Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Étiquette : Politique étrangère

La grandeur de l’Amérique passe-t-elle par la défense de la paille en plastique ?

Cela vous avait peut-être échappé mais la puissance américaine était menacée par les pailles en carton. Et nous l’ignorions. 

Sauf celles et ceux qui avaient suivi la campagne du nouveau Président américain et qui avaient bien noté qu’il en avait fait un ennemi à combattre et que dans pratiquement tous ses meetings entre « Drill, drill, drill » (forons) et « Tariff, tariff, tariff » (droits de douane) il y avait aussi des couplets contre les pailles en carton, avec lesquelles il n’arrivait pas à boire et qu’il se tâchait son costume. 

D’où ce nouveau décret signé lundi 10 février interdisant l’utilisation des pailles en carton dans l’administration. 

Donald Trump débusque là un nouvel obstacle à la croissance américaine.

Je n’y avais pas pensé, mais il est vrai que je ne suis pas Président de la première puissance mondiale. 

Un proverbe très répandu dit bien : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » En fait c’est un texte qui vient des évangiles. Selon Matthieu chapitre 7, versets 3 à 5 (merci Wikipédia), c’est Jésus qui aurait utilisé cette parabole. 

C’est peut-être ce qui a influencé Donald Trump, qui, comme chacun sait, est un chrétien hyper pratiquant. 

Nous aurions tort de nous moquer puisqu’on nous explique que cette avalanche de décrets signés depuis l’investiture le 20 janvier est une tactique : On tape fort pour ébranler l’ennemi et obtenir ensuite d’autres concessions. 

Quelles concessions ? Vérifions avec l’IA. J’ai demandé des éclaircissements au Chat de Mistral IA. J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour obtenir des réponses précises. 

Résumons : 

« L’interdiction des pailles en plastique a eu un impact significatif sur l’économie et l’environnement aux États-Unis, en incitant les entreprises à adopter des pratiques plus durables et en réduisant la pollution plastique… Des grandes entreprises comme Starbucks et McDonald’s ont été conduites à cesser leur utilisation. 

Le chat renvoie vers un article très intéressant de la BBC qui nous apprend que les pailles en plastique « ne représentent en réalité qu’une infime partie des déchets plastiques qui se retrouvent dans l’environnement (…)  Environ 14 millions de tonnes de ces déchets, soit 3,7 % du total des déchets plastiques, sont constitués de polypropylène, le principal matériau utilisé dans les pailles en plastique ».

Mais ajoute l’article :  Le mouvement contre les pailles en plastique a contribué à rallier le soutien du public, qui s’est finalement transformé en une action à grande échelle et de haut niveau. Le diable se cache donc bien dans les détails

Jamais je ne me serais penché sur la question des pailles s’il n’y avait eu Trump. Merci Donald ! À quand un projet de loi chez nous pour rétablir l’usage du plastique ? Bien sûr la chasse aux pailles en carton est plus anecdotique que Gaza vidé de ses habitants pour être transformée en riviera ou l’annexion du Canada et du Groenland. Et là, pas de quoi rire.

Guerre en Ukraine : Et pendant ce temps-là…

Il est toujours intéressant de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs qu’au centre d’intérêt de l’actualité. 

Or depuis une semaine, au centre de nos préoccupations il y a la guerre en Ukraine, et bien sûr cette question : Serons-nous tous vitrifiés, Poutine compris, dans quelques jours ? 

C’est bien sûr très grave et très dramatique, et je vous épargnerai donc mon humour un peu douteux, genre : « moi aussi je suis solidaire des Ukrainiens. Désormais je boycotte le caviar. Et pour la vodka, j’exigerai de la polonaise ». 

Ou alors, une blague qui remonte à l’époque où les soviétiques conseillaient l’armée égyptienne face aux forces israéliennes qui fonçaient à travers le Sinaï. « Appliquez vieille tactique millénaire russe : Laissez pénétrer l’ennemi et attendez l’hiver. »

Pour ceux qui n’auraient pas compris, je conseille la lecture de « Guerre et Paix » ou le film « Stalingrad ».

L’heure n’est donc pas à l’humour potache. Mais pendant que tous nos regards et nos media sont tournés vers l’Ukraine, pendant ce temps- là, comment réagit le reste du monde ? 

L’Afrique ? Pas grand-chose.

Des réactions juste ce qu’il faut, entre d’un côté ceux qui pensent sans doute : « c’est une affaire de blancs, pour une fois qu’ils ne se battent pas entre eux chez nous… » Et ceux un peu gênés, qui remettent leur sort entre les mains de Wagner. Wagner qui rappelons-le n’est pas un compositeur d’opéras, mais une milice qui n’a pas froid aux yeux. 

Ce ne serait d’ailleurs pas surprenant que profitant du fait que nous regardons ailleurs, ces miliciens qui servent les intérêts de Moscou, ne nous fassent un enfant dans le dos, au Mali ou en Centrafrique. 

Et la Turquie ? Elle condamne mais tout en discrétion…

Membre de l’OTAN, la Turquie est également la gardienne du Bosphore, de la circulation des bateaux vers la mer Noire. Et puis en matière de non-respect des droits de l’Homme, Erdogan n’a pas grand-chose à envier à Poutine. 

Mais montrer un peu de solidarité avec l’Ukraine, un peu, juste ce qu’il faut, permettrait de redorer son blason vis-à-vis des Occidentaux. D’ailleurs les turcs ont plus d’affinités avec l’Ukraine et les tatars de Crimée qu’avec l’Empire russe…

Et l’Iran ? Là-aussi les ayatollahs se font discrets … Il faut dire que l’accord sur le nucléaire iranien est sur le point d’être relancé. Et si l’on boycotte le gaz et le pétrole russes, c’est bon pour l’Iran, si elle se peut recommencer à exporter librement… 

Reste la Chine … 

Pour l’instant, elle est devenue le meilleur allié de Poutine. 

Mais sur le long terme ? Irkoutsk ou Vladivostok sont beaucoup plus près de Pékin que de Moscou. Et face au milliard de chinois que pèseront les quelques 30 ou 35 millions de russes de Sibérie ? 

Pour souper avec le diable – dit-on – il faut une longue cuillère. 

Iran, climat,Trump : Que reste-t-il du G7 d’Emmanuel Macron ?

La France sait recevoir. Ça au moins, on ne peut pas nous l’enlever !

Souvenez-vous: C’était il y a quoi ? Même pas 15 jours. Les commentatrices/teurs les plus anti-Macron ( si, si, ça existe ! ) s’extasiaient: Quel talent ce Président ! En 2 promenades sur la plage de Biarritz et une réception à l’Hôtel du Palais, il avait remis la France à sa place dans le monde. Peut-être pas en première place, mais en tout cas, dans le carré de tête. La France habile, diplomate, capable de réconcilier les positions irréconciliables. Un peu comme en 1938 à Munich… Euh ! non, là, mauvaise comparaison, mais passons. 

Donc à Biarritz, le coup de maître, qui a bluffé tous les commentatrices/teurs : L’arrivée surprise du ministre des affaires étrangères iranien. Bien sûr, il n’a vu personne, à peine l’aéroport. Enfin si : il a vu les français qu’il avait déjà vus deux jours avant à Paris. Mais l’on guettait la réaction des américains, le tweet vengeur de Donald Trump, qui aurait douché tous les espoirs, genre : « Melania, fais ta valise, on rentre à Washington ». Eh ! puis, rien ! Alors, alléluia ! tout le monde d’imaginer déjà un sommet de Paris, où l’on verrait Trump embrasser le Président Rohani. Chapeau Macron, France is back

Et puis. 

Et puis rien. Au contraire : L’Iran annonce la mise en route de centrifugeuses avancées pour augmenter son stock d’uranium enrichi. Les États-Unis durcissent encore leurs pressions pour empêcher toute exportation clandestine de pétrole par Téhéran. Et à la frontière entre le Liban et Israël, où sévit le Hezbollah, marionnette des iraniens, les « incidents » se multiplient.

Bref, la seule chose qui va nous éviter une guerre, c’est sans doute qu’en période électorale, ce n’est pas terrible pour un Président américain d’en déclencher une, de guerre.Que reste-t-il du G7 de Biarritz ? Peut-être la découverte par Melania Trump des vins français ( dixit son mari en conférence de presse) Remarquez, rien que ça, ça ne serait pas si mal. Cheers !

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