Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : nazi

Tuerie terroriste en Allemagne : Le retour des nazis ?

L’Histoire n’est pas un éternel recommencement ? 
On a l’impression d’être revenu loin en arrière. 
Pas en 1930 (j’ai entendu parler, mais désolé suis encore trop jeune pour avoir connu…). mais en 1992. 
En août 1992, à Rostock. Deux ans à peine après la chute du mur, un an après l’unification des deux Allemagnes et la disparition de la RDA, l’Allemagne communiste, quelques mois après les premières élections municipales libres. 
À Rostock, principal port de l’Allemagne de l’Est, ville plutôt ouvrière, c’est une coalition gauche-Verts qui l’avait emporté. Rostock, autour d’un vieux centre, de son hôtel de ville rococo et du port de pêche, des alignements d’HLM en « Plattenbau », en plaques de béton, des rues longées par les tuyaux aériens des conduites de chauffage : la déprime. 
C’est dans une de ces HLM la résidence « Tournesol » que plusieurs familles de travailleurs immigrés … vietnamiens étaient hébergées (à l’époque les immigrés venaient surtout des pays « frères » communistes). Le 22 août, des petits groupes attaquent avec des projectiles, des cocktails molotovs, mettent le feu au bâtiment, les vietnamiens arrivent à se sauver de justesse. 3 jours et 3 nuits d’émeutes, la police locale dépassée, issue de l’ancienne RDA elle n’était pas habituée à ce type de guérilla urbaine menée par des groupes radicaux dont une partie venait visiblement de Berlin, Hambourg, des milieux de l’extrême-droite ouest-allemande. Nous-mêmes, l’équipe de TF1, prise à partie, violemment, le cameramen, agressé, obligés de nous abriter sous des voitures. 
Trois mois plus tard, 3 turques mourraient dans l’incendie de leur maison à Mölln dans le Schleswig-Holstein, puis un an plus tard, 5 personnes dans l’incendie leur foyer. Des actes terroristes revendiquées au nom de « Heil Hitler ». Et depuis les attentats ou agressions n’ont fait qu’augmenter. 
Comme aujourd’hui, des millions d’allemands s’étaient indignés, des millions avaient marché dans les rues, déposé des bougies, aux cris de « Nazis raus, les nazis dehors ». Et cette amie en pleurs au téléphone : « C’est affreux, cela ne changera jamais. Avons-nous ça dans le sang, nous allemands, cette haine, cette violence ? « 
Non, l’Allemagne de 2020 n’est pas celle de 1930. La grande différence c’est que l’immense majorité des allemands, quelque soient leurs difficultés, leurs préférences politiques, leurs égoïsmes, leurs craintes, savent ce que leurs pays a fait il y a 80 ans : une des plus grandes catastrophes morale et humaine de leur histoire, de notre histoire. 
La confrontation permanente avec l’Histoire – la Vergangenheitsbewältigung, structure les institutions de l’Allemagne moderne, la vie politique, l’éducation.
Nous qui votons pour 20 et 40 % pour l’extrême-droite, et cela depuis plus de 30 ans, nous ferions bien – nous aussi – de tirer les leçons de l’histoire allemande. Mais pour nous et notre avenir.

Démocratie : Mais pourquoi se limiter à deux référendums ?

Depuis les nazis, les allemands savent que tout référendum n’est pas forcément un signe de démocratie
C’est bien connu notre démocratie est en crise, notre classe politique déconnectée des réalités. Il est temps de redonner la parole au peuple, au vrai peuple. Il est temps d’étendre le domaine du référendum, qui est le summum, le nec plus ultra de la démocratie. Et puis ce qui est bien avec le référendum, c’est que la réponse est toujours oui ou non. C’est très web, très digital, très Facebook, Veux-tu être mon ami ? Oui, Non, 0-1. C’est dingue au XXI ème notre société est devenue binaire, ce qui en matière de pensée, de réflexion est un peu primaire, non ?
Une première consultation donc, sur les fichés S. Faut-il tous les enfermer ? Oui ou non ? On pourrait même consulter les guyanais, pour la construction d’un nouveau bagne, et si c’est non, on les met au Kerguelen, il n’y a que des manchots, ils ne pourront pas voter non.
Et on continue. Expulser tous les salafistes, oui ou non ? Et pourquoi s’arrêter en chemin ? Pourquoi ne pas poser la vraie question qui taraude les vraies gens ? L’Islam est-elle soluble dans notre République ? On sait que Zemmour répond non, d’où la question référendum: Faut-il expulser tous les musulmans intégristes ? Puis par glissements progressifs: Tous musulmans pratiquants, puis tous les arabes ? Et puis ensuite: Les noirs. Enfin, pas tous, on garderait ceux de la Compagnie créole, ou Babette de Rozières, la cuisinière, eux ils sont sympathiques et ils nous font zouker.
Allez la parole au peuple qui avait dit non à la Constitution européenne, et dont on a bafoué la volonté exprimée démocratiquement en lui imposant le Traité européen. Donc organisons un référendum: Etes-vous favorable au Frexit, à la sortie de la France de l’Europe, oui ou non ?
Allez, on continue: Ecoutez un peu ce que dit le vrai peuple et pas seulement les bobos parisiens. Faut-il rétablir la peine de mort pour les terroristes, oui ou non ? Est-ce que cela va faire peur à ceux qui se font exploser ? C’est pas grave on les reguillotinera. Et puis pour les crimes d’enfants: Si on tuait et violait votre fille/fils, est-ce que vous ne voudriez pas qu’on tue ces monstres ? Oui ou non ? Allez, oui. Et hop, on guillotine et on rejoint des pays où la peine de mort fait ses preuves: Comme la Chine, l’Iran, l’Arabie Saoudite ou … les Etats-Unis.
Oui bien sûr il y a les suisses, et leurs votations. Une démocratie directe aussi vieille que l’Union des 4 cantons, de Guillaume Tell, du développement de la Confédération qui suppose un système permanent d’équilibre et de concertation. Et-ce le summum de la démocratie ? Le recours au référendum explique que la Suisse est un des derniers pays d’Europe à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1971. Et que dans la canton d’Appenzell où l’on pratique une démocratie on ne peut plus directe, on réunit les habitants dans un champ du village et on les fait voter à main levée, les hommes ont refusé ce droit jusqu’à ce que le Tribunal Fédéral ne leur impose en 1991 ! C’est presqu’aussi bien qu’au Qatar ! Quant à la participation, nous qui nous plaignons avec nos 30 à 40 % d’abstentionnistes, en Suisse on frise souvent les 60 ou même 70 % d’abstentions : trop de votes tuent souvent le vote.
Quant aux allemands, les années 1933 les ont un peu vaccinés quant au caractère intrinsèquement démocratique du référendum. C’est tout à fait « démocratiquement » par référendum qu’Hitler a fait valider sa dictature, le rattachement de la Sarre, l’Anschluss avec l’Autriche, l’annexion des Sudètes.
Et puis si l’on réfléchit bien, la démocratie n’est-elle pas une délégation d’autorité ? Nous remettons notre autorité à des représentants qui sont chargés, pour une période limitée de prendre des décisions pour nous. On appelle cela des élections, et les délégués, des députés ou des Présidents. S’ils ne veulent plus prendre de décisions pour nous, alors qu’ils nous le disent vite, on en choisira d’autres.
Nous vison une e-poque formidable.

#Autriche : L’amnésie nazie.

Déjà en 1985 : Kurt Waldheim, Président de l’Autriche. Ici  en 1943, deuxième à partir de la gauche, avec des responsables SS.
Si l’extrême-droite remporte la présidentielle en Autriche, ce sera une bien mauvaise nouvelle. Pour l’Autriche. Et pour le reste de l’Europe aussi. Mais ce ne sera pas une surprise. Malheureusement.
On refait le film ?
Au cœur de l’Europe, il existe un petit pays heureux, où le niveau de vie est un des plus élevés – 30 % de plus que la moyenne européenne -, où le taux de chômage est au plus bas. Un drôle de petit pays qui présente deux visages, les deux côtés d’une même médaille.
A l’Est, une grosse capitale, Vienne, dont on aurait coupé les ailes en 1918, en la privant de son empire, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovénie, un empire qui commençait presqu’au bout de la rue, la frontière commençant à 30 kilomètres à peine de Vienne, une ville où tout est fait pour nous rappeler cette époque heureuse, où des hommes élégants s’arrêtaient pour faire le baisemain aux belles dames «  Küss die Hand, gnädige Frau » , « Je vous baise la main chère dame ! » cette époque glorieuse où entre Hofburg et Schönbrunn, entre Opéra et Hôtel Sacher, on s’attend à voir débouler Sissi impératrice.  
 A l’Ouest, c’est une sorte de prolongement de la Suisse alémanique, au pied des Alpes enneigées, des vallées, des alpages, où là c’est plutôt Heidi et ses nattes blondes que l’on s’attend à voir gambader au milieu de vaches grasses et propres, dans des prairies bien vertes, où les maisons sont de vastes chalets, géranium aux balcons, peintures d’époque avec sur les façades, des dictons pleins de bonne grosse sagesse populaire, genre : « Morgen Stund’ hat Gold im Mund’ » en gros : « Les heures du matin sont les plus productives ». Le dimanche à la sortie de la messe, autour de la petite église baroque, les hommes défilent en loden, culottes de peau, et chapeaux à « Ganzbart », chantent en « iodlant », applaudis par les femmes habillées en dirndle, robe et corsages qui sont une sorte d’ancêtres des « wonderbras » mais en dentelles. On y est gentiment antisémite, mais depuis toujours, à la catholique d’autrefois. Dans les années 70, cela a été un choc pour les anciens, quand à la suite du concile Vatican 2, l’Eglise a demandé que l’on arrête de dire que les juifs étaient les assassins du Christ, mais des frères dans la foi en un Dieu unique. Ainsi, il avait bien fallu une vingtaine d’années à l’évêque d’Innsbruck pour supprimer le pèlerinage millénaire  de la Judenstein, la Pierre aux Juifs, où dans une petite chapelle près de Rinn, tous les deux ans, on faisait défiler dans une cloche en verre, le squelette du petit Andreas. Selon la tradition, il aurait été égorgé par de vilains marchands juifs qui l’auraient enlevé pour utiliser son sang dans une de leurs cérémonies, car, c’est bien connu, les juifs utilisent le sang des petits enfants pour leur sabbat. Ambiance.
C’est dans ces provinces, bien propres que se déroule une partie des romans de Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature en 2004 : « La Pianiste » (dont a été tiré un film multi récompense à Cannes, avec Isabelle Huppert), « les Enfants de la mort », ou Lust (Plaisir en allemand) qui se déroule en Styrie cette province du Sud-Est de l’Autriche où l’extrême-droite a obtenu 26 % des suffrages aux dernières élections. Dans toute son œuvre, comme d’ailleurs dans celles de beaucoup d’intellectuels autrichiens, on retrouve cette dénonciation tourmentée, brutale de l’hypocrisie et du conformisme de la société autrichienne. Une société qui cache de nombreux squelettes dans ses placards, comme notamment un passé nazi jamais assumé. Et qui est brutalement remonté à la surface au moment de l’affaire Waldheim en 1985.
Candidat à la Présidence  autrichienne – déjà une élection présidentielle ! –  Kurt Waldheim avait été mis en cause pour avoir caché son passé pendant la seconde guerre mondiale. Sans avoir été SS, il avait été officier de la Wehrmacht, affecté dans des régions des Balkans où de nombreux massacres avaient été commis, qu’il n’avait pu, au mieux, ignorer… Sa défense : « J’ai la conscience tranquille », ou encore « Je n’ai fait que mon devoir » avait beaucoup choqué dans le monde surtout quand furent publiées des photos où on le voyait en grand uniforme, en compagnie de responsables SS. Mais une majorité d’autrichiens, se retrouvèrent dans le parcours de Waldheim. Seulement “Mitläufer”, nous n’avons fait que suivre…Beaucoup jusqu’à Bruno Kreisky, l’ancien chancelier socialiste, d’origine juive, dénoncèrent le « complot de l’étranger ». Et Waldheim fur triomphalement élu.
Un couvercle venait de sauter. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Autriche avait fait preuve d’une incroyable amnésie au sujet de son passé nazi. Avec la bénédiction des alliés occidentaux. Car par peur de l’expansion soviétique – en 1945, l’Autriche avait été partagée comme l’Allemagne en 4 – les alliés occidentaux, américains, britanniques, français décrétèrent que l’Autriche était la première victime du nazisme, l’Autriche ayant été annexée par Hitler en1938. Du coup, les autrichiens n’étaient plus ni des bourreaux, ni des criminels de guerre, ils n’étaient plus des collaborateurs, mais des victimes. Une fiction, puisque l’on sait que beaucoup de postes dans les camps de concentration furent occupés par des autrichiens, puisque l’on sait que les pogroms anti-juifs furent plus violents en Autriche, à Vienne qu’en Allemagne. Une amnésie bien pratique pour une classe politique, socialistes comme conservateurs, se partageant le pouvoir, les postes de fonctionnaires, par un système de « proporz » de proportionnelle encourageant le clientélisme. Tous fermèrent les yeux sur le passé de nombreux adhérents du petit parti libéral, le FPÖ, qui n’a de libéral que le nom, et qui servit de machine à blanchir et à recycler de nombreux anciens nazis.C’est ce parti auquel appartient Norbert Hofer, le probable futur nouveau Président.
Quelque soit la conjoncture actuelle, avec la question des migrants où l’Autriche est en première ligne ou bien les inquiétudes concernant la dégradation relative de la situation économique, c’est sur ce terreau que s’est développée l’extrême-droite autrichienne.
Connaître l’Histoire, l’assumer y compris avec ses zones d’ombre, pour ne pas reproduire les erreurs du passé, l’Autriche s’y est mis trop tard. Un problème que l’on retrouve dans toute l’Europe centrale et de l’Est, Hongrie, Pologne, qui sont en train de se refermer sur leurs égoïsmes nationaux. Que l’on retrouve chez nous aussi ?
Nous vivons une e-poque formidable.

François Hollande : Cuba plutôt que Moscou ?

La victoire mais sans les russes ? 
Moscou vient de célébrer le 70 ème anniversaire  de la victoire sur le nazisme.
Les dirigeants occidentaux ont boudé ces cérémonies. Des absences qui sont choquantes. Et qui sont une erreur. Surtout de la part des dirigeants français.
Car on peut ne pas vouloir faire la fête avec Vladimir Poutine, lui manifester nos désaccords avec sa politique souvent brutale et autoritaire, mais comment peut-on oublier l’Histoire ?
Comment peut-on oublier que le tournant de la guerre contre les nazis, a été la bataille de Stalingrad ? Chez nous, nombre de places, de rues, jusqu’à des stations de métro portent ce nom, alors que la ville elle-même ne s’appelle plus ainsi !
Comment peut-on effacer les vingt millions de morts soviétiques auxquels nous devons notre libération ? Les alliés auraient-ils pu débarquer en Normandie sans le front de l’Est et l’engagement d’une bonne partie des forces allemandes sur le front de l’Est ?
On peut émettre toutes les réserves, jusqu’aux représailles épouvantables commises dans les territoires libérés par l’armée rouge : Pauvre polonais qui se sont soulevés pour libérer leur capitale Varsovie et qui ont été massacrés par centaines de milliers  en représailles par l’armée allemande, sans que les soviétiques qui campaient de l’autre côté de la Vistule ne lèvent le petit bout du doigt. Au contraire, Staline en profitait ainsi pour faire éliminer les résistants polonais non communistes…
On ne peut qu’être horrifié par les récits des tueries, des pillages des viols – 2 millions d’allemandes ? – commis par les troupes soviétiques dans leur conquête de Berlin. On ne peut que regretter que notre libération ait signifié par la suite à cause de notre passivité, celle des Britanniques, celle des américains, face à Staline, l’enfermement pour 50 ans des européens de l’Est derrière le rideau de fer et sous le joug de dictatures pro-Moscou.
Tout en rappelant ces faits, tout en ne faisant pas ami-ami avec Poutine, comment justifier notre absence à Moscou ? Remarquez, déjà, il y a 5 ans, Nicolas Sarkozy avait fait de même, à la différence d’Angela Merkel !
Il y a un an, François Hollande s’était à juste titre félicité de la présence de tous et toutes, Angela Merkel, Vladimir Poutine compris, au grand show commémorant le débarquement en Normandie.
Que cette année, notre Président ait préféré à Moscou une tournée aux Antilles est presque insultant. Avec en prime, une visite à Cuba, qui est au moins autant une dictature que la Russie. Evidemment, on comprend pourquoi il y va. Il y a du business qui se profile… Mais si nous pensons que cela nous permettra de nous « placer » pour profiter de l’ouverture à venir – mais quand ? –  dans la plus grande île des Antilles, nous nous fourrons le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Car nous ne pèserons pas lourd lorsque débarqueront les investisseurs américains, et surtout les centaines de milliers de cubains de Miami, qui avec leurs dollars pleins les poches et leur envie de revanche contre les Castro,  feront table rase dans leur pays d’origine. Espérons que face aux dirigeants cubains, François Hollande évoquera les droits de l’Homme au moins autant qu’il ne le fait face à Poutine !!!
Il aurait mieux valu être à Moscou. Dans des moments historiquement aussi importants, cela aurait fait la différence.
Nous vivons une e-poque formidable.

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