Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : police

Dupont de Ligonnès et médias: Tourner sa langue 7 fois dans sa bouche.

Priorité au direct: Priorité aux boulettes !
Ce n’est pas une « boulette » de la police, ni un « incroyable cafouillage » de la justice, mais bien la conséquence logique de la course au scoop des médias d’aujourd’hui. « On a arrêté Dupont de Ligonnès ». 
L’info en continu, les infos qui coulent sur les réseaux à la vitesse d’un tweet, d’un snap, d’un insta, nous affolent. Internet va plus vite que nos neurones, ce qui est normal, nous ne sommes pas des robots ; mais nous ne prenons plus le temps de vérifier, d’aller chercher à la source, de remettre en perspective. Ce qui est la définition même du journalisme. Aujourd’hui, les médias sautent sur tout ce qui bouge. Or à l’heure d’internet, tout bouge en permanence : « Priorité au direct » ! Il faut meubler l’antenne, et c’est un défilé permanent de chroniqueurs, d’experts, auxquels l’on demande « à chaud » d’analyser, d’extrapoler. C’est la porte ouverte au grand n’importe quoi. 
Ceci dit, dans l’emballement au sujet de Dupont de Ligonnès, les médias ont une excuse : L’AFP. Même si son « fil » n’est pas parole d’évangile, l’Agence France Presse reste une source d’infos plutôt fiable, qui pratique le « fact-checking », la vérification des faits. Ses centaines de journalistes travaillent dans l’ombre, à l’abri des lumières des plateaux de télé. 
Mais jeudi ils ont fait une boulette. Leurs dépêches sur twitter ont donné du crédit aux infos tirées de « sources policières »(?). Très vite la Justice demandait de rester prudent. Mais trop tard, les chaîne infos étaient déjà parties en roue libre ! 
La morale de ce cafouillage ? 
D’abord espérons que les mêmes qui se sont abattus comme des rapaces voraces sur le quartier de ce retraité interpellé par erreur, iront présenter leurs excuses. 
Ensuite, nous devrions méditer cette maxime qu’on nous inculquait autrefois : Il faut apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche. Surtout avant de se répandre sur internet !

Et pendant ce temps-là tout le monde déteste la police ?

Désarmer la police, vraiment ? 
Agression samedi soir en plein cœur de Paris. Un mort. Un mort de trop, des blessés, des blessés de trop. Mais en quelques minutes, des policiers qui interviennent. 
C’est terrible, traumatisant. On se dit : Personne n’est à l’abri, nulle part. 
Et en même temps, on se dit : Bravo la police. 
Et quand on pense qu’il y en a qui leur balancent des cocktails molotovs en hurlant : « Tout le monde déteste la police ». 
Quand on pense qu’on les envoie à Notre-Dame-Des-Landes pour déloger les derniers zadistes qui répliquent à coups de paquets de fumier. 
Quand on pense qu’on est obligé de mobiliser 2000 policiers et gendarmes pour éviter la casse des soi-disant black blocks. 
Quand on pense à ces scènes le soir du 1° mai où Place de la Contrescarpe des « militants » armés de smartphones ou caméscopes filment des policiers qui essaient de maîtriser des casseurs, en s’approchant sous leurs nez, guettant la bavure et en hurlant : « Regardez-les, regardez comment « ils gazent » nos camarades ».
Quand on pense qu’on les envoie évacuer des facs, ou tenter de s’interposer entre les étudiants de Nanterre qui veulent passer leurs examens et ceux qui veulent les en empêcher. 
Alors on se dit qu’on a bien de la chance que policiers et gendarmes ne craquent pas, qu’ILS ne nous fassent pas de burnouts. Et on espère que ces mêmes policiers sur lesquels crachent ces « militants », seront là si par malheur un jour un fou furieux armé d’un couteau ne se jetait sur eux. Faudra-t-il un drame pour que ces jeunes et moins jeunes qui « détestent la police » se mettent à chanter avec Renaud : « J’ai embrassé un flic »

A Aulnay-sous-Bois, black lives matter.

–>

Aulnay. Théo. On est consterné
Ainsi il s’agissait d’un banal contrôle d’identité.
Et au final c’est un jeune gars qui a été tabassé par 4 policiers. Et violé. Violé! Parce que même si la défense- et c’est son boulot- affirme que le policier mis en examen n’aurait fait que donner des petits tapes, pardon ! des coups de matraque sur les fesses, le rapport médical est accablant: Déchirement de l’anus, la matraque aurait été enfoncée de 10 cm… Il a fallu opérer pour réparer la blessure .
On est consterné.
D’abord pour le jeune Théo, qui encore une fois n’était là que de passage, pour aller rendre visite à sa sœur.
Consterné aussi pour la police.
Il y a des flics ripoux  ou racistes ou violents. Une infime minorité sans doute. Mais ces brebis galeuses ternissent durablement l’image des forces de l’ordre qui n’en auront que plus de difficultés pour tenter de faire régner l’ordre, de déstabiliser les réseaux de deals, sans se faire cracher dessus ou caillasser voire pire.
On ne peut que saluer la réaction immédiate et sans ambigüité de Bruno Beschizza , maire Les Républicains d’Aulnay, ancien officier de police : « La gravité des faits exige une enquête rapide et précise afin de faire toute la lumière sur cette affaire. La Ville d’Aulnay-sous-Bois, sa municipalité ainsi que ses habitants sont choqués. »
La Justice semble vouloir passer et vite. Et il le faut, pour ne pas laisser les lanceurs d’huile sur le feu, faire croire qu’en France nous serions comme aux Etats-Unis. Où on le sait, tant de jeunes noirs sont abattus dans des «bavures» sans que des poursuites judiciaires soient forcément engagées. D’où ces mouvements « black lives matter » « Les vies des noirs comptent aussi ».
En France, malgré Aulnay, Black lives matter, et même N’importe qui lives matter. Les vies de n’importe qui, comptent !
Décidément nous n’avons pas les mêmes valeurs que les américains. Et c’est tant mieux.
Nous vivons une e-poque formidable !

Policiers en colère, Sacrifice de poulets.

–>

Le 18 mai dernier, en plein coeur de Paris, la police agressée
« La ville est quadrillée, les rues sont barrées
Les magasins pillés, les lascars chirés
Moi j’ai toutes les caractéristiques du mauvais ethnique
Antipathique, sadique, allergique aux flics
Même dans la foule je porte la cagoule
Les plus jeunes m’écoutent dans l’école de la rue, je suis leur prof
Premier cours : lancer de cocktails Molotov (…)
Pas de paix sans que Babylone paie, est-ce que tu le sais? Sacrifions le poulet!» On a l’impression que ces textes ont été écrits le 8 octobre dernier quand des individus cagoulés ont incendié des véhicules de police donnant vraiment l’impression de vouloir bruler vif les deux policiers qui étaient à l’intérieur. Ou le 18 mai dernier, quand des manifestants contre les « violences policières » ont voulu faire la même chose Canal Saint-Martin, en plein cœur de Paris. Car cette violence n’est pas réservée aux cités, ni le seul fait de jeunes « issus de l’immigration » comme le disent certaines, à voix de plus en plus haute.
« Sacrifice de poulets », c’était il y a 20 ans … déjà ! L’époque de Ministère A.M.E.R : « Nique la Police », « Brigitte femmes de flics », l’époque de « La Haine » de Mathieu Kassovitz . A l‘époque, Stomy Bugsy déclarait: “On dit dans notre disque qu’il faut aller brûler un commissariat et sacrifier du poulet. Quoi de plus normal?”. Plainte du Ministère de l’Intérieur, amende de 250 000 Francs.
Aujourd’hui Stomy Bugsy, Passi, DJ Ghetch ont fait des carrières en solo, leurs punchlines sont plus soft, plus « prose-combat ». Quand ils remontent ensemble sur scène 20 ans après, c’est à l’Olympia. Pour leur promo c’est Cyril Hanouna. Kenzy, l’ancien porte-parole du groupe est un producteur, un businessman, astucieux et successfull. Joey Starr, l’ancien bad boy de NTM (Nique ta mère) est devenu acteur, nominé aux Césars. Quand on le voit dans « Polisse » de Maïwenn, on a envie de pleurer sur la police, pas de cracher sur la police.
Plus intégrés, ces anciens révoltés, on ne fait pas, et c’est tant mieux.
Faudra-t-il un drame, une bavure dans un sens ou dans l’autre – combien de morts – pour que nous réalisions que rien ne vaut une vie, rien ne justifie la mise en danger d’autrui, pour qu’on arrête de jouer avec les mots, avec les maux. Pour que certains arrêtent de jeter de l’huile sur le feu en chantant « Tout le monde déteste la police ». Quelque soient ses inégalités, ses injustices, notre pays n’est ni Gaza, ni Alep, ni les Etats-Unis et c’est tant mieux, et ceux qui prétendent cela n’ont qu’à aller y faire un tour pour voir vraiment ce que sont la guerre et la violence. Quelque soient ses imperfections, notre Etat n’est ni plus pourri, ni plus corrompu qu’avant. Simplement nous exigeons plus de transparence, nous sommes au courant en temps réel du moindre dérapage, nous tolérons moins les abus, et c’est très bien ainsi.
En 20 ans, nous avons dû rater quelque chose. Par exemple dans l’éducation, dans la transmission des valeurs de respect, de tolérance, d’égalité, de fraternité, de liberté. Tout se joue avant 6 ans, dit-on souvent depuis la pédo-psychiatre Françoise Dolto. Nous cherchons quoi faire, voilà une piste. Fonçons plutôt qu’à rester là, horrifiés par tant de violences aveugles, en nous croisant les doigts pour que le prochain attentat ne… mais chut ! Par superstition, y penser toujours, en parler jamais.
Et puis, il nous reste au moins une arme, non létale, mais très efficace: Le bulletin de vote.
Nous vivons une e-poque formidable.

© 2025 BLOGODO

Theme by Anders NorenUp ↑