Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : twitter

Ne l’appelez plus Assomption !

Et pourtant cette ascension est vraie !
Le 15 août pour les catholiques, c’est la fête de l’Assomption. Et l’Assomption c’est la montée au ciel de la Vierge Marie. Tiens c’est bizarre. Quand Jésus monte au ciel, on parle d’Ascension. Pourquoi Marie assompte-t-elle ? Pourquoi ne prend-on pas un assompteur ? Et pourquoi les twittos n’ont-ils pas cru Éric Woerth quand il a twitté qu’il faisait une ascension au Mont-Blanc, photo verticale à l’appui ? Était-ce une assomption ? 
Pourquoi donc deux mots différents ? 
Par sexisme ? 
Ce ne serait pas étonnant. Après tout, les 3 grandes religions sont toutes les 3 nées au Moyen-Orient, dans des sociétés plutôt patriarcales. À l’époque, l’idée même d’une Marlène Schiappa ne les aurait pas effleurées.  
Pourtant l’explication est toute autre, elle est étymologique. L’assomption se distingue du terme ascension, parce qu’il vient du latin ad sumere qui signifie « être transporté vers » alors qu’ascension vient du substantif latin ascensio « action de monter ». 
Tout s’explique : d’un côté, Jésus monte tout seul au ciel. De l’autre, Marie est transportée au ciel. D’où les nombreuses peintures qui la représentent portée par des angelots qui l’emmènent au ciel. 
Pourtant, surprise, les allemands ne font pas la différence. Ils disent pour les deux : Himmelfahrt, Trajet vers le ciel. Seraient-ils moins machos ? Auraient-ils mal traduit ?
C’est comme pour Jésus, cité dans l’évangile selon Saint Mathieu : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église. Eh ! bien le jeu de mots entre Pierre et pierre ne fonctionne pas en allemand : Du bist Peter und auf diesem Stein, ni d’ailleurs en latin ou en grec. Qui écrivent : Petrus Πέτρος et petraπέτρᾳ. 
La morale de cette histoire, c’est qu’il faut se méfier des traductions. Toujours revenir aux textes d’origine. Voire même à l’esprit des textes. Surtout quand il s’agit de religion. Ou d’informations!
Quant à Éric Woerth, il s’agissait bien d’une ascension.

Twitter ramollit-il le cerveau ?

Descartes : Je pense donc je tweete !
Quand Donald Trump veut envoyer un oukaze à Ford, il tweete. Quand Obama veut faire ses adieux, il tweete ou il « post » sur Instagram.
Aujourd’hui, la communication passe par le dernier media apparu, pas seulement internet, mais au sein du web, les réseaux sociaux, et parmi les réseaux sociaux, ceux qui sont les plus rapides, les plus concis : Twitter, Instagram : 140 signes.  Ou mieux : Une photo et un hashtag.
Pas la peine de pointer du doigt les nouvelles technologies, ce ne sont que des technologies. Un peu comme l’électricité qui peut aussi bien servir à la chaise électrique qu’à nous éclairer. Tout dépend donc de l’usage que l’on en fait et là ça se complique. Contrairement à une idée reçue, il est beaucoup plus difficile de faire court que de s’épancher. Ça demande de la technique, du travail. Il y en a même qui tente d’en faire leur métier et on les appelle les journalistes.
Chez nos politiques, c’est un peu la panique. Autrefois, une seule chaîne de télé, les citoyens n’avaient pas vraiment le choix. Aujourd’hui un coup de zapette, un clic de souris et on passe chez Hanouna. Alors ils  s‘y mettent toutes et tous, à la petite phrase, aux « punchlines » qui feront le buzz, et c’est verglas et pluies verglaçantes toute l’année: Des dérapages :
Comme le tweet de Macron dans un avion l’emmenant aux Antilles et parlant d’expatriation.
Comme Vincent Peillon déclarant à la télé: « les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans ». 
Ou la déclaration du Président du Club de foot de Metz, sanctionné après des (graves) incidents lors d’une rencontre contre l’OL : « C’est comme si la justice sanctionnait le Bataclan ».
Ou encore: « Je suis gaulliste et de surcroit je suis chrétien », raccourci un peu surprenant de François Fillon sur TF1.
Tout le monde n’est pas De Gaulle qui alliait le fond et la forme, capable de détourner la langue française pour en faire des punchlines de génie, comme au moment du putsch d’Alger en avril 1961: « Ce pouvoir a une apparence: un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité: un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques ». Waou ! trop fort , d’autant plus que quarteron ne veut absolument pas dire quatre, mais métis. Qu’importe: En 140 signes, De Gaulle avait clashé et cassé les généraux ! Et d’ailleurs 24 heures plus tard, le putsch échouait.
Et puis ce n’est pas parce qu’on fait simple que l’on écrit simpliste. On peut être écrivain et écrire en moins de 140 signes : « On est heureux Nationale 7 », très belle contraction poétique de Charles Trénet chantant le route nationale qui mène aux vacances. Ou encore Marguerite Yourcenar: « Quoiqu’il arrive j’apprends. Je gagne à tout coup». Mais le plus fort « Je pense donc je suis ». Descartes twitto avant l’heure. Il est vrai qu’il y a 400 ans René le philosophe tournait 7 fois sa plûme dans son encrier avant de se mettre à écrire.
Nous vivons une e-poque formidable.

Primaires : C’est Black Friday pour les journalistes !

Primaires: Haro sur les journalistes !
Black Friday, autrefois on disait soldes, rabais, prix cassés, tout-doit-disparaître, mais aujourd’hui quand on le dit en américain, ça veut dire soldes, rabais, prix cassés, tout-doit-disparaître.
C’est du pareil au même ?
Mais non, Black Friday, ça un petit goût de modernité, de e-commerce. C’est comme dire digital pour numérique, ça change tout. Voilà où l’on en est, et nos rodomontades sur la défense de la langue française n’y pourront rien changer: Jusque dans les moindres recoins de notre vie quotidienne, l’influence de la culture américaine a tout envahi. Plus précisément de la culture mercantile américaine. Nous absorbons depuis nos premières tétées, nos premières couches culottes, nos premiers émois gastronomiques ou érotiques, une culture du marketing, du merchandising, de l’emballage, du conditionnement du consommateur qui est bien loin des fulgurances de Shakespeare, Dickens ou … Bob Dylan.
Cela commence avec Pampers, Mac Do, Burger – les premiers mots prononcés, par un bébé avant même Papa ou Maman – puis viennent les westerns qui nous font nous imaginer en cowboys et indiens, alors qu‘historiquement on n’en a pas beaucoup vu sur notre sol, sauf chez Disney. Et puis les petites filles chantent « Un jour mon Prince viendra » en peignant leur Barbie et fantasmant sur leur Ken. Les petits garçons aussi, à moins que ce ne soit sur Batman, Spiderman.
Black Friday, Black week-end, évidemment, ça « sonne » mieux en anglais qu’en français. Vendredi noir ou Week-end noir, ce n’est pas très vendeur. On voit moins le côté solde mais plutôt l’aspect « noir » qui fait tristounet et même carrément peur.  
Comme ce lendemain de débat pour les Primaires de la droite. Pas parce que les débats auraient été au rabais, ou soldé: 8 millions de téléspectateurs, ça a « performé » ! Non, le débat a été « tranquille » « à fleurets mouchetés» « digne » nous dit-on. Mais, soyons clair, également un peu chiant. 
Ça, c’est la partie émergée, car le reste c’est ce qui s’est passé et se passe sur les réseaux sociaux. Un déferlement de haine, de désinformations, de tweets injurieux. Avec au centre des attaques, les medias, les journalistes. C’est devenu un leitmotiv: Les journalistes sont nuls, leurs questions indécentes. Nous sommes tous soupçonnés d’être bobos, de faire partie de l’élite, du microcosme parisien, de ne pas nous intéresser à la vraie France, ou aux vrais gens. C’est totalement démago, mais ça marche.  Et les politiques l’ont bien compris qui l’ont totalement intégré dans leurs éléments de langage. Autrefois cela était réservé aux Le Pen ou Mélenchon. Aujourd’hui tout le monde s’y met.
Mais c’est quoi un bon journaliste ? C’est quoi, une bonne question ? Comment interroger les hommes politiques ? Comment ne pas être cire-pompe sans être agressif. Et puis, finalement pour beaucoup d’entre nous, les questions, les seuls points de vue que nous voulons entendre, ne sont-ce pas seulement les nôtres ?
Avec les nouveaux medias, avec l’interactivité, nous pouvions espérer plus de débats, plus de démocratie, mais non. C’est Black Friday, Vendredi noir pour les journalistes et les medias.
Nous vivons une e-poque formidable.

De #SergeAurier à #Nuitdebout, #Periscope la dernière mode.

Periscope: L’illusion du “Tous reporters”?

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Comme des poules devant un couteau, tous les medias s’extasient devant cette nouvelle invention, periscope. Toujours en retard d’une bataille, les journalistes « traditionnels », qui pensaient encore il y a quelques semaines que Periscope était un magazine d’actualités culturelles (pariscope) ou encore pour les anciens, qu’il s’agissait de marine de guerre, tous donc en sont maintenant « croque ». Periscope, c’est le parangon de la démocratie participative, les nouveaux canaux d’expression dont s’emparent les jeunes. ( A prononcer« jeuuuunes » comme à Lyon ou « Jèèèèène » comme à Marseille, ou « djeune’s » à Paris Blanc-Manteaux ou Oberkampf , pour faire branchouille). On prend le pari ? Vous allez voir que jeudi soir, par peur de se faire battre par le feuilleton « The missing », France 2 nous mettra un peu de Periscope, ou de webcamers dans sa sélection de prise de parole citoyenne. Mais pas sûr que ce soit suffisant pour que « François Hollande , Face aux Français » pendant 2 heures fasse « bander » l’audimat, ou inverse la courbe d’impopularité présidentielle.
A noter d’ailleurs que plus le ou la journaliste est vieux ou a peur de vieillir, plus il fantasme sur la révolte des jeunes : « Ca y est : Le grand mouvement révolutionnaire, 1789, les journées de juillet, le Front populaire, les indignés, ça y est c’est là, nous allons vivre un moment d’Histoire. » Et cette jeunesse qui nous désespérait un peu parce qu’elle se battait plus pour le dernier Iphone ou les derniers sneakers à la mode, elle va se battre pour trouver enfin le graal :  La troisième voie entre le communisme qui est mort sauf en Corée du Nord et le capitalisme qui est mort… enfin, qui devrait l’être sauf, que ni les Chinois, ni les Indiens, ni les Américains, ni les… , bref ni le monde entier, ne s’en est aperçu et continue à vouloir faire du business,de plus en plus de business. Sauf nous, bien sûr , Astérix qui résistons, nous debout Place de la République,
Non, vraiment, c’est formidable Periscope. Surtout pour les propriétaires de Twitter, qui ont racheté l’application. Curieux d’ailleurs, tous ces coups marketings qui se multiplient depuis un an: Après Justin Bieber et Lady Gaga, Serge Aurier ( poto ! le directeur de Twitter France te dit merci ) voilà Nuitdebout. Espérons que cela permettra pour la première fois au groupe amércain d’être rentable, et de ne plus licencier 8 % de ses employés comme en Octobre dernier.
Non, vraiment, c’est formidable Periscope, c’est un selfie mais qui bouge. Vous savez les selfies: C’est quand ce n’est pas le Taj Mahal derrière  vous qui est important, mais vous devant le Taj Mahal. Ce n’est pas la Joconde que vous êtes venus voir, ni un concert de Rihanna, mais vous devant le tableau ou devant l’artiste. Génération selfie – génération narcisse ?
Oui décidément, Periscope est la dernière mode. Mais comme toutes les modes, elle risque de passer aussi vite que les autres, peut-être même plus vite car sur le web, à l’ère d’internet c’est le trop d’infos et de fausses infos qui nous submergent. Plus que jamais une actu chasse l’autre.
Et des « nuits debout » Place de la République, il risque de ne rester que quelques selfies qui s’oublieront très vite au milieu des selfies de vacances. Un peu comme les traces de pas sur le sable effacés par la mer qui monte. Mais la disparition des traces de pas, ne veut pas dire que l’on n’avait pas marché…. `
Nous vivons une e-poque formidable !

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