Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Venezuela

Insoumis de Mélenchon: A Caracas, les gens ne vous disent pas merci !

A Caracas les gens aimeraient bien pouvoir révoquer le Président

« Le chemin qui est pris est celui du coup de force » :
Il y a bien un pays où cette dénonciation de Jean-Luc Mélenchon prend tout son sens. Un pays où l’Assemblée est attaquée par des bandes au service du pouvoir, où le Président refuse tout référendum révocatoire, où les opposants paient de leurs vies, par dizaines, leur volonté de ne pas se soumettre. Ce pays c’est le Vénézuela.
Jean-Luc Mélenchon – qui apparemment a été bouleversifié par ses voyages dans ce pays d’Amérique Latine – revolución-cumbia-mojito– y voyait un exemple, la troisième voie, anticapitaliste, socialiste, celle qu’il nous propose également pour la France.
Mais en fait de 3 ème voie, les gouvernements d’Hugo Chavez d’abord, Nicolas Maduro aujourd’hui ont déconstruit tout ce qui avait fait du Vénézuela un des pays les plus riches d’Amérique Latine, l’un des plus démocratiques aussi, malgré les inégalités, malgré la corruption. Du temps des dictatures en Argentine, au Brésil, au Chili, Caracas était le refuge de beaucoup d’exilés politiques.
Aujourd’hui, c’est le mouvement inverse: Les richesses nationales, le pétrole, ont été dilapidées avec démagogie et aveuglement idéologique. Les caisses sont vides mais la répression fait le plein. Et « les gens »pour reprendre les mots de Jean-Luc Mélenchon votent avec leurs pieds. Les cadres de l’industrie pétrolière nationale sont partis, les classes moyennes tentent d’émigrer. Quant aux plus pauvres, ils sont des milliers tous les jours à passer par les postes frontières de Colombie, comme à Cúcuta, pour essayer d’y vendre, qui une chaine en or, qui ses cheveux, qui son corps, contre des médicaments, du papier toilette, du riz.
Que Mélenchon ne reconnaisse même pas qu’il s’est trompé et que ces gouvernements révolutionnaires ne sont que tromperies, cela insulte les gens qui là-bas au Venezuela paient de leurs vies, le fait d’être insoumis.

Elections : Enfin !

Manifs au Venezuela: mieux vaut trop voter que pas assez
Ça y est, on y est: On va enfin pouvoir voter. Et on va enfin savoir :
Les instituts de sondages sont-ils tous à la solde de Macron ? Les électeurs cachés de Fillon vont-ils faire leur coming-out ? Le Pen a-t-elle des réserves d’électeurs honteux d’avouer leur vote FN ? Mélenchon va-t-il continuer sa chevauchée fantastique ? Que restera-t-il du Parti socialiste ? Etc, etc…
C’est la fin d’un suspens qui nous aura plus épuisés qu’un binge watching de toutes les saisons de House of cards, West Wing plus Game of Thrones.
Saoulés, nous l’avons été par les medias en continu, qui moulinent en direct live même quand il n’y a qu’un seul grain à moudre dans la cafetière. Saoulés nous le sommes encore par ces nouveaux medias, les réseaux sociaux, diffusant sans filtre toutes ces rumeurs, ces fake news, cette haine souvent.
Avant, nous partagions nos médisances au café du coin, entre voisins, en famille, bref en petits comités. Les corbeaux devaient écrire et poster leurs lettres anonymes. Tout cela prenait du temps. Maintenant un petit clic, et on fait un grand crac: Le battement de l’aile d’un papillon sur Google actualités peut faire s’écrouler une réputation.
Et puis avec les primaires, on a l’impression que cette campagne dure depuis des mois. Et de fait, elle dure depuis des mois. Quand on pense que certains voudraient nous consulter en permanence par référendum, est-ce vraiment une bonne idée ? Avec les deux tours des présidentielles, des législatives, et même les primaires, nous aurons voté 4, voire 6 ou même 8 fois.
Crevant. Hâte de savoir ce que sera la suite. 
Mais ne râlons pas trop. Quand on pense qu’au Venezuela – un exemple pris au hasard ( !) – les manifestations réclamant le retour à la démocratie et le départ du Président dictateur ont encore fait une dizaine de morts, on se dit que mieux vaut trop voter que pas assez.

Nous vivons une e-poque formidable !

#Venezuela : Il y a aussi des élections qui donnent de l’espoir !

Higo Chavez et Simon Bolivar arriveront-ils à sauver le Président Nicolas Maduro
Tout occupés (préoccupés ?) à nos élections régionales, nous n’avons pas prêté attention à d’autres élections, législatives, celles-là, qui se sont déroulées dimanche dernier au Venezuela. Leur résultat est pourtant très important et très symbolique. Malgré la répression contre les opposants, la fermeture de beaucoup de médias, radios , télés qui lui sont proches, l’opposition obtient plus des 2/3 des sièges, ayant même théoriquement les moyens constitutionnels de faire démissionner le Président. C’est une déroute pour le parti au pouvoir, le parti du Président Nicolas Maduro, héritier et successeur du Général Chavez, qui avait gouverné de 1999 à sa mort en 2013.
Cela fait longtemps que celles et ceux qui aiment et connaissent un peu le Venezuela , et pas depuis quelques année, mais sur la durée, dénonçaient l’imposture du régime d’Hugo Chavez. Drappé dans des discours pseudo révolutionnaires à la Castro dans années 60, ce général nationaliste et populiste avait consciencieusement sappé une démocratie qui, même avec des tas de défauts – clientélisme, corruption, inégalités – fonctionnait depuis plus d’un demi-siècle. Sa politique a ruiné le pays, distribuant la rente pétrolière sans se soucier des investissements pour préparer le futur et dans le seul but de s’acheter une clientèle. Au Venezuela, on a fait l’inverse du «  Si tu donnes un poisson à un homme, il se nourrira une fois, si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira tout sa vie ». 
Chavez se disait nationaliste. Il criait au complot américain pour expliquer les déboires de sa politique. Il voulait que le Venezuela reprenne le contrôle de son économie. Mais l’industrie pétrolière avait déjà été nationalisée en 1975, les ingénieurs et cadres de la société Petroven faisaient partie des meilleurs au monde ; 10 ans de Chavez et l’indutrie pétrolère vénézuelienne a sombré, la plupart des cadres – vénézueliens – ont émigré, embauchés par d’autres compagnies dans le monde. Faute d’investissements, les grands complexes sidérurgiques développés sur l’Orénoque , ses gisements de fer et son énergie hydro-électrique, sont devenus vétustes et même dangereux, tout comme beaucoup de raffineries et de centrales thermiques, comme l’a montré la catastrophe d’Amuay, en 2012 : 48 morts.
De gauche, Chavez ? Il faut vraiment être aveugle comme Mélenchon pour le croire. Ecoutons plutôt la gauche vénézuelienne, celle qui a été muselée, parfois même agressée par le pouvoir. Comme Teodoro Petkoff, ancien communiste, ancien journaliste, opposant résolu au pouvoir de Chavez dont il disait : « Il est psychopathe, ce qui est différent de fou ». En ajoutant : «  Le pouvoir de Chavez est plus fasciste que socialiste, sauf si on met dans le socialisme, le stalinisme. Il allie culte de la force et de la mort, mépris des opposants, exaltation du passé ».
Il n’y a pas si longtemps, le Venezuela faisait figure d’exception démocratique en Amérique latine et malgré de criantes inégalités, les « ranchitos », les bidonvilles de Caracas ou Merida, étaient moins désespérants que les favelas du Brésil. Combien de temps faudra-t-il pour qu’il retrouve la voie du développement et tourne la page du « Chavezisme » ? Il est à craindre que l’actuel Président ne veuille s’accrocher au pouvoir.
Nous vivons une e-poque formidable.

Venezuela : Mieux vaut se mettre à poil que …rester silencieux.

« Plutôt être nu que …rester silencieux »: Au Venezuela, des centaines d’opposants se sont mis à publier leurs photos d’eux, tout nu, sur les réseaux sociaux, et notamment twitter, que le gouvernement vénézuélien a essayé de bloquer, sans succès. Les « desnudos » veulent attirer l’attention sur la répression sanglante qui en deux mois a fait plus de 50 morts et 500 blessés.  Ces publications dénudées sont nées début avril, après que des « colectivos », des groupes de civils armés, partisans du régime, aient été filmés en train de tabasser et mettre tout nu, un des étudiants qui manifestaient à l’Université de Caracas. Mais cela fait maintenant des mois, depuis l’élection contestée de l’actuel président Nicolas Maduro, après la mort d’Hugo Chavez, que les vénézueliens protestent contre les pénuries, notamment alimentaires, les coupures d’électricité, l’inflation, la violence. L’insécurité a explosé: 3 fois plus d’homicides au Vénézuela qu’en Colombie, 25 fois plus qu’au Chili !
Une conférence de dialogue national vient de s’ouvrir à Caracas, mais il a fallu qu’elle soit « imposée » par les pays voisins , Colombie, Brésil, Equateur ainsi que le Vatican. Car toute l’Amérique latine s’inquiète de l’effondrement de ce pays qui était autrefois le plus riche de la région, assis sur les plus grandes réserves de pétrole du monde, où le niveau de vie et d’éducation était le plus élevé ; Qui était aussi l’une des plus anciennes démocraties parlementaires d’Amérique Latine, avec une presse variée, indépendante.
Le Venezuela paie vingt ans de révolution « bolivarienne » (d’après Simon Bolivar, le héros de l’indépendance des colonies espagnoles , il y a deux cents ans). Une révolution qui voulait imiter Castro à Cuba, au moment où plus personne à Cuba ne croit plus à la révolution marxiste. Dans un premier temps, l’argent du pétrole a été distribué aux classes populaires, ce qui a permis à Hugo Chavez, un ancien militaire putschiste, élu en 1998, d’entretenir sa clientèle électorale. Mais au détriment des investissements productifs. Les cadres et ingénieurs du secteur pétrolier vénézuelien, qui étaient parmi les plus réputés du monde, sont tous partis, la production du pétrole et ses revenus se sont effondrés.
Il y a peu à attendre du président Nicolas Maduro, élu après la mort de Hugo Chavez. Il reste campé sur les positions idéologiques révolutionnaires de son prédécesseur. Pour lui, tous les opposants ne seraient que des provocateurs à la solde de l’impérialisme yankeee. Cela « sonne » très Cuba années 1960. D’ailleurs, l’un des derniers soutiens de son régime est Cuba, de Raul Castro. Cuba, qui y trouve un intérêt puisqu’elle « troque » le pétrole qu’elle n’a pas, contre médecins ou enseignants qu’elle n’a plus les moyens de payer chez elle !
Au fait où sont-ils aujourdhui les défenseurs de la Révolution vénézuelienne, comme Jean-Luc Mélenchon qui il y a un an déclarait : « Ce qu’est Chavez ne meurt jamais ! » ? Ou l’ancien ministre des Outre-Mers, Victorin Lurel  qui déclarait : « Chavez, c’est De Gaulle plus Léon Blum » ou encore : « Le monde gagnerait à avoir plus de dictateurs comme Chavez » : A poil avec les manifestants vénézuéliens ?
Nous vivons une e-poque formidable !

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