Ce soir, on vote la jeunesse contre la vieille dame.
C’est l’affiche du jour, le match, la rencontre, le choc ! Le sélectionné surprise contre la vieille dame.
Monaco – Juventus ( Turin étant surnommée la vieille dame… Bien sûr).
Parce que en ce qui concerne l’autre rencontre, celle, électorale, qui devrait durer 2 heures et demi, pas sûr qu’on y voit du beau jeu. Cette campagne présidentielle n’est que haine, ragots, rumeurs et fake news. …
Bien sûr, on jettera un coup d’œil de temps en temps, on regardera son tweeter, ou son mur Facebook. Il y aura les replays. Et puis les commentateurs se chargeront de commenter, pendant des heures. C’est fou ce que l’on peut avoir à dire pour occuper l’espace-temps du tout info. Et puis d’autres commentateurs commenteront ce que les premiers commentateurs auront commenté. C’est le carrousel infernal de cette campagne où depuis des mois le ban ( pas le banc …LOL!) et l’arrière-ban de nos hommes/femmes politiques défilent à longueur d’antenne. On en découvre des tas. Et, comme au nom de l’égalité du temps de parole, c’est moitié pour Macron, moitié pour Le Pen, on nous inflige des intervenants qui sont – comment dire ? consternants ? effrayants ? saoulants ? –
Interrogé du temps de 7 sur 7 par Anne Sinclair au sujet de sa prévention à l’égard des medias et de la télé, le réalisateur Jean-Luc Godard, expliquait à peu près ce qui suit : Lorsque vous parlez de Hitler et de l’holocauste, vous donnez 3 minutes de temps de parole à Hitler et 3 minutes aux juifs…
Attention, bien sûr, l’extrême droite française n’a rien à voir avec Hitler, elle n’a pas de moustache par exemple. Mais cet exemple pris par Godard – certes le bobo, l’intello type, en plus un peu suisse, mais génial quand même – a de quoi faire réfléchir ?
Donc ce soir, ce sera Monaco-Juve. Et en matière de punchlines, celles de Kylian Mbappé.
Pour le reste, la partie, celle qui engage notre avenir, se jouera dans les urnes, Dimanche.
Et dans le fond, nous savons bien ce qu’il nous faudra faire. Non ?
La France va mal, la politique va mal, les medias vont mal. La preuve : La re-re-re-diffusion de la Grande Vadrouille. Et une nouvelle fois Bourvil et De Funès ont battu des records d’audience. Plus forts que Fast and Furious qui pourtant en matière de muscles et de grosses cylindrées écrasent tout le monde…
Pour beaucoup d’entre nous, c’était la xième fois qu’on voyait ce film. On se dit: Allez juste 5 mn. Et puis on regarde jusqu’à la fin, et on rigole aux mêmes blagues, aux mêmes répliques.
Il faut dire que la Grande Vadrouille, ça fait du bien.
Bien sûr, c’est la défaite, l’occupation. Mais la France y est belle, sans hyper ni cité. Une France comme sur une affiche électorale de François Mitterrand, un petit village serré autour de son église. Et puis les allemands n’y sont pas ceux d‘aujourd’hui, ceux de Merkel, tellement agaçants parce qu’ils font tout bien, tout leur réussit. Même leur démocratie. Ras-le-bol de toujours nous les citer en exemple : « Les allemands eux engrangent des excédents commerciaux » « Les allemands eux ont réduit leur déficit budgétaire » « Les allemands eux pratiquent le consensus »
Au moins dans la Grande Vadrouille, nous prenons notre revanche, et en plus gentiment. A coups de citrouille ou pots de peinture contre la Wehrmacht. Les allemands y sont à leur place. Ridicules plus que méchants.
Et nous, bien sûr on s’engueule, on n’est pas des héros, mais in fine on fait le bon choix, le riche allié à l’ouvrier, même si c’est pour lui monter sur les épaules.
Et tout ce petit monde de se réconcilier autour de la France éternelle qui ne ment pas, celle de nos grands vins que le monde entier nous envie, anglais et allemands en tête.
A consommer avec modération.
Sauf que si Dimanche soir nous avons la gueule de bois, cela risque de ne pas être par excès de boisson.
Plus que 20 jours jusqu’aux élections. Quel supplice ! Le printemps affiche des températures d’été et pourtant nous sommes en plein brouillard. Qui seront les deux « heureux » élus qualifiés pour le second tour ? Les unes et les autres s’y voient déjà. Certains font appel aux comparaisons sportives, promettant une remontada et annonçant des votes cachés. D’autres comptent sur l’arbitrage vidéo et le ou les débats télévisés. A 11… Ça va pas nous aider à y voir plus clair.
Le suspens est donc insoutenable, d’autant plus que les problèmes eux paraissent s’accumuler.
Prenez la Guyane. Qui pouvait penser que cinquante ans d’incuries pourraient être amendés par 50 heures de discussions ? Donc les ministres rentrent à Paris – il faut bien qu’ils préparent leurs cartons de déménagement – et sur place c’est toujours la grève générale. Mais pas sûr que les prochains jours soient aussi fraternels et pacifiques que ces dernières semaines. Et puis qui à Paris a aujourd’hui la légitimité et la durée nécessaires pour décider quoi que ce soit de sérieux donc de couteux pour la Guyane ?
C’est la même chose avec les prisons. Qui à force d’être au bord de l’implosion, vont bien finir par exploser. Et puis il y a le terrorisme. Pourvu que nous soyons bien gardés. Il y a la création d’emplois. Baisse ou pas des charges ? Et quid de la fiscalité ? Et de nos retraites ? Et de l’assurance-maladie ? Et de l’hôpital public ? Et des prothèses dentaires ?
Et les canards du sud-ouest ? Et les fraises espagnoles. ? Et l’Europe dans tout ça ?
3 semaines encore à attendre. Puis voter une deuxième fois 15 jours après. Puis à nouveau voter deux fois pour les législatives. Et quand on pense que certain/e/s voudraient qu’en plus on revote pour des référendums.
Nous sommes bloqués jusqu’à la mi-juin. Ensuite les congés-payés partiront en congés.
Nous serions des ours en hiver, on appellerait cela hibernation. Ce printemps, en France, on appelle ça élections. Avec un réveil en septembre.
Inviter Christine Angot débattre avec François Fillon: Quelle drôle d’idée. C’est comme si les journalistes n’avaient plus confiance dans leur métier, ne savaient plus très bien en quoi consistait leur boulot. C’est l’effet « On n’est pas couché ». « Touche pas à mon poste » où même « Quotidien ». Le mélange des genres. L’obsession de l’audience qui ne pourrait être obtenue qu’en rajoutant un doigt de déconne. On parle Brexit ou Euro en versant des nouilles dans le slip.
C’est la confusion entre l’animateur qui anime, passe les plats entre ses chroniqueurs et ses invités et le journaliste qui avec ses confrères pose des questions travaillées, étayées, qui mettent en perspective.
Cela n’a pas toujours été le cas.
On peut rechercher dans les archives de l’INA, et revoir L’heure de Vérité de Henri de Virieu ou 7 sur 7 , dans sa première formule, avec le trio Erik Gilbert, Frédéric Boulay et Jean-Louis Burgat. Et l’on se dit que ce sont les bons journalistes qui font les bonnes émissions politiques. Et à la même époque, il y avait aussi le Petit rapporteur, où l’on a vu le Premier Ministre Raymond Barre chanter «A la pêche aux moules, moules, moules» ou des émissions de débats comme « Droit de réponse ». En comparaison de l’agitateur cultivé et talentueux qu’était Michel Polac, Hanouna fait petit bras.
La dérive ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu le « Et sucer c’est tromper » question posée par Ardisson à un Michel Rocard, consterné. Il y a eu les gants de boxe sortis pour souligner l’affrontement Le Pen –Tapie, en plein 20 heures.
Il y eu le coup de gueule d’un Balavoine face à François Mitterrand. Et c’est là où l’on mesure le fossé qui sépare un Balavoine dans lequel une grande partie des jeunes des années 80 se retrouvait et Christine Angot en laquelle…
Et c’est là où l’on se demande , mais où sont passés les journalistes ? Les directeurs d’information ? Les Président de chaine ? Car ce sont eux in fine qui prennent la responsabilité de mettre ainsi en scène, pardon en caricature, la démocratie.
Après le premier débat télévisé des présidentielles, nous nous sommes retrouvés dans un état second, ( de second tour ? ).
D’abord nous avons été 10 millions pour suivre ce débat. Et 10 millions ce n’est pas rien. C’est même un record. Et qui disait que nous étions des limaces qui ne nous intéressions pas à la politique ? On s’y intéresse mais encore faudrait-il qu’elle en vaille le coup, qu’elle s’écrive Politique, avec un grand P quand notre avenir est jeu. Et là, il l’est. Et ce n’est pas un jeu.
De ces 3 heures et demi de débat ( moins les assoupissements) nous sommes ressortis confortés dans nos choix. En tout cas pour ceux qui – qu’il pleuve, qu’il vente – ont déjà fait leur choix. Pour les autres, eh ! bien chacun(e) a été comme ce qu’on attendait, mais en vrai, en grand sur le petit écran.
Mélenchon ? Quel tribun ! On croirait Jaurès ( j’ai pas connu, mais on m’a dit), Malraux ( j’ai pas connu mais on m’a dit). Il pourrait nous promettre la lune, qu’importe, quel orateur !
Hamon ? : Un ange passe, les ailes chargées d’un certain ennui.
Fillon ? Droit dans ses bottes, mais il est vrai que l’on a aussi beaucoup regardé son costume, la coupe, le tissu…
Macron ? On annonçait qu’il se ferait enfoncer par les autres, parce que sans expérience, et puis non ! Et quand on tente de le mordre aux mollets, il sort les crocs.
Le Pen ? Marine était fidèle à elle-même. Mais pourquoi faire ? Au mieux elle va arriver en tête du premier tour et se fera battre au second. Au pire ( pour elle ) elle pourrait même se faire doubler par les deux en on : Macron, Fillon. Et là ce serait le début de la fin. On annonce une nuit des longs couteaux où son bras très droit, Philippot, serait sacrifié. On annonce une fin à la César où Brutus aurait le visage angéliquement blond de Marion. Mais la nièce pourrait-elle avoir un autre avenir que celui de sa tante ou de son grand-père ? C’est-à-dire représenter éternellement sans jamais accéder au pouvoir, le quart d’entre nousqui en ont marre, qui veulent renverser la table, qui crachent à la gueule de Bruxelles, de l’Europe , des autres, du voisin, des journalistes, du microcosme. Tous pourris, sauf ma mère et ma fille. Et encore !
Il faudrait peut-être leur proposer une porte de sortie : Les Kerguelen. C’est chouette les Kerguelen. Un petit bout de France dont il faut défendre l’identité au fin fond de l’Océan Indien sud. Et puis des pingouins et des manchots sur lesquels on peut régner. Et puis Kerguelen, ça rime avec Le Pen , non ?
Haïti vient enfin de voter pour des élections présidentielles qui auraient déjà dû se tenir il y a … des mois. Mais la violence, la corruption, les catastrophes, les divisions, un cyclone, rien n’a été épargné à ce pays de rien du tout qui vit toujours dans la mémoire de ses ancêtres. Il y a deux cents ans, les esclaves de Saint-Domingue, la plus riche colonie de toutes les colonies françaises ont eu l’arrogance de se soulever et dans un monde blanc, européen, dominé par le système esclavagiste de revendiquer“Liberté, égalité, Fraternité”. En cela les haïtiens sont nos frères en Révolution. Mais notre fraternité s’est arrêtée là. Et depuis, l’histoire d’Haïti semble n’avoir été qu’une suite de malheurs. Haïti pays maudit.
Mais ce n’est pas exact. Haïti n’est pas un pays maudit, mais d’abord un pays puni. Puni pour avoir été “la Première République noire”, pays mis au banc des nations pendant près d’un siècle pour avoir cru le premier que tous les hommes naissaient libres et égaux en droit, pas seulement les blancs, mais aussi les noirs.
Puni aussi, pour n’avoir jamais eu d’autre ambition que celle d’être libre, indépendant, désarmé, fragile donc ouvert à toutes les dominations, celle des américains bien sûr. “Si loin de Dieu , si près des Etats-Unis“. Celles des mafias de toutes sortes aujourd’hui.
Et pourtant du fond de l’abîme où ils semblent s’enfoncer chaque année un peu plus, les haïtiens trouvent encore la force de rebondir, de créer, de composer.
Même si cela ne nourrit pas son homme, il semble que depuis l’indépendance en 1804, Haïti soit habitée par une incroyable flamme créatrice. Dans les années 1940, Port-au-Prince la capitale recevait les plus grands écrivains, les plus grands intellectuels, de grands romanciers y étaient publiés, ainsi que des journaux brillants, des revues de poésie. Même si cela a été dévoyé, détourné par des dictateurs sanguinaires et sans scrupule comme Duvalier, le peuple haïtien semble toujours habité par la conscience d’être les enfants des combattants de la Liberté, de l’indépendance,Toussaint, Dessalines. Ayiti, sé manman libeté. Haïti c’est la mère de la Liberté. Ça paraît bête et pourtant cela semble lui donner une force stupéfiante .
Que ce soit en créole ou en français – et bravo à l’Académie française d’avoir accueilli enfin Dany Laferrière,d’origine haïtienne – le sens de la poésie, le goût pour la belle langue des haïtiens est bluffant.
En musique il y a bien sûr les grosses machines du kompa haïtien et de ses variantes américanisées. Mais il existe aussi toute une tradition de troubadours, de petits musiciens poètes, crèves la faim , traines guenilles qui avec une guitare, ou un banjo ou un mannouba – quelques lamelles de métal fixées sur une caisse – reprennent , inventent des aubades d’une grande poésie, parfois pleines d’humour et de malice, parfois “coquines”, le plus souvent triste ou plutôt emplies de “saudade”, de la nostalgie de temps heureux ou de paradis perdus. A l’image d’un Ti-Paris, dont le seul notice sur Wikipedia dit “Achile Paris Ti Paris est musicien, auteur, compositeur, troubadour. Il est né à Jacmel en 1933 et y est mort en 1979.” A 48 ans, de pauvreté, dans l’indifférence générale.
Et de génération en génération, ce goût pour la poésie, cette créativité qui touche d’ailleurs tous les domaines, se transmet. Et même si on le sait, chaque nouvelle découverte est toujours aussi émouvante. Et qui est sans doute lié à cette aspiration pour la justice et liberté qui semble chevillé au corps des haïtiens envers et contre tout . Et qui vient encore de se manifester ces derniers jours avec le déroulement dans le calme, mais dans des conditions matérielles dramatiques, d’élections présidentielles repoussées depuis un an. Au milieu des ruines laissées par le dernier cyclone, le dernier tremblement de terre, dans la boue, la poussière, les fatras, les ordures, la corruption, le choléra, la violence, croire encore à la démocratie et aux élections, bravo !
Et résonne la musique d’un BélO et des ses amis, qui tracent leur route depuis quelques années et qui chante Wozo: Roseau. “Ayiti tu es manman Libété. Nous sommes des roseaux, nous plions, mais ne rompons-pas! Quelle incroyable confiance en l’avenir! Nous vivons une e-poque formidable.
Le secret de Fillon: Il aurait imploré Sainte Rita ?
C’est plié. C’est mathématique: Fillon a une telle avance à la suite du premier tour des primaires (de la droite et du centre) qu’il pourrait sans doute aller à la pêche (à la chasse) et l’emporter au second tour. Donc être le candidat de la droite, donc être le futur Président de la République. Il y a un signe qui ne trompe pas: Fillon est l’invité du 20 h de TF1, quand Juppé devra se contenter de la matinale d’Europe 1.
Alors pourquoi attendre 6 mois pour qu’il prenne ses fonctions, qu’il se mette au travail, pour qu’il fasse tous les changements qu’il a annoncés. « Le changement c’est maintenant »: Non, ça c’était François Hollande. La référence à l’autre François n’est peut-être pas très heureuse, sauf à souligner que son quinquennat est plié, transformé en quadrennat.
Pourquoi dépenser tant d’argent, pourquoi nous obliger à aller voter encore 5 fois (deuxième tour des Primaires, deux tours des Présidentielles, deux tours des législatives) alors que c’est plié ?
A quoi vont rimer les primaires de la gauche ? Une bataille d’egos ? Et pour quoi faire ? Choisir le perdant ?
A quoi rime encore la candidature Macron ? Flingué en plein envol, Emmanuel aurait mieux fait d’écouter les conseils de son ancien mentor Jacques Attali, qui dit de lui qu’il a un tel ego, une telle ambition, que ça le fait aller trop vite. Notre vie politique est pleine d’hommes pressés, trop pressés qui ont raté leur rendez-vous avec les français.
Quant à Marine Le Pen. Franchement ne pourrait-elle pas économiser son argent et le nôtre – les frais de campagne étant en grande partie remboursés aux candidats et aux partis – ? Pour elle aussi c’est plié : Le presque élu Fillon séduit les plus conservateurs (A deux doigts d’annuler le mariage pour tous, mais comme ce n’est pas faisable, non, il ne le fera pas) mais sans les outrances d’extrême-droite, ni les dérapages « double ration de frites » d’un Sarkozy.
Quand on pense qu’il y a un mois François Fillon était à deux doigts d’abandonner, de passer à côté de son destin présidentiel. C’est fou quand même la vie! A croire qu’il a imploré Sainte Rita – vous savez, la patronne des causes désespérées. Et cela pourrait donc redonner de l’espoir à beaucoup et pas seulement aux chômeurs en fin de droits. Mais à des Hollande, par exemple. Ou à des Valls. Vous imaginez : Démarrer à 10 % aujourd’hui et battre Fillon en Mai au second tour ? Après ces incroyables primaires, qui peut jurer que ce serait impossible ? Pas les instituts de sondage ou les experts analystes politiques qui font le miel des medias. Après leurs récents déboires, ils vont sans doute la mettre en sourdine quelque temps.
Rien ne vaut donc une vraie campagne électorale, un vrai vote. Malgré la numérisation, les sondages, les études d’opinion, les modèles mathématiques de simulation de comportements des électeurs, nous restons libres, in fine, de nos choix. On appelle cela la démocratie. Un système qui n’est pas parfait, mais pas si mal que ça en définitive.
7 candidats et au-dessus 2000 milliards de galaxies
15 minutes de temps de parole pour 120 minutes d’émission. Le pari semblait un peu fou, mais ils ont tous réussi. Tous sauf un, Nicolas Sarkozy, ce qui n’étonnera personne. Mais ce n’est pas très grave. Il fallait bien une exception pour confirmer la règle. Et puis cela n’a rien changé au résultat conforme disent les sondages à l’ordre de départ, et sans doute à ce que sera le résultat final des primaires.
C’est dingue ce qu’on arrive à faire faire aux hommes et femmes politiques d’aujourd’hui. Alors qu’ils étaient habitués à nous saouler avec des discours fleuves, ils se sont tous mis au tweet, à la petite phrase, à concentrer leur pensée en 140 signes. Et faire court c’est infiniment plus difficile que de se laisser aller à la logorrhée. (Pour les incultes – LOL!- : Logorrhée ? Diarrhée verbale).
Evidemment, à la longue, formater son discours en 140 signes, 15 secondes, exposer son programme sous forme de QCM, être soumis à des questions auxquelles on vous impose de ne répondre que par oui ou non, ou en 3 mots, cela finit par influencer votre pensée. Aussi au final, on n’aura pas appris grand chose. Mais était-ce le but de cette émission plus saucissonnée qu’une Kim Kardashian, par ses agresseurs à Paris ( Là aussi, LOL !
Saucissonnée, l’émission était donc rythmée: Est-ce pour cela qu’elle a attiré plus de 5 millions 600 000 téléspectateurs ?Ce succès n’a pas empêché de s’assoupir un peu, beaucoup … En fait, dans le fond, on a envie de passer au plus vite aux choses sérieuses, au vrai vote. Pour cette Présidence-là, on sait bien que tout est fini. Ah ! Si on pouvait se réveiller en mai 2017 pour savoir si oui ou non notre pays pourra se remettre en marche (N’y voyez aucune allusion à Macron re-LOL !).
120 minutes un peu vides, 7 candidats, 7 étoiles pas vraiment brillantes, et brusquement une alerte info: L’univers compte 10 fois plus de galaxies que ce que l’on pensait. Et là ça réveille et on est pris de vertige. Non pas devant le vide du débat et des idées et des candidats mais devant ce vide qui entoure notre planète et qui est beaucoup moins vide que ce que l’on croyait. 2000 milliards de galaxies, déjà qu’on a de la peine à imaginer ce qu’est une galaxie, 2000 milliards… cela remet nos problèmes à leurs justes proportions, notre pays à sa juste place et avec tout ce qu’il reste à découvrir dans l’univers, nous pouvons nous dire que décidément :
Déjà en 1985 : Kurt Waldheim, Président de l’Autriche. Ici en 1943, deuxième à partir de la gauche, avec des responsables SS.
Si l’extrême-droite remporte la présidentielle en Autriche, ce sera une bien mauvaise nouvelle. Pour l’Autriche. Et pour le reste de l’Europe aussi. Mais ce ne sera pas une surprise. Malheureusement.
On refait le film ?
Au cœur de l’Europe, il existe un petit pays heureux, où le niveau de vie est un des plus élevés – 30 % de plus que la moyenne européenne -, où le taux de chômage est au plus bas. Un drôle de petit pays qui présente deux visages, les deux côtés d’une même médaille. A l’Est, une grosse capitale, Vienne, dont on aurait coupé les ailes en 1918, en la privant de son empire, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovénie, un empire qui commençait presqu’au bout de la rue, la frontière commençant à 30 kilomètres à peine de Vienne, une ville où tout est fait pour nous rappeler cette époque heureuse, où des hommes élégants s’arrêtaient pour faire le baisemain aux belles dames « Küss die Hand, gnädige Frau » , « Je vous baise la main chère dame ! » cette époque glorieuse où entre Hofburg et Schönbrunn, entre Opéra et Hôtel Sacher, on s’attend à voir débouler Sissi impératrice. A l’Ouest, c’est une sorte de prolongement de la Suisse alémanique, au pied des Alpes enneigées, des vallées, des alpages, où là c’est plutôt Heidi et ses nattes blondes que l’on s’attend à voir gambader au milieu de vaches grasses et propres, dans des prairies bien vertes, où les maisons sont de vastes chalets, géranium aux balcons, peintures d’époque avec sur les façades, des dictons pleins de bonne grosse sagesse populaire, genre : « Morgen Stund’ hat Gold im Mund’ » en gros : « Les heures du matin sont les plus productives ». Le dimanche à la sortie de la messe, autour de la petite église baroque, les hommes défilent en loden, culottes de peau, et chapeaux à « Ganzbart », chantent en « iodlant », applaudis par les femmes habillées en dirndle, robe et corsages qui sont une sorte d’ancêtres des « wonderbras » mais en dentelles. On y est gentiment antisémite, mais depuis toujours, à la catholique d’autrefois. Dans les années 70, cela a été un choc pour les anciens, quand à la suite du concile Vatican 2, l’Eglise a demandé que l’on arrête de dire que les juifs étaient les assassins du Christ, mais des frères dans la foi en un Dieu unique. Ainsi, il avait bien fallu une vingtaine d’années à l’évêque d’Innsbruck pour supprimer le pèlerinage millénairede la Judenstein, la Pierre aux Juifs, où dans une petite chapelle près de Rinn, tous les deux ans, on faisait défiler dans une cloche en verre, le squelette du petit Andreas. Selon la tradition, il aurait été égorgé par de vilains marchands juifs qui l’auraient enlevé pour utiliser son sang dans une de leurs cérémonies, car, c’est bien connu, les juifs utilisent le sang des petits enfants pour leur sabbat. Ambiance.
C’est dans ces provinces, bien propres que se déroule une partie des romans de Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature en 2004 : « La Pianiste » (dont a été tiré un film multi récompense à Cannes, avec Isabelle Huppert), « les Enfants de la mort », ou Lust (Plaisir en allemand) qui se déroule en Styrie cette province du Sud-Est de l’Autriche où l’extrême-droite a obtenu 26 % des suffrages aux dernières élections. Dans toute son œuvre, comme d’ailleurs dans celles de beaucoup d’intellectuels autrichiens, on retrouve cette dénonciation tourmentée, brutale de l’hypocrisie et du conformisme de la société autrichienne. Une société qui cache de nombreux squelettes dans ses placards, comme notamment un passé nazi jamais assumé. Et qui est brutalement remonté à la surface au moment de l’affaire Waldheim en 1985.
Candidat à la Présidenceautrichienne – déjà une élection présidentielle ! – Kurt Waldheim avait été mis en cause pour avoir caché son passé pendant la seconde guerre mondiale. Sans avoir été SS, il avait été officier de la Wehrmacht, affecté dans des régions des Balkans où de nombreux massacres avaient été commis, qu’il n’avait pu, au mieux, ignorer… Sa défense : « J’ai la conscience tranquille », ou encore « Je n’ai fait que mon devoir » avait beaucoup choqué dans le monde surtout quand furent publiées des photos où on le voyait en grand uniforme, en compagnie de responsables SS. Mais une majorité d’autrichiens, se retrouvèrent dans le parcours de Waldheim. Seulement “Mitläufer”, nous n’avons fait que suivre…Beaucoup jusqu’à Bruno Kreisky, l’ancien chancelier socialiste, d’origine juive, dénoncèrent le « complot de l’étranger ». Et Waldheim fur triomphalement élu.
Un couvercle venait de sauter. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Autriche avait fait preuve d’une incroyable amnésie au sujet de son passé nazi. Avec la bénédiction des alliés occidentaux. Car par peur de l’expansion soviétique – en 1945, l’Autriche avait été partagée comme l’Allemagne en 4 – les alliés occidentaux, américains, britanniques, français décrétèrent que l’Autriche était la première victime du nazisme, l’Autriche ayant été annexée par Hitler en1938. Du coup, les autrichiens n’étaient plus ni des bourreaux, ni des criminels de guerre, ils n’étaient plus des collaborateurs, mais des victimes. Une fiction, puisque l’on sait que beaucoup de postes dans les camps de concentration furent occupés par des autrichiens, puisque l’on sait que les pogroms anti-juifs furent plus violents en Autriche, à Vienne qu’en Allemagne. Une amnésie bien pratique pour une classe politique, socialistes comme conservateurs, se partageant le pouvoir, les postes de fonctionnaires, par un système de « proporz » de proportionnelle encourageant le clientélisme. Tous fermèrent les yeux sur le passé de nombreux adhérents du petit parti libéral, le FPÖ, qui n’a de libéral que le nom, et qui servit de machine à blanchir et à recycler de nombreux anciens nazis.C’est ce parti auquel appartient Norbert Hofer, le probable futur nouveau Président.
Quelque soit la conjoncture actuelle, avec la question des migrants où l’Autriche est en première ligne ou bien les inquiétudes concernant la dégradation relative de la situation économique, c’est sur ce terreau que s’est développée l’extrême-droite autrichienne.
Connaître l’Histoire, l’assumer y compris avec ses zones d’ombre, pour ne pas reproduire les erreurs du passé, l’Autriche s’y est mis trop tard. Un problème que l’on retrouve dans toute l’Europe centrale et de l’Est, Hongrie, Pologne, qui sont en train de se refermer sur leurs égoïsmes nationaux. Que l’on retrouve chez nous aussi ?