrasse de café, un wagon de train, une équipe de foot, un clip de rappeurs, les glabres se comptent sur les doigts d’une seule main !
Encore tout récemment la barbe se portait plus chez les hidalgos (Pas Anne, bien sûr ! D’ailleurs les femmes n’ont pas de barbe ou alors si ma tante en avait ce serait mon oncle, enfin, non, aujourd’hui on ne peut plus blaguer comme ça, et d’ailleurs n’est-ce pas pour affirmer leur virilité à une époque où beaucoup d’hommes se demandent ce que cela veut encore dire, que de tant de mâles se barbent ?).
Mais la barbe hispanique n’est pas non plus la barbe des barbus, entendez des barbus islami (qu) stes. Qui elle aussi semble s’être multipliée. L’extension du domaine de la barbe est-elle pour autant un signe de l’expansion du salafisme ou de la religiosité ? Pas sûr : N’golo Kanté est musulman pratiquant tout en étant glabre alors qu’Olivier Giroud cultive une barbe qui fait la fortune des barbiers à la mode.
Bien sûr, se mettre à porter la barbe n’est pas une décision neutre et il faudrait remonter au moins à la petite enfance voire même avant (?) pour en comprendre les origines, mais il y a des cas qui sont évidents, pour lesquels il n’est pas besoin d’avoir recours aux cellules d’aide psychologique.
En politique, par exemple, est-ce un hasard si début 2016 Emmanuel Macron avait essayé la barbe, enfin celle de 3 jours, la plus difficile à entretenir ? Quelques semaines plus tard, il se mettait En Marche. Eh ! oui, Hollande aurait dû se méfier de ce barbu d’un jour. D’ailleurs dans sa stratégie pour tenter de redevenir un candidat providentiel, l’ancien Président ne devrait-il pas tenter la barbe ? C’est ce qu’a fait son ancien Premier Ministre, Manuel Valls, mais pas sûr que cela lui attire les votes des catalans pour une éventuelle candidature à la mairie de Barcelone.
En revanche il y en a un auquel la barbe a réussi, c’est Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite italienne, nouvel homme fort du gouvernement de nos amis, forcément amis, italiens. On ne peut pas le soupçonner de salafisme, ou alors il pratique la taqîya, cet art de la dissimulation préconisée par les mouvements terroristes, avec un tel talent que l’on pourrait le prendre pour un …fasciste. A méditer quand même car en matière de dissimulation et d’hypocrisie, il vient d’être pris la main dans le gâteau, faisant la fête le soir même de la catastrophe du viaduc de Gênes au milieu d’amis de son parti en Sicile.
Et puis les modes passent aussi vite qu’elles sont arrivées. Ainsi les barbes, dans les années 50 (1950), avaient déjà eu leur moment de gloire avec « Malheur aux barbus » du génial feuilleton radiophonique « Signé Furax », de Pierre Dac et Francis Blanche. Une série que l’on peut (re) découvrir – beaucoup d’entre nous n’ayant pas eu la chance de l’avoir suivie à l’époque – grâce aux podcasts de France Culture (*). Le pitch : un horrible criminel nommé Furax s’en prend aux barbus qu’ils enlèvent par centaines. Les inspecteurs Black et White mènent l’enquête. Et puis les poils ont disparu pour laisser la place aux glabres épilés.
Malheur aux barbus. Les démagos devraient aussi y réfléchir, car après le flux viendra le reflux lorsque nous serons confrontés aux réalités des lendemains où l’on ne rase pas gratuit.
En Grande-Bretagne où le Brexit paraît tellement mal emmanché que ses plus grands défenseurs comme le milliardaire Jim Ratcliffe, prennent la poudre d’escampette jusqu’à Monaco.
En Pologne ou en Hongrie, qui vont rapidement devoir se souvenir que leur formidable modernisation en 30 ans est due avant tout aux transferts européens.
En Italie qui perd 200 000 habitants chaque année, et où la population en âge de travailler baisse dangereusement. Dans 20 ans, il risque de ne plus y avoir suffisamment de barbieri pour raser la barbe des barbus italiens.