Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : homosexualité

La Gay Pride ne passera pas ni par Dakar, ni par Marrakech.

#LoveWins ? Au Maroc, l’homophobie marche toujours.
Au moment où à Washington, la Maison Blanche se pare du drapeau gay pour célébrer la légalisation du mariage pour tous, au Sénégal, un journaliste déjà poursuivi pour homosexualité, pardon pour « actes contre nature », vient d’être emprisonné pour « pédophilie ».
Au moment où à Paris se déroule la Gay Pride, au Maroc, l’homosexualité est toujours punie de 3 ans de prison, c’est article 489 du code pénal.
3 homosexuels ont d’ailleurs été condamnés à de la prison en mai dernier. Certains aimeraient une évolution, un rapport du Ministère de la Santé recommanderait même la dépénalisation, pour raisons “sanitaires”, pour mieux lutter contre le SIDA. Mais c’est une position très minoritaire. Un hebdomadaire vient même de faire sa couverture avec ce titre : « Faut-il brûler les homos ? ». Et un sondage indique que 80 % des marocains ne sont pas favorables à la tolérance envers l’homosexualité.
Aucun pays musulman n’autorise le mariage homosexuel. Au contraire, les sanctions peuvent être très lourdes, parfois même passible de la peine de mort. Prenez le Sénégal, un pays qui nous paraît sympathique, démocratique, tranquille, la montée de l’homophobie ouverte va de pair avec la montée de l’intégrisme religieux. Ainsi, et c’est un comble, Tariq Ramadan a même provoqué un tollé général, de toutes les autorités, religieuses comme civiles, après avoir déclaré, que si effectivement l’Islam comme les deux autres grandes religions monothéistes n’autorisait pas l’homosexualité, il fallait être tolérant, accepter qu’on puisse être musulman et homosexuel, et ne pas fermer la porte des mosquées aux homosexuels. Avant lui, c’est Barack Obama qui avait provoqué des réactions outrées en osant aborder ouvertement la question du droit des homosexuels au cours de sa visite officielle à Dakar.
Ce n’est d’ailleurs pas l’Islam seul qui est cause, mais bien l’utilisation par beaucoup de gouvernements de l’intolérance à l’égard de l’homosexualité pour distraire la population des vrais problèmes. En Afrique, un seul pays autorise le mariage homosexuel: L’Afrique du Sud. Ce qui ne veut pas dire que la vie des gays sud-africains soit un long fleuve tranquille. Jusqu’aux plus hautes autorités de l’Etat, on y considère souvent que l’homosexualité est une maladie de blancs, une pratique apportée par les occidentaux. C’est d’ailleurs souvent cet argument – L’homosexualité est une maladie de blancs – qui est utilisée par les dictatures en Ouganda, au Cameroun.
La dépénalisation de l’homosexualité, les droits des gays et des lesbiennes, sont-ils un marqueur de l’état des libertés dans un pays ? Sans doute, alors, dans ce cas, on mesure le fossé qui sépare le monde occidental, l’Europe, l’Amérique, une quarantaine de pays au maximum, du reste du monde, et notamment de l’Afrique et du Maghreb. Un fossé qui va en s’élargissant. 
Dans sa revendication de l’attentat en Tunisie, les djihadistes se félicitent d’attaques contre « les antres […] de fornication, de vice et d’apostasie » visant ainsi le développement du tourisme, avec son corollaire, le tourisme sexuel. 
Le #LoveWins twitté par Obama pour saluer la légalisation du mariage pour tous n’est pas encore prêt de faire des petits en Afrique ou en Asie.
Nous vivons une e-poque formidable.

Régine Deforges : Un tel concert de louanges lui aurait été suspect !!!


La disparition de l’écrivain( e) Régine Deforges ne suscite que concert de louanges, éloge de la femme de gauche, de la femme libre, libre dans sa sexualité, sa bisexualité.
Pas sûr que tout le monde l’ait bien lue, Régine Deforges, que d’ailleurs tout le monde baptise DESforges, jusqu’à Christiane Taubira qui, en temps normal, est plus précise dans ses citations. Ce doit être le remaniement (LOL !)
Il est intéressant d’écouter ce que déclarait sur France-Culture, l’an dernier,  à propos du « mariage pour tous » , cette écrivaine engagée dans la lutte contre l’homophobie :
«L’affaire du mariage pour tous, moi, je trouve ça ridicule!
Je ne suis bien sûr pas contre, mais je trouve ça ridicule que les pédés veulent absolument rentrer dans la norme, se passer la bague au doigt… ça rime à quoi?!
Ce qui est intéressant c’est de ne pas être comme l’autre, ce sont les différences. Si on se ressemble tous, comme quand on va dans les boutiques des aéroports du monde entier, où vous trouvez les mêmes choses à acheter, je ne vois pas l’intérêt!»
Heureusement, que ces déclarations avaient été peu entendues, car qu’est-ce qu’on n’aurait pas dit sur elle , elle dont toute la vie avait été un combat pour le droit à la différence. L’aurait-on assimilée à une Christine Boutin ? 
            Mais sa pensée, sa revendication à la différence, tout cela est aujourd’hui écrasé par le consensus mou et bien pensant. Régine Deforges était de la même trempe qu’une Marguerite Yourcenar, la première femme élue à l’Académie française qui écrivait dans «Archives du Nord »:« Agir et penser comme tout le monde n’est jamais une recommandation et pas toujours une excuse. »
Deux grandes écrivaines, libres, dont les messages exigeants semblent se rejoindre au-delà de la mort.
Mais notre époque n’est sans doute plus à l’exigence.
Nous vivons une e-poque formidable ( ?)

Mariage pour tous: Chronique d’une loi adoptée

400.000 ? 1 million ? Qu’importe. Les manifestants ont été très nombreux, les images impressionnantes de la dernière manifestation des opposants à la loi instaurant le mariage pour tous.
Et pourtant, cela n’y changera rien: L’affaire est entendue depuis l’élection de François Hollande. Il existe une large majorité à la fois parlementaire et dans l’opinion pour l’adoption de cette loi. Ce sera bientôt fait, et l’on peut déjà prévoir les multiples reportages sur les premiers mariages entre homosexuels célbrés en mairies dans quelques semaines..
Cette loi provoque des deux côtés, et contrairement à ce qui se passe par exemple au même moment en Grande-Bretagne, des réactions très agressives et outrancières.
Pourquoi les partisans de la loi contestent-ils si souvent à ceux qui y sont opposés, le droit de s’exprimer et de manifester ? Pourquoi taxer d’«homophobie» , ceux qui formulent des réserves ? Et pense-t-on vraiment que l’homophobie, qui a à voir avec la peur de la différence, la peur de l’autre, donc avec le racisme, disparaîtra avec la loi ?
Qu’on les juge rétrogrades ou au contraire justifiées, les craintes exprimées par les opposants au mariage pour tous, posent des questions qui ne seront pas épuisées par la loi. Comme celle des conséquences sur le long terme de la filiation (Peut-on être le fils ou la fille de deux pères ou deux mères ? Quid de l’adoption qui, pour les couples hétérosexuels est déjà un chemin de croix et qui risque de se heurter à l’hostilité de l’immense majorité des pays qui n’ont pas connu les évolution sociétales que nous avons connues ?).
Il y a une connotation presque totalitaire dans ce refus de laisser ceux qui n’ont pas la même opinion que vous, manifester  leur opposition, en utilisant un des droits fondamentaux de nos démocraties, la liberté de manifester.
ll fût un temps d’ailleurs où les homosexuels militants pour le droit à vivre leur sexualité comme les autres, revendiquaient aussi le droit à la différence. Et non pas dans la reproduction du modèle du couple hétérosexuel. Cette réflexion est aujourd’hui laminée par la pensée unique: Un seul chemin, une seule coupe de cheveux, que pas une tête ne dépasse et que personne ne moufte !
Et puis, sans faire injure à ceux et celles qui vont se marier, il s’agit d’une question certes de principe mais marginale, contrairement au droit à la contraception, à l’avortement, aux questions sur la fin de vie, sans parler des questions économiques et sociales sur lesquelles pour l’instant, le gouvernement donne l’impression de ne pas savoir où il faut aller, et même si l’on  y va.
C’est peut-être cela la principale faiblesse du mariage pour tous: Etre adopté, c’est le cas de dire, dans un contexte général où nos préoccupations sont tout autres. Très différent de 1981, où l’abolition de la peine de mort faisait partie d’un paquet général de réformes écomiques et sociales.
Nous vivons une e-poque formidable

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