Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : taxi

Allo, Taxi ? Ne m’appelez pas Uber !

“French Anti-Uber Protest Turns to Guerrilla Warfare”:Un des titres de la presse anglo-saxone.
Avez-vous vu le spectacle que nous offrons aux touristes qui débarquent chez nous ? Des scènes hallucinantes de guérillas urbaines. Il ne s’agit pas de cailleras du 9-3 , mais de chauffeurs de taxis, des « René » comme dirait Canteloup sur Europe 1, caricaturant les auditeurs de RMC, chauffeurs de taxi à Marseille, fans de Bourdin, et qui va «  te les enculer ces pédés de chauffeurs d’Uber ».
Mais comment a-t-on pu en arriver là ?
Bien sûr, les chauffeurs de taxis sont des beaufs (LOL !).  Et les actes de violence sont injustifiables.
Mais – désolé pour ce mais – quand ils doivent payer 150 000 à 200 000 euros pour obtenir une plaque, plus tous les examens et contrôles, comment voulez-vous qu’ils réagissent quand on vient leur manger la laine sur le dos ?  C’est l’Etat qui a fixé les règles, qui a réglementé ce métier, ses coûts, ses contraintes, c’est donc l’Etat qui doit en organiser l’évolution. Voilà d’ailleurs, un secteur où il y du travail. Tout le monde se plaint qu’il n’y ait pas assez de taxi. Il faudrait donc ouvrir, libéraliser ce secteur, mais en faisant évoluer le réglementation, pas en fermant les yeux sur des pratiques de travail au noir.
La guerre d’Uber était prévisible. Ne pas l’avoir anticipée est inexcusable.
Plutôt que de libéraliser les lignes de bus et 3 ou 5 dimanches de plus par an d’ouverture des magasins, où est Emmanuel Macron dans ce conflit ? Où est Christiane Taubira, qui rêve des 32 heures, mais ne répond pas par la loi aux demandes des chauffeurs de taxi ? C’est vrai, elle roule en vélo, avec un casque… Tu parles ! Elle parle d’or, lorsqu’elle dit qu’il faudrait encadrer l’évolution des professions réglementées. Elle parle, mais que FAIT-elle ?
Où est Bernard Cazeneuve, qui vient seulement hier de demander au Préfet de Police de Paris de sévir contre Uber ? Ce qui ne sera qu’un cautère sur une jambe de bois. Uber, une start-up, une jeune pousse de moins que rien provoque une révolution. On se pince .
Le e-business est un tsunami contre lequel nous ne pourrons résister. La web-economie est en train de tout bouleverser, non seulement les taxis, mais la location de voitures, d’appartements, d’hôtels, de services. Le rôle d’un gouvernement est de prévoir, , d’encadrer, d’accompagner, d‘anticiper, surtout d’ANTICIPER.
Emmanuel Macron n’a pas 40 ans. Normalement il fait partie de la e-génération. Et il ne serait pas capable d’avoir l’adaptabilité d’un geek ? On n’ose y croire. Peut-être que l’ENA, l’Inspection des Finances, la Banque Rothschild l’ont coupé des e-réalités. Il est vrai qu’une grande banque d’affaires, ce n’est pas vraiment les mains dans le cambouis du business d’un petit commerce, d’une P.M.E, ou de petits artisans, comme les taxis.
L’enfer est pavé de bonnes intentions, et notre gouvernement se conduit comme des bizounours.
Nous vivons une e-poque formidable.

SNCF, taxis, intermittents: Le Brésil ? Non, la France.

Avec ce printemps qui une gueule d’été, des températures qui jusqu’à Strasbourg flirtent avec les 35 °C, avec tous nos médias, tous nos journaux qui se sont habillés en vert et jaune, on se croirait presque au … Brésil. Jusqu’aux grèves dans les transports !
Hélas, comparaison n’est pas raison, et tous les mouvements sociaux n’ont pas la même signification. Si les brésiliens manifestent, c’est pour l’avenir, nous, c’est contre le déclin.
Evidemment, il ne s’agit pas un seul instant de prétendre que la vie serait plus douce au soleil – ah ! ces clichés sur Rio, Copacabana,caïpirinha et mulatas !- A moins d’avoir la peau aussi dure que celle d’un vieux caïman, au Brésil les différences sociales sont insupportables qui séparent les plus riches – ceux que les brésiliens appellent « o elite » – des plus pauvres ; Et ce ne sont pas forcément les habitants des « pittoresques » favelas des collines de la zone sud de Rio, mais les millions qui habitent la « zone nord», ou encore les habitants du nordeste à 3000 kilomètres au nord. Bien sûr, les différences sociales chez nous en Europe, ont augmenté. Et nous sommes inquiets du bascule d’une partie d’entre nous dans la pauvreté, notamment les millions de chômeurs longue durée, ou les jeunes qui n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail. Tout cela est vrai, et nous fait peur à juste titre. Mais heureusement, rien de comparable avec ces mendiants, ces lépreux, ces goitreux, ces cul-de-jatte, ces exclus d’un système sans protection sociale ou presque, qui peuplent les trottoirs, les rues, les faubourgs de São Paulo, pourtant entrée aujourd’hui dans le club des 10 métropoles les plus riches du monde. On y est plus proche de l’Inde que de la Californie. Mais dans le même temps, en vingt ans, le Brésil a plus changé qu’en un siècle. Avec notamment l’apparition de vraies classes moyennes, et le recul de l’extrême pauvreté. Les manifestation et les grèves ont cette signification: Nous croyons à notre avenir. Nous voulons plus, de services publics qui fonctionnent, d’éducation, d’hôpitaux, de transports, et mieux, une meilleure gouvernance, des administrations moins corrompues. Le Brésil est optimiste et l’avenir lui appartient.
Chez nous, c’est le contraire. Nous sommes un des pays les plus pessimistes voire déprimés d’Europe… Les grèves, les manifestations, les votes extrémistes  que nous connaissons, expriment surtout une peur de l’avenir, peur de n’être plus qu’un petit pays d’un petit continent, alors que le Brésil se sait un pays continent… Nous voulons que rien ne change, que tout soit comme avant, comme au temps béni des grandes lois sociales de 1946. Ne rien lâcher, dit l’extrême gauche, comme l’extrême droite. N’est-ce pas là une vision profondément conservatrice de l’avenir de notre pays ?
Souhaitons que les touristes de retour du Brésil en ramènent, en dehors des coups de soleil, d’abord le sentiment de fierté d’avoir réussi à construire en Europe des sociétés pas si inégalitaire que ça finalement, mais aussi un peu de l’optimisme, de l’envie de croquer l’avenir, de l’énergie positive qui caractérisent le Brésil d’aujourd’hui.
D’ailleurs, la cérémonie d’ouverture ce soir à São Paulo va être super ! Avec notamment les percussions du groupe Olodum de Savaldor de Bahia, qui vont bluffer le monde entier ! Otimo !
Finalement, la France c’est le Brésil, avec les grèves, mais sans la fête …
Nous vivons une e-poque formidable !
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Pendant la Coupe du Monde, O blogodinho, le petit blog sur le Brésil, pile et face, avec des récits de voyage, des expériences vécues, beaucoup d’amour, un peu de haine et de colère, des playlists, parce que le Brésil n’est pas que foot et samba !
Parabens

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