Macron a de la chance. Mais la chance est-elle le fruit du hasard?
Plus de chance que ça, ce serait indécent: A croire qu’Emmanuel Macron est né coiffé, mais pas genre Donald Trump avec sa mèche blondasse improbable. Non genre, tout lui réussit ; ou encore: Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois etc…
Quelques soient les qualités- immenses- de notre nouveau Président, abondamment rappelées dans des biopics télévisés – fort bien réalisés et généreusement diffusés – ses principaux concurrents se sont éliminés tous seuls. Ce n’est pas lui qui a sorti Sarkozy ou Juppé. Il n’a pas non plus poussé François Fillon à se maintenir. Si on refaisait le match, n’importe quel autre candidat Les Républicains, un Baroin, ou même un Lemaire, serait aujourd’hui à l’Elysée. Cette élection était imperdable pour la droite.
A gauche, Macron n’est pas non plus responsable des primaires socialistes qui choisirent …Benoît Hamon : No comment !
Aujourd’hui, à moins de lui prêter des facultés de magicien à la Uri Geller qui tordait le métal à distance, ce n’est pas lui non plus qui pousse Marion Maréchal à démissionner du FN Le Pen. Ce qui est plus qu’une pierre dans le jardin de sa tante à un mois des législatives.
Les complotistes diront que c’est la faute aux medias, dont le nouveau Président tire toutes les ficelles, c’est bien connu !
Les ésotériques genre Christine Boutin y verront la marque du diable, ou l’alignement des étoiles (C’est quoi le signe et l’ascendant de Macron ?). Mais être là au bon endroit et bon moment est une qualité. Comparez avec Manuel Valls: Il aurait rêvé d’une chevauchée à la Macron, mais aujourd’hui c’est lui le traître, le comptable du bilan de Hollande, le pestiféré dont personne ne veut le soutien. Valls donc lui n’est pas né coiffé. Et l’on ne parle pas là de sa coupe de cheveux.
Espérons que cette chance là, le nouveau Président nous la transmettra.
Les élections ? Tant qu’un match n’est pas terminé, tout semble possible…
Les élections c’est comme en sport. Tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti, tout peut se produire. Comme en foot, les stats d’avant match ne veulent rien dire. Ainsi PSG – Monaco, sur le papier, c’était le PSG… Et puis, non : 1-1 , qui sonne comme une défaite !
Il y a deux mois, Alain Juppé était élu Président de la République. Et puis, non.
Il y a un mois, le PS n’existait plus. Et puis non. Depuis hier soir et plus de 2 millions de votants aux primaires, le PS est toujours là et vire même à gauche. Sur les terres d’un Mélenchon, qui 3ème homme il y a encore quelques jours, repasse en 4 ème, 5 ème position.
Il y a quelques jours, François Fillon était élu Président de la République. Et puis… quelques Pénélopes plus tard, il sent maintenant dans son dos le souffle du Macron … Alors bien sûr, on peut s’indigner des « boules puantes » lancées à l’encontre du candidat de la droite, de son épouse, de sa famille et de leurs emplois fictifs ou non. Que tout cela soit manipulé par certains, est-ce surprenant ? Il s’agit d’une campagne électorale, non ? Et lorsque vous êtes candidat, tout est passé au crible. Votre vie privée, mais d’abord et avant tout, votre gestion des affaires publiques et de l’argent public.
Bien sûr, on peut tacler Emmanuel Macron. Est-ce qu’avoir gagné plusieurs millions d’euros en deux fusions-acquisition chez Rothschild, qualifie pour la gestion du pays ?
Bien sûr on peut et/on doit s’attrister de la permanence d’un vote FN à plus de de 25%
N’empêche que désormais, on entrevoit un deuxième tour, sans PS ni Républicains. Qui l’aurait dit il y a deux mois ?
Mais c’est comme pour la victoire des bleus hier en handball, ce n’est parce qu’on est mené au bout de 10 mn qu’on perd la Finale. Les français menés ont fini par renverser le match avant la pause et l’emporter haut la « hand » et devenir champions du monde.
Et c’est avec tant de détresse humaine que nous allons faire aimer Paris ?
« Paris je t’aime ». C’est le titre d’un film commandé par la Mairie de Paris, histoire de convaincre les touristes étrangers que décidément notre capitale est la plus belle ville du monde, ou presque. Et que c’est chez nous qu’il faut venir dépenser leur argent et non à Londres, à Milan, ou en Espagne, ce qui malheureusement le cas. Les chiffres dont nous nous gargarisons- La France première destination touristique du monde – cache une autre réalité : Des millions de touristes ne font que passer chez nous, ils n’y dorment pas, ils n’y achètent pas, ils ne dépensent pas…
Et puis, voilà que l’on on rendez-vous à la Rotonde au métro Stalingrad, dans le nord de Paris. En vingt ans, la place, les bords du bassin de la Villette ont été superbement aménagés. Bars, restaurants, cinémas, centre d’arts et d’expositions – le fameux 104 n’est pas loin -. Sur l’eau, pédalos, et bientôt baignade, puisque la mairie de Paris annonce l’ouverture de grands bassins ouverts au public. A partir de l’été 2017, on pourra se baigner dans une eau qui, nous dit-on est redevenue propre, en tout cas baignable.
Mais en sortant du métro Stalingrad ou Jaurès, ce n’est pas Paris plage, Paris festif, Paris magique, mais Paris tragique. Partout des tentes, des centaines de tentes – désolé Quechua, mais ton nom ne rime plus avec évasion, camping, randonnée, mais avec pauvreté, naufrage humanitaire. Partout des abris édifiés à la hâte, des points d’eau aménagés ici ou là, des pissotières, des dizaines de pissotières, plantés en rang d’oignons, de part et d’autre de rues ou d’avenues où l’on ne voit plus les terrasses des cafés ou les devantures des commerces. Avec leurs gilets jaune fluo et leurs balais verts, les employés de la Ville de Paris essaient bien d’évacuer les ordures, de remettre un peu de propreté. Mais ils paraissent bien seuls et désemparés face à cette vague. Ici et là, des équipes d’organisations humanitaires, médecins bénévoles, travailleurs sociaux, et l’on a honte de les voir se démener. Mais c’est comme s’ils tentaient de vider la mer avec une petite cuillère. On a honte de presser le pas pour aller à son rendez-vous. Et de détourner les yeux. C’est toute la misère de notre monde actuel qui est là, la jungle non plus de Calais mais de Stalingrad. Oh ! bien sûr, on l’a vue à la télé, mais là c’est sous nos yeux, tout autour de nous.
Le gouvernement a dit que le problème serait traité la semaine prochaine. Le premier ministre depuis l’Afrique où il est en déplacement, a confirmé que les migrants de Stalingrad seraient mis à l’abri, sur le mode de ce qui a été fait à Calais, jeudi.
Mais pourquoi pas tout de suite ? Chaque heure qui passe est une heure de plus de souffrances pour ces milliers de malheureux. Chaque heure qui passe est également insupportable pour tous les habitants du quartier qui quelque soit leur bonne volonté, sont totalement dépassés. Chaque heure qui passe est une insulte à l’image de Paris.
Et on se demande mais comment en est-on arrivé là ? Et est-ce que l’on voit des scènes comparables en Allemagne, à Londres, à Barcelone ? Qui pourtant accueillent beaucoup plus de migrants que chez nous ?
Valérie Pécresse peut bien annoncer des mesures pour relancer le tourisme en Ile de France, Anne Hidalgo faire tourner des films sur Paris je t’aime. Non, personne ne peut aimer Paris dans de telles conditions, ni les parisiens, ni les touristes.
Faute de débats d’idées, faute d’idées, nous débattons de l’âge du capitaine. Entendez, de l’âge de nos politiques. Nous vivons avec deux clichés :
– Etre jeune, ce serait une garantie de modernité.
– Les jeunes sont exclus de l’accès au pouvoir, une sorte de « plafond de verre », qui fige notre société.
S’y ajoutent aussi bien sûr beaucoup de non-dits et d’arrières pensées. Par exemple dans le cas d’Alain Juppé, attaqué en douce sur son âge (70 ans), par ceux qui dans son camp, ne digèrent pas qu’il soit au plus haut dans les sondages. Ou quand on entend le Premier Ministre s’agacer de n’être plus le plus jeune en comparaison de son ministre de l’économie (54 ans pour Valls, 38 ans pour Macron). Or, comme l’écrit le sociologue Pierre Bourdieu : « L’âge est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable ; le fait de parler des jeunes comme d’une unité sociale, d’un groupe constitué, doté d’intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente ».
Focaliser l’attention sur l’âge de nos politiques, qui « n’écoutent pas la jeunesse », serait donc une manipulation. Mise en avant par des « vieux » qui détenant des postes clés, par exemple dans les partis, les entreprises ou les médias ( oui, les médias aussi) font du jeunisme pour éliminer la concurrence et mieux protéger leur pouvoir. Pierre Bourdieu explique encore : « Les rapports entre l’âge social et l’âge biologique sont très complexes. Si l’on comparait les jeunes des différentes fractions de la classe dominante, par exemple tous les élèves qui entrent à l’École Normale, l’ENA, l’X, etc., la même année, on verrait que ces « jeunes gens » ont d’autant plus les attributs de l’adulte, du vieux, du noble, du notable, etc., qu’ils sont plus proches du pôle du pouvoir ».
Beaucoup de nos jeunes énarques ou normaliens brillants – c’est presque un pléonasme – seraient ainsi déjà « vieux et notables ».
Ainsi, la communication de l’Elysée est-elle devenue plus « jeune » et plus efficace depuis qu’elle est dirigée par un Gaspard Gantzer, de 37 ans ?On s’extasie aujourd’hui devant les 38 ans de Macron, mais à cet âge-là, Laurent Fabius était nommé Premier Ministre. A-t-il mené une politique plus jeune ?
Ce débat nous est très particulier. Et la plupart de nos voisins n’ont pas autant l’obsession de l’âge.
Comme la Grande-Bretagne avec une Reine, très populaire et très âgée, et des Premiers Ministres, très jeunes, Tony Blair Premier Ministre à 38 ans, ou David Cameron, à 44 ans… En Espagne, nous interprétons l’émergence de Ciudadanos ou Podemos, comme des mouvements de « place aux jeunes », en oubliant que déjà, en 1982, Felipe Gonzalez, 40 ans, devenait Président du gouvernement.
Notre obsession de la jeunesse n’est-il pas signe de vieillissement ? Car c’est peut-être triste, mais démographiquement, l’avenir de la France est dans les têtes « grises ». Déjà le nombre des plus de 60 ans dépasse le nombre des moins de 20 ans. Et si le chômage des jeunes, très élevé certes, est un problème, le chômage des « seniors » l’est encore plus, mais on en parle moins. En Europe,la France détient ainsi le record d’inactivité des plus de 55 ans. Avec comme conséquence, la rupture de la transmission du savoir et de l’expérience.
Et puis c’est quoi être jeune ? La petite fille Le Pen est peut-être jeune biologiquement, mais n’est-elle pas le vestige d’époques et d’idéologies vieilles comme le pétainisme ?
« On est toujours le vieux ou le jeune de quelqu’un. C’est pourquoi les coupures soit en classes d’âge, soit en générations, sont tout à fait variables et sont un enjeu de manipulations » écrit encore Bourdieu…
Nous vivons une e-poque formidable.
Pierre Bourdieu : Questions de sociologie, Éditions de Minuit, 1984
Peut-on nous expliquer ce qu’il va rester in fine des intentions de projets de projets de loi sur la réforme du code du travail ? Sur la flexsécurité, ou sur la sécufléxité, sur la simplification administrative, sur les 35 heures ou pas, sur les heures supplémentaires ou pas, sur la baisse des charges pour les entreprises et particulièrement les PME et TPE. Oui les TPE, les toutes petites entreprises qui sont l’essentiel de notre activité économique et de emploi ou pas d’emploi. On – et par on, il faut comprendre le gouvernement – nous avait promis qu’on allait faire simple, et nous voilà devant une usine à gaz , doublée d’un bordel pas possible. Le projet est repoussé de 15 jours pour plus de « concertation ». Personne n’y croit : Ca sent le sapin ( pas le Michel Sapin – LOL) mais l’enterrement de première classe.
Et pourtant…
Pourtant, nous sommes tous d’accord avec le constat : Trop de bureaucratie, trop de règlements, trop de charges, trop d’impôts. Il faut sim-pli-fier.
Nous également tous d’accord sur l’objectif: Créer des emplois, en finir avec la mise à l’arrêt, au chômage, de millions de personnes: Des jeunes bien sûr, mais aussi des seniors. La France est en Europe, le pays qui détient ce triste record : Un des plus fort taux de chômage des jeunes ET des plus de 50 ans. Quel gâchis dans les deux cas !
En revanche, là on cela se gâte c’est quand on en vient aux solutions, qui signifient forcément remises en cause de nos situations personnelles. Il faut faire des efforts, d’accord. Mais que mon voisin commence en premier ! Il n’y a plus personne quand il s’agit de passer à la caisse, de payer la douloureuse.
Il y a ceux qui pensent que les charges qui pèsent sur les entreprises, sur les salaires, sont trop élevées. Et il y a ceux qui parlent de « cadeaux au patronat.
Il y a ceux qui prennent l’Allemagne ou la Grande-Bretagne en exemple, et ceux qui stigmatisent les « mini jobs ». Il y a ceux qui dénoncent l’obésité de l’emploi public, trop de fonctionnaires, trop d’élus, trop de …, et puis ceux qui dénoncent le recul des services publics, et vantent les vertus du service public à la française. Il y a ceux qui dénoncent le manque de médecins, les hôpitaux au bord de l’implosion, et ceux qui refusent que la santé ait un coût et qu’éventuellement on introduise un ticket modérateur.
Il faudrait donc que quelqu’un tranche, et prenne un cap. On appelle cela gouverner et c’est ce qui semble manquer.
Pauvre Myriam El Khomry : On comprend mieux le rôle qu’on lui a fixé : Etre une tête de turc, un fusible, une sorte de kamikaze, mais dont l’avion n’arriverait pas à décoller faute de carburant.
Tout le monde d’ailleurs n’a pas le goût pour le suicide politique. Par exemple Emmanuel Macron, qui certes, continue à sortir ici ou là, mais qui est étonnamment silencieux par rapport à sa surexposition médiatique d’avant remaniement. D’ailleurs, on ne sait même plus s’il a conservé sa barbe de 3 jours, ou pas. C’est dire à quel point il est en retrait. Il faut dire aussi que sa première loi, dite Macron 1, on ne sait plus très bien, comme sa barbe, ce qu’il en est, ce qu’il en reste.
On se dit aussi qu’il va bien finir par partir et que sans doute ce qu’il prépare aujourd’hui, ce n’est pas tellement la relance de l’économie et de l’emploi, mais plus comment trouver une porte de sortie, un départ réussi médiatiquement, à la Taubira, le vélo en moins.
En attendant – en attendant quoi ? 2017 ? Un an et demi qui vont être perdus ? – il n’ y a plus qu’à espérer que le prix du pétrole ne remonte pas trop, mais qu’il ne continue pas à baisser non plus, que l’Euro reste faible, mais qu’il ne baisse pas trop non plus, que les taux d’intérêt ne remontent pas – combien de temps ces niveaux proches de zéro vont-ils durer, peuvent-ils durer ? – cela fait beaucoup de conditions, dont aucune ne dépend de nous, mais du vaste monde qui nous entoure.
Courage, fuyons : Avec les JO en 2024, et l’expo en 2026, à défaut de pain, nous aurons des jeux.
Nos politique à la course à la meilleure communication
Faut-il aller dans une émission d’infotainment pour faire passer son message, pour « vendre » l’action du gouvernement, pour intéresser le plus grand nombre à la politique ? C’est ce que croit apparemment Manuel Valls en allant se faire cuisiner chez Ruquier.
Ce n’est pas nouveau et il n’est pas le seul : Pour tenter un retour, Jean-François Copé va ainsi s’allonger sur le divan de Marc-Olivier Fogiel. En Mars dernier, François Hollande avait choisi de se faire interviewer par le magazine Society, une publication « swag » (swag, cela veut dire ici classe et chic et de société). Christiane Taubira, est passée au Petit Journal de Yann Barthès, mais là , elle était en pays conquis, sans beaucoup de pièges à attendre.
Il y a à chaque fois forcément un effet « voyeur » et beaucoup iront sans doute regarder. Mais il n’est pas sûr que Manuel Valls en retire un quelconque profit. Comme d’ailleurs, avant lui tous ses prédécesseurs dans ce genre d’exercice.
Même en tentant la presse branchée, la popularité de François Hollande est au plus bas, y compris chez les « jeunes ».
Et puis, attention, on peut vraiment se rater.
Doit-on rappeler Michel Rocard chez Ardisson. Et du pitoyable : « Sucer est-ce tromper » ?
Ou encore Mitterrand interviewé par Yves Mourousi. Quand on revoit, l’émission « Ca nous intéresse Monsieur le Président » en mars 1976, on est frappé par sa qualité, son inventivité qui rendent rikiki les émissions en vogue aujourd’hui. Mais il est vrai qu’Yves Mourousi était, lui, un vrai pro avec 30 ans de métier. Certes, certains échanges étaient un peu convenus et cire-pompes comme ces discussions pour savoir qui des deux était le plus « djeune », le plus chébran ou le plus cablé ! Mais il n’y avait pas que ça, et pendant une heure et demi, c’est une interview serrée, pointue. Et pourtant cette émission n’avait pas empêché la défaite de la gauche aux législatives, 10 jours plus tard.
Fort de tous ces précédents, nos femmes et hommes politiques devraient donc faire gaffe, et ne pas écouter les sirènes de leurs conseillers en communication qui les poussent à vouloir faire « jeune », et qui faute de grives veulent nous faire manger du canigouronron. Or le meilleur des communicants ne pourra pas faire nous prendre des vessies pour des lanternes.
Tout monde n’est pas le général De Gaulle, ce qui est bien dommage. Car quand on revoit ses conférences de presse, on est estomaqué par la force de son verbe, son charisme, son aisance, son humour.
Comme quoi, on peut être plus jeune et plus moderne à 75 ans, qu’à 35 ans.
Superdémocratique? En Suisse, les référendums ont longtemps bloqué le droit de vote pour les femmes.
C’est une opinion de plus en plus répandue : Le référendum est le summum de la démocratie. Tous pourris : Les hommes politiques ont peur de donner la parole au peuple et de demander au peuple son opinion. Sur tous les sujets.
Est-ce si sûr ? Car ce peut être une dérive, qui a l’apparence de la démocratie, mais toutes les caractéristiques d’une dictature de l’opinion.
On prend souvent la Suisse comme exemple. Mais les votations font partie de la culture électorale helvète depuis des générations. Et malgré cela, le taux de participation aux élections en Suisse est très faible: Moins de 50 %, et même moins de 30 % des jeunes, quand chez nous, le taux de participation dépasse les 80 % pour les Présidentielles. Alors que valent des décisions prises par des référendums auxquels ne participe qu’une minorité ? Et puis c’est oublier aussi que ce système peut-être très conservateur, comme dans le fameux canton d’Appenzell où les électeurs – hommes – ont refusé le droit de vote aux femmes jusqu’en 1990.
Enfin, si l’on courcircuite en permanence nos représentants élus, députés, sénateurs, Président, à quoi servent-il ? Un des principes de fonctionnement de la démocratie est la délégation d’autorité: Nous remettons notre autorité à des représentants pour une durée limitée.On appelle cela des élections. Et ce sont eux, qui en notre nom, sont chargés d’étudier et de voter les lois. Si nous n’en sommes pas contents, eh !bien nous en changeons au bout de 4 ou 5 ans. Alors, ouice peut être rageant de devoir attendre 4 ou 5 ans pour changer, mais c’est le principe même d’une élection et il semble qu’il n’existe pas encore de moins mauvais système.
De plus, qu’est-ce que c’est que l’opinion ? Les référendums sont comme les sondages, ce sont des photos instantanées de l’opinion, et celle-ci évolue au gré de l’actualité. Ainsi posez donc la question, surtout après une vague d’attentats : Etes-vous pour la peine de mort pour les terroristes ? Parions qu’une large majorité répondrait, oui . Que devrait faire alors le gouvernement : Rétablir la peine de mort ?
Le dernier qui parle n’a pas toujours raison, l’orateur le plus habile n’est pas forcément le plus compétent, et en matière de décisions politiques, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.
Qu’il soit nécessaire de rappeler ces vérités de base sur la démocratie est inquiétant : Cela montre que nous sommes aujourd’hui tellement déboussolés, que nous nous sentons tellement coupés de nos élites politiques, que nous sommes prêts à nous abandonner à la première ou au premier démago venu.
Espérons, que cela nous nous arrivera ni en 2016, ni en 2017.
Dans les livres d’histoire, il est dit que c’est un certain Villain (Raoul) qui a assassiné Jaurès le 31 juillet 1914.
Un siècle plus tard, on connaît enfin la vérité vraie: ILS étaient plusieurs ( d’où le cri-slogan : « ILS ont tué Jaurès ») parmi lesquels…Macron Emmanuel. Bien sûr c’est une image, puisque l’actuel ministre de l’Economie n’était même pas encore au berceau à l’époque. Mais c’est le sensdes récentes déclarations de Yann Galut. Ce député PS, tout en nuances de rouge (pas de Grey) voit dans le Ministre de l’économie un serial killer, puisqu’il aurait également « assassiné » Blum, Mitterrand, Jospin, Aubry. Excusez du peu ! On a l’impression qu’au PS, les débats idéologiques sont restés bloqués sur le curseur : « Dictature du prolétariat » « Grand soir » ou « Prendre aux riches pour donner aux pauvres ». Ou même « Mon ennemi, c’est la Finance »…
Comme si être de « gauche », cela voulait dire ne rien changer depuis la glorieuse époque des grandes luttes sociales. Sauf qu’à l’époque, il s’agissait d’interdire le travail des enfants, d’obtenir le repos dominical, ou les congés payés. Depuis, beaucoup d’eau a coulé dans le Gier (c’est la rivière qui traverse Saint-Chamond, Lorette et autres villes minières de la Loire), les mines ont fermé, et même Saint-Etienne a perdu son maire communiste et même dirigé par la droite.
La gauche du PS utilise aujourd’hui le même vocabulaire que Jean-Luc Mélenchon qui utilise les mêmes attaques contre Macron et autre Valls que les (futurs) communistes, en 1920, au Congrès de Tours contre Léon Blum et ceux qui préféraient rester dans « la vieille maison socialiste ». C’étaient des « social-traîtres » comme le furent également Jacques Delors, Laurent Fabius ou Pierre Bérégovoy. Il furent obligés de mettre en place une politique de rigueur et d’ancrer la France dans l’Europe après deux années catastrophiques marquées par l’application doctrinaire de ce que Macron appellerait aujourd’hui des idées fausses: Les nationalisations, la relance par la consommation. Qui le regrette aujourd’hui, même au PS ?
Emmanuel Macron a appelé un chat un chat et les 35 heures une bêtise. A l’heure où le problème de millions de français c’est de travailler suffisamment ou tout simplement de travailler, s’accrocher aux 35 heures à quelque chose d’indécent et tout-à-fait anti-social. Allez donc demander à Martin Hirsch à l’Assistance Publique, les Hôpitaux de Paris, ce qu’il en pense. Appliquées de manière centralisée et uniforme, les 35 heures ont été et sont encore un vaste bordel pour tous les hôpitaux publiques.
En fait, Emmanuel Macron rend service au PS. Il est devenu aujourd’hui indéboulonnable au gouvernement, indispensable à la fin de mandat de François Hollande. Sa liberté de parole lui permet de faire évoluer les positions conservatrices du PS sur l’économie et le rôle des entreprises. Les socialistes dont beaucoup risquent de passer à la trappe des prochaines échéances électorales, devraient lui dire merci !
Croisance: La France fait tâche! (source: Les Echos-Eurostat)
0 . Zéro. C’est généralement la note que l’on met aux cancres de la classe. Et donc, c’est officiel ! Nous sommes les cancres de la classe européenne. Croissance de notre économie, nulle. Nous faisons moins bien que l’Italie, le Portugal, la Grèce (la Grèce ???) . Quant à l’Espagne, sur laquelle nos « experts », sans parler de la droite de la droite et de la gauche de la gauche, tombaient à bras raccourci en vantant les mérites des indignés et autres « podemos » qui allaient ouvrir une troisième voie qui niquerait les banques et le grand capital, eh !bien : Caramba ! Encore raté ; L’Espagne explose ses performances économiques et sa croissance n’a jamais été aussi forte depuis … 1977 !
Bien sûr, tous ces chiffres nous saoulent: Déjà, les statistiques grecques… truquées pendant 30 ans, ce n’est pas aujourd’hui que l’on va les prendre pour argent comptant. Quoique… Avec ce qui se passe dans le monde, jamais les îles grecques n’ont été aussi attirantes, et la saison touristique qui fait vivre le pays, s’annonce brillante. Tsipras ou pas, Grexit ou pas, comme le disait une ancienne publicité de l’office du tourisme : « La mer a un pays : La Grèce » et cela fait 2000 ans que ça dure !
Chez nous, on n’y comprend plus rien: Avec une croissance zéro, on aurait pu imaginer un appel à la mobilisation générale. Mais non : Le gouvernement est content et voit même la reprise: « L’indice X a augmenté de 0,3 %, le facteur Y a frémi de 0,2 %, si l’on compare aux prévisions saisonnières rapportées sur un an, ça fait 0 ,8 ». Ca y est : La crise est derrière nous, et sous entendu: La réélection est devant… Hollande.
En fait, nous savons tous bien que les mesures que l’on nous annonce depuis des années se sont transformées en mesurettes. Libéraliser les lignes de bus ne va pas faire sensiblement baisser le chômage. De même que regrouper l’Alsace, la Lorraine et Champagne-Ardennes, ne boostera pas l’emploi à Châlons-en-Champagne ! Nous savons bien que finalement allemands, autrichiens, danois, suédois, irlandais, et même portugais, italiens et espagnols ont eu raison de se serrer la ceinture, se réformer, se désendetter. Nous savons bien que ce n’est pas faire du « french bashing » ou du « Hollande bashing » que de s’inquiéter de notre perte de compétitivité. Tiens !: Où est donc passé le fameux « choc de simplification » qui devait booster notre économie, et qui ressemble plus à une marée en Méditerranée qu’aux marées d’équinoxe au Mont Saint-Michel.
Nous savons tout cela. Mais l’été a été plutôt beau – sauf au-dessus de Paris-Plage où comme d’hab il a plutôt flotté – alors profitons-en.
Il sera bien temps cet automne de s’inquiéter, si par malheur, au niveau mondial, les taux d’intérêt se remettaient à monter. Nous serions alors étranglés ! Contrairement à tous nos voisins qui eux se sont désendettés.
Allez, vous piquerez bien une dernière tête dans la grande bleue ?
Grains de ferme : C’est un simple hangar, à l’entrée d’un village plutôt cossu, dans la grande périphérie de Lyon, au pied des Monts du Lyonnais. Pas de déco, pas de chichi, ni de marketing tête de gondoles, juste une grande photo d’un sympathique cochon, tant il est vrai que dans cette région, on sait que « dans le cochon tout est bon ». Pas de sac, on apporte son cabas ; à l’entrée on est invité à ramener ses emballages en carton ou les contenants en verre, et puis… Et puis, c’est le paradis: Des tomates, des courgettes, des salades, des carottes qui donnent envie d’être lapin, des fruits cueillis le matin même, des œufs qu’on choisit soi-même, des saucissons pour lesquels certains font même un détour pour venir en acheter ici, des fromages… à vous damner : Fromages blancs moulés à la louche à la lyonnaise, fromages de chèvre, de brebis, frais ou « faits ». Et puis derrière les stands, à la caisse, les producteurs qui sont là à tour de rôle. Vous pouvez leur demander des nouvelles de leur troupeau, leur demander pourquoi il n’y a plus de lait cru, s’il y aura encore des cerises la semaine prochaine, ou bien encore où sont installées les ruches ce mois-ci. La traçabilité ? Elle est là sur les murs, les photos des fermes avec leur localisation, toutes dans un rayon de 10 à 15 kilomètres, avec les photos des exploitants, de leurs troupeaux, chacun sa spécialité. Les prix : Eh !bien, ce n’est pas plus cher que chez Carouf ou Lepasclerc. Exemple: Les côtes de veau du Gaec du Petit Bozançon 69440, emballées sous vide : 17 euros 20 /kg.
Grains de ferme, ce sont une quinzaine de producteurs de cette région qui ont joué la carte du commerce de proximité, ils ont acheté un terrain, construit ce hangar, ils bossent comme des malades parce qu’en plus de leur travail quotidien dans leurs fermes, il faut gérer ensemble cette coopérative et ce n’est pas évident. Mais ça marche ! A « Grains de ferme », la crise des éleveurs, connaît pas. Mais ce modèle économique n’est pas forcément transposable partout, pour tout. Ici, les agriculteurs peuvent profiter de la clientèle d’une banlieue plutôt aisée, plutôt « bobo », d’une grande métropole. Ce ne peut donc être qu’une des solutions – mais pas la seule – pour l’ensemble de l’agriculture française : En 20 ans, le nombre d’exploitations a baissé de moitié, et les faillites continuent.
Ce qui est navrant dans cette nouvelle crise, c’est que ce n’est pas nouveau. Elle était prévisible, les problèmes ne datent pas d’hier, mais d’avant hier. Si « gouverner, c’est prévoir », nous avons aujourd’hui l’impression de ne pas avoir été gouverné. Alors que depuis toujours nos campagnes ont été les greniers et les jardins de l’Europe. Depuis Jean de la Fontaine qui écrivait déjà à propos des espoirs perdus de Perrette : « Adieu veau, vache, cochon, couvée » avec plus loin cette morale :
« On m’élit roi, mon peuple m’aime ; Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant : Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ; Je suis gros Jean comme devant. »