Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : restaurants

Élections aux États-Unis : La défaite de Trump, ça vaut bien une bonne bouffe, oui, mais quand ?

L’art de vivre à la française…

J’ai donc gagné mon pari : Trump a été battu. 

J’ai donc gagné… un bon dîner ! 

Oui c’est comme ça : chez nous, quand on a quelque chose à fêter, ça se célèbre autour d’un bon repas, et souvent dans un grand restaurant. Souvenir d’un déjeuner de Pâques chez Point à la Pyramide de Vienne, ah ! le gratin dauphinois (non, dans cette recette, il n’y a pas de fromage pour faire gratiner les pommes de terre), d’un dîner chez la Mère Charles à Mionnay (pour ma réussite au bac ?), ou d’un autre chez Pic à Valence. Pic : Trois générations de 3 étoiles, et accueil aussi accueillant pour le millionnaire de passage que pour cette famille qui apparemment avait économisé au moins une année pour fêter les 80 ans de la grand-mère, endimanchée comme si elle allait à la messe. 

Mais ça c’était avant le covid, et la fermeture des restaurants. Car pour l’instant pour mon dîner gagné pour mon pari gagnant, c’est makkache walou, que tchi…

Bien sûr, je m’en remettrai en savourant la réouverture du restaurant déjà choisi. 

S’il est encore en vie, le restaurant. Parce que si je comprends l’urgence sanitaire, la nécessité de gestes barrières etc, je comprends aussi le désespoir de tous ces chefs et de leurs équipes qui se sont décarcassés pendant des mois pour s’adapter, et puis boum une chape de plomb leur tombe sur la tête sans même qu’une date de sortie du tunnel puisse être entrevue. 

Bien sûr, les coréens sont géniaux, les taïwanais avisés, les chinois nombreux, les allemands formidables, mais notre art de vivre ce sont ces restaurants, ces cafés, ces terrasses, ces commerces de bouche, le commerçant du coin de la rue, une certaine convivialité, la bise, les bises, 3, 4, le serrage de mains… 

Sans cela, que nos rues sont tristes, que la France est moche. mais comme écrivait Paul Ricoeur :

« La tentation la plus grande c’est la tristesse.

La complaisance à la tristesse, c’est le mal moral.

Je suis gai quoique triste et triste quoique gai, et vivant jusqu’à la mort. »

 

Confinement : Vous avez aimé la saison 1 ? Vous allez détester la saison 2.

 

Et c’est reparti. Nul n’est besoin d’attendre 20 h ce soir pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés. Oups, cette image culinaire est franchement inappropriée parce que si il y en a qui vont déguster ce sont bien les chefs, cuisiniers, restaurateurs, bistrotiers, et autres hôteliers, qui une nouvelle fois en moins de six mois vont devoir « s’adapter ». 

« S’adapter », que les choses avec pudeur sont ainsi dites alors que cela signifie réduire encore les horaires comme peau de chagrin, miser encore plus sur le chômage partiel, sur le click and collect, baisser encore plus les jauges d’accueil, jusqu’à zéro ? Avec comme horizon, in fine pour beaucoup…mettre la clef sous la porte… 

Les restaurants, cafés, salles de spectacles, cinémas, musées, hôtels, l’événementiel, le tourisme, autant de secteurs qui sont, qui étaient des ressorts de notre activité économique. 

L’autre jour un chroniqueur en vogue parce que provocateur sur une chaîne tout info, – vous savez c’est celui qui est toujours aigri et qui veut faire revenir notre pays deux siècles en arrière, à l’époque de Chateaubriant- et bien, cet Eric Z trouvait que à quelque chose malheur est bon, et que nous avions trop misé sur le tourisme et les services. Non seulement c’est très con, comme « analyse », parce que ce n’est pas parce que nous sommes un des plus beaux pays du monde, avec une culture et une gastronomie exceptionnelles, qu’il ne faudrait pas valoriser ce capital. Mais en plus c’est très salaud pour les centaines de milliers d’entrepreneurs, de salariés qui en vivent. 

Et on a envie de dire à tous ces donneurs de leçon : mais qui te paie ?  Au bout de tout cela qui va payer les chroniqueurs à la télé, mais aussi les infirmières, les médecins, les fonctionnaires ? L’argent magique ? Allons donc. 

Au bout du compte, comme à la fin de tout repas qu’il soit bon ou dégueulasse, il va bien falloir payer l’addition. Et la note va être salée, mais tellement salée que cela risque de nous couper l’appétit. Et malheureusement il ne sera guère possible de dire : « On partage ? »

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