Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : gay

Massacre à Orlando: Tout ca n’est pas très gai.

#jesuischarlie

Massacre au #Pulse, boîte gay à Orlando: Tout ça n’est pas très gai. Et ce jeu de mots est de très mauvais goût. Même si l’humour, même relou, est sans doute la meilleure arme face à l’intolérance, à la bêtise, à la violence.
Car ne nous leurrons pas, au-delà des réactions officielles qui seront unanimement indignées, unanimement couleur arc-en-ciel, nous connaissons tous les non-dits, ce que beaucoup pensent mais n’osent dire à haute voix sauf en petits cercles d’amis. « Ce massacre est horrible, bien sûr, mais …  il s’agit d’une boîte homo… » Sous-entendu : « Ils l’ont peut-être un peu cherché, ces spectacles indécents, ces drag-queens, cette exhibitionnisme, ces hommes ou ces femmes qui s’embrassent… » . C’est comme pour les viols, certains continuent, non plus à dire à voix haute – ça non, ce n’est pas politiquement correct – mais à penser « Elle l’avait peut-être un peu cherché » «  On ne s’habille pas comme ça quand on sort » Et progressivement, on en arrive à justifier la burqa, « tenue décente ». Certains donc ne vont pas se sentir Orlando, de la même manière qu’en Janvier 2015, certains ne sont pas sentis « Charlie » parce que : « c’est horrible bien sûr, mais…Quand même, ils faisaient dans la provocation, et puis caricaturer le prophète … » de la même manière que certains n’ont pas voulu observer une minute de silence à la mémoire des victimes du supermarché casher « quand on voit ce que les juifs font aux palestiniens ».
Il y a beaucoup de naïveté à croire, à avoir voulu croire qu’une loi, le mariage pour tous, ferait disparaître l’homophobie. Alors que les 3 grandes religions monothéistes condamnent toutes l’homosexualité, comme un pêché, comme un acte contre nature, même si il y a une évolution avec quelques déclarations de tolérance du Pape, ou des Eglises protestantes. Les lois sur la citoyenneté des juifs français il y a deux cents ans, n’ont pas fait disparaître l’antisémitisme. Et au niveau de la planète, la tolérance à l’égard de l’homosexualité est une exception. En Afrique par exemple, les homosexuels sont toujours menacés de prison, voire même de peine de mort.
Et il est inquiétant de constater à quel point les préjugés machistes comme la haine des homos, cela va de pair, est répandue dans nos banlieues. Pas facile d’être une jeune femme sexy dans certains quartiers. Et pas facile d’être homo aujourd’hui quand on est beur et que l’on vit à Sarcelles, ou à Marly-Gomont.
Croire que Daesh est derrière tout cela, serait nous leurrer, comme le fait de manière cynique Donald Trump. Croire que la raison du massacre d’Orlando est la seule libre circulation des armes aux Etats-Unis, serait également nous leurrer. Un des pires massacres de ces dernières années a été commis dans la pacifique Norvège, où en juillet 2011, un malade d’extrême-droite est allé massacrer tout seul, 77 personnes. Croire que ce sont les seuls homos qui sont visés, serait aussi nous leurrer: En 1989, à l’Ecole Polytechnique de Montréal, 14 étudiants étaient tués, principalement des femmes, par un tueur anti-féministe.
Dans nos sociétés démocratiques et de tolérance, nous sommes tous des cibles. La tolérance à l’égard de l’autre est aussi, d’abord une question d’éducation, un effort permanent de toute la société. Nous sommes tous fragiles face aux terroristes de tous bords qui cherchent à créer la division, à opposer non seulement les communautés, mais les individus. Nous sommes fragiles face aux démagogues qui comme Donald Trump, vont exploiter la peur du musulman, la haine de celle ou de celui qui n’est pas dans la norme, dans le moule, dans la majorité.
Nous vivons une e-poque formidable.

La Gay Pride ne passera pas ni par Dakar, ni par Marrakech.

#LoveWins ? Au Maroc, l’homophobie marche toujours.
Au moment où à Washington, la Maison Blanche se pare du drapeau gay pour célébrer la légalisation du mariage pour tous, au Sénégal, un journaliste déjà poursuivi pour homosexualité, pardon pour « actes contre nature », vient d’être emprisonné pour « pédophilie ».
Au moment où à Paris se déroule la Gay Pride, au Maroc, l’homosexualité est toujours punie de 3 ans de prison, c’est article 489 du code pénal.
3 homosexuels ont d’ailleurs été condamnés à de la prison en mai dernier. Certains aimeraient une évolution, un rapport du Ministère de la Santé recommanderait même la dépénalisation, pour raisons “sanitaires”, pour mieux lutter contre le SIDA. Mais c’est une position très minoritaire. Un hebdomadaire vient même de faire sa couverture avec ce titre : « Faut-il brûler les homos ? ». Et un sondage indique que 80 % des marocains ne sont pas favorables à la tolérance envers l’homosexualité.
Aucun pays musulman n’autorise le mariage homosexuel. Au contraire, les sanctions peuvent être très lourdes, parfois même passible de la peine de mort. Prenez le Sénégal, un pays qui nous paraît sympathique, démocratique, tranquille, la montée de l’homophobie ouverte va de pair avec la montée de l’intégrisme religieux. Ainsi, et c’est un comble, Tariq Ramadan a même provoqué un tollé général, de toutes les autorités, religieuses comme civiles, après avoir déclaré, que si effectivement l’Islam comme les deux autres grandes religions monothéistes n’autorisait pas l’homosexualité, il fallait être tolérant, accepter qu’on puisse être musulman et homosexuel, et ne pas fermer la porte des mosquées aux homosexuels. Avant lui, c’est Barack Obama qui avait provoqué des réactions outrées en osant aborder ouvertement la question du droit des homosexuels au cours de sa visite officielle à Dakar.
Ce n’est d’ailleurs pas l’Islam seul qui est cause, mais bien l’utilisation par beaucoup de gouvernements de l’intolérance à l’égard de l’homosexualité pour distraire la population des vrais problèmes. En Afrique, un seul pays autorise le mariage homosexuel: L’Afrique du Sud. Ce qui ne veut pas dire que la vie des gays sud-africains soit un long fleuve tranquille. Jusqu’aux plus hautes autorités de l’Etat, on y considère souvent que l’homosexualité est une maladie de blancs, une pratique apportée par les occidentaux. C’est d’ailleurs souvent cet argument – L’homosexualité est une maladie de blancs – qui est utilisée par les dictatures en Ouganda, au Cameroun.
La dépénalisation de l’homosexualité, les droits des gays et des lesbiennes, sont-ils un marqueur de l’état des libertés dans un pays ? Sans doute, alors, dans ce cas, on mesure le fossé qui sépare le monde occidental, l’Europe, l’Amérique, une quarantaine de pays au maximum, du reste du monde, et notamment de l’Afrique et du Maghreb. Un fossé qui va en s’élargissant. 
Dans sa revendication de l’attentat en Tunisie, les djihadistes se félicitent d’attaques contre « les antres […] de fornication, de vice et d’apostasie » visant ainsi le développement du tourisme, avec son corollaire, le tourisme sexuel. 
Le #LoveWins twitté par Obama pour saluer la légalisation du mariage pour tous n’est pas encore prêt de faire des petits en Afrique ou en Asie.
Nous vivons une e-poque formidable.

Régine Deforges : Un tel concert de louanges lui aurait été suspect !!!


La disparition de l’écrivain( e) Régine Deforges ne suscite que concert de louanges, éloge de la femme de gauche, de la femme libre, libre dans sa sexualité, sa bisexualité.
Pas sûr que tout le monde l’ait bien lue, Régine Deforges, que d’ailleurs tout le monde baptise DESforges, jusqu’à Christiane Taubira qui, en temps normal, est plus précise dans ses citations. Ce doit être le remaniement (LOL !)
Il est intéressant d’écouter ce que déclarait sur France-Culture, l’an dernier,  à propos du « mariage pour tous » , cette écrivaine engagée dans la lutte contre l’homophobie :
«L’affaire du mariage pour tous, moi, je trouve ça ridicule!
Je ne suis bien sûr pas contre, mais je trouve ça ridicule que les pédés veulent absolument rentrer dans la norme, se passer la bague au doigt… ça rime à quoi?!
Ce qui est intéressant c’est de ne pas être comme l’autre, ce sont les différences. Si on se ressemble tous, comme quand on va dans les boutiques des aéroports du monde entier, où vous trouvez les mêmes choses à acheter, je ne vois pas l’intérêt!»
Heureusement, que ces déclarations avaient été peu entendues, car qu’est-ce qu’on n’aurait pas dit sur elle , elle dont toute la vie avait été un combat pour le droit à la différence. L’aurait-on assimilée à une Christine Boutin ? 
            Mais sa pensée, sa revendication à la différence, tout cela est aujourd’hui écrasé par le consensus mou et bien pensant. Régine Deforges était de la même trempe qu’une Marguerite Yourcenar, la première femme élue à l’Académie française qui écrivait dans «Archives du Nord »:« Agir et penser comme tout le monde n’est jamais une recommandation et pas toujours une excuse. »
Deux grandes écrivaines, libres, dont les messages exigeants semblent se rejoindre au-delà de la mort.
Mais notre époque n’est sans doute plus à l’exigence.
Nous vivons une e-poque formidable ( ?)

L’inconnu du lac : Couvrez cette bite que je ne saurais voir!

Y’en a qui ont l’esprit mal tourné. Notamment ceux qui ont créé une pseudo polémique au sujet de l’affiche de «l’Inconnu du lac » dont l’action se déroule au bord d’un lac, lieu de drague pour homosexuels. 
J’avoue: Mon attention avait été retenue par cette affiche, très belle, une peinture, une belle composition, avec des personnages représentés par des applats de couleurs, sans détail précis. Cette affiche m’avait donné envie d’en savoir plus. Et alors que je n’ai aucune appétance particulière pour des sujets se déroulant dans un milieu homo, j’avais trouvé l’histoire plutôt intéressante, plutôt universelle (quid de l’amour dans la surconsommation sexuelle ?) et l’interview du réalisateur, plutôt intelligente. 
Pourtant, cette affiche a fait scandale, en tout cas entre Versailles et Saint-Cloud, où la municipalité a décidé de la faire retirer… Au début, je n’ai pas bien compris : Où était le scandale ? … Bon, d’accord, les deux personnages du premier plan s’embrassent et ce sont deux hommes… Mais, franchement pas de quoi traumatiser ni des enfants des écoles maternelles, ni un groupe de moines trappistes. Certaines affiches sur les murs de nos villes pour des rappeurs bobybuildés et tatoués me paraissent nettement plus chaudes. Et je ne parle même pas de la statue de David de Michel-Ange à Florence ou Adam sur la voute de la chapelle Sixtine, à Rome: Tous deux, bites à l’air… 
Il m’a fallu du temps pour comprendre que l’objet du délit serait en fait un couple en train de se sucer, au cinquième ou sixième plan dans le fond. Je mets cela au conditionnel parce que j’ai essayé de vérifier, j’ai agrandi plein écran, j’ai même utilisé une loupe, j’ai pris rendez-vous chez l’ophtalmo, franchement, on ne voit rien. Il faut vraiment avoir l’esprit mal tourné, être particulièrement obsédé. 
Il faut être, comment disait Molière déjà? : Tartuffe
Couvrez ce sein que je ne saurais voir:
  
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
 
Et cela fait venir de coupables pensées. 
Comme l’on sait ce n’est pas le dévôt, l’homme de foi que dénonçait Molière il y a 350 ans, mais le faux-dévôt, l’hypocrite, celui qui en faisant semblant d’être choqué par un sein découvert, révèle en fait ses fantasmes, ses frustrations, ses « coupables pensées ». 
 Saint-Cloud,Téhéran, les intégristes de tout bord : C’est du pareil au même : Tous des Tartuffes !

Nous vivons une e-poque formidable !

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