Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : São Paulo

Grèves : Fin à São Paulo. Début à la SNCF. Cherchez l’erreur !

Depuis quelques jours, nous découvrons que la vie au Brésil n’est pas que Copabacabana, foot et samba, et que cet immense pays connaît mouvements sociaux, grèves et manifestations. Au royaume du foot, la fièvre du mondial tarde à se manifester. Se manifestent au contraire les revendications sociales et politiques.
Certains commentaires s’en étonnent: Comment ça ? On croyait que les brésiliens oubliaient leurs soucis dés qu’ils voyaient un ballon et que la misère était plus douce au soleil ?  On nous aurait menti?
Nous devrions nous réjouir. Depuis des mois, ce que beaucoup de brésiliens réclament c’est plus de justice sociale, moins de corruption, plus d’infrastructures, notamment dans les transports, qui sont devenus un enfer dans les villes de São Paulo et de Rio, parmi les plus grandes agglomérations de la planète … Et c’est un signe de démocratie et de développement.
Oui, le Brésil est un  pays en plein développement, En 20 ans, il a accompli un formidable bond en avant. Mais le Brésil vient de loin, de quatre siècles d’exploitation coloniale, d’esclavagisme, de ségrégation économique et sociale. Réduction de la pauvreté, extension des classes moyennes, éducation, santé, infrastructures. Mais le Brésil reste encore un des pays les plus inégalitaires et les plus violents du monde. Les attentes et les frustrations y sont immenses.
Et le Brésil est aussi une démocratie en plein épanouissement. Quand on pense aux années de plomb de la dictature militaire – c’était il y a vingt – trente ans, à peine, l’actuelle Présidente Ditma Roussef avait d’ailleurs été arrêtée et torturée – on mesure le chemin parcouru. Or, une démocratie c’est un pays où les pauvres n’ont plus peur de revendiquer, où la population n’accepte plus la corruption, où les jeunes réclament de meilleures conditions d’études.
Tout cela va-t-il pourrir notre mondial ? Une lueur d’espoir : Les grévistes du métro de São Paulo annoncent qu’ils suspendent leur mouvement. Ironie ( ?) patatras, chez nous, c’est la SNCF qui se met en grève. Ca n’a rien à voir ? Non, rien. Chez nous, la grève, c’est pour… C’est pourquoi  d’ailleurs ? Contre, non pour la fusion RFF et SNCF, oui, mais non ? Ce n’est pas faire injure aux revendications sociales chez nous que de reconnaître que les grèves au Brésil y sont plus vitales.
Et puis, qu’est-ce que c’est que cette attitude qui préfère le calme militaire de la place Tienanmen à Pékin où les J.O n’étaient pas menacés par les grèves, c’est sûr, aux clameurs des manifestants de São Paulo ?  

Nous vivons une e-poque formidable !
Pendant le “mondial”, suivez 

Não ! Merci de ne pas écorcher le portugais !

Consternação ! Pour tous ceux qui ont un minimum de connaissance du portugais, de la langue portugaise, qu’il soit du Brésil ou du Portugal, les semaines qui suivent vont être douloureuses : Les français, pardon : Les journalistes français s’obstinent à écorcher les noms et mots avec le fameux ã, notamment, dans ão, où le a est surmonté d’un accent ~, qui est un peu l’équivalent du son “an” en français.
Alors qu’il y a justement une proximité entre nos deux langues, les envoyés spéciaux au Brésil continuent à se tordre la langue pour essayer de prononcer des mots en ão, alors qu’il pourraient tout simplement dire : an.
Exemple: Jean, c’est João, qui se prononce presque comme Jean: Jo-an, plus proche que le guttural espagnol Juan, RRRRRRuan, avec la fameuse « jota », difficile pour beaucoup de français.
Et puis on a de la peine pour les envoyés spéciaux d’Itélé ou BFM-TV qui dépêchés dans la ville où se trouve l’hôtel qui va accueillir les « Bleus » : Ribeirão Preto (le ruisseau noir). Cela donne Ribeira-o , ou alors Ribeiro, mais jamais Ribeiran… A croire que ces « envoyés spéciaux » ne parlent pas avec les brésiliens qui les entourent. Sinon, ils les auraient entendu prononcer le nom de leur ville ! Ribeiraõ Preto située à 300 kilomètres de São Paulo, que les français du Brésil appellent souvent « Saint-Paul », et là aussi attention les oreilles : Não ! Ce n’est pas Sa-o Po-lo, mais San Pa-olo. Double faute !
Atenção : Les oreilles des amoureux de cette langue plus parlée dans le monde que le français (Portugal+ Brésil+Angola+ Mozambique + Cap-Vert+ Guinée Bissau) vont encore siffler quand nos «reporters » et commentateurs vont parler de la sélection brésilienne, la « seleção ». Qu’ils ont baptisée sélésa-o. alors que l’on dit « sélésan ». 
Il ne s’agit pas là de snobisme ou de coquetterie. Nous sommes les seuls à écorcher les mots portugais. Ni les allemands, ni même les américains ne le font, c’est-dire !
Cela révèle une certaine arrogance française, un manque d’ouverture et de curiosité de la culture des autres.
Sauf de la culture américaine, of course. Car sans même parler un anglais parfait, personne ne prononce « nèv york » ou « Vachinton » mais bien sur « Niou York » ou « Ouachinetone ».
Encore une petite remarque : C’est Rio de Janeiro, et non pas Rio de Djaneiro, comme s’obstinent à le dire nos envoyés spéciaux, comme entendu récemment sur BFM ou Europe1.
Alors : Por favor, n’abimez pas la « Seleção ». Obrigado !
Nous vivons une e-poque formidable !Vivemos numa e-poca incrivel !

A partir de demain : Tous les jours un petit blog sur le Brésil pile et face : Le Blogodinho ( proncez blogodigno) , c’est-à-dire le « petit Blog » BLOGODINHO, le Petit Blog de Pierre M. Thivolet sur le Brésil

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