Il y a des choses qui doivent nous échapper. Des raisons qui nous passent au-dessus de la tête, à nous le public. Des logiques qui ne nous sont pas compréhensibles à nous journalistes. David Pujadas présentait le 20 heures depuis 16 ans. Ça faisait donc un bail. Donc le changement pourquoi pas.
Mais pour quelles raisons ? Avec quels objectifs ? Pas en raison de ses résultats. Car, qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, force est de constater qu’il avait hissé le JT de France 2 à la hauteur de celui de TF1. Alors bien sûr, un présentateur n’est qu’un porte-drapeau, l’arbre qui cache la forêt d’une rédaction. C’est un travail d’équipe, réalisateurs, monteurs, techniciens, chefs d’édition, scripts, journalistes bien sûr, et beaucoup d’autres qui apparemment avaient fait du bon travail. Avec lui. Et quand on connaît certain(e)s d’entre eux, journalistes de qualité, reporters incontestables, qu’on lit et que l’on écoute leurs réactions, non pas au départ mais à l’éviction, brutale, de Pujadas, on est en droit de se poser des questions. Et puis, c’est vrai, le « timing » est curieux, juste après l’élection d’un nouveau Président, la nomination d’un nouveau gouvernement. Cela donne l’impression que l’on veut donner des garanties au pouvoir. Comme si celui-ci l’avait réclamé. Ce que l’on ne peut pas croire. Ce que l’on ne veut pas croire.
Il reste alors des questions sur le management, la gestion des ressources humaines, les RH, la RSE de la plus grande entreprise de medias en France. Espérons que Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du Travail, qui sait avec son expérience notamment comme DRH chez Danone, ce que ces domaines veulent dire, saura donner quelques conseils en ce qui concerne le respect des individus.
Inviter Christine Angot débattre avec François Fillon: Quelle drôle d’idée. C’est comme si les journalistes n’avaient plus confiance dans leur métier, ne savaient plus très bien en quoi consistait leur boulot. C’est l’effet « On n’est pas couché ». « Touche pas à mon poste » où même « Quotidien ». Le mélange des genres. L’obsession de l’audience qui ne pourrait être obtenue qu’en rajoutant un doigt de déconne. On parle Brexit ou Euro en versant des nouilles dans le slip.
C’est la confusion entre l’animateur qui anime, passe les plats entre ses chroniqueurs et ses invités et le journaliste qui avec ses confrères pose des questions travaillées, étayées, qui mettent en perspective.
Cela n’a pas toujours été le cas.
On peut rechercher dans les archives de l’INA, et revoir L’heure de Vérité de Henri de Virieu ou 7 sur 7 , dans sa première formule, avec le trio Erik Gilbert, Frédéric Boulay et Jean-Louis Burgat. Et l’on se dit que ce sont les bons journalistes qui font les bonnes émissions politiques. Et à la même époque, il y avait aussi le Petit rapporteur, où l’on a vu le Premier Ministre Raymond Barre chanter «A la pêche aux moules, moules, moules» ou des émissions de débats comme « Droit de réponse ». En comparaison de l’agitateur cultivé et talentueux qu’était Michel Polac, Hanouna fait petit bras.
La dérive ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu le « Et sucer c’est tromper » question posée par Ardisson à un Michel Rocard, consterné. Il y a eu les gants de boxe sortis pour souligner l’affrontement Le Pen –Tapie, en plein 20 heures.
Il y eu le coup de gueule d’un Balavoine face à François Mitterrand. Et c’est là où l’on mesure le fossé qui sépare un Balavoine dans lequel une grande partie des jeunes des années 80 se retrouvait et Christine Angot en laquelle…
Et c’est là où l’on se demande , mais où sont passés les journalistes ? Les directeurs d’information ? Les Président de chaine ? Car ce sont eux in fine qui prennent la responsabilité de mettre ainsi en scène, pardon en caricature, la démocratie.
Katy Perry annonçant la Révolution et soutenant Clinton: Très efficace!
Quelle angoisse ! Quel suspens insoutenable! Aucune nouvelle depuis plus d’un mois. Pire que l’attente des scientifiques européens guettant un signal venu de Philae posée sur la comète Tchouri à 700 millions de kilomètres de la terre.
Pas le moindre signe de vie, de e-vie en provenance de l’incroyable famille Kardashian. Le silence des réseaux sociaux de Kim Kardashian est assourdissant. Ou du moins était, car grande nouvelle, il paraît qu’elle va se remettre à émettre.
Bien sûr, pendant cette attente insupportable, la Terre a continué à tourner, les élections à élire, les primaires à choisir. D’ailleurs il a été possible de se rabattre sur d’autres people et de suivre par exemple les tweets de Justin Bieber – 22 ans, 3 MTV Music Awards il y a quelques jours, détestable avec ses fans qui pourtant sont toujours plus nombreux à l’aimer – Aux dernières nouvelles 78 millions « l’aiment », bien plus que Donald Trump aux dernières élections.
Ou alors – comme quoi les « people » du web font aussi de la politique – s’enflammer avec Katy Perry, qui si elle était latino, pourrait être comparée à Che Guevara. Pour marquer son opposition au nouveau Président élu américain, savez-vous ce qu’elle osé faire? Elle a repoussé la sortie de son dernier album. Afin d’y inclure de nouvelles chansons appelant à la Révolution. Tremble, Donald Trump, tremble ! car comme le tweete Katy Perry le 9 novembre dernier « The revolution is coming ». Besancenot et Mélenchon en ont fait des rêves (humides). Et à coup sûr Emmanuel Macron va la faire venir dans un de ses prochains meetings. Non, ça c’est un fake. Elle n’est pas si « successfull » que ça Katy Perry, en tout cas beaucoup moins que “la moins de 30 ans la mieux payée au monde“, et qui est, selon le dernier classement « Forbes », Taylor Swift, sa grande rivale avec laquelle elle se «clash », par réseaux interposées: 170 millions de dollars l’an dernier, loin devant Lionel Messi et …Emmanuel Macron. Non, là c’est encore du mauvais esprit. Comme tout le monde le sait, ce dernier est anti système et quand il faisait de l’argent comme banquier, c’était par millions par an, pas par centaines de millions.
Comment Trump a-t-il donc pu gagner en ayant contre lui une telle passionaria? Là-aussi il faut suivre les people: Ainsi, on a appris sur Twitter – à moins que ce ne soit dans Le Monde, ou sur France Culture – que Kanyee West soutenait Donald Trump. Et là on comprend mieux sa victoire. Car West, c’est du lourd, et on ne parle pas de muscles, même si côté gonflette le rappeur est évidemment survitaminé, on ne parle pas non plus de son ego – Après s’être pris pour Yeesus- Jésus, West se prend maintenant pour Saint Pablo (comme Picasso) – , on ne parle pas non plus de son talent de rappeur aux punchlines de plus en plus intellos, ni de ses incontestables talents de businessman, non ! Kanyee West et sa femme Kim Kardashian, sont aussi, surtout, des «prescripteurs de tendances ».
Voilà ce que n’ont pas compris nos Lemaire, nos NKM ! Voilà ce qu’ont ignoré les Pujadas et autres Elkabbach. D’ailleurs, c’est sûr ces deux-là ne sont même pas abonnés au Twitter ou à l’Instagram de @KimKardashianWest. Et ils ont tort car ce qui aurait fait toute ladifférence pour booster lesdébats un peu ennuyeux des primaires de la droite, ce n’était pas des questions de bobos ou de SciencesPoseux., ni des questions sur le prix du pain au chocolat, ou encore sur Takkieidine. Non, il aurait fallu poser les vraies questions, celles du vrai peuple en colère, celles que nous nous posons tous les matins en lisant les fils d’actu de nos réseauxsociaux: Comment va Kim Kardashian ? Que pense-t-elle du programmede François Fillon ? A-t-elle la pêche comme Alain Juppé ? Que pense-t-elle de la dispute entre Katy Perry et Taylor Swift ? Reviendra-t-elle à Paris malgré son agression le 2 octobre dernier ? Sera-t-elle présente à la prochaine Fashion week. Notre industrie du luxe peut-elle compter sur elle ?
Alors que Kim Kardashian soit sur le point de se remettre à poster sur Instagram et Twitter, c’est ça l’info de la semaine !