Et maintenant au travail: On va savoir à quoi vont ressembler les réformes du nouveau pouvoir
Ça y est: On a voté. Du moins, celles et ceux qui ont renoncé non pas à la pêche, mais à la baignade ou la plage pour accomplir leur devoir de citoyen. Dis comme ça, cela parait prétentieux et pourtant il s’agit vraiment d’un devoir, parce que c’est un droit que beaucoup de pays nous envient, encore.
Alors honte aux plus de 50 % qui ne se sont pas déplacés. Même si vous n’aviez pas envie d’être En Marche, un bulletin blanc glissé dans l’urne, c’est un petit geste pour l’homme mais un grand pas pour le citoyen !
Maintenant place aux réformes, à la modernisation, à la rénovation. Dont on ne sait finalement pas grand-chose.
Va-t-on tout casser dans la maison France ? C’est ce que dénoncent les France deboutistes ou les France LePenistes.
Ou bien va-t-on dégager les volumes, enlever les moquettes vieillottes, moderniser la cuisine. Bref, Macron va-t-il faire du «Home staging», comme dans «Maisons à vendre», l’émission de Stéphane Plaza.
Dans l’émission, au début, le bien présenté est à hurler. 40 ans de souvenirs entassés sur la commode de grand-mère, une cuisine qu’on ne savait même pas que ça pouvait encore exister, une salle de bains ou salle d’eau ( attention, ce n’est pas la même chose, ça dépend de baignoire ou pas ) dans « leurs jus », c’est-à-dire inchangées depuis le siècle dernier. Plaza arrive avec sa décoratrice, et hop ! on dégage les volumes, la commode est repeinte et customisée pour 6 euros 50, quelques accessoires achetées pour 12 euros pièce: c’est cela lehome staging . Avec bien sûr dans la salle de bains, la fameuse double vasque, fantasme de Stéphane Plaza. Du coup, c’est l’effetwaou !, et la maison est vendue en une après-midi. Car les visiteurs peuvent s’y « projeter ».
Nous allons très vite savoir si nous aussi, nous pourrons nous « projeter » dans la France d’En Marche, si nous aussi, nous aurons droit à un notre effet « waou » et à notre «double vasque»!Sinon…
Un souvenir, presque personnel. J’étais correspondant de TF1 en Allemagne et l’on m’invita à accompagner Helmut Kohl, sans mon équipe, sans caméra, ni micro, tout seul, pendant une journée au cours de la campagne des premières élections de l’Allemagne réunifiée en décembre 1990.
Rendez-vous tôt à la Chancellerie à Bonn. Là on nous explique. Tout va aller très vite. Vous devez rester collés au Chancelier, sinon vous serez expulsés de son cercle de sécurité. Ça arrive parfois même à des ministres, et alors on ne les attend pas, ils rentrent en train. Helmut Kohl arrive, physique et poigne de sumo. Et ça démarre, hélicoptère jusqu’à l’aéroport de Cologne, puis avion de la Luftwaffe. Dans son entourage, un secrétaire note tout, y compris nos consommations. Car ce déplacement est un voyage électoral et tout, y compris mes consommations, sera ensuite intégralement remboursé à l’Etat par la CDU, le parti de Kohl.
Toute la journée dans l’est de l’Allemagne jusqu’à Rostock, ce fût un marathon où chaque fois se reproduisaient les mêmes scènes: La porte de l’avion s’ouvre et 5, 4, 3, 2, 1, nous foncions au travers de foules enthousiastes, où tout le monde voulait serrer la main ou même seulement toucher le Chancelier de l’unité.
Dernier discours, dernier bain de foule, nous sommes dans l’avion du retour, épuisés. Kohl est assis à gauche, il occupe deux places. Il me fait asseoir à sa droite. Il se met à l’aise, tombe la veste, se met un petit gilet, retire ses chaussures, on lui apporte des saucisses et un grand verre de bière, son appétit d’ogre n’est pas une légende ! –Il se tourne vers moi et me dit avec un grand sourire : « C’est le meilleur moment de la journée, non ? ». Et dans l’heure de retour vers Bonn, dans le ciel de l’Allemagne, je ne me souviens plus exactement ses mots, mais il me parla d’Histoire, de son enfance, de la guerre, de l’Europe.
Helmut Kohl est mort. Ça fait tout drôle. Bien sûr, c’est dans l’ordre des choses. Bien sûr, on savait qu’il était malade. Mais quand on a suivi ce géant, car l’ancien Chancelier était un géant physiquement et par les hasards de l’Histoire, comme correspondant pendant toute cette période extra-ordinaire entre 1987 et 1989, la chute du mur, 1990, la réunification, les premières élections libres de l’Allemagne réunifiée, 1991, le transfert de la capitale à Berlin, la mort d’Helmut Kohl fait remonter tant de moments intenses sur le plan professionnel et personnel, d’images fortes, de beaux souvenirs, de bons souvenirs de Bonn, de l’Allemagne de Bonn, capitale de la RFA.
Et l’on prend conscience que Français, Allemands, Européens d’aujourd’hui ne se rendent pas compte du chemin parcouru, des bouleversements incroyables que nous avons connus, en mieux, depuis 30 ans. Nous avons peut-être raté quelque chose dans la transmission de comment c’était avant…
Mes confrères envoyés spéciaux ou correspondants – comme moi pour TF1 – témoignent avec talent de cette époque. Chacun rapporte ses propres souvenirs passionnants d’une ou de plusieurs rencontres avec le Chancelier. Philippe Rochot de France 2, Jean-Marc Gonin, Michel Martin-Rolland de l’AFP. Des souvenirs chaque fois différents qui dessinent autant de facettes d’un personnage dont nous réalisons aujourd’hui à quel point il fût important, historique… Mes souvenirs sont moins précis, moins politiques, plus anecdotiques.
Il faut imaginer Bonn en 1987. Une petite ville tranquille, très clean, genre petit village suisse, de Suisse alémanique, où jeter un papier de bonbon par terre pouvait créer une émeute, une ville morte à partir de Vendredi, 15 heures, tous les fonctionnaires s’empressant de rejoindre leurs régions d’origine. A l’exception du petit centre historique, avec sa belle université, sa place centrale, son hôtel de ville baroque et la maison de Beethoven, c’était une ville administrative sans âme construite le long d’une ligne de tramway parallèle au Rhin, jusqu’à Bad Godesberg, la banlieue chic, une sorte de mini-Neuilly, le quartier des ambassades, des résidences des expatriés. Ordonnée, propre, tranquille, des bâtiments officiels, des ministères sans âme, sans identité. C’était Deutschland AG, Allemagne Société Anonyme, et d’ailleurs la ville était dominée par une tour coiffée d’une étoile Mercedes, que l’on voyait briller la nuit au-dessus des toits.
La Chancellerie ressemblait au siège d’une compagnie d’assurances; À peine un drapeau sur le côté d’une guérite vert de gris, et sur la pelouse une (affreuse ?) statue du sculpteur Henry Moore.
Heureusement il y avait le Rhin, qui faisait évidemment remonter des souvenirs de poésie allemande mal apprise, ces vers superbes qui commencent le poème La Lorelei de Heinrich Heine: « Die Luft ist kühl und es dunkelt, Und ruhig fließt der Rhein ». « L’air est frais, l’obscurité descend, et le Rhin coule calmement ».
A l’époque Helmut Kohl était plutôt moqué. Devenu chancelier à la faveur d’une trahison du petit parti libéral FDP, qui en 1982, avait poignardé les sociaux-démocrates et fait alliance avec les chrétiens-démocrates, Helmut Kohl était surnommé « Die Birne » « La Poire » et caricaturé en forme de ce fruit, à cause de la forme de son visage. Et l’on racontait les pires blagues sur sa supposée inculture ou son côté « fruste », ce qui était totalement injuste, Kohl étant notamment un passionné d’Histoire. Il y avait même des livres de blagues « les Kanzleramt Witze », « Les blagues de la chancellerie », qui brocardaient « Kohl ist doof » « Kohl est bête » et qui ironisaient sur sa maîtresse cachée -mais c’était un secret de polichinelle, c’était son assistante -.
Parmi les blagues, celle-ci par exemple :
« C’est l’été, il fait très chaud et toutes les fenêtres des bureaux de la chancellerie sont ouvertes. C’est l’heure du déjeuner. Un conseiller est en train de manger un sandwich à sa fenêtre. Soudain un coup de vent et le papier gras de l’emballage s’envole, tombe d’un étage et entre par la fenêtre dans le bureau du dessous. C’est celui du Chancelier. Le conseiller affolé se précipite, entre dans le bureau de la secrétaire d’Helmut Kohl pour qu’elle récupère le papier. Mais celle-ci lui répond: « Trop tard, il a déjà signé ! ».
Et puis, il y eut cette soirée de novembre 1989. Le 9 novembre. Nous étions à Berlin-Est, où siégeait le comité central du Parti communiste, en crise. Le vieux dirigeant Erich Honecker venait d’être viré sous la pression de Gorbatchev. Les citoyens est-allemands étaient de plus en plus nombreux à tenter de s’enfuir à l’Ouest, mais personne ne se doutait que ce soir-là serait LE soir. Surtout pas Helmut Kohl qui effectuait une visite officielle en Pologne. Après l’annonce maladroite, la bourde, du porte-parole du Comité central, devant nous la presse étrangère vers 18 heures, ce 9 novembre, l’Histoire va se précipiter à partir de 21 heures ? 22 heures ? devant les différents check-points, les poste-frontières de Berlin-Est. Lorsque la foule devient trop importante, les gardes finissent par ouvrir les barrières et c’est la ruée vers l’Ouest. Quand Helmut Kohl est mis au courant qu’il se passe quelque chose à Berlin, que le mur est en train de s’ouvrir, sur le coup personne ne pense qu’il s’agit de la chute du mur. Le Chancelier décide de rentrer en Allemagne et de se rendre directement à Berlin. A Berlin-Est, le gouvernement est divisé. Certains voudraient envoyer les troupes d’élite, fermer les frontières, refouler les candidats au départ à l’Ouest. Ils alertent Moscou. Gorbatchev appelle Helmut Kohl, avec lequel il a noué des relations de confiance, qui le rassure : « Les soviétiques, l’armée soviétique, ne sont absolument pas menacés. Tout est pacifique, aucune agressivité ». Et Gorbatchev fera savoir à Berlin-Est que ses soldats ne bougeront pas.
Fin d’une histoire, début d’une autre, celle de l’Allemagne, de l’Europe réunifiée. Car ensuite tous les murs sont tombés et nous avons retrouvé tous ces européens que nous avions passés par perte et profit de l’autre côté du mur, du rideau de fer. Même si les choses ont parfois tourné au vinaigre, au tragique, avec notamment l’épouvantable guerre civile en Ex-Yougoslavie, où la mésentente entre français et allemands a justement joué un rôle.
Cela paraît incroyable aujourd’hui quand on passe sans faire attention sous la Porte de Brandebourg, à Berlin alors qu’on ne pouvait que l’apercevoir au milieu d’un no man’s land militaire. Et Postdamer Platz, aujourd’hui avec toutes ces tours, ces cinémas, là où il n’y a pas 30 ans, il n’y avait rien, que du sable et des gravats. On cherche le souvenir du mur : « Tiens ! Tu te souviens, il passait ici, il coupait la Spree, et là, le long du mur est du Reichstag. ». Et justement le Reichstag aujourd’hui magnifié par cette superbe coupole transparente sous laquelle siège le Parlement. Et la nouvelle Chancellerie, et les ministères. Quand on pense qu’en 1990, il n’était pas du tout acquis que le siège du gouvernement allemand revienne à Berlin. Beaucoup des conseillers d’Helmut Kohl étaient comme lui rhénans, plus tournés vers l’Ouest que Berlin qui est à 80 kilomètres de la Pologne. Et puis il y avait le poids des habitudes. Jusque dans les cercles diplomatiques. Beaucoup à l’Ambassade de France avaient fait des gorges chaudes lorsque nous avions décidé de transférer les bureaux de TF1 de Bonn à Berlin en janvier 1990. « Mais cela ne se fera jamais » « Ils sont trop jeunes. Ils ne connaissent pas l’Allemagne ».
Mais début décembre 1989, juste un mois après l’ouverture du mur, il y eut ce premier voyage d’Helmut Kohl en Allemagne de l’Est, à Dresde. Bien sûr le chancelier avait présenté fin novembre un plan en 10 points, raisonnable progressif, organisant une éventuelle réunification. Mais ce soir-là, il fût dépassé par la foule comme les dirigeants est-allemands. Il fallait voir Helmut Kohl, porté par une vague qui s’étendait jusqu’aux ruines de la Frauenkirche – quand on pense que cette cathédrale est aujourd’hui reconstruite comme d’ailleurs beaucoup du centre de cette ville merveilleuse alors qu’en 1989, tout était encore très en ruines – . Et les gens lui criaient : « Nous voulons le Deutschmark. ». Ce soir-là, il était clair que la RDA ne tiendrait pas le choc de l’ouverture à une économie beaucoup plus puissante. C’est ce soir-là sans doute – en tout cas il nous l’a confié par la suite – que le Chancelier qui n’était pas un obsédé de la réunification, s’est dit: C’est irréversible et il faut aller vite si l’on éviter que cela ne dérape.
En moins d’un an, tout fut réglé. Jusqu’à l’unification le 3 octobre 1990. Avec cette soirée de fête devant le Reichstag de Berlin où avaient pris place Helmut Kohl et sa femme Hannelore. Le chancelier très ému comme nous tous d’ailleurs et il me semble qu’il a pleuré.
Bien sûr, il y eut aussi toutes ces rencontres officielles à l’occasion des très nombreux sommets franco-allemands. C’était l’époque François Mitterrand. Comme correspondants, nous étions côté allemand, et qu’est-ce que nous avons pu attendre! Toujours en retard, le Président français. Cela mettait Helmut Kohl en fureur, il descendait régulièrement au rez-de-chaussée de la Chancellerie et on l’entendait pester. « Quelle grossièreté ces français, incapables d’être à l’heure ». Mais bon. C’était le Président, c’était la France. Et ce fût bien sûr une relation politique et humaine essentielle. Helmut Kohl ne pensait pas un seul instant que l’Allemagne puisse avoir un avenir sans l’Europe, sans la France, pas de « Alleingang », de chemin solitaire. Et il s’était entouré de conseillers parfaitement francophones qui souvent avaient même étudié à l’ENA.
Un dernier souvenir, presque personnel, puisque réalisé, sans mon équipe, sans caméra, ni micro.
Avec un autre confrère britannique, je fus invité à accompagner Helmut Kohl pendant une journée au cours de la campagne des premières élections de l’Allemagne réunifiée en décembre 1990.
Rendez-vous tôt à la Chancellerie à Bonn. Là on nous explique. Tout va aller très vite. Vous devez rester collés au Chancelier, sinon vous serez expulsés de son cercle de sécurité. Ça arrive parfois même à des ministres, et alors on ne les attend pas, ils rentrent en train. Helmut Kohl arrive, comment dire, physique et poigne de rugbyman ? non, ce serait en dessous de son physique de … sumo ? Et ça démarre, hélicoptère jusqu’à l’aéroport de Cologne, puis avion de la Luftwaffe. Dans son entourage, un secrétaire note tout, y compris nos consommations. Car ce déplacement est un voyage électoral et tout, avion, voiture, y compris nos invitations de journalistes, sera ensuite intégralement remboursé à l’Etat par la CDU, le parti de Kohl – C’était il y a 30 ans quand on pense que chez nous, même aujourd’hui...-.
Toute la journée faite de sauts de puce dans l’est de l’Allemagne jusqu’à Rostock, ce fût un marathon où chaque fois se reproduisaient les mêmes scènes: La porte de l’avion s’ouvre et 5, 4, 3, 2, 1, nous foncions au travers de foules enthousiastes, où tout le monde voulait serrer la main ou même seulement toucher le Chancelier de l’unité.
Dernier discours, dernier bain de foule, nous sommes dans l’avion du retour, épuisés. Kohl est assis à gauche, il occupe deux places. Il me fait asseoir à sa droite. Il se met à l’aise, tombe la veste, se met un petit gilet, retire ses chaussures, on lui apporte des saucisses et un grand verre de bière, son appétit d’ogre n’est pas une légende ! –Il se tourne vers moi et me dit avec un grand sourire : « C’est le meilleur moment de la journée, non ? ». Et dans l’heure de retour vers Bonn, dans le ciel de l’Allemagne, je ne me souviens plus exactement ses mots, mais il me parla d’Histoire, de son enfance, de la guerre, de l’Europe.
Helmut Kohl est mort. Oui, un sacré bonhomme. Adieu Herr Bundeskanzler.
Impossible d’y échapper: La mode est aux claquettes chaussettes. Ce qui était le comble du mauvais goût pendant des années voire des siècles, est devenu tendance.
Porter des claquettes avec des chaussettes blanches: Qui a lancé cette « mode » ? Les coupables doivent être cherchés du côté des people, chanteurs/euses: Rihanna ( non, pas elle quand même, elle est trop classe. Si, elle aussi, mais devant son jet privé ), sportifs: Beckham, Griezmann, Ribéry. Evidemment, ce ne sont pas des claquettes achetées 5 euros à Barbès, non c’est de la marque, si possible bien siglée. Et puis à la vitesse des réseaux sociaux, elles se sont répandues d’Instagram à Facebook, jusqu’aux rappeurs qui font des millions de vue avec « J’suis en claquettes chaussettes, tu connais, c’est la tess » comme le chanteur Alrima.
Evidemment cela passera: Toutes les modes passent. Puis reviennent. Il y a 30 ans, les birkenstockétaient le comble du mauvais goût. Aujourd’hui, il y a rupture de stocks à Neustadt, Allemagne, siège de l’entreprise familiale depuis 1774 ! Il faut dire que portés par une mannequin comme Heidi Klum, les sabots, c’est classe.
Notre nouveau Président est lui aussi à la mode. Il «dabe». Un geste qui a été popularisé notamment par le footballeur Paul Pogba. «Daber», c’est baisser sa tête dans son coude replié, l’autre bras tendu vers l’horizon. Macron a dabé à l’Elysée. Plus récemment, il a dabé, à la demande de jeunes groupies, à la sortie de sa visite aux salariés sur le point de se retrouver au chômage chez GM&S dans la Creuse. Va-t-on le voir cet été au Touquet en claquettes chaussettes ? A moins que cette mode ne soit déjà passée. Car à l’ère du buzz, c’est cela la force et la faiblesse d’une mode: Elle arrive mais passe très vite, plus vite qu’avant. Peut-être cela est-il aussi un risque en politique.
Encore un effort: Le 18 juin ce sera enfin fini ! Et au boulot
Plus, ça serait indécent. Ça l’est peut-être déjà: Emmanuel Macron a réussi son «pari» et va disposer d’une très, très large majorité à l’Assemblée. En Marche rafle la mise, et tous les autres vont se prendre une pelle, la pelle du 18 juin. Les commentateurs parlent de résultat historique. Qu’est-ce que cela veut dire? L’élection de Macron, 39 ans, Président l’était aussi, alors…
Bien sûr, comme les perdants sont de mauvais perdants, le mode de scrutin, l’absence de proportionnelle, est évidemment mis en cause. Certes. Mais en Grande-Bretagne – soit-disant «mère» de la démocratie – on vote par un scrutin « uninominal majoritaire à un tour ». Seul le candidat arrivé en tête dans une circonscription est élu. Résultat : Un parti peut avoir la majorité des députés tout en n’ayant que 35 % des voix.
D’autres mettent en cause les institutions de la Vème République. Qui seraient responsables de la très forte abstention. Certes. Mais aux dernières législatives en Suisse – vous savez le pays où l’on vote tout le temps – l’abstention a atteint…51,6 %.
Et si la forte abstention d’hier était tout simplement due au fait que le 18 juin ce sera le … 8 ème tour de cette campagne électorale qui dure maintenant depuis près d’un an. Une lassitude, un ras-le-bol, le sentiment que : « C’est bon : En Marche Macron a gagné, on passe vite à l’étape suivante, et qu’ils se mettent à travailler ».
Quoique… Le 21 juin, ce sera la fête de la musique. Puis le début des vacances (Enfin pour celles et ceux qui peuvent en prendre, et ce ne sont même pas la moitié d’entre nous).
La démocratie n’a pas de prix, voter reste encore une chance sur notre planète, et bouder les urnes est un caprice d’enfant gâté. Mais nous venons de passer presqu’un an, suspendus à ces élections, bloqués, quand tout va si vite dans le monde autour de nous: Nous devons être un pays sacrément riche pour nous permettre ce luxe.
Lloris: Une boulette ou l’annonce d’une Bérézina ?
Jusque là, tout allait bien.
La bulle médiatique s’est transformée en chamboule tout politique. L’inconnu du Touquet est devenu Napoléon, volant de victoires en victoires. Il lévite au-dessus des obstacles que nos experts de la vie politique lui avaient prédits. Même Donald Trump n’est pas arrivé à lui broyer la main, Macron ayant dû enfiler un gant (invisible) de fer.
Il y a un mois, les mêmes experts annonçaient que, OK, il serait peut-être élu Président, mais sans majorité parlementaire. Aujourd’hui, les mêmes hurlent à la mort de la démocratie, avec l’élection d’une Assemblée monocolore, rose Macron.
Et l’effet Macron touche tous les domaines: La confiance est revenue, celle des entreprises, celle des ménages – une première depuis 30 ans – annonçant donc des hausses de consommation, donc plus d’activité, plus de production, donc, on l’espère, plus d’emplois. Même la météo : C’est l’été avant l’été, le beau temps perpétuel: Macron commande aux dépressions.
Et puis là d’un coup, saperlipopette : La boulette, l’erreur du gardien Lloris, précédé par 90 minutes d’une équipe de France qui a joué – comment dire ?– comme si elle était en marche, mais pas en course. Battue 2- 1 par des suédois SANS Zlatan.
Du coup, Deschamps le sélectionneur est mal. Du coup, nous sommes mal. Du coup, vous allez voir, on va reparler de Benzema, celui qui enchante le Real Madrid de Zidane, mais qui en équipe de France… bon … on n’en parle pas, c’est un coup à se fâcher avec ses meilleurs amis.
Du coup on se dit : Cette défaite annonce-t-elle une Bérézina qui empêcherait la France d’aller à la Coupe du Monde à Moscou ? Est-ce la fin de : « Avec Macron, tout nous réussit ? » ; le retour aux réalités économiques, sociales ; Et bien sûr aux inquiétudes sécuritaires ?
Sur ce dernier point, y penser toujours, n’en parler jamais.
Décidément les dissolutions et les élections sont des armes démocratiques à manier avec précaution.
En France on le sait bien, depuis la dissolution de 1997 par Jacques Chirac. Son conseiller Dominique de Villepin lui avait susurré à l’oreille de dissoudre « à l’anglaise », pour obtenir une majorité à sa botte.
Mauvais calcul: La gauche remporte les élections. Il parait que Bernadette Chirac poursuivit Villepin de sa colère en le surnommant: Néron, celui qui avait mis le feu à Rome !
La Première Ministre britannique,Theresa May, aussi souriante que feu Margaret Thatcher, croyait la partie gagnée d’avance. Il faut dire que son opposant le travailliste Jeremy Corbyn a le charisme d’une huître pas perlière, et un programme qui ferait rougir, de plaisir, des Artaud ou Poutou.
Et pourtant Corbyn semble effectuer une « remontada » qui pourrait déloger Theresa.
May a-t-elle sous-estimé les résultats de la casse sociale en Grande-Bretagne ? Des jobs, oui, mais à quel prix, une poignée de pence ? Il y a une Grande-Bretagne qui gagne, Londres notamment, et une autre qui perd ou en tout cas peine. C’est cette dernière qui a voté pour le Brexit et surtout contre l’immigration. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’arroseur Theresa pourrait bien se retrouver arrosée.
Si May perd, en France, Mélenchon prendrait le premier Eurostar pour aller saluer la victoire des « gens ». Et il pourrait croiser dans l’autre sens les investisseurs de la « City », qui après le Brexit, ne seraient pas très rassurés par une victoire de travaillistes qui promettent de multiplier par 2 le déficit public et multiplier les renationalisations.
Décidément l’électeur a mauvais esprit. Et en démocratie, il ne fait pas forcément ce qu’on attend de lui. Et c’est tant mieux. C’est la démocratie en marche.
Sans allusion aucune à nos prochaines échéances électorales. Mais un avertissement pour notre future majorité.
Des millions de parents essaient de stimuler leurs enfants pour qu’ils bossent à l’école : Si tu t’accroches tu feras comme Macron. Ou alors comme Xavier Niel. Ou encore comme Mourad Boudjellal. Ou comme Teddy Riner ou Tony Parker ou comme Slimane, le gagnant de The Voice.
Mais ces réussites demandent du travail, souffrir à l’entraînement, de vraies qualités physiques, du talent, un peu (beaucoup) de chance.
Non, moi quand je serai grand, je veux faire comme … Mélenchon : Apparatchik d’un grand parti ( le PS) pendant 30 ans, sénateur pendant 20 ans.
Sénateur : Quelle planque ! Et ça rapporte. Des chiffres ? Salaire: 7185 euros par mois, en partie en indemnité donc non imposable. Plus une indemnité représentative de 6109 euros par mois. Plus des « avantages » : 7638 euros pour des collaborateurs, plus l’équipement informatique, plus le forfait téléphone, la gratuité des transports, le TGV en 1ère Classe et 40 billets d’avion Aller-Retour pour sa circonscription. Evidemment hôtel payé quand le Sénat est en séance. Plus un restau, une salle de sports. Plus des prêts immobiliers à taux privilégiés. Plus la possibilité de cumuler jusqu’à un certain montant avec d’autres mandats, d’autres rétributions. Ministre, Président de Conseil Général etc…
Plus une retraite 5 étoiles. 6440 euros par mois quand on a fait 3 mandats, sans compter les autres retraites, cumulables.
Alors les « gens » comme dit Mélenchon, on ouvre les yeux:
Facile de s’ériger en chantre de la Révolution, en Insoumis, en Monsieur Propre quand vous avez tant profité du système, que vous avez un toit sur la tête – au prix de l’immobilier à Paris – et une retraite dorée qui vous assurent des couilles en or jusqu’à vos dernières années.
Oh ! bien sûr, rien d’illégal, comme dirait Richard Ferrand! Mais avoir autant profité du fromage républicain sans moufter pendant 30 ans, est-ce bien moral?
La blague sur les kwassa-kwassa : Même pas du niveau d’un Le Pen.
Emmanuel Macron a tous les talents. Du moins c’est ce que l’on croyait. A pas 40 ans, il a mené une campagne présidentielle plus rapide que celle de Napoléon en Italie. Il est en train de lever une armée de députés, plus nombreuse que la Grande Armée. Et en ces temps de Pentecôte, il ne parle peut-être pas toutes les langues (lecteurs de peu de foi, retourne voir ce qui s’est passé pour les apôtres à la Pentecôte ) mais il parle quand même aux américains dans leur langue ; pas avec l’accent de la Reine, mais un peu comme Robert De Niro dans Taxi driver : « Are you talking to me ?». De quoi faire peur à Trump. On sent des années de pratique de cours de théâtre, pas actor studio, mais plutôt club théâtre de la Providence à Amiens où – on le sait – notre Président s’est formé à l’art de la comédie.
De l’éloquence, de la prestance, du charisme, de l’intelligence: C’est déjà pas mal pour un seul homme.
Pour l’humour, qui est une qualité fort mal partagée, ce n’est pas encore ça. Ainsi avec cette saillie: « Le kwassa kwassa pêche fort peu, il amène du Comorien ». Sur le coup, même les mouettes qui tournaient au-dessus du bateau où se tenait le Président en sont restées sans voix. Quand on sait le drame quotidien de l’immigration clandestine à Mayotte, 101 ème département français, qui comme la Guyane d’ailleurs, est dépassée par une immigration incontrôlée… Cela n’aurait pas surpris dans la bouche d’un Le Pen, mais dans celle d’un Président jupitérien ? Ce qui signifie que Macron n’est pas Dieu, mais un homme. Que l’on espère d’Etat. Car en définitive, ce n’est pas pour un Jimmy Fallon ni pour un Cyril Hanouna, genre nouilles dans le slip que nous votons.
Pour plagier Luc Plamondon « J’ai perdu le sens de l’humour depuis que j’ai le sens des affaires », Emmanuel Macron a peut-être perdu le sens de l’humour depuis qu’il a le sens de l’Etat.
Sinon, la blague kwassa-kwassa n’est pas excusable.
Il n’était donc pas nécessaire d’être un vieux routier de la politique pour “faire ” Président.
Il paraît que cette semaine le nouveau Président va marcher sur les eaux, que la semaine prochaine il va guérir les écrouelles par simple imposition des mains, que dans deux semaines il va multiplier les pains. Et si ce n’est les pains, en tous cas les députés.
Bref Emmanuel Macron retourne comme une veste les commentateurs politiques sceptiques, les journalistes blasés, qui pendant des mois n’avaient cessé de douter: Macron n’est qu’une bulle médiatique. Il n’a pas de programme. Et puis enfin cette question qui courrait sur les plateaux télés: Aura-il la carrure pour endosser les habits présidentiels ?
Et là, oh ! surprise: Il ne met pas les doigts dans le nez. Sa cravate n’est pas de travers. Il se tient bien à table et même, c’est dingue en 2017 pour un français qui a fait des études supérieures, il parle anglais ! Emmanuel Macron est inouï, ou plutôt inOui pour reprendre une comparaison ferrovière à la mode à la SNCF.
Et si en fait il était tout simplement normal. Ce qui est inouï, c’est que nous avions oublié ce que pouvait être, devait être un responsable politique, même le premier d’entre eux.
On nous avait enfumés en nous répétant que pour accéder au pouvoir il fallait ronger son frein pendant des années dans l’ombre des hommes en place. On comprend à quel point des Wauquiez, des Bertrand doivent être amers, eux qui eux aussi ont été des premiers de classe et qui se disaient: « Je patiente encore 5 ans, et en 2022 ce sera mon tour ». Le TGV Macron les a laissés sur le quai.
Attention quand même au syndrome Obama. En son temps lui aussi le Président américain avait dû surmonter des préjugés: Un noir pourrait-il être élu Président ? Un noir pourra-t-il faire ceci ou cela ?
Et il avait subjugué le monde entier en étant « cool » jusqu’à se voir décerner le Prix Nobel de la Paix.
Hélas dix ans après… C’est Trump qui lui a succédé.