Le blog de Pierre M. Thivolet, journaliste

Catégorie : Salvini

Italie-Salvini : Danser sur un volcan.

Castaner en vacances ? Non, Salvini, mais lui il est tellement génial ! 
Une de mes vieilles grandes tantes avait coutume de dire : « Nous dansons sur un volcan ». Elle n’était pas martiniquaise (Montagne Pelé 1902), mais elle avait connu deux guerres mondiales. Donc, en matière de catastrophes, elle savait de quoi elle parlait. 
L’expression « Nous dansons sur un volcan » aurait été inventée à l’occasion d’une visite officielle du roi de Naples à Paris en 1830. Et l’expression était bien trouvée puisque Naples danse littéralement sur un volcan. On sait que comme le big one en Californie, un jour le Vésuve se réveillera et ce sera alors une immense catastrophe.
En attendant, c’est la faillite de l’Italie qui nous menace. L’Italie est la deuxième puissance industrielle d’Europe, devant la France, mais elle n’a toujours pas retrouvé la croissance ni son niveau de revenu d’avant la crise de 2008. Et plus que jamais, sa fracture nord-sud s’accentue avec des régions comme la Lombardie, la Vénétie parmi les plus dynamiques d’Europe et le sud qui n’arrive pas à sortir du sous-développement.  
C’est un pays vieillissant, le plus vieux du monde avec le Japon, perdant 100 000 habitants par an. 
Et aujourd’hui, les italiens sont prêts à confier leur avenir à Matteo Salvini. Pour l’instant, seulement ministre de l’intérieur, mais bientôt sans doute Président du Conseil. Mais c’est aussi notre avenir qui est en jeu, lié étroitement à celui de l’Italie. 
Or Matteo Salvini n’a aucun principe, si ce n’est le pouvoir. Et si pour rester au pouvoir, il lui faut provoquer une sortie de l’Europe, il essaiera.
Un Italexit serait une autre paire de manche qu’un Brexit. Genre éruption du Vésuve. Notre avenir ressemblerait alors à Pompéi : Des ruines, superbes certes mais des ruines figées dans le passé. Un continent musée que viendront visiter des millions de touristes chinois et américains. 
Sortez vos bérets basques !

La ligne Paris-Rome coupée par une coulée de boue : Tout un symbole ?

Paris-Rome coupée par la boue : Et on est en 2019 !
La ligne de chemin de fer entre la France et l’Italie est coupée et pour plusieurs semaines. C’est un symbole. Mais un symbole de quoi ? 
Non de la relation détestable entre les gouvernements actuels en Italie et en France. Bien sûr entre Macron, Président, et Matteo Salvini, qui – rappelons-le- n’est pas ( encore ? ) Président , mais seulement ministre de l’intérieur – il y a plus que le Mont-Blanc qui les sépare. Un fossé, une faille idéologique. 
C’est triste parce que tout le monde aime les italiens – des frères latins ? 
C’est triste et inquiétant parce que la crise dans laquelle s’enfonce l’Italie ne pourra pas ne pas nous affecter : Baisse de sa population – c’est devenu le pays le plus « vieillissant » du monde – récession économique, fragilités bancaires. 
En fait Matteo Salvini est surtout une grande gueule : tragediante-comediante. Et quelque soient les futurs éclats de voix ( de voies ?), entre Paris et Rome, la ligne ne peut être coupée. C’est comme avec l’Allemagne, nous sommes liés. 
Si la coulée de boue qui a emporté la voie ferrée est un symbole, c’est bien celui de la nécessité d’ un renforcement de nos liens, et donc d’achever la construction du Lyon-Turin. 
Faut-il que la vallée de la Romanche, le col du Lautaret, la vallée de Chamonix soient encore plus asphyxiés pour que l’on accepte l’évidence : Le train et le fer-routage, charger les camions sur les trains, comme dans le tunnel sous la Manche, sont la bonne solution pour traverser les Alpes. C’est ce que font les suisses avec le tout nouveau tunnel du Gothard – lancé après le Lyon-Turin, il est en service depuis deux ans – et bientôt les autrichiens. Même Matteo Salvini est à fond pour, comme quoi… 

Au fait, le Stromboli est entré en éruption, violente. Ça aussi, c’est un symbole: Avec sa coalition bancale au pouvoir et son économie qui flanche, les italiens dansent sur un volcan…

Italie – France : È tornato l’Ambasciatore.

Le tweet de l’Ambassadeur de France de retour à Rome.
Comediantetragediante : Les relations orageuses entre la France et l’Italie, c’est vieux comme … les disputes entre Napoléon et le Pape Pie VII. Des négociations ponctuées de cris et de fausses ruptures, chacun in fine savait qu’il avait besoin de l’autre, et qu’il fallait arriver à un concordat. 
Entre la France et l’Italie c’est donc toujours la même histoire, avec côté italien un agacement certain de se sentir traité avec sympathie certes – qui n’aime pas l’Italie et la tentation de Venise ?– mais avec une pointe de condescendance :Notre petite sœur latine… et puis le pays des pizzaiolos(i ?) qui chantent « O sole mio » alors qu’on est la deuxième puissance industrielle d’Europe, et que le niveau de vie en Lombardie est aussi élevé qu’à Hambourg et Munich…
Donc l’ambassadeur de France est de retour, comme il vient de le twitter en italien et Emmanuel Macron invite à Paris le Président italien : embrassons-nous Folamour, tout est oublié. 
Sauf que, les problèmes sont toujours là, et ils sont d’abord côté italien, d’abord du côté de cette coalition improbable entre l’extrême-droite de la Ligue et les anarchistes du mouvement 5 étoiles. C’est l’alliance entre le scorpion et la grenouille. Vous savez cette histoire où le scorpion persuade une grenouille de le prendre sur son dos pour traverser une rivière. Le scorpion finit par piquer la grenouille, les deux coulent et au moment de se noyer la grenouille demande : Pourquoi ? Et le scorpion de répondre : C’est dans ma nature. 
Matteo Salvini est le scorpion qui est train de tailler des croupières à son partenaire de coalition. En Mars dernier la Ligue n’a obtenu que 18 % des voix, aujourd’hui elle devrait en obtenir le double, au détriment du mouvement 5 étoiles. Son leader Luigi di Maio est donc obligé de faire dans la surenchère : La France et Macron sont des boucs émissaires bien pratiques. Et il sera intéressant de voir qui l’emportera dans le dossier brulant de la construction du TGV Lyon-Turin : La Ligue est pour (normal, elle représente les intérêts des industriels de l’Italie du nord) et le Mouvement 5 étoiles est contre ( normal, il est anti grand-travaux. Ainsi à Gênes, il ne croyait pas en la « fable » de l’effondrement du pont autoroutier Morandi et avait bloqué la construction d’une nouvelle autoroute pour contourner la ville …)
Combien de temps cela fonctionnera-t-il auprès des électeurs italiens ? 
Pour l’instant, l’extrême-droite mange son pain blanc en premier, en faisant de grandes démonstrations de force au sujet de l’immigration. Or, cela fait déjà quelque temps, avant son arrivée au pouvoir, qu’aucun migrant, ni immigrant n’avait envie de mettre les pieds en Italie. Pas très agréable d’entendre des cris de singe, voire pire, quand on est noir et qu’on joue au calciodans un stade italien.
Et puis surtout parce que l’économie se porte très mal. Elle est même entrée en récession. Le système bancaire est au bord de la crise de nerfs et la dette italienne pire que celle de la France. Les jeunes qualifiés s’en vont, faute d’emplois. 
Et ce n’est pas le « grand remplacement » ( sous-entendu des européens blancs et chrétiens remplacés par des arabes et des noirs musulmans) qui menace l’Italie. Ce sont les italiennes et les italiens eux-mêmes : Ils ne font plus d’enfants depuis longtemps. 
L’Italie est déjà le pays le plus vieux d’Europe, un des plus vieux du monde avec le Japon, chaque année sa population diminue, il y a de moins en moins d’actifs pour payer cotisations sociales et retraites. L’Italie est entrée dans un cercle vicieux : Comme il y a de moins en moins de jeunes, il y a de moins en moins de couples en âge de procréer. Et comme les italiens ne veulent pas d’immigration, il n’y aura bientôt plus personne pour chanter « O sole mio ».

Élections en Suède : Schack och pat ! Échec et pat !

La partie d’échecs mortelle du “Sceptième sceau”, d’Ingmar Bergman
Aux échecs, on appelle cette situation le « pat ». En suédois, schack och pat :  Echec et pat.
Même si l’un des joueurs a dominé la partie, le jeu est bloqué, aucun coup n’est encore possible, mais personne n’est « mat », il n’y a ni vaincu, ni vainqueur. 
En Suède, l’extrême-droite annonçait un raz-de marée historique. « Entre 20 et 30 %, je serai satisfait », claironnait son leader. Et un peu partout en Europe, de Salvini à Le Pen, on se préparait à emboucher les trompettes de la renommée. 
Caramba, encore raté. 
Même s’ils progressent les S.D, démocrates suédois, qui n’ont de démocrates que le nom, obtiendraient 17 %. Les démocrates, les vrais, respirent mieux. A gauche, au centre, à droite, ils ont répété qu’ils maintiendraient un cordon sanitaire. Un peu comme en France – pour l’instant – à l’égard du Front, pardon, du Rassemblement national. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y aura donc aucune alliance avec l’extrême-droite, et la Suède se retrouve donc … sans majorité. 
Là, elle démontre qu’elle n’est pas l’Italie. En Italie, le mouvement 5 étoiles, plutôt extrême-gauche, anar, écolo s’est allié avec les fascistes. 3 mois plus tard, il se fait manger la laine sur le dos par un Matteo Salvini, ministre de l’intérieur, tellement présent qu’on le croit Président, et qui la joue comme Trump, tweets et provocs à tous les étages, avec le même résultat, une majorité d’italiens adorent.
Mais si l’on y regarde de plus près, le résultat de l’extrême-droite en Suède n’est pas si mauvais que ça : Meilleur que la ligue de Salvini aux dernières élections en Italie. Et son pouvoir de nuisance va être grand. Un peu comme en Allemagne, ou l’AfD a fait baisser les partis traditionnels, et a empêché Angela Merkel de former autre chose qu’une Xième grande coalition. L’Allemagne justement, montre que les grandes coalitions qui sur le court terme, peuvent apparaître comme inspirées par l’esprit de compromis et de concertation, sont en fait des mortes lentes. 
Dans le film d’Ingmar Bergman ( tant qu’à faire de parler de la Suède, évoquons les plus grands !) Le Septième sceau, un chevalier revenant de la guerre rencontre sur son chemin La mort. Avec laquelle il entame une partie d’échecs. Au début, il pense lui tenir tête, mais à la fin : Schack och tråkigt ! Échec et mat ! la mort l’emporte. 

Malheur aux barbus ! De Furax à Matteo Salvini.

Quelle est la signification de la barbe de Matteo Salvini ?
C’est dingue mais en quelques années la barbe a envahi les visages de la plupart des mâles de nos pays. Prenez une terrasse de café, un wagon de train, une équipe de foot, un clip de rappeurs, les glabres se comptent sur les doigts d’une seule main !
Encore tout récemment la barbe se portait plus chez les hidalgos (Pas Anne, bien sûr ! D’ailleurs les femmes n’ont pas de barbe ou alors si ma tante en avait ce serait mon oncle, enfin, non, aujourd’hui on ne peut plus blaguer comme ça, et d’ailleurs n’est-ce pas pour affirmer leur virilité à une époque où beaucoup d’hommes se demandent ce que cela veut encore dire, que de tant de mâles se barbent ?).
Mais la barbe hispanique n’est pas non plus la barbe des barbus, entendez des barbus islami (qu) stes. Qui elle aussi semble s’être multipliée. L’extension du domaine de la barbe est-elle pour autant un signe de l’expansion du salafisme ou de la religiosité ? Pas sûr : N’golo Kanté est musulman pratiquant tout en étant glabre alors qu’Olivier Giroud cultive une barbe qui fait la fortune des barbiers à la mode. 
Bien sûr, se mettre à porter la barbe n’est pas une décision neutre et il faudrait remonter au moins à la petite enfance voire même avant (?) pour en comprendre les origines, mais il y a des cas qui sont évidents, pour lesquels il n’est pas besoin d’avoir recours aux cellules d’aide psychologique.
En politique, par exemple, est-ce un hasard si début 2016 Emmanuel Macron avait essayé la barbe, enfin celle de 3 jours, la plus difficile à entretenir ? Quelques semaines plus tard, il se mettait En Marche. Eh ! oui, Hollande aurait dû se méfier de ce barbu d’un jour. D’ailleurs dans sa stratégie pour tenter de redevenir un candidat providentiel, l’ancien Président ne devrait-il pas tenter la barbe ? C’est ce qu’a fait son ancien Premier Ministre, Manuel Valls, mais pas sûr que cela lui attire les votes des catalans pour une éventuelle candidature à la mairie de Barcelone. 
En revanche il y en a un auquel la barbe a réussi, c’est Matteo Salvini, le leader de l’extrême-droite italienne, nouvel homme fort du gouvernement de nos amis, forcément amis, italiens. On ne peut pas le soupçonner de salafisme, ou alors il pratique la taqîya, cet art de la dissimulation préconisée par les mouvements terroristes, avec un tel talent que l’on pourrait le prendre pour un …fasciste. A méditer quand même car en matière de dissimulation et d’hypocrisie, il vient d’être pris la main dans le gâteau, faisant la fête le soir même de la catastrophe du viaduc de Gênes au milieu d’amis de son parti en Sicile. 
Et puis les modes passent aussi vite qu’elles sont arrivées. Ainsi les barbes, dans les années 50 (1950), avaient déjà eu leur moment de gloire avec « Malheur aux barbus » du génial feuilleton radiophonique « Signé Furax », de Pierre Dac et Francis Blanche. Une série que l’on peut (re) découvrir – beaucoup d’entre nous n’ayant pas eu la chance de l’avoir suivie à l’époque – grâce aux podcasts de France Culture (*). Le pitch : un horrible criminel nommé Furax s’en prend aux barbus qu’ils enlèvent par centaines. Les inspecteurs Black et White mènent l’enquête. Et puis les poils ont disparu pour laisser la place aux glabres épilés.
Malheur aux barbus. Les démagos devraient aussi y réfléchir, car après le flux viendra le reflux lorsque nous serons confrontés aux réalités des lendemains où l’on ne rase pas gratuit. 
En Grande-Bretagne où le Brexit paraît tellement mal emmanché que ses plus grands défenseurs comme le milliardaire Jim Ratcliffe, prennent la poudre d’escampette jusqu’à Monaco. 
En Pologne ou en Hongrie, qui vont rapidement devoir se souvenir que leur formidable modernisation en 30 ans est due avant tout aux transferts européens.
En Italie qui perd 200 000 habitants chaque année, et où la population en âge de travailler baisse dangereusement. Dans 20 ans, il risque de ne plus y avoir suffisamment de barbieri pour raser la barbe des barbus italiens. 
Sarà finita la commedia!
(*) Signé Furax sur France Culture :
  

Catastrophe de Gênes : L’Europe est responsable de tous nos malheurs

“Chacals sans dignité !” : Salvini et les populistes italiens accusés de récupération politique 
C’est évident : Si le viaduc de Gênes s’est effondré, c’est la faute à l’Europe ! C’est ce que répète Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, une sorte de Gérard Collomb italien, quoique on se demande si alors que son parti n’a obtenu que 17 % des suffrages , ce n’est pas lui qui est le vrai Président en Italie. Il occupe tout l’espace médiatique, une sorte de Macron + Philippe (Edouard) + Le Drian + Collomb + Parly (Florence Parly, la Ministre de la Défense pour ceux qui ne l’aurait pas su …). 
Matteo Salvini n’a même pas attendu une journée pour rejeter sur Bruxelles la responsabilité de la catastrophe :  Ce sont les diktats de Bruxelles, la politique d’austérité imposée par Bruxelles, l’insupportable contrainte budgétaire qui a empêché les italiens d’entretenir leurs ponts et viaducs
Qu’importe si dès sa construction à une époque où l’encre du Traité de Rome qui créait la Communauté européenne n’était pas encore sèche, nombreux sont ceux qui en Italie dénonçaient des erreurs de conception, 
Qu’importe si depuis 3 ans, le plan « Juncker » d’investissements a mobilisé 315 milliards d’euros, destinés justement aux infrastructures. Dont l’Italie a largement bénéficié. 
Qu’importe si depuis des années en Italie, d’autres ponts, des écoles se sont écroulés. 
Qu’importe si une partie de l’argent destiné à la reconstruction de l’Aquila après le tremblement de terre de 2009 n’est jamais arrivée aux victimes.
Qu’importe si le Mouvement 5 Etoiles allié de Salvini a fait capoter il y a quelques années, la construction du nouveau contournement autoroutier à Gênes justement, parce que « c’était trop cher », parce que de toute façon ce mouvement arrivé en tête des dernières élections italiennes est contre toutes nouvelles infrastructures, pour eux de l’argent gaspillé, comme le Lyon-Turin, qui va sans doute être enterré. 
Qu’importe : Si le viaduc est tombé par terre c’est la faute à Juncker, le nez dans le ruisseau c’est la faute à l’Euro
Franchement, si Bruxelles n’existait pas – pas Bruxelles la sympathique capitale de la sympathique Belgique, non Bruxelles la capitale de l’Eurocratie, de ces technocrates de l’ombre qui nous sucent le sang– il faudrait l’inventer. C’est le bouc-émissaire idéal : car Bruxelles ne peut pas répondre, Bruxelles ne peut pas tweeter, Bruxelles n’a pas de visage, pas de chair, d’humanité, et c’est peut-être là d’ailleurs une partie du problème. Bruxelles ne peut pas envoyer chier toutes celles et ceux qui à longueur de journée la prenne comme tête de turc.
Les déclarations du gouvernement italien sont comme le syllogisme du cheval pas cher. Vous ne connaissez pas l’histoire ?  
Un bon cheval, c’est cher. Un bon cheval pas cher, c’est rare. Et tout ce qui est rare est cher. Donc un bon cheval pas cher, c’est cher. 
En fait il ne s’agit pas d’un syllogisme mais d’un paralogisme, un raisonnement faux et même d’un sophisme qui est un argument fallacieux, c’est-à-dire destiné à tromper. 
Nous tromper, c’est exactement cela. Et ça marche. Et pas seulement en Italie. 
Tout cela va mal se terminer. 

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