Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : populisme

Élections : le grand reflux des populistes !

 

Erdogan rencontre Orban : Le crépuscule des populistes ?

Pendant des mois, on nous a rabâché le même refrain : L’heure serait au populisme, les peuples reprendraient le pouvoir face aux élites boboisées et internationalistes. Cette « pensée », exprimée notamment par Éric Zemmour et consorts, est devenue la vraie « pensée unique ».
Tout faux ! 
On a beaucoup voté ces derniers temps, et ce n’est pas l’extrême-droite ou le repli sur soi qui l’emporte. 
Le Portugal ? La gauche garde le pouvoir. 
L’Italie ? L’ancien ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite, n’est plus ministre. Il reste grande gueule, mais semble avoir perdu son pari : provoquer des élections anticipées où il aurait raflé la mise. 
L’Autriche ? L’extrême-droite n’est plus au gouvernement, et a perdu près de la moitié de ses votes aux dernières législatives. 
La Hongrie ? Depuis 10 ans, c’était une sorte de vitrine de l’extrême-droite notamment en France : Mais le premier ministre Viktor Orban vient de prendre sa première veste électorale : L’opposition emporte les mairies de Budapest et des principales grandes villes du pays. 
En Pologne le très conservateur PIS garde le pouvoir, mais avec moins de succès qu’il l’aurait voulu. 
Et si l’on regarde worldwide, en Turquie, Erdogan a lui aussi perdu les principales villes du pays, ce qui explique sans doute qu’il se lance aujourd’hui dans une surenchère nationaliste contre les kurdes. Et aux États-Unis, n’oublions pas que Trump avait gagné avec 3 millions de voix de moins que la démocrate Hillary Clinton. Pas sûr que même en flattant son électorat, il puisse être réélu.
Confrontés à des mutations qui vont très vite, peut-être trop vite, les peuples peuvent éventuellement être tentés par les sirènes de l’extrême-droite. Mais cela ne dure jamais longtemps. Car finalement après un mouvement d’humeur, nous sommes raisonnables, non ?

Elections : Nous sommes la risée des européens, mais ça ne les fait pas rire.

Folie nue : Voilà comment les européens s’inquiètent de la campagne électorale
Prenons un peu de recul. Sortons de nos frontières, regardons ce que disent de nous nos voisins. On ne peut être que consternés. A moins de croire que le complot juridico-médiatique s’étend jusqu’à Stockholm ou Rome, notre campagne électorale est décrite comme un vaudeville. Mais plus que sujet de plaisanteries, nous sommes surtout l’objet d’inquiétudes.
Les italiens ont connu pire, donc ils ont le cuir tanné, mais quelle revanche pour eux dont nous avions beaucoup ri il y a quelques années parce qu’ils élisaient un clown, Berlusconi.
Les espagnols en perdent leur latin. Comme au Portugal, ils ne connaissent pas de montée de l’extrême-droite. 60 ans de dictature, Salazar ou Franco, ça vaccine pour plusieurs générations.
Les britanniques ne montrent aucune compréhension pour le Penelopegate, et le fait que Penelope soit d’origine galloise ne suscite aucune compassion.
A Genève, la Tribuneécrit : « La présidentielle 2017 est d’ores et déjà abîmée. Et François Fillon, comme Marine Le Pen, en porte une lourde responsabilité ».
La montée du populisme en France, c’est la grande inquiétude de tous nos voisins, et le très populaire et populiste Bild Zeitung  s’interroge : Après l’élection de Trump, le prochain choc viendra-t-il de notre voisin. Pour illustrer cette question, le plus grand quotidien européen fait de l’humour (allemand, certes, donc attention aux explications): Une photo de Le Pen aux côtés d’un  jeune homme aux pectoraux dénudés, avec cette légende à double sens: La dirigeante d’extrême-droite se la joue proche « hautnah », à fleur de peau,  du peuple… et ce titre, lui aussi un jeu de mots : Nackte Wahsinn, qui évoque une comédie qui fait fureur en Allemagne, adaptation du film Rat race de Jerry Zucker, et qui signifie Folie nue.
Folie: La campagne électorale française avec sa surenchère populiste, voilà qui ne fait pas rire du tout hors de nos frontières.
Nous vivons une e-poque formidable !

FN en tête aux européennes: Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu !

Chronique d’une victoire FN annoncée. Mais c’était couru d’avance :
Des socialistes calamiteux. N’ayant toujours pas décidé pour savoir s’ils étaient socialistes, sociaux-démocrates, sociaux-libéraux. Quand au Président, il a préféré aller au concours d’improvisation avec Djamel Debbouze! Quelle belle campagne !
L’UMP, qui est sans doute le vrai « premier parti de France » ? C’est « Titanic » mais sans l’orchestre, ou « massacre à la tronçonneuse ».
Les écolos ? Sans Dany, ils nous donnent envie d’abandonner le tri sélectif et d’acheter des diesels.
L’UDI , l’UDI ? Sans Borloo, on a eu l’impression qu’ils étaient toujours en réanimation à l’hôptal.
Mais le pire, c’est qu’après la branlée d’hier soir, la cata va continuer: Tous nous déclarent quil faut « faire de la politique autrement », mais il n’y en a pas un pour en tirer des conclusions pour lui-même. Quant au gouvernement, il a déjà annoncé qu’il allait se précipiter à Bruxelles pour négocier avec nos partenaires des « assouplissements », moins de « rigueur ». Donnant ainsi l’impression que le Front National posait les bonnes questions ! Alors que non seulement, le FN donne les mauvaises réponses, mais il pose les mauvaises questions. Même ses électeurs ne croient pas à la sortie de l’euro.
La faute à l’Europe ? Mais ce n’est pas elle qui est responsables de nos déficits et de notre endettement croissants.
La faute à l’immigration ? Mais il y a aujourd’hui trois fois moins d’immigrants en France qu’en Allemagne. Quant aux sans-papiers de Calais, ils  ne rêvent que d’une chose: Passer en Grande-Bretagne. Mais pas rester chez nous !
4 millions d’étrangers, 4 millions de chômeurs ? Si nos entreprises ne crèent pas d’emplois, si notre économie ne croit plus, c’est notre faute, pas celle des immigrés.
Ma France à l’heure Marine est aussi ridicule que l’Italie au temps de Berlusconi. Mais heureusement, aujourd’hui, il y a l’Italie. L’Italie qui nous prouve qu’il n’y a pas de fatalité à la montée de la démagogie et du populisme anti-européen.
De l’autre côté des Alpes, le tsunami s’appelle Matteo Renzi, quand tout le monde prévoyait la victoire de Pepe Grillo et de son parti anti-tout. En quelques mois, le nouveau Président du conseil italien n’a pas seulement promis, il a agi: En 4 mois, baisse des charges sur les entreprises, baisse des dépenses de l’Etat, suppression des départements etc… Pas pour 2015 ou 2017, ou 2022. Tout de suite. Les italiens dont nous rigolions sous Berlusconi, nous montrent aujourd’hui l’exemple.
Aux quelques millions qui ont voté FN, on peut opposer les 7 millions, et ce sont en partie les mêmes, qui sont allés rire de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ». Peut-être pas un chef d’œuvre intello, mais un film qui correspond à la France d’aujourd’hui. Où la réalité quotidienne n’est pas celle décrite par le FN.

Nous vivons une e-poque formidable.

© 2025 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑