Y’en a marre de Mar-a-lago, de la Floride et de ses golfs. Ras-le-bol les city break à Barcelone, Londres, Hong-Kong ou Dubai,
Non, moi je pars pour Sisimiut.
C’est très tendance depuis que le couple vice-présidentiel américain a annoncé qu’il allait y passer le week-end, pour assister à la fameuse avannaata qimussersua, tellement ils adoraient les chiens de traineaux et la culture groenlandaise.
Vous êtes un peu perdus ? L’avannaata qimussersua, c’est un peu la finale de la coupe de France, le super-bowl mais pour chiens de traineaux.
Je me suis renseigné – merci l’IA française Mistral – c’est une course nationale (…) réunissant environ 37 mushers et 444 chiens de traîneau de tout le Groenland. »
Elle se déroule à Sisimiut. 5448 habitants, situé à 320 kilomètres au nord – je dis bien au nord– de Nuuk, la capitale du Groenland, une île qui certes est très grande, 4 fois la France, mais au ¾ gelée et peuplée d’à peine 50 000 habitants.
Pour y aller, ce n’est pas compliqué, mais c’est pas simple non plus.
J’ai repéré un aller-retour pour 1100 €, avec escale obligatoire (très longue) à Reykjavik. En gros 12-15 heures. Une fois arrivée à Nuuk, il faut prendre un autre vol pour Sisimiut. Une heure. Sinon, c’est le bateau, et là c’est une journée.
Sur place, j’ai repéré un hôtel sympa, pas donné, mais qui propose une expérience spa arctique et sauna…
Aurai-je le temps d’y arriver pour le 29 mars, date de l’Avannaata Qimussersu, cette course qui comme l’explique encore Chat Mistral : « célèbre la tradition du traîneau à chiens comme une partie vitale du patrimoine culturel du Groenland (…) Il s’accompagne de dégustation de spécialités groenlandaises et de danses du tambour (..)
Et là je me dis je ne peux pas rater ça : Voir le Vice-Président américain et son épouse exécuter la danse du tambour, puis déguster du misirak – de la graisse de béluga fermentée – entourés de ushers et de chiens de traineaux par moins 20 degrés. Je veux les selfies !
Évidemment le couple vice-présidentiel ne se tapera pas les vols avec escale. Ils pourront atterrir dans la gigantesque base aérienne de Thulé que les Américains ont construit un peu en lousdé pendant la seconde guerre mondiale. Trump n’était pas encore président, mais les 150 habitants avaient été « invités » à aller chasser le phoque ailleurs.
Et dans les années 1950, au moment de la guerre froide, le gouvernement danois a complaisamment fermé les yeux quand la base a été agrandie jusqu’à être transformée en gigantesque station radar avec un mat radio de plus de 300 mètres, une sorte de Tour Eiffel sur la banquise, et en base secrète pour bombardier.
En 1962, un bombardier s’y est écrasé, avec 4 bombes nucléaires à bord. 3 ont explosé, la quatrième n’a pas été retrouvée. Une sorte de Tchernobyl inuit !
Qui est quand même resté en travers de la gorge de beaucoup de groenlandais, ainsi que dans les phoques et les poissons.
Il faudra voir si l’argent de Musk, les fake-news, les faux comptes réseaux sociaux et les selfies vice-présidentiels auront raison de leur hostilité : À plus de 85 % les groenlandais n’ont pas du tout envie de devenir des compatriotes de Trump.
Comme pour le Canada, le Panama, Gaza, ou l’Ukraine, le président américain semble oublier qu’il y a des gens qui vivent au Groenland, et qui y vivent même depuis bien plus longtemps que ses ancêtres en Amérique du Nord. Et que même les colonisateurs vikings y étaient arrivés avant que Christophe Colomb ne « découvre » l’Amérique.
Et vivre au Groenland n’est pas si facile que ça. Les Inuits ont développé leur culture en symbiose totale avec leur environnement désertique et gelé. Ils ont aujourd’hui leur propre gouvernement, leur langue officielle – qui n’est plus le danois mais le kalaallisut, proche des langues inuites parlées au Canada.
Peut-être faudrait-il offrir à nos « amis » américains « Les derniers rois de Thulé », passionnants livre et film de Jean Malaurie, un géographe-ethnologue français qui, en 1951, avait passé un an chez les Inuits près de Thulé.
Attorneqanngitsoq. Piviusoq. Alimasissoq. C’est le slogan de l’hôtel à Sisimiut.
Ce qui veut dire : Dur, vrai, isolé. C’est peut-être cela la vraie richesse des groenlandais.
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