Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : régions

#electionsregionales2015 : Sauter de la Tour Eiffel sans parachute.

Le vote FN: Comme un saut sans parachute !

Est-il nécessaire de sauter de la Tour Eiffel sans parachute pour savoir que ça ferait mal ? Et même que ce serait mortel ?
C’est la même chose avec le Front National : Il n’est nul besoin de faire l’expérience de gouvernements d’extrême-droite pour savoir que ça nous ferait mal et que nous en paierions les pots cassés.
Entendons-nous bien: Ce ne sont pas les « bobos », le microcosme politico-médiatique – tellement détestés par celles et ceux qui prétendent parler au nom des « vrais » français, du « vrai » peuple – qui paieraient l’addition. Ce ne serait pas non plus les héritiers et les héritières Le Pen, ni les avocats ou pseudo-journalistes recasés au FN, ni les énarques en mal de frissons virils, qui paieraient les impôts, les coupes budgétaires, les baisses de compétitivité, la honte mondiale d’une aventure FN. Non, ce serait les plus modestes, les plus pauvres, celles et ceux qui ont l’impression qu’on en fait plus pour le premier migrant venu que pour le dernier des français au chômage.
Une partie d’entre nous: 30 – 40 %  – pas une majorité certes, mais quand même plusieurs millions, ce qui est consternant –  croie que le vote extrême, c’est comme un service après-vente ou des offres promotionnelles sur internet : Gratuit ! : Faîtes un essai. Vous avez 30 jours pour nous retourner l’article. Mais le gouvernement d’un pays cela ne marche pas comme ça : Il n’y a pas de délai de rétractation, ni de satisfait ou remboursé. On ne peut pas faire de test, et l’on achète les billets aller simple. C’est comme si l’on embarquait pour une croisière de 5 ans, sans possibilité de descendre. Le voyage risque de finir comme le Costa Concordia, ou le Titanic, sauf que là il n’y aurait même pas d’orchestre, car avec le FN aux commandes, ce serait la culture sous surveillance, puisque: « La culture n’est qu’un repère de bobos , de la pensée unique, des gauchistes germano-pratins ».
Et puis c’est quoi ce raisonnement : « On a tout essayé, alors chacun à son tour : Pourquoi ne pas essayer ceux qui n’ont jamais été au pouvoir ». En 1933 aussi, 1/3  des allemands – 1/3, c’est-à-dire moins que les 40 % de FN chez nous – avaient voulu « essayer » Hitler. On sait où cela les a mené.
Le Pen and Co ne sont pas Hitler ? Bien sûr. Mais le fond du raisonnement est le même qui fait des autres, les responsables de tous nos malheurs. Comme « Die Juden sind unser Unglück »« Les juifs sont notre malheur » des nazis en 1933, aujourd’hui, chez nous,  ce sont l’Islam, les migrants, les arabes, tous sans distinction, qui sont la source de tous nos problèmes.
Bien sûr, la solution proposée par le FN n’est pas « finale ». Elle n’en est pas moins catastrophique en distillant la peur de l’autre au sein de notre propre pays, en faisant croire qu’il serait possible de reconstruire une sorte de ligne Maginot pour mettre notre pays sous cloche, à l’abri du monde, en brandissant la sortie de l’euro comme LA solution à la mollesse de notre croissance, en rejetant nos faiblesses, nos fautes sur les autres, sur Bruxelles, notamment, et ses soit-disant diktats. Alors que Bruxelles, et l’Europe ne sont que l’expression de la volonté de nos gouvernements. Alors que notre avenir passe par plus d’Europe, une Europe plus unie, une fiscalité plus harmonisée, un « Schengen » renforcé.
Sinon, ce sera quoi le XXI ème siècle pour nous ? Une France crotte-de-nez, repliée sur elle-même, transformée en conservatoire des Arts et Traditions populaires, où les touristes chinois ou indiens viendront nous jeter 5 Francs en l’échange d’une parade avec béret basque, baguette sous le bras et fromage qui pue ?
Non, tant qu’à faire de tenter le parachute, autant que ce soit avec une toile vérifiée, éprouvée, et bien pliée.
Nous vivons une e-poque formidable.

Les régions, c’est comme le sexe : Il vaut mieux en avoir une petite mais laborieuse, qu’une grande mais paresseuse !

Tant qu’à faire, pourquoi s’arrêter à 13 régions ?

Sur le papier, cela paraît cohérent:
En diminuant le nombre de régions, on diminue la suradministration territoriale. Et l’on crée des régions qui seront compétitives au niveau européen.
Ah! l’Europe ! C’est vraiment une brave fille qui a bon dos. On peut la mettre à toutes les sauces, elle ne peut pas se défendre. C’est pratique pour faire passer n’importe quelle réforme, y compris celle-là, qui partait peut-être d’une bonne intention mais qui va se terminer en usine à gaz technocratique.
Et nous répétons tous bêtement comme des moutons ce slogan lancé par nos dirigeants: « Il faut que la France ait des régions qui soient compétitives au niveau européen; Comme en Allemagne ou en Espagne ».
Or c’est faux ! Et on se pince de voir qu’aucun journaliste, qu’aucun homme politique de droite comme de gauche ne rétablisse la vérité.
Regardez donc une carte des 16 Länder en Allemagne. Ou des 15 communautés autonomes espagnoles. Regardez leurs dimensions : En Allemagne, la Sarre, le Schleswig-Holstein, la Thuringe, la Saxe sont plus petits que le Limousin ou  la Basse-Normandie, sans parler des villes–Etats comme Hambourg, Brême ou Berlin. C’est la même chose en Espagne, où les communautés autonomes comme les Asturies, Murcie, la Rioja et même le pays Basque sont toutes petites.
Que l’on regroupe Basse et Haute Normandie, cela paraît logique. On peut peut-être rationnaliser ici ou là. Mais créer des super régions comme Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon : Qui peut croire que cela sera plus « efficace ». Et puis la logique économique et géographique pour Montpellier est le dialogue avec Marseille et Lyon. S’il faut ramener Toulouse là-dedans, ça promet beaucoup d’allers-retours.
Quant à Toulouse, n’est-ce pas avec Bordeaux qu’elle devrait développer ses synergies ?  Et puis pourquoi casser ce qui marchait. Comme l’Alsace, une des régions les plus prospères de France, et qui en plus a une vraie identité. Et on la dilue dans un vaste ensemble, alors qu’un certain nombre de législations, héritées de l’époque allemande, ne sont pas les mêmes qu’en Champagne-Ardennes et même qu’en Lorraine
L’argument de la taille et de l’efficacité économique ne tient pas.
Sinon, faisons une une suggestion : Regroupons Aquitaine, Poitou charentes Limousin , Midi –Pyrénées, ça fait une. Et puis Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, ça fait deux, et en continuant ainsi on pourrait arriver à 4 ou 5 régions. Et puis si l’on regroupait encore ces 5 régions, on  en arriverait à une seule, histoire d’être concurrentiel face aux chinois. On l’appellerait comment ? France ?
Ce n’est pas pas leur taille qui rend les Länder allemands ou les provinces espagnoles dynamiques mais plus simplement, leurs compétences, leurs pouvoirs, leurs organisations : Et sur ce plan, pour l’instant, rien n’a été décidé pour les futures régions. C’est ce qu’on appelle mettre la charrue avant les bœufs.
Découper la carte de France avec des ciseaux à bout rond, tient plus du rêve d’énarque que de l’aménagement du territoire !
Nous vivons une e-poque formidable.

Bigbang territorial : Mieux vaut en avoir une petite travailleuse…

C’est géniale cette idée: Je redécoupe la carte de France et pendant ce temps, j’amuse la galerie et on ne pense pas à l’essentiel:
Le nouveau redécoupage régional nous est présenté comme devant favoriser les économies dans l’administration territoriale, l ‘efficacité dans l’action des services publiques. Mais est-ce vraiment ce qui est fait ?
On a l’impression qu’à l’Elysée, ils ont pris leurs stabilos pour faire 10, puis 11, aujourd’hui 14 régions. Avec de sacrés casse-têtes : Où mettre Nantes ? Plutôt en Bretagne avec son château des ducs de Bretagne ?  Et des logiques étonnantes: Je colle l’Alsace avec la Lorraine… Parce que 14-18 ?
On nous fait croire que si notre pays patine, c’est parce que nos régions sont trop petites. Mais prenons le fameux exemple allemand : 16 Länder, sur un pays plus petit que le nôtre. Des régions, comme la Sarre, ou Brême, sont plus petits qu’un département français. Les Berlinois ont même refusé par référendum leur union avec le Brandebourg.
On aurait pu se contenter de regroupements logiques: Comme la Haute et la Basse Normandie, ce qui est proposé. Mais où sera la future capitale régionale ?  Rouen est de gauche, Caen de droite. Parions donc sur Rouen, donc le « duc » est d’ailleurs … Laurent Fabius. Mais non, non, il n’y aura aucune arrière pensée électorale!
Pendant que nous allons faire mumuse avec des disputes comme – La Picardie avec les Ardennes ? Montpellier avec Toulouse ?– la vraie question, celle de l’efficacité, du doublon de compétences, n’est pas traitée.
Et là, revenons à l’Allemagne, qui de manière subliminale, est le modèle qui inspire(rait) le bigbang territorial : L’action publique y est menée essentiellement dans le cadre des arrondissements: Kreis, qui correspondent à peu près aux actuels arrondissements français. Ainsi le plus vaste Etat d’Allemagne, la Bavière est découpée en 71 arrondissements. Cela permet de garder une certaine proximité entre les habitants et leurs administrations. La vraie question est  donc celle des 36 000 communes, des intercommunalités, et des départements. 
Ainsi que devient le Rhône ( 69), alors que Lyon-Métropole va en absorber les 2/3 , le 1° janvier prochain?
On a un peu l’impression que la question a été prise à l’envers. Au nom d’un principe dont nous savons qu’il est ( heureusement ? ) faux ( ?): Tout n’est pas une question de taille !
Mieux vaut une petite laborieuse qu’une grande paresseuse. ( Proverbe allemand ? LOL )

Nous vivons une e-poque formidable !

Régions : Le mythe du nombre et de la taille !

Manuel Valls propose de réduire le nombre de régions de moitié. Et tous les commentateurs applaudissent, des commentateurs, qui pour la plupart sont dans leurs bureaux parisiens, et pour lesquels le grand reportage commence au périphérique.
C’est une vieille lune qui a l’apparence de la bonne idée et de la rationalité. Mais l’efficacité des régions est-elle vraiment une question de taille?  
Prenez les exemples de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Italie: Le Pays-Basque n’est pas très grand, ni la Galice. La Sarre, Hambourg, Brême, ou Berlin sont des micro “Länder”. Et d’ailleurs, il y a vingt ans, l’Etat de Berlin a refusé de fusionner avec le Brandebourg. En Italie existent des régions comme le Trentin Haut-Adige, le Val d’Aoste, la Vénétie, Trieste, créées pour des raisons historiques, culturelles, géographiques. Même petites en taille et en population , elles sont plus efficaces que des régions beaucoup plus grandes, comme la Sicile.
Redécouper les régions françaises, c’est prendre le risque de faire capoter la nécessaire simplification du “millefeuille” administratif, c’est perdre 40 ans de construction régionale, qui a mis en place des réseaux , des organisations régionales de transports, de gestions des lycées etc… C’est s’embarquer dans des débats sans fin. Comment regrouper Aquitaine et Midi-Pyrénées et avec quelle métropole: Toulouse ou Bordeaux ? Et faut-il fusionner Franche-Comté et Bourgogne ? Auvergne et Limousin ? Et Nantes ? Doit-elle retourner en Bretagne?  Mais quid des Pays de Loire ? 
La vraie simplification, ce sont l’émergence de métropoles et la disparition des départements. Avec par exemple, en 2015, la naissance de Lyon-métropole, deuxième métropole de France après la région parisienne. Le département du Rhône aura alors presque disparu. Et puis, il y a la question du Grand-Paris qui pose celle de l’ïle–de-France… Voilà de vrais changements en cours, qui vont apporter simplification et rationalité. Mais on comprend que Manuel Valls n’en ait pas parlé: Après les dernières élections, toutes ces futures métropoles risquent de tomber « à droite », y compris Lyon de Gérard Collomb, et Paris d’Anne Hidalgo. Gênant…
La vraie simplification, c’est d’ailleurs la suppression annoncée par le Premier Minsitre de cette fameuse clause de “compétence générale” pour les collectivités territoriales. Gênant également de rappeler que sa suppression avait été décidée sous Nicolas Sarkozy mais rétablie par … le précédent gouvernement: Nous avons donc perdu deux ans, au moins!
Dans le même temps, en Italie, en moins d’un mois, Matteo Renzi vient d’annoncer la disparition des 110 provinces, l’équivalent des départements. Cela lui a pris un mois, et c’est prévu pour le 1 janvier 2015.  L’Italie vient aussi d’annoncer su’elle tiendrait ses engagements en matière de réduction du déficit budgétaire, tout en annonçant de substantielles baisses d’impôts.
Alors, d’accord avec Manuel Valls : Fiers d’être français, mais pourquoi ce qui est possible au-delà des Alpes, doit attendre chez nous 2017, 2021 ou 2025 ?

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