Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : François Hollande

Musée Soulages à Rodez : Un moment de lumière dans un monde de brutes!

Après les « Bleus » hier à Clairefontaine, François Hollande fera aujourd’hui dans le noir ou mieux les « outrenoirs ». Le Président inaugure le nouveau Musée Soulages à Rodez au cœur de l’Aveyron. C’est le pays natal de ce peintre, l’un des artistes français les plus côtés au monde.
« Après les bleus, le noir ». « Broyer du noir » : Les jeux de mots sont faciles. Pourtant, c’est un pari formidable qui est fait là, un Musée à taille humaine, pas prétentieux, totalement justifié parce que Pierre Soulages s’explique aussi par les paysages, les schistes et les granits, les lumières de son pays natal. Au-delà, il y aussi cette idée qu’un investissement culturel peut servir de moteur pour relancer l’économie et ancrer dans la modernité une région restée un peu retrait jusque là.
A 94 ans, Pierre Soulages, bon pieds bon œil avec son épouse Colette, assiste à l’ouverture de ce musée qu’il avait longtemps refusé parce qu’il ne voulait surtout pas d’un mausolée égocentrique. C’est un beau bâtiment simple, couleur rouille, roche, et qui rassemble une partie de l’œuvre du «maître du noir ».
« Maître du noir »: Vous vous dîtes « ce n’est pas pour moi ! ». « Ca va être chiant, c’est de l’art abstrait difficile d’accès ». « La Joconde, ou Picasso, au moins là je comprends ».
Mais ce n’est qu’une apparence, et il faut non pas faire le détour mais aussi le voyage à Rodez pour aller (re)découvrir une œuvre, une démarche artistique vraiment géniale.
Pierre Soulages est d’abord une personnalité lumineuse. Par sa stature physique même, 1m90, ancien rugbyman (on n’est pas en Aveyron pour rien), crinière blanche, la classe à 94 ans ! .
C’est un conteur, passionnant qui mieux que personne, explique sa peinture, sa manière de travailler la matière-peinture, parle de ses rencontres avec les plus grands artistes du XXème siècle. Il parle avec un accent rocailleux comme – et là continuons dans les clichés – les roches et les plateaux de l’Aveyron, de l’Aubrac, vous savez ces étendues avec de superbes vaches, Laguiole, fromages, couteaux et cie!
Pierre Soulages peint le noir. Dit comme ça, on se dit : « Déjà qu’on broie du noir avec la situation actuelle, bof ! ». Sauf que c’est tout le contraire, avec le noir, les brous de noix, les bleus sombres, Pierre Soulages met en valeur la lumière. Ses tableaux dont certains sont monumentaux, sont faits de matière noire qui a des reliefs, des épaisseurs qui «accrochent » la lumière et mettent en valeur les couleurs. Vous pensez que ces tableaux ne peuvent séduire que des bobos intellos branchés – genre : passer une heure devant un mur noir, en s’extasiant : « c’est fort, c’est très fort » – or, c’est tout le contraire. En découvrant l’œuvre de Pierre Soulages, on se dit « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! ». Et d’ailleurs, une des réalisations les plus géniales de ce peintre sont les vitraux de l’Abbaye de Conques, une des plus belles églises romanes d’Europe, située à 50 km de là.
Il y a 30 ans, Jack Lang avait eu l’idée de demander au « maître du noir » d’en concevoir les vitraux. Vous vous rendez compte : Que faire dans un bâtiment millénaire, classé au Patrimoine mondial de l’humanité? Tout sauf du kitsch, du « à la mode », et évidemment, pas du noir. Le génie de Pierre Soulages a été de jouer sur les différences de réfraction de la lumière par le verre. De l’extérieur, les vitraux sont opaques, presque minéraux. De l’intérieur, c’est l’inverse, des jeux de lumière provoqués par des assemblages de vitraux transparents, mais qui de qualité et d’épaisseurs différents, créent des jeux de couleurs. Tous les cartons de cette  réalisation se trouvent expliqués au Musée de Rodez.
La ville de Rodez attend beaucoup de ce nouveau Musée. On peut appeler cela le syndrome Guggenheim Bilbao, Pompidou Metz, Louvre Lens ou MUCEM Marseille.
Ce n’est pas gagné.
Parce que contrairement aux exemples précédents, il s’agit d’un Musée essentiellement consacré à seul peintre, qui est moins immédiatement grand public, en tout cas dans l’impression que l’on peut en avoir, qu’un Picasso.
Ce n’est pas gagné.
Parce que Rodez n’est ni Bilbao, ni Marseille, et qu’elle n’est reliée ni par autoroute, ni par TGV à aucune métropole.
Pourtant, avec ce Musée, elle vaudra au moins le détour. Entre le viaduc de Millau, à l’Est, formidable œuvre dessinée par Norman Forster, et qui met en valeur la géographie spectaculaire de cette région, avec Michel et Sébastien Bras, qui en voisins depuis leur restaurant 3 étoiles de Laguiole, ont ouvert un café-brasserie dans le nouveau Musée, avec Conques, et son abbatiale et son village perchés dans un coude du Dourdou, à 50 kilomètres à l’Ouest, Pierre Soulages et son musée valent même le voyage.
Un moment de lumière dans un monde de brutes qui broie du noir. Quelques heures pour toucher ce que peut être la beauté. On en ressort plus intelligent et avec la banane !
Nous vivons une e-poque formidable.

Manuel Valls : Le Tony Blair français, avec quelques différences…!

Manuel Valls a beaucoup d’un Tony Blair. Et parions qu’il va très vite aussi bien réussir que son prédécesseur (modèle ?) britannique. L’impression de punch, de dynamisme, c’est ce que nous attendions tous. Finis  les grandes déclarations, les comités d’experts, les rapports sur ce qu’il faudrait faire. L’heure est à l’action.
Valls va réussir, parce qu’il n’y a pas d’autres possibilités. Il va réussir, pas seulement devant l’Assemblée. Ca, c’est une formalité, et il n’y a que les commentateurs pour créer un faux suspens autour de «  Obtiendra-t-il la confiance ? ».  Evidemment ! Pas fous les députés socialistes ou verts pour prendre le risque d’une dissolution, de nouvelles élections.
Parions aussi que Valls sera populaire, qu’il aura la confiance des sondages, surtout comparé au Premier Ministre sortant, ce qui, il est vrai, n’est pas difficile.
Et puis Valls n’a pas fait l’ENA, et ça, consciemment ou inconsciemment, c’est un bon point pour lui. Cela nous donne l’impression qu’il sera moins technocrate et plus homme de terrain. Moins microcosme et plus « Jean-Jacques Bourdin » (MDR)! Même ses origines jouent en sa faveur: Espagnol, catalan, c’est fun, branché, ça sent la playa et les ramblas, alors que les références prof d’allemand de Jean-Marc Ayrault faisaient un peu tristounet … Remarquons d’ailleurs que l’on insiste moins sur ses origines suisses. Lugano, ça fait plutôt paradis fiscal et comptes bancaires anonymes…
Un Tony Blair français donc, mais avec quelques différences, des différences notables.
Il ne succède pas à onze ans de Margaret Thatcher. Si Tony Blair a réussi, n’est-ce pas parce que avant lui, la dame de fer avait fait le ménage ? Personne ne souhaite à la France que les réformes indispensables ne soient menées avec la dureté qui avait été celle du Thatchérisme. Mais la droite au pouvoir, Sarkozy, Fillon, n’ont pas fait les réformes, ils les ont à peine esquissées. Résultat : Contrairement à Tony Blair, Manuel Valls va devoir sabrer dans les dépenses, et les dépenses sociales, et ce sera sans doute douloureux.
Et puis, contrairement à Tony Blair, Manuel Valls n’est pas soutenu par un parti socialiste qu’il aurait rénové à son image. Il avait bien essayé, il y trois ans, avec les primaires socialistes, mais n’avait entraîné que 6 % des militants. Comment pourra-t-il réformer à la fois la France et le parti ?
Enfin, le Président n’est pas la reine Elisabeth: Il gouverne. Et même si François Hollande  a tout intérêt, comme nous tous, à ce que Manuel Valls réussisse, pas trop quand même… Car 2017, c’est demain. Et l’on risque de voir très vite deux ambitions présidentielles entrer en concurrence.

Nous vivons une e-poque formidable.

Plus fort que la statue qui bouge toute seule en Angleterre, François Hollande et le chômage

Franchement, ils sont trop forts ces anglais. Vous avez-vu ? Dans ce musée de Manchester dont la fréquentation laissait à désirer, le conservateur a remarqué qu’une des statuettes égyptiennes exposées dans une vitrine, s’était mise à bouger. Elle fait un tour sur elle-même pendant la journée, et plus précisément pendant les heures d’ouverture. Attention, ce ne sont pas toutes les statues du musée, non, juste une. Sinon, ça ferait bidon… Pour convaincre les incrédules, le conservateur du musée a réalisé une vidéo que l’on peut voir sur le web.
Malin:  C’est en quelque sorte le concept de la « pensée magique » chère à Lucien Levy-Bruhl, un des pères de l’anthropologie dans les années 1920, «upgradé» par les adeptes de Steve Jobs,  l’alliance du surnaturel et d’internet.
Des mauvaises langues prétendent que tout cela n’est qu’un coup de e-marketing , bien programmée avant THE évenement, LA naissance du royal baby de Kate et William. Femmes et hommes de peu de foi ! La statue qui bouge, ça doit être vrai, puisque « je l’ai vu à la web-télé » et d’ailleurs, la fréquentation du Musée a fait un bond. L’important c’est d’y croire, n’est-ce pas.
Eh ! bien, chez nous, nos dirigeants font également la même chose, et nous sommes injustes de ne pas les croire. Chez nous, ce ne sont pas les statues ou les tableaux qui se mettent à tourner. Heureusement d’ailleurs, vous imaginez la tour Eiffel sautant sur ses pieds, ou la Joconde tirant la langue ? De toute façon, nous n’avons pas besoin de ces artefacts pour attirer les touristes. Non, chez nous c’est encore plus fort qu’au Musée de Manchester, c’est la courbe du chômage qui va s’inverser, ou dont la progression va s’inverser, ou dont la progression sera dans un cycle ascendant qui sera moins ascendant, donc ascendant mais ralenti. Il paraît qu’il faut y croire, que nous devons y croire. Il paraît que cela va prouver que, oui ! la volonté en politique est plus forte que les réalités économiques. Dans les sociétés tribales on appelle ça la pensée magique, chez nous, la méthode Coué.  Comme le conservateur du musée aux statuettes, ou le magicien Uri Geller qui tordait les cuillères et les fourchettes par le seul pouvoir de sa pensée, François Hollande va bouter le chômage hors de France. Yes he can ! Hélas, apparemment dans le vaste de monde, il semble bien que nous soyions les seuls à y croire!!!!
Nous vivons une e-poque formidable.

6ème République ? Et pourquoi pas 7ème ou 8ème?

Et c’est reparti. Chaque fois que notre pays traverse des difficultés, chaque fois qu’un scandale, une affaire, une crise politique éclatent, il FAUT changer de constitution. Comme s’il existait une constitution et des institutions parfaites. Et derrière cette vieille lune, l’on retrouve à la fois d’honnêtes constitutionnalistes, de doux rêveurs, mais aussi des cyniques manipulateurs, qui dans le fond n’ont jamais accepté la Constitution de 1958, le geste Constitutionnel initié par le Général De Gaulle, ce que François Mitterrand avait appelé le coup d’état permanent, avant de se fondre avec délectation pendant 14 ans, dans les institutions.
Qu’il soit nécessaire de réformer, de faire évoluer la Constitution, certes. Et tous les pays démocratiques le font à leur sauce, avec leur culture et leur histoire. Mais où voyez vous que dés qu’il y a un problème, crac on change de régime ?
Aux Etats-Unis, c’est la même République depuis 1787… mais la Constitution  a évidemment beaucoup évolué avec les fameux « amendements », entre autres. Ils n’ont jamais connu de crises ? Allons donc, ne serait-ce que le Watergate, et la démission du Président Nixon qui lui aussi, les yeux dans les yeux, avait juré qu’il n’avait pas menti !!! Quant à la Grande-Bretagne, sa Consitution n’en est pas une, puisque il s’agit d’un ensemble d’usages constitutionnels, dont le plus ancien remonte à …1215… ce qui n’a pas, là non plus, empêché de nombreux scandales où tout se mêlait, pouvoir, corruption, sexe, espionnage…
Au lieu d’amuser la galerie avec une hypothétique 6ème République, nous ferions mieux de régler nos vrais problèmes : 
Améliorer encore la « moralisation » et le contrôle démocratique de la vie politique; Remettre à plat des réformes dont on mesure les conséquences néfastes, comme le passage au quinquennat qui pose un vrai problème de coordination entre Président, Premier ministre, Assemblée; Et surtout, surtout, quelle poltique économique ?
Alors que nous nous enfonçons dans la crise, l’impression de flottement, d‘hésitations de la part du gouvernement est catastrophique. Et c’est cela le vrai problème. Pas une xième Constitution ou une 6ème République.
Nous vivons une e-poque formidable

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